Ta maman t’a probablement dit, lorsque tu était petit, ou moins petit d’ailleurs, qu’il ne fallait jamais se fier aux apparences. Si tel est le cas, sache que c’est une sage femme.
Derrière mon visage plutôt angélique et mon regard de chien battu, sachez que se cache quelqu’un d’impitoyable. L’empathie, ça me gonfle, disons le honnêtement, j’ai mieux à faire de ma journée que de m’apitoyer sur le sort de tous les clampins qui tapissent les murs de Poudlard, j’ai déjà mes problèmes à gérer, et je me trouve déjà bien gentil de me plier en 4 pour ma famille. Mais bon… c’est la famille, vous savez ce que dit le proverbe : Blood is thicker than water.

Finalement les apparences ne restent jamais trompeuses bien longtemps. Tant que je n’ouvre pas la bouche, je peux donner le change, si je retiens mes haussements de sourcils dédaigneux et mes sourires railleurs. En revanche, la plupart du temps, lorsque les mots dépassent mes pensées, c’est trop tard pour essayer de maintenir l’image du petit ange.

On dit des tas de choses sur moi : que je suis orgueilleux, fier, diablement susceptible, parfois cruel, prêt à tout, entêté et du genre intéressé. La plupart de ces choses sont vraies, ma foi, inutile d’essayer de les nier. J’assume d’ailleurs totalement ces traits de mon caractère, et je reste persuadé que je n’en serais pas là où j’en suis aujourd’hui sans eux. J’ai de l’ambition, c’est vrai, j’ai été élevé ainsi, et ce n’est pas parce que ma famille a déchu que je vais moi aussi me laisser aller. Bien au contraire, je compte bien mener le bateau pour lui faire retrouver sa splendeur d’autrefois. Et comme j’obtiens toujours ce que je veux, j’y arriverai….

Cela dit je n’ai pas que des défauts –même si parmi ces « défauts », je considère certains comme étant au contraire de sacrés atouts. Je suis loyal, c’est le moins que l’on puisse dire. Malheureusement, gagner ma loyauté est loin d’être une part de tarte. Je suis également extrêmement travailleur et persévérant. Ca peut s’avérer être très agaçant pour certains, mais ça me permet d’atteindre mes objectifs.
Je suis certes susceptible, mais c’est avant tout car je suis beaucoup plus sensible qu’on ne pourrait le croire. Peu de gens le savent, car ma sensibilité reste très… sélective.

Une chose à savoir sur moi, que certains apprécieront sans doute alors que d’autres n’en seront que plus agacés, je suis un grand joueur. Et un bon joueur : je suis débrouillard et, je pense, plutôt malin, mais je ne fais pas de coups bas, contrairement à ce qu’on pourrait penser, à moins qu’on ne m’attaque par derrière en premier. Oui car il faut savoir que je suis rancunier et revanchard, alors si vous me plantez un couteau dans le dos, attendez vous à recevoir une épée dans la nuque. Par contre, j’ai beau être bon joueur, je suis un très mauvais perdant.

Ce trait de mon caractère s’applique également à mes relations sentimentales. D’ailleurs sentimentales, elles le sont plutôt rarement. Je n’ai pas tellement envie de m’encombrer avec des sentiments alors que je sais très bien avec qui je finirai. Disons que je… passe le temps. J’ai des relations plus ou moins longues, plus ou moins sérieuses, plus ou moins engagées. Généralement les filles savent à quoi s’attendre, et je ne leur promets rien : ni la lune, ni le grand amour. Je peux par contre leur promettre de la passion, de l’émotion, des aventures. En dehors des cours, où je suis quelqu’un de sérieux et discipliné, j’aime les sensations fortes, et c’est valable pour mes relations. Que ce soit pour mes amis ou mes copines, il me faut des caractères forts : des gens prêts à me tenir tête, prêts à me la faire tourner ou à me l’exploser s’il le faut. Je marche à l’adrénaline, et j’aime une dispute autant qu’une réconciliation. J’aime quand ma vie se transforme en montagnes russes. En fait, je déteste m’ennuyer.

C'est sans doute fortement lié à un autre trait fort de mon caractère : j'ai le sang chaud. Oh naturellement en apparence je sais donner le change, je maîtrise à merveilleuse l'air "I don't give a shit". Mais intérieurement, je bouillonne. Et si quelqu'un arrive à me pousser véritablement à bout, il découvrira rapidement que j'ai le coup de poing assez facile. Heureusement, très jeune, on m'a appris le self-control. Respirer, compter dans sa tête, tout ça, j'ai l'habitude, et vous aurez beau me mettre hors de moi, je saurai toujours vous servir un regard calme et un sourire détaché.

Dans tous les cas amis, amours, ennemis, quique vous soyez, méfiez vous de moi : ce que peu de gens savent, c'est que je suis également un très bon acteur. Je n'abuse pas de ce don pour ne pas que ça se sache, mais le moment venu, je saurais jouer le rôle parfait pour obtenir ce qu'est mon désir.... Au final, j'obtiens toujours ce que je veux, et ce malgré la réputation lourde qui colle à ma famille et obscurcit notre nom.

Mes premiers souvenirs remontent à lorsque j'avais environs 3 ans. On était alors en 1999, et ma famille commençait à peine sa longue chute vers les enfers.

Gamin, mes tantes ne me racontaient jamais les jolis contes pour sorcier que vous avez pu connaître et adorer. L'histoire qu'on me racontait était celle d'une famille, la mienne, prospère et puissante. Celle d'un mage tout puissant voué à une cause, la nôtre, la sienne, œuvrant pour un monde meilleur pour nous autres les sorciers. On me contait sa grandeur et la dévotion de mes ancêtres. C'était une belle histoire qui malheureusement finissait très mal. Très mal pour le mage, qui mourrait à la fin du récit, et mal pour ma famille.

Il me fallut quelques années avant de comprendre pourquoi je n'avais ni père ni mère pour m'éduquer. Je me souvenais trop peu d'eux pour qu'ils me manquent réellement, et je connaissais finalement mieux mes tantes que mes géniteurs. L'un s'était suicidé, nous abandonnant ma petite sœur et moi. Je ne lui en veux pas, je m'en fous un peu, je suis juste frustré que ce geste ait donné raison à tous ses détracteurs. L'autre s'est enfuie et s'est faite rattrapée par la justice. Elle n'a jamais cherché à nous contacter -elle ne doit même plus être en état mental de le faire- et moi non plus.

Ma nouvelle famille m'apprit la rigueur, l'ambition, la fierté, la ténacité. Elle m'apprit aussi que l'on pouvait être dur, parfois trop dur, avec les gens que l'on veut protéger. Mais je ne découvris la cruauté qu'au contact d'autres enfants : les regards étaient moqueurs ou mauvais, les mots blessants ou humiliants. On trainait dans la boue mes croyances et mes certitudes, mon nom et ma famille. Je ne comprenais pas un tel acharnement, et je crois bien avoir pleuré des jours et des jours avant de finalement réussir à redresser la tête.

Je me promis que jamais Mafalda, ma petite sœur, n'aurait à subir cela. Je ne pouvais malheureusement pas passer mon temps à la suivre pour m'assurer que les autres gamins n'allaient pas la brusquer... La seule solution était alors de l'endurcir. Comme victime d'une crise de conscience soudaine, mon comportement vis à vis de Mafalda changea diamétralement. Je ne manquais pas cependant de lui rappeler pourquoi j'agissais ainsi, comme pour m'excuser d'avance de la façon stricte et exigeante dont j'allais la traiter à l'avenir. Je pense avoir plutôt bien réussi mon coup, c'est une jeune fille forte qui n'a rien à envier aux pimbêches qui ont essayé de salir son nom et le mien.

À quel âge a-t-on commencé à parler de mariage avec ma cousine ? Je ne m'en souviens plus. Aujourd'hui je vous répondrais depuis toujours, car j'ai l'impression que ça fait bien longtemps que le sujet a été mis sur la table. Ce que j'en pense ? Pas grand chose. On ne m'a pas exactement demandé mon avis, et si on l'avait fait j'aurais dit que c'était une bonne idée, probablement la seule pour maintenir la famille à flot, et ça restait la priorité absolue. Notre priorité. C'était notre force, notre union contre les autres. En attendant le jour du mariage, j'estimais pouvoir faire ce que je voulais de ma personne, mais ça bien sur je ne le disais pas à haute voix. Chez les Bogarts on apprend à se taire pour ne l'ouvrir qu'aux moments les plus pertinents.

Mon entrée à Poudlard, car je n'en ai que peu parlé, a été un moment difficile. Ce que j'avais subi temporairement lors de mes activités devenaient un cauchemar continu dans cette école où tout le monde semblait me connaître mieux que moi-même. Les blagues cruelles se succédaient et le pire était probablement de constater que certains professeurs fermaient les yeux sur de tels comportements. J'avais 11 ans, et j'étais révolté.

Ce ne fut qu'à partir de ma 2ème année que je commençai à m'affirmer. J'avais passé l'été à m'entraîner à jeter des sortilèges et à m'endurcir. Je me sentais dorénavant prêt à affronter tous ces mômes, descendants des "vainqueurs" de la guerre, qui cachaient leur monstruosité derrière une bonne composition feinte et leur casquette de Gryffondor, Poufsouffle et Serdaigle. J'avais décidé d'investir toute mon énergie dans 3 choses : ma famille, les cours et mon entraînement personnel. Tant et si bien que je devins rapidement l'un des élèves les plus doués de la promotion, ce qui me permit entre autre de gagner les faveurs de quelques professeurs.

Et puis le temps aidant, je grandis et développai le légendaire charme étrange des Bogarts. Un charme que beaucoup fuyaient, par méfiance ou par peur, mais auquel d’autres, au contraire, étaient plutôt sensibles. Ce charme, je n’hésite plus à en jouer aujourd’hui. J’ai renoncé à l’idée de convaincre les gens que je suis un type bien, parce que ce n’est pas le cas. Heureusement, dans la réalité, les gens ne cherchent pas que des types bien. Ils cherchent des gens qui leur sont utiles, ils cherchent de gens avec qui ils peuvent marchander, des gens qui peuvent leur apporter quelque chose ou à qui ils peuvent prendre quelque chose, des gens qui peuvent les satisfaire, les combler. Ils cherchent la facilité. Ma vie sociale à Poudlard est devenue un vrai commerce où tout se monnaie mais je m’en contrefous. Tant que je garde en tête mes objectifs, rien ne peut m’arriver, j’en suis persuadé.

Les amis, les alliés, tout ça, c’est accessoire. A Poudlard, j’ai mon Royaume. J’ai même mes sujets, mais la plupart d’entre eux l’ignorent vraiment. J’ai une reine aussi qui prend un malin plaisir à me faire tourner en bourrique, et j’ai ma petite princesse qui a appris à ne plus se formaliser d’un petit pois sous son matelas. Bref, vous l’aurez compris, il est loin le temps des contes, et je ne pourrais pas me foutre d’avantage de cette histoire de mage surpuissant. On a eu le pouvoir, et voilà là où ça nous a menés. Finalement la seule chose qui nous sauvera, c’est notre égoïsme, et c’est selon cet idéal que je construis mon chemin à Poudlard. Voilà 7 ans que j’y suis maintenant, je suis en territoire familier, et je n’ai plus peur de grand monde.