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 Mon amitié vaut ta vérité. [Haimon]

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MessageSujet: Mon amitié vaut ta vérité. [Haimon]   Mon amitié vaut ta vérité. [Haimon] EmptyMar 16 Sep - 20:31




Mon amitié vaut ta vérité


Mon regard glisse sur le bois, les feuilles qui s'empilent. Je dépose ma plume, me lève et abandonne derrière moi ce bureau bien trop rangé, souriant poliment, serrant quelques mains avant de filer et abandonner le Ministère. Quelle drôle d'aventure… Un stage d'été au cœur du Magenmagot. En l'espace de quelques semaines, prouvant mes capacités et mes analyses plaisant, j'ai changé de bureau. J'abandonne les avocats des partis pour rejoindre le procureur-sorcier de l'assemblée. Peut-être que les diners avec le directeur du département de la justice y sont pour quelque chose, et au fond de moi j'espère que ce ne soit pas le cas.

L'été, c'est s'arracher de tout. C'est abandonner ses habitudes que l'on cumule depuis bien trop d'années à Poudlard. C'est être ailleurs, vivre ailleurs et surtout ne plus côtoyer les mêmes personnes. Evidemment, je vois toujours certains visages, j'en croise d'autre, mais jour après jour, la sensation d'être pris en otage dans un monde d'insecte s'atténue. Je respire. Je brille. J'exalte. De mes lèvres coulent un torrent d'or pur, qui s'écoulent et gouter contre ma peau me transformant en véritable Dieu sur cette Terre. Nul besoin de faire semblant, nul besoin de mentir et de jouer, je suis moi dans ce monde. Je sais ce que je veux, je sais que c'est ce monde là qu'il me faut. La justice. Je veux siéger dans ces fauteuils en cuir, je veux poster cette robe de juristes-sorciers, je veux pouvoir m'exprimer et appliquer la loi d'un Etat. Je veux pouvoir inspirer la confiance, je veux que l'on sache que je ferrai tout pour être Juste et Bon avec mon prochain. Je veux que l'on rende justice à la moindre infamie, je veux croire que c'est possible, que l'on peut faire le bien en détruisant des vies et des familles. J'y crois. Je veux m'hisser sur ces marches tous les jours de ma vie, je veux porter sous mon bras ces dossiers bien trop lourd et épais et rendre un verdict. Je veux gravir les marches du ministère, devenir directeur puis Ministre. Je veux tout ça, et je l'obtiendrai. Je sens l'excitation m'envahir. Pourtant il suffit que je vois une chouette discrète prendre son envol et je me sens réduis à néant.

Mes pensées virevoltent, s'écrasent à cette part de conscience qui sait que sur mon bureau dans les contrées nordiques, s'empilent des lettres. Cette calligraphie féminine, ce même prénom de mon adorée qui signe cette correspondance qui dure depuis le début de l'été. Tous les deux jours, sa chouette m'attends. Tous les deux jours, je caresse cet animal que je connais depuis bien trop d'années, et je la nourris en lisant cette prose qui m'est destiné. Mais depuis quelques jours, il n'y a rien. Aucun mot, aucune réponse. Et je sens mon cœur se déchirer. Peut-être avais-je trop écrit, ou pas assez. Peut-être n'aurais-je jamais du formuler ces choses là, ces faits interdits. Des liens invisibles nous avaient toujours liés et je les avais traversé et brisé malgré nos règles, malgré nos silences. Mais elle laisse dans mon être un vide étrange, mes journées deviennent bien trop mornes et longues sans cette lecture tant attendue.

Mais ce soir, je ne rentre pas en Russie. Ce soir, j'ai décidé de faire un effort surhumain et d'aller rejoindre mon meilleur ami qui doit lui aussi se sentir bien seul dans cette maison isolée à Londres, dissimulant un goût certain, un véritable bout de paradis lorsque l'on vivait encore dans cette chose… Je remonte le chemin de galet blanc sans un bruit, sentant une sensation malsaine m'envahir. Non, je n'avais pas remis les pieds ici depuis cette fameuse nuit d'orage. Cette nuit d'horreur qui a coloré mon visage et mes songes d'un sang écarlate. Depuis cette nuit où tout à bousculé, cette nuit où j'ai promis d'être fort et grand, d'être digne de Père, alors qu'il crevait. Il fallait que je reste calme. Mais la voix de ma mère plane déjà dans mon esprit alors que je ne suis même pas encore entré. Je serre mes doigts sur mes clefs, avant d'ouvrir lentement, entrant sans un bruit. La vie est ici dans la maison, cela se voit. Ou du moins elle est revenu pour quelques temps. Les domestiques sont revenus faire du ménage, aérer cette baraque, changer drap et ravitailler les cuisines. Un elfe est revenu, un domestique aussi certainement. Mais la présence d'Haimon, je la ressens. Il y a encore sur les murs des peintures, des photos sur les buffets de cette famille que j'ai perdu bien trop tôt. Ces deux parents, une magnifique blonde du nom de Caméliah Bogart qui était l'une de tes tantes un grand brun au charme glacé, Aleksander Saddler, accompagné de ce visage juvénile, enfantin, et ses immenses orbes claires, véritable écho d'océan.
Non, je n'ai pas envie d'être là, je n'ai pas envie de poser mon regard sur cette baie vitrée d'où j'ai vu mon père tomber, je n'ai pas envie de m'asseoir sur le fauteuil de mon père que j'adorais tant, sur lequel j'ai goûté le nectar de mon paternel, duquel j'ai vu ma mère s'effondrer, duquel de mes yeux d'enfants j'ai vu les horreurs profaner ce lieu qui aurait dû être mon refuge. Je suis figé, je suis crispé, et je ne dis rien, mon regard se tournant simplement sur toi lorsque je t'entends arriver. Je n'arrive pas à te sourire, je n'arrive pas à te demander comme tu vas, si tu te fais à cette baraque, si cela va mieux. Tu as été irradié d'une force incroyable que j'admire et comprends sans que je puisse te le faire partager. Tu as pris une décision et tu as tourné le dos à ta famille. Parfois, j'ai cette même sensation, d'avoir un poids bien trop lourd sur les épaules, prêt à me faire craquer… Mais tu ne comprends pas Haimon, c'est la seule chose qui me reste, ces promesses, le nom de ma famille. Ils sont mort pour me protéger, je ne peux pas les abandonner ainsi, j'ai quelque chose à construire pour eux, tu comprends ? Je ne peux pas leur tourner le dos, je n'ai pas envie de cracher sur mes souvenirs et mon héritage, je suis seul avec mes démons, Haimon. Je comprends sans comprendre, je respecte sans accepter, j'accepte sans juger, et je te tends la main car tu en as besoin.

Tu es l'une de ces rares personnes que je côtoies par envie, l'une de ces rares personnes que je ressens sans manipuler. J'ai appris à t'écouter et à être là. Peu pourrait s'en vanter. J'ai appris à te parler avec parcimonie, et j'ai appris à aimer ces instants que l'on passe généralement loin du reste, loin des autres. Je me sens plus léger et plus libre. Tu as cette force que j'admire, cette franchise que j'envie, et cette capacité à porter sur tes épaules tes idéaux, quitte à écraser le reste. Tu dis vouloir fuir le joug des Bogart, pourtant tu es comme eux, je reconnais en toi les traits de caractère que j'arrive à retrouver en Eugenia, Eren ou même Serena. Je suis entouré de ta famille, alors que j'ai perdu la mienne. Je suis si vrai avec moi, et pourtant je tais mes envies, je tais mes idéaux, je ne t'avouerais jamais que je suis proche de ton aimé, proche celui qui a tant désiré ta mort mais qui pourtant se réjouit de ton échec. Et moi, je suis là. J'observe sans rien dire, sans rien penser, j'observe simplement les jeux et les joutes chez les Bogart, neveux, cousins, une famille qui n'est pas mienne mais qui pourtant désire pour posséder quelque chose, pour avancer dans ce monde étrange.

Mon regard revient vers toi, alors que je quitte des yeux enfin le parquet et cette auréole plus sombre. J'hausse un sourcil, ayant un drôle de sourire sur les lèvres. « Je suis con. » Je soupire vaguement, mon regard balayant la pièce avant de revenir sur toi. « J'avais acheté de quoi… 'fin histoire de m'assurer que tu manges au moins un truc aujourd'hui, de correct… Je l'ai posé avant de transplaner pour remettre ma veste…. » J'ai un léger sourire amusé, alors que je brise les derniers mètres pour t'offrir une accolade de chameau viril avant de me redresser. « Ca va mieux ? » Et je pose ma veste sur un divan.


© charney

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MessageSujet: Re: Mon amitié vaut ta vérité. [Haimon]   Mon amitié vaut ta vérité. [Haimon] EmptyDim 12 Oct - 11:05



Le monde s´embrase, partout y a des rumeurs
Les hommes ont des blessures dans le cœur


J’accueillis son embrassade avec un soulagement non feint. En cette période de trouble et de doute, j’avais besoin de soutien, et la présence d’Audric remplissait parfaitement cette fonction. J’étais quelqu’un d’extrêmement tactile avec les amies filles, un peu moins avec la gente masculine, mais sentir cette étreinte presque fraternelle dans ce moment difficile, c’était tout ce qu’il me fallait pour recharger mes batteries.

Notre relation était spéciale, et incompréhensible pour bien des gens. Je n’en avais cure : l’important était pour moi ce que Audric pensait de moi et inversement. Ce que le reste du monde pouvait bien penser m’était égal, au fond.
J’eus un petit rire lorsqu’il m’avoua qu’il avait oublié au passage le dîner qu’il nous avait prévu. Toujours aussi prévoyant ce Audric ! Je savais qu’il ne laissait jamais rien au hasard, mais ça ne l’empêchait pas de m’impressionner régulièrement.

▬ Est-ce que tu insinues que je suis incapable de me faire un repas digne de ce nom ?

Répliquai-je, un air faussement outré sur le visage, comme s’il venait de m’insulter au plus haut point. La vérité, c’était qu’à presque 19 ans, j’étais à peine capable de faire une salade. Pour mon excuse, nous avions des elfes de maison très capables à la demeure Bogart, et le service à Poudlard était également assuré par le personnel du château. Je n’avais pas vraiment eu l’occasion d’apprendre à cuisiner, même les mets les plus basiques, et pour être tout à fait franc, je n’en avais jamais eu l’envie non plus. Depuis que j’étais petit, on m’avait appris que, nous les hommes de sang pur, nous avions bien mieux à faire que de nous soucier de la gestion du quotidien comme la cuisine. J’avais fini par en être moi-même persuadé. Aujourd’hui, je n’étais plus sûr de rien. Ma famille m’avait menti et manipulé sur tant de sujets que la moindre de leur parole était maintenant questionnable à mes yeux.

▬ Bon… techniquement tu as raison. Mais je suis très doué pour faire les yeux doux aux elfes de maison tu sais

Ajoutai-je, le regard malicieux. Je me gardai bien de lui signifier que les elfes de maison, au même titre que tout ce qui figurait dans cette maison, me foutaient les j’tons. Cette maison me rappelait ces maisons hantées dont plaisantaient tant les moldus, sans savoir que les fantômes n’étaient pas qu’un mythe, les monstres encore moins. J’avais beau avoir été élevé dans l’idée que les monstres, les sorcières, et les fantômes existaient, cet espèce de manoir sinistre me filait malgré tout des frissons à chaque fois que j’y foutais les pieds. C’était comme si une épée de Damoclès géante veillait jalousement sur cette demeure, la maudissant à jamais. Et non, je n’exagérais pas, cette bâtisse pouvait secouer l’échine de n’importe qui ! Je n’osais pas franchement dire à Audric que j’avais les pétoches et que j’aurais voulu qu’il vienne ici plus souvent. Il était déjà extrêmement serviable de sa part de me loger ici alors que j’étais sur le point d’être déclaré Ennemi Public Numéro 1 d’une des familles de sang pur les plus influentes à sa façon. Et il le savait. Il y avait peu de choses que je cachais véritablement à Audric. Malgré toutes ces années, malgré mes doutes, malgré mon statut d’adulte, il restait malgré tout mon pilier. Ce que le commun des mortels appelait un « meilleur ami ». Je n’avais jamais véritablement aimé ce titre, j’avais l’impression que c’était quelque chose de futile, quelque chose de si facile à offrir au premier venu, alors que Audric et moi nous étions tellement plus en un sens. Malgré nos différences –et Merlin savait qu’elles étaient nombreuses- nous avions un lien unique et, à mes yeux, indestructible. J’espérais juste sincèrement que je ne me trompais pas.

Sa question tomba alors qu’il déposait ses affaires. Que répondre ? La question était simple, concise. Habituelle. Fallait-il répondre le poli mais mensonger « Oui bien et toi ? » ou bien était-ce l’occasion de déballer TOUT ce qui me hantait ? J'optai pour la réponse C : honnêteté et brièveté.


▬ Je survis. Même si c’est un peu compliqué en ce moment…

Il en savait quelque chose, lui à qui j'avais ouvert mon coeur lorsque la solitude m'avait embrassé. J'étais plein de gratitude envers Audric, même si je ne l'exprimais pas en myriades de remerciements. Entre nous, les choses étaient simples : un regard, une main sur une épaule, nous nous comprenions.
Je n'avais pas non plus eu besoin de m'épandre en détails sur ce qui n'allait pas pour qu'il saisisse le sujet.

Ironie du sort, même après avoir renié ma famille, tous mes problèmes continuaient de tourner autour d'elle. Entre Eren qui prenait le melon plus vite que les Elfes de maison ne se jetteraient sur une chaussette offerte, Eugenia qui m'inquiétait et que je ne pouvais pas franchement approcher sans une excellente raison, et Serena qui venait de perdre totalement la mémoire...  Je sentais bien que ce dernier sujet brûlait un peu. Je n'avais pas vu Audric en face à face depuis cet événement, et ce n'était pas le genre de choses que j'avais envie de lui annoncer par courrier, en post scriptum afin de ne pas gâcher la surprise. "PS: Serena t'a oublié. Genre littéralement. Et tout le reste avec, bisouuuuus". Définitivement pas, sauf si je tenais absolument à recevoir une beuglante dans l'heure qui suivait.

Je n’avais pas eu énormément d’occasions de voir Audric hurler, mais je l’imaginais menaçant, oppressant. Quelqu’un que je n’étais pas pressé d’affronter, et pourtant, je savais que ça ne saurait tarder. Un jour ou l’autre, il me faudrait faire face au Audric en colère.

▬ Dis voir, est-ce que tu as eu des nouvelles de Serena dernièrement ?

Demandai-je alors, fronçant les sourcils. Il n'était pas exclus que quelqu'un d'autre lui ait parlé de son cas ... Eugenia par exemple. Il ne me semblait pas qu’il fut au courant, je l’aurais trouvé dans un état bien plus chaotique si tel était le cas. Audric était, à sa façon, très proche de Serena. S’il était aussi détendu, aussi insouciant, c’était probablement qu’il ne savait pas. Etait-ce à moi de lui annoncer la bonne nouvelle ? Je l’ignorais. Mais il était mon ami, alors je ne pouvais pas le tenir dans l’ignorance. Je ne savais juste pas comment lui annoncer la nouvelle. Il n’y avait définitivement pas de bonnes façons de le faire, j’étais presque certain qu’il allait souffrir en l'apprenant.

J’étais mal à l’aise, et ça devait se lire sur mon visage. Audric me connaissait bien, il allait rapidement sentir que je ne lui disais pas tout. Je n’avais pas envie de jouer les trouble-fêtes alors que nous venions à peine de nous retrouver, mais je savais que tôt ou tard, il allait falloir aborder le sujet qui fâche…

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Audric A. Saddler
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MessageSujet: Re: Mon amitié vaut ta vérité. [Haimon]   Mon amitié vaut ta vérité. [Haimon] EmptyDim 16 Nov - 1:07




     




« Mon amitié vaut ta vérité »
Tant de mots pour mettre un nom sur ta personne. Te mentir pour te préserver. Te garder à mes côtés pour ne pas te voir t'échapper.  

Un sourire se glisse sur mes lèvres en t'entendant. « Incapable… J'irais pas jusque là. » Mes lippes s'étirent un peu plus à ce faux air qui se glisse sur ses traits. Cette bonne humeur qui t'éteindra quelques minutes, le temps que je vienne te tirer de tes pensées et de tes horreurs, t'abandonnant par la suite à tes réflexions sûrement que trop complexes. Trop intimes. Un rire s'échappe de mes lèvres en t'entendant et j'ajoute, taquin, toujours là pour en ajouter une couche : « N'oublie pas la bouche en cœur… Ca fait la différence. » La malice se glisse un instant dans mes prunelles. Je ne sais toujours pas, malgré les années, comment tu fais pour permettre un tel changement sur ma personnalité. J'ai l'impression de pouvoir tout laisser tomber avec toi. Mais je ne devrais pas n'est-ce pas ? Pourtant je suis vrai avec toi. Presque vrai. Je ne joue pas de rôle, je laisse juste cette épaisse fourrure tomber. J'oublie. Je ne pense plus, je ne réfléchis plus. Ou presque plus. Tu restes un Bogart.

Tu survis. Comme nous tous ici bas, je dirais. Mais ce n'est pas ce que tu as envie d'entendre. Tu as sûrement aucune envie d'étaler toutes ces questions qui t'hantent. Aucune envie de plier ta fierté pour me répondre plus amplement. De toute manière nous l'avons déjà fait. Et je ne saurais me glisser entre tes choix et ton destin. C'est ta vie, tes choix. Je serais là pour te soutenir, sans te juger, te bousculer lorsque tu courras droit vers un mur… C'est ce que je suis censé penser de ton acte aussi téméraire. Mais je n'y arrive pas. Beaucoup t'envie, Eugenia la première, j'imagine bien. Je ne sais plus si c'est courage ou folie. C'est si grandeur ou stupidité. C'est tout et rien à la fois. Tout dépend ce que tu comptes faire maintenant. Je demande, mon regard se posant sur toi alors que je me laisse aller sur le canapé. « Tu sais ce que tu vas faire ? »

Je souris en voyant un service à thé apparaître sur la table basse, par cet elfe de maison que j'ai fais revenir ici spécialement pour toi. Je mets le thé à infuser, un thé noir parfumé, venant tout droit de Paris, l'un des meilleurs. Du thé moldu, si ce n'est point affreux. Expliquez-moi comment nous pourrions dissocier à ce point monde magique et moldu ? Une table reste une table, et un  
Je ne dis rien, t'observe un peu, devinant bien que quelque chose semble te tracasser. J'attends, tu craqueras ou pas, c'est au final ton problème bien que tu attises ma curiosité. Et ta question tombe. Comme un couperet qui frôle ma gorge. Cette lame effilée et dangereuse, véritable menace qui tailladent gentiment tes joues.  J'hausse un sourcil et répond assez sèchement : « Non. » Ne me parle surtout pas d'elle. Tout mais pas d'elle. N'importe quoi, conte moi n'importe quel malheur, mais pas cette traînée, cette salope que je briserais de mes propres doigts. Je vais finir par la détester totalement, entièrement. L'exécrer, l'inhaler à tout jamais. Je vais finir par la détruire. Cette fille m'obsède. Amoureux, penses-tu. Mais c'est autre chose. C'est bien plus malsain. J'ai déchiré sa chair, j'ai inscris la vérité dans sa peau, mais ça… Oh oui, ca tu l'ignores. Alors je continuerai à jouer l'amoureux secret avec toi, si cela te permet d'accepter une vérité qui n'existe pas. Elle ne me mérite plus. Elle ne mérite plus d'inspirer le même air que moi, trop précieux pour elle, trop haut pour elle. Elle n'est qu'une femme, un déchet, une catin, une vulgaire salope qui tente de manipuler celui qui la déjà fracassé depuis trop longtemps. Elle était à moi, comprends-tu ! Elle m'appartenait, elle m'obéissait, cette docile enfant qui a finit par décidé de se rebeller. Elle m'échappe, elle me blesse, tente de me faire croire l'impossible. Elle se joue de moi, elle s'acharne. Elle succombe, elle me touche, elle m'embrasse, me souffle ces mots que j'ai désiré trop longtemps… Et aujourd'hui, tout à déjà changé. Aujourd'hui il n'y a plus rien. Aucune nouvelle, aucun signe de vie. « Pourquoi ? » Qu'as-t-elle encore fait ? une nouvelle lubie, nouvelle passion, nouveau but ? Mieux à faire que de répondre à ma missive. Mieux à faire que s'intéresser à moi. Mieux à faire que de veiller à sa survie, à cette corde autour de son cou qui me démange d'utiliser. La pousser au bord du précipice et entendre ta nuque se briser. J'en frémis rien que d'y penser. Mais je me contente de verser mon thé dans ma tasse. Comme son sang qui coulera à flot. Foutaise.

J'inspire un peu et relève mon regard vers toi. J'ai mieux à faire. J'ai mieux à trouver. Quelqu'un qui a de l'allure. Quelqu'un qui n'est pas une enfant. Quelqu'un qui n'est pas que caprice et stupidité. Quelqu'un qui me mérite et qui me désire pour ce que je suis. Quelqu'un qui me donnera envie de respirer son parfum, d'écorcher ses lèvres d'un amour maudit. Je l'ai trouvé Haimon, cette personne. Elle m'hante, elle m'obsède. Je ne sais pas pourquoi, ni comment. Elle s'impose, tout simplement. Je n'arrive pas à l'extirper de mes pensées, elle est plus forte que tout ça… Et son sourire, si tu savais… Son sourire et cette moue, cette manière qu'elle a de se mordiller la lèvre inférieure. Noir désir. Elle va me rendre fou, littéralement. Elle va m'achever cette femme dans un corps d'enfant, cette femme qui se transforme. C'est trop complexe et si simple à la fois. On se défie sans cesse. Nos fiertés nous abîmes… Elle me déchire de ses griffes et pourtant j'aime ça. J'en redemande toujours plus, malgré ce sang qui perle sur mes lèvres. Tant que c'est moi qui m'écorche et qu'elle reste parfaite, elle et juste elle. Je crois que je suis… Non. C'est plus que ça. C'est ma nouvelle obsession.



     
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MessageSujet: Re: Mon amitié vaut ta vérité. [Haimon]   Mon amitié vaut ta vérité. [Haimon] EmptyJeu 25 Déc - 23:32



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▬  On sous estime le pouvoir de la bouche des Bogarts

Répondis-je en hochant la tête d’un air faussement solennel, retenant mon sourire sous un petit rictus. Pour sûr, les Bogarts avaient un super-pouvoir qui étaient propres concernant leurs lèvres : celui de délivrer de sacrées conneries. Dans mon cas, elles étaient souvent volontaires. Dans le cas de la plupart des gens de ma famille… j’en étais moins sûr. Beaucoup avait cette capacité étonnante à brasser du vent. La vie était belle en été chez les Boggys : pas besoin de clim ou de ventilateur, lancez la mère de famille sur n’importe quel sujet touchant aux moldus et aux Sangs Purs et vous serez assurés d’être rafraîchis.

D’un petit geste de la tête, je chassais mes pensées sombres qui revenaient toujours immanquablement vers eux. Vers ma « famille ». Vers ceux que j’avais essayé de laisser derrière moi mais qui sans cesse me hantaient. Pour être honnête, ce n’était pas tant la famille en générale qui me préoccupait, et mes songes étaient en vérité focalisaient vers trois personnes, avec trois sentiments bien distincts : l’amour et l’inquiétude étaient entièrement dédiés à Mafalda pour qui je ne pouvais cesser d’avoir peur. La haine et les pulsions meurtrières étaient toutes à Eren, évidemment, et je ne désespérais pas de faire de sa vie l’enfer qu’il avait tenté de quitter. Enfin, la passion et la culpabilité me dévoraient dès qu’Eugenia effleuraient mes pensées. Avec ces 3 là, il m’était difficile de faire une croix sur le passé et de me concentrer sur le futur. Et ça, tu le sens, toi, bien évidemment.

Je levai les yeux sur toi, un sourire à demi-convaincu seulement sur les lèvres.

▬ Pour le moment, profil bas. Histoire de rester en vie

Un peu d’humour, mais je ne plaisantais qu’à moitié en vérité. Ce n’était pas que je n’avais pas envie de me confier à lui, mais tout était encore très confus pour moi. J’avais besoin de me poser, de poser mes idées, de méditer, d’analyser, de faire le point. Je pouvais aussi lui répondre de but en blanc que j’allais buter Eren, parce que c’était plus ou moins le plan à long terme, mais il allait m’envoyer bouler ou me traiter d’idiot, alors autant garder cette pensée pour moi.

▬ Et puis après… conquérir le monde, dominer l’espèce humaine, la routine quoi

Ajoutai-je, un sourire dans la voix. Vaste programme.  Pourquoi pas un jour ? Le jour où j’arrêterai de me laisser guider par mon cœur et ou j’utiliserai mon cerveau… Pas demain la veille en fait.

Et puis, sans trop savoir pourquoi –ce doit être mon côté masochiste- je me tirai une balle dans le pied en amenant sur le tapis un sujet qui, je le savais d’avance, n’allait pas plaire à Audric. Et comme je m’y attendais, je le vis se fermer à vue d'œil alors que je prononçai le prénom de ma cousine. L'image d'une huître se superposa soudainement à Audric, et la perle n'était déjà plus visible, ne laissant derrière elle qu'une coquille close et rugueuse.

Je déglutis. Il n’allait pas aimer la nouvelle. Pas du tout même.
Il allait m’en vouloir. Je ne savais pas pourquoi, mais je le sentais. J’étais pourtant on ne peut plus innocent dans cette affaire, mais malgré tout, quelque chose en moi me faisait me sentir coupable. C’était ridicule et non justifié, mais je ne pouvais pas contrôler ce sentiment oppressant. Je l’imaginais déjà sortir sa lampe torche bleue, comme ces moldus policiers qui aimaient planter une lumière vive dans les yeux de ceux qu’ils cuisinaient, et hop, ça serait parti pour l’interrogatoire. Interrogatoire auquel je n’avais pas la moindre envie de me soumettre, d’une part parce que j’avais la sensation que chaque réponse ne ferait qu’alimenter la mauvaise humeur d’Audric, d’autre part parce que je n’avais pas grand-chose à lui révéler de plus que la stricte vérité.

Et pourtant… si je continuais à me taire, il allait probablement m’ouvrir la gorge pour en sortir ce qui y était coincé : mes mots.

▬ Elle a eu un accident quand elle était avec Eugénia et… elle ne se souvient plus de rien

Un accident était un mot un peu étrange dans la mesure où elle s’était faite attaquer, mais je n’avais pas tellement envie de rentrer dans les détails du pourquoi du comment, alors l’accident ferait l’affaire pour le moment. Il serait toujours temps de lui en dire plus… plus tard. Quand il serait plus réceptif. Quand il aurait rouvert sa carapace d’huitre.

▬ Rien du tout. Pas même son identité. Encore moins la nôtre. Ou la tienne…

Voilà, c’était dit. Je guettai sa réaction avec une sorte de boule dans le ventre. Audric était une des rares personnes avec qui j’étais parfaitement à l’aise, parfaitement moi, mais aujourd’hui, étrangement, j’appréhendais. Comme s’il était sur le point d’exploser, et on ne devait pas en être si loin. Mon estomac commença à se tordre, me faisant froncer les sourcils. Mon corps en faisait un peu beaucoup pour une pointe d’anxiété… Même lorsque j’avais tout plaqué et quitté la demeure Bogart, mon système digestif ne m’avait pas fait un tel cinéma. Un gargouillement suspect, et ça faisait tilt. Bon sang ! Saletés d’elfes !

Sortant de mon espèce de torpeur prudente, je jetai un regard navré du côté d’Audric.

▬ Putain mec, j’aimerais vraiment rester là pour qu’on en discute mais…

Un horrible borborygme glouglouteux me signala que si je ne décollais pas illico presto, il allait y avoir des dégats pas beau à voir, et encore moins à sentir. Avant même que mon ami ne puisse ouvrir la bouche pour protester, je transplanais dans les toilettes. C’était dans ce genre de moments que je me bénissais d’être né sorcier. Un moldu aurait à ma place subi une situation plus qu’humiliante… Sur mon nouveau trône –j’avais perdu celui au nom des bogarts, il fallait bien se contenter de celui-là-, j’entendis Audric rugir depuis le hall. Les bruits de pas lourds et furieux m’indiquaient qu’il était en train de gravir les escaliers. Il n’attendit pas d’être à ma porte pour hurler :

▬ Haimooooon, ramène ton cul ici TOUT DE SUITE !

Je dus retenir un rire, ravalant l’envie de lui répliquer que mon cul était occupé avec son tête à tête avec la cuvette. Si ces mots osaient franchir mes lèvres, mon espérance de vie allait radicalement diminuer. Et puis, j’étais trop occupé à maudire ces fichus elfes pour argumenter avec Audric. Si j’apprenais que cette bande de dégénérés avait empoisonné ma bouffe, Saddler allait devoir renouveler son équipe de domestiques dès demain.
En attendant, pour son propre bien, je ne pouvais que lui conseiller de s'éloigner de moi...

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