Je me nomme Eren. Eren Bogart, et je suis le premier né de la dernière génération de cette prestigieuse famille. Ou plutôt de ce clan, car nous sommes bien nombreux. Je suis né dans un climat de douce terreur qui a bercé mon enfance. La guerre, je l’ai peu connu, mais juste assez pour comprendre qu’en son sein, ma famille régnait en maîtresse. Nous étions craints, influant, respectés. Adeptes de la magie noire, descendants de la lignée de Salazar Serpentard lui-même, et fiers d’avoir su préserver notre sang par la consanguinité, comment aurions-nous pu imaginer la tragédie qui nous toucherait ?

Ce que les sorciers de ce monde nomment « paix » sonne pour moi comme le mot « mort », car ma mère fit partie de la longue liste des victimes de ces maudits résistants. J’avais six ans lorsqu’elle me quitta, et que faute de pouvoir compter sur mon père, on me plaça en « nourrice » auprès d’une de mes parentes éloignées à laquelle je n’avais jamais fait attention. Une certaine Andromèda Bogart. Très vite, je considérais cette femme comme ma mère, mon cadeau. Ma chose. Elle se devait de m’aimer, de tout me passer, d’être à mes petits soins, et je ne pouvais supporter qu’elle me délaisse une minute pour me préférer sa crétine de fille sans intérêt. Oh ça pour sûr, elle en a bavé avec moi la petite Serena. Je lui ai bien fait comprendre à qui appartenait cette mère. J’étais l’héritier après tout, s’il fallait qu’elle élève un enfant, il était certain que ce serait moi et nulle autre.  

En 2003, un mandat visa à faire arrêter mon père, et me condamna dans le même temps à perdre mon titre d'héritier. La réputation de mes parents était trop sale, on désigna alors le premier fils de mon oncle Cesare, Haimon Bogart pour me remplacer. Une rancoeur sans nom s'empara alors de moi et je jurais d'un jour reconquérir ce titre m'appartenant de droit ! Cependant, dans le même temps, et je l'en remercie, ma si rude famille fit fi d’un coup de maître. User des membres moins importants de la famille pour préserver ceux de la branche principale. C’est ainsi que pour mon plus grand bonheur, je me délectais de la mine défaite de ma tendre Serena à qui on arracha son père qui fut condamné à Azkaban à la place du mien quand vinrent les jours les plus sombres. A daté de ce jour, sa désapprobation se changea en haine, et mes mauvais tours en véritables coups fatals. Ainsi donc, je grandissais en obtenant toujours ce que je désirais, et il en allait de même pour ma vie à Durmstrang où j'avais été envoyé faute de pouvoir supporter d'être instruit au milieux de sang-de Bourbes !

Cependant, bien que Durmstrang soit à mes yeux la meilleure école de magie d'Europe, elle n'avait alors pas encore acquit de pôle universitaire comme c'était le cas de Poudlard, que je rejoignais de ce fait à l'âge de dix-huit ans. Et là, quelle ne fut pas ma surprise ! Je redécouvrais hors des murs de notre maison une Serena qui avait fait de cette école son temple. Partout où je demandais après elle, on me dictait qu'elle était un ange, que tous semblaient l'apprécier et qu'elle le rendait bien. Serena ? Me parlaient-ils vraiment de Serena Bogart ? Cette peste que je n'avais jamais su soumettre à mon ordre ? Je n'en revenais pas, et ce fut d'autant plus fort lorsque je découvris l'étendue du mensonge qu'elle avait si bien construit autour d'elle. Ainsi donc pour l'adoration du peuple elle avait tourné le dos à son nom et à son sang. Cela me répugnait, et j'étais bel et bien décidé pour ma vengeance à détruire moi-même son fragile château de carte ! Malheureusement, mon oisillon blessé avait bien changé durant ces neuf années passées loin de moi et de mes mains. Comment aurais-je pu seulement deviner qu'une fille comme elle, rejetée de tous, bafouée et toujours savamment mise à l'écart parviendrait à obtenir tant de pouvoir ? J'enrageais de ne pouvoir la faire tomber sous ma prise, enrageais de ne pouvoir lui arracher cette couronne de sable ornant la cascade de ses cheveux, enrageais plus encore de voir que le temps avait su la rapprocher de celui à qui je rêvais d'ôter la vie de mes propres mains, Haimon Bogart. Mais j'étais plus sage et réfléchi qu'on ne veux bien l'entendre, et ainsi donc je m'adaptais. Après tout, nos vieilles rancœurs étaient loin derrière nous, en apparence du moins. On m'avait bafoué, elle aussi. Nous étions les deux premiers nés d'un même cœur bouillonnant, et nos rêves semblaient désormais les mêmes. Pourquoi alors, ne pas enterrer la hache de guerre, et nous farder d'une nouvelle alliance ?


Mais enfin...Quant à ce qui me concerne, si la plupart fronce le nez à l’entente de mon nom, je n’en reste pas moins très fier et arrogant. Ce monde m’appartiendra un jour, je le sais. Ma famille que je cite à tout va me l’avait juré un jour. Si cette passable paix me retourne les tripes, je sais avec certitude qu’un jour les choses évolueront en notre faveur. Ne nous reste plus qu’à choisir le bon moment et le moyen de procéder.