« the serpents are singing a song that's meant to save » (abel) [TERMINÉ]
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Tallulah I. Fawley
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Sujet: « the serpents are singing a song that's meant to save » (abel) [TERMINÉ] Jeu 11 Sep - 22:03
the serpents are singing a song that's meant to save abel & tallulah
La descente de l'astre solaire qui défile au rythme des minutes. Les grains de sable lestés dans le vide, rejoignant à vive allure leurs congénères sur cette masse inerte à la couleur d'or. La plaine céleste qui oscille entre entre la douceur du rose, le pétillant de l'orange. Un délicat mélange qui ravive l'éclat de mon coeur par sa lumière. Et bientôt la nuit sera reine, omniprésente. Son manteau de noirceur, d'obscurité incrustée de diamants étincelants, viendra s'étendre sur le monde. La nuit est un moment étrange, aussi agréable qu'inconvenant. L'on peut se fondre dans l'ombre, disparaître, réfléchir sans être dérangé. L'on peut s'immerger dans un calme et un silence qui ne sont que plus plaisants. Pourtant, il y a toujours un sentiment d'insécurité qui resurgit pendant la nuit. Un malaise, un ressenti étrange, inexplicable. Il est plus difficile de voir, de comprendre. D'être certain. Les probabilités sont faussées. Incertaines. Rien n'est plus simple que lorsque le jour approche et s'étend à nouveau. Une alliance canonique, qui perdure depuis le premier jour. Le partage des jours et nuits, du soleil et de sa compagne lunaire. Quelque chose de terriblement intéressant pour quiconque y réfléchit plus de deux minutes. Et j'observe la course de Hélio dans son char couvert de dorures pour rapatrier le soleil vers l'ailleurs. Pour quelques temps. Pour quelques heures. Les derniers rais de lumières traversent les tentures de tissu léger, d'une teinte de violet proche du lilas. Jouent dans un clair-obscur avec les meubles et les objets parsemés ci et là. Des guirlandes composées de breloques pendouillent lâchement à divers endroits, accompagnant les tissus accrochés un peu partout. Des masques africains chatoyants placés sur les espaces vides aux murs. Bocaux de divers ingrédients divinatoires, tasses, boules de cristal alignées sur les étagères. Le parfait attirail de la professeur de divination type. Le plus gros cliché du monde, en somme.
J'inspire le doux parfum de l'encens au jasmin, dont les volutes blanchâtres se meuvent dans l'air ambiant. Cette odeur obsédante sans être malsaine, qui m'accompagne depuis si longtemps. Un air d'été indien qui illumine la pièce de ses couleurs tamisées. Malgré le fait que je ne me sente pas correctement à ma place dans ce poste, même étant une voyante, l'ambiance qui règne en cet endroit m'apaise plus que n'importe quel autre. Je me sens à l'aise et je me sens en sécurité. Je peux me délester de cette tension qui m'habite en permanence, dans cet endroit. L'avenir est impossible à déterminer réellement. Il est presque mathématique. Il existe tant de variantes, de possibilités, d'équations et d'obstacles qui se mettent en travers de notre route que cela fait que nous ne sommes pas capables d'en prédire exactement la nature. Mon don de voyante peut me donner un aspect d'une réalité parmi tellement d'hypothèse. Parce que le scénario que je visionne peut être réalisé comme il peut ne pas l'être. Parce qu'en quelques secondes, une action, un geste, une parole peut changer son cours à tout jamais. Seules les prophéties sont réelles et ne peuvent être changées. L'on a vu passer celle qui liait Harry Potter à feu Lord Voldemort. L'avenir est une matière si divertissante et intrigante parce qu'elle n'est pas matérielle. L'on peut manier les ingrédients dans la fabrication des potions, mais les changements de l'avenir, du futur.
Je suis tant inspirée dans mes réflexions introspectives sur le monde, le ciel et la divination que je n'entends pas les pas qui se dirigent à pas de loup dans ma direction. Ce n'est qu'au dernier moment qu'un souffle tiède dans ma nuque me fait réagir à l'allure d'une fusée. Me retournant en quelques secondes avant de balayer les jambes de l'inconnu sans même regarder de qui il s'agit. Tête plaquée contre le sol, mon bras bloquant de tout mon poids contre le creux de son dos. Difficile d'expliquer pourquoi je suis comme ça hein ? Eh eh. Bonjour, cher inconnu, tu viens de te faire latter la gueule en deux-deux parce que je suis une protectrice surentraînée. Ahem. Pas si inconnu que cela, au final. « Abel McMillan. » Ce visage encadré d'une chevelure aussi blonde que le blé d'été. Ce visage aussi expressif qu'un rocher. Cette manière d'être indifférent à la vie. Aussi étrange que charismatique. « Bonjour. » Je me relève doucement, époussetant mon pantalon tout en observant le nouveau venu. Comment donner raison à mon geste sans paraître trop suspicieuse ? « On repasse pour la salutation amicale et digne d'une professeur. Vous m'avez surprise. »
electric bird.
Dernière édition par Tallulah I. Fawley le Sam 1 Nov - 14:48, édité 1 fois
Abel T. McMillan
Serpentard
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Sujet: https://www.youtube.com/watch?v=uJB6YFcRLUI Ven 12 Sep - 10:49
Le sol est un peu plus froid qu’on aurait pu l’imaginer en regardant la pièce chaleureusement éclairée par un coucher de soleil. Un endroit qui respirait la paix et la chaleur… Fort dommage que le soleil n’atteigne pas le sol.
Ses cheveux trop longs s’étalent lascivement sur le sol. La lumière les fait briller d’or, mais son visage est glacial. Jusqu’à ses yeux. D’un bleu, comme l’ombre des glaces parfaitement formées. Son corps ne résiste pas. Comme si la douleur n’était pas venue. Ça faisait mal de se faire plaquer au sol. Ça faisait mal de se cogner la pommette et d’avoir le torse compressé. Mais il ne fit pas un geste pour se débattre.
Il faisait le mort.
« Bonsoir Professeur Fawley. »
Elle se retire, lentement. Il se redresse, simplement. Tous deux essuient leurs vêtements que la poussière a choisis comme piste de danse, et méthodiquement, Abel vérifie que son visage n’est pas tuméfié. Pas de signe de conflits. Pas de blessures extérieures. Pas de vulnérabilité. Les côtes, les bras. Tout va bien. Un léger mal de crâne. Le sang qui ne suit pas. Ça va passer.
« On repasse pour la salutation amicale et digne d'une professeur. Vous m'avez surprise. -Je vous présente mes excuses Professeurs. »
Pas un mot de trop. La politesse, un peu froide, d’une parfaite petite machine à étudier et à devenir haut-fonctionnaire du ministère, ou bien autre chose du même standing. Il était tout le contraire de cette pièce. Il était un monolithe froid et lisse au milieu de tous les grigris touffus de l’archaïque cabinet de curiosité. L’odeur des vieilles choses, des choses qui ont une histoire, qui sont passées sous le soleil plus que trois générations d’hommes. Des objets magiques, tannés par l’existence, et d’autant plus vivant. L’énergie dégagée dans cette pièce était tout le contraire d’un laboratoire de magie noire. C’était le genre de pièce qui vous fait vous sentir à l’abri de tout, tout en restant ouvert sur un monde oh combien plus large. Il y avait plus d’énergie vitale, de bonté et de chaleur dans ce seul lieu que dans un adolescent. Plus que dans la salle commune des Serpentard, pourtant magnifique, avec son éclairage bleutés par les flots de la grande baie vitrée du lac. La grande différence, c’est que la sécurité se faisait ressentir par ce qu’on était dans un cocon fermé sous l’eau. Aussi calme qu’un sous-marin. Un rêve de solitude.
Ici, c’était un rêve d’ailleurs.
Depuis plusieurs années, Abel avait souvent vu partir certain de ses camarades en cours de divinations. Cela ne l’avait jamais attiré. En fait, cela l’avait très franchement dégoûté. La divination avait toujours été pour lui une farce. Une magie de charlatan. Mais au fil des ans, cette pièce du quatrième étage l’intriguait. Le soir, quand il n’y avait plus personne, il aimait bien regarder les couchers de soleils d’ici. C’était un fait : le point de vu était imbattable. Si la volière nous laissait admirer le large paysage qui se couvrait d’or et d’automne, on voyait ici cette pièce changer d’âme chaque soir.
Et depuis que cette femme était arrivée, la pièce avait trouvé son corps. Tous les objets venus d’ailleurs. Et la silhouette de cette magnifique silhouette, découpée entre la lumière chatoyante et l’ombre nette et noir sur les courbes de son corps. Son visage, comme une œuvre d’art, encadré par un feu flamboyant. Une sorcière de sang-pur. La magie la plus pure et la plus ancienne qui soit dans nos contrées.
Il avait regardé tous les attrapes rêves et les ombres qu’elles projetaient sur le mur, il n’a pu s’empêcher. S’approcher, respirer l’odeur du jasmin, le parfum de ses cheveux. Une pure curiosité. Une pure image plastique. Qui lui valut une joue sur le carreau.
Il se la touche, du bout des doigts. Douleur lancinante. Il croise son propre regard à travers une vitre de fenêtre. Il retire sa main. Un début de bleu.
« Vous connaissez mon nom alors que je ne suis jamais venu à vos cours. Je ne dois pas être aussi discret que je le voudrais. Qu’est-ce qui vous dit que ce n’était pas Caïn ? »
Caïn est bien mieux connu que lui. Il sort sa baguette et la pointe sur sa joue, puis s’arrête. Il regarde l’immense baguette de laurier. Il semble réfléchir, fléchir, et il la range. Ses yeux d’un bleu trop glaçant et vivant dans cette lumière chaude s’adressent à ceux de la jeune femme, sans joie, ni peine, ni même la moindre expression de douleur.
« Avez-vous quelque chose pour ça ? Autrement j’irai voir l’infirmier. »
Son regard dévie vite sur la pièce, à nouveau, puis la refixe.
« Vous avez ramené tout ce qui se trouve ici. »
Ce n’est pas une question. C’est assez mal formulé. Pourtant son impassibilité n’empêche pas ses yeux et ses mots de traduire un intérêt pour tous ces objets. Un intérêt immense, en vérité.
« Je ne suis jamais sorti de l’Europe. »
Je n’ai jamais vu rien de pareil. Je n’ai jamais vu les racines de tout ce qui se trouve ici. Je n’y comprends rien, et au fond peut-être que je ne veux pas le comprendre.
« Et si on apprend l’autodéfense aussi bien que vous en voyageant, je n’ai pas vraiment envie de rencontrer d’autres civilisation. »
Une moitié de blague, une moitié de vérité. Il avait lu, beaucoup, beaucoup trop. Il avait bien travaillé, bien étudier les mœurs des autres peuples, leurs lois, les origines de ces lois. Les anciennes, les nouvelles, les révoquées, les imposées. Mais il n’avait jamais rencontré l’âme une civilisation inconnue. Ni ramené un petit morceau de cette âme dans ses poches pour le faire briller du plus merveilleux des couchers de soleils.
Il avait peur de comprendre à quel point sa vision du monde était étroite. Peur de voir qu’on pouvait être heureux autrement. Peur d’en rêver, de le vouloir. Et d’oublier son devoir.
Douleur lancinante dans sa joue. Ceci n’est pas réel. À peine une poussière sur le parebrise. Tout va bien. Son corps peut endurer un peu. Son esprit beaucoup. Son monde était encore tangible. Mais il se floutait face à cette lumière.
Et à ce visage qui malgré sa dureté et sa force lui faisait comme un sourire avenant. Si les femmes qui voyagent sont toutes aussi belles, je veux bien partir. Il y en aura peut-être une assez belle pour me faire oublier, qui sait ?
Pas besoin de s’enfuir ou de chercher. Tallulah Fawley était là. Et elle était bien assez belle pour le distraire encore un peu.
Tallulah I. Fawley
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Sujet: Re: « the serpents are singing a song that's meant to save » (abel) [TERMINÉ] Ven 12 Sep - 14:32
the serpents are singing a song that's meant to save abel & tallulah
Le ton monocorde d'une machine : si morne, si égal, si dénué de toute chaleur. Ce visage aussi inexpressif que le serait la pierre d'un mur. Je pose un regard curieux sur cette silhouette lasse, nonchalante. Il me semble tellement intéressant d'étudier ce garçon, de comprendre l'énigme qu'il compose, ce qui fait partie de lui pour qu'il en soit venu à être ce qu'il est. Et j'écarquille les yeux, d'une manière vive, quand il présente de plates excuses de la manière dont on lui enseigné. Je connais tout ça. Je n'en ai pas certainement pas l'air mais je proviens de la manière sorte de famille. Guindée, enlisée dans des valeurs qui n'ont plus de sens pour la majorité des gens. Qui apprennent aux enfants depuis le plus jeune âge à respecter l'étiquette. À se composer un visage de mondanité, un visage lisse d'où aucune émotion ne ressort jamais. Pour être digne, pour être un faciès que l'on apprécie et qui ne répond qu'aux questions qu'on ne lui pose. Mais mon géniteur est allé bien plus loin dans ce cadre. Je me devais de résister à toutes situations, même extrêmes et dérangeantes. La torture, le chantage, l'humiliation. Garder le dos droit, le visage relevé malgré le liquide écarlate qui s'égouttait lentement de mon menton, de ma lèvre tuméfiée. Ne jamais parler, ne jamais divulguer. Rester dans un silence oppressant et déstabilisant pour l'ennemi. Protéger à tout prix le secret pour lequel je me bats depuis l'âge de mes six ans. Son ton et la manière qu'il possède d'être, ne m'impressionnent pas. Ne me dérangent pas. Ne m'agacent pas. Parce que je sais d'où ils viennent et ce qu'ils représentent pour leurs utilisateurs. Une distance, un moyen de reculer devant l'autre. Une barrière que l'on dépose soigneusement pour éviter tant de complications. « Ce n'est pas à vous de vous excuser, par Morgane ! Je vous ai envoyé à terre sans aucune raison. Et j'aurais pu vous blesser bien plus que cela. C'est à vous de m'excuser, plus qu'autre chose. »
Question pertinente. Quinze points pour Serpentard. D'où me provient la raison de connaître son identité ? De ne pas le confondre avec son frère jumeau ? Je ne sais pas. Mon instinct, un petit frétillement le long de ma peau. Une image de quelques secondes. « À vrai dire, je ne peux pas te répondre avec certitude. J'ai connaissance de ton frère jumeau, Caïn. Et même sans vous connaître l'un et l'autre, j'ai eu la certitude que tu étais Abel. Je ne peux pas réellement me l'expliquer. C'est mon instinct. » Je grimace à son geste en même temps à son geste. Je l'ai blessé. Physiquement. Je déteste faire du mal aux gens qui ne le méritent pas. Il n'avait rien fait pour. Sa question me permet de rebondir et je laisse un sourire léger fleurir sur mes lèvres. « Je peux faire quelque chose. Attends-moi là quelques secondes. » Comment en suis-je arrivée au tutoiement ? Encore une question sans réponse. Je préfère cette manière de m'exprimer au monde. Le vouvoiement est trop sérieux, trop froid. Me rappelle trop de souvenirs déplaisants. Je fais vite un saut dans la modeste réserve que j'ouvre de ma baguette. Un pot d'onguent de ma confection. Je ne peux que remercier Liliya de m'enseigner quelques bases de magie de soin. Je me suis trop concentrée sur la magie offensive et défensive pour ne penser à soigner mon élue. Quelle bêtise. Faisant quelques pas et refermant le placard du morceau de bois qui représente la prolongation de mon bras, je retourne après du vert et argent. J'allais tremper mon doigt dedans pour le soigner mais je retins au dernier moment. « Je l'applique moi-même où préfères-tu le faire ? J'ai appris qu'il y a des personnes qui n'aiment pas réellement être touchées par d'autres sans leur consentement. » Mais il change de sujet du tout au tout. Étrange garçon. Je souris plus encore. Une infime partie des objets qui se trouve en cette pièce ne m'appartient pas mais le reste est bien en ma possession. Je voulais qu'elle me représente, d'une certaine manière. M'y sentir chez moi. À l'aise. « En effet. Des souvenirs de voyage, dans des contrées lontaines. » Je sens, plus que je ne vois, la curiosité qui s'éprend de lui. Malgré son impassibilité flagrante, il semble prendre un intérêt au bric-à-bras qui jonche les murs et le sol de cet endroit. Dans un sens, ça me flatte et j'apprécie. J'aime qu'on se sente bien dans ma classe. Je ne veux pas continuer à alimenter le cliché de la divination. Cette folie qui suinte des voyantes, cette atmosphère lourde et pesante. L'avenir. Oppressant.
Au final, je n'attends pas. Qui ne dit mot consent. Je tend ma main remplie de cette pâte crémeuse à l'odeur de gingembre et de rose. En déposant une noisette sur sa joue pâle et légèrement rugueuse. « Il n'est jamais trop tard pour voyager. Il y a tant de choses à découvrir, de lieux à explorer, à comprendre. De mystères sur lesquels on tombe et que l'on veut solutionner. C'est très enrichissant. » Massant en quelques cercles, délicats, jusqu'à son imprégnation sur la pommette. Puis satisfaite de mon travail, je me recule d'un pas, pour observer le bleu de sa joue. « Il ne va pas tarder à disparaître. La douleur peut continuer encore mais elle va se résorber avec le reste. » Je dépose le pot sur mon bureau, couvercle fermé, avant d'essuyer le reste d'onguent sur mon pantalon. Ce n'est pas comme ci cela me dérangeait. Je n'ai jamais eu le temps d'être réellement très apprêtée et soignée. Sa remarque sur mes capacités de défense me laissent échapper un léger rire. Le pauvre, s'il savait. « Disons que je me suis beaucoup intéressés aux arts de combat tant bien sorcières que moldues. Et je me dis qu'il faut savoir trouver une alternative à tout. Maîtriser la magie, maîtriser sa baguette est une chose. Mais l'on compte beaucoup trop dessus. Si on perd ce morceau de bois qui fait désormais partie intégrante de nous-même, l'on se retrouve souvent sans moyen de défense. Et je n'aime pas cet aspect là. » Le sifflement de la théière que j'avais mis en route avant mes réflexions intérieures me rappelle le breuvage que j'avais prévu de boire quelques minutes auparavant. D'un coup de baguette j'étais le mécanisme avant de me retourner de nouveau face au jeune homme. « Un thé ? Je trouve que ça tombe bien avec l'atmosphère qui se dégage. Le coucher de soleil, la douce tiédeur du soir qui s'annonce, quelques coussins moelleux où s'asseoir tranquillement. Tu es ici chez toi, si tu le souhaites. J'apprécie la compagnie. »
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Abel T. McMillan
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Sujet: http://www.yourepeat.com/watch/?v=7SO2ZlqAnUg&start_at=0&end_at=313 Ven 12 Sep - 16:11
Mon signe de dénégation, alors qu’elle me demande si me toucher serait trop personnel, doit être trop faible, ou imperceptible. Je suis mesmérisé par cet espace, par cet instant. Elle me répond avec une chaleur que je perçois comme quasi maternelle, et met sa main sur ma joue pour poser l’onguent sur ma pommette. Une main moins douce que sa silhouette ne le laisse présager. Rien de désagréables. Mais des mains de travailleurs. Des écorchures, minimums, qui finissent par laisser la peau dans un état de champs de bataille. La caresse n’en est pas moins appréciable. Différente de ses mains à lui. De vraies mains de jeunes filles, si on omet quelques coupures de parchemin et sa bosse d’écriture, à force de tenir une plume pour écrire. Le geste est simple, et doux. L’odeur entêtante brouille sa vue. Les vieilles roses… Et…
Bordel.
Il serre les dents. Non pas pour la douleur, qui lui donne déjà l’impression de s’envoler, bien loin. Mais cette odeur, cette odeur… Il ferme les yeux et inspire, expire. Ses doigts se serrent sur le vide. Comme si l’odeur naturelle de la jeune femme ne suffisait pas.
Contrôle-toi.
Il ouvre les yeux. Il affronte son regard. Malgré le froid de leur couleur, il y a bien quelque chose qui brille, qui brûle plus que de raison, dans ces yeux verts et bleus. Dans la glace intérieure d’Abel, dans le plus beau des glauque dans ceux de cette jeune femme qu’il se forçait à appeler professeur. Ne salit pas cet endroit. Ne salit pas cette personne.
Le contact visuel perdure, le temps de finir le brin de massage. Puis la main s’en va, l’odeur et le désir restent. Calme. Calme-toi. Ça va passer.
Mes yeux s’attardent sur les objets. J’accepte d’un signe de tête le thé. Je trouve de quoi m’assoir, à côté de la fenêtre creusée dans la pierre. Pendant qu’elle nous sert, mes yeux dérivent, pour en pas s’accrocher à elle. Il ne faut pas. Chez moi ? Est-ce que je me suis jamais senti chez moi ? Je ne me sens pas chez moi dans le manoir de notre enfance, à Sword. Je me sens comme un invité bien traité dans la salle commune des Serpentard, comme si on me donnait le droit de m’assoir avec une couverture pendant la nuit pour rester dans un aquarium.
Un endroit où je me sente chez moi. Chez moi, si je le souhaite. Je n’en dirai rien, mais j’accepte volontiers.
« Une partie intégrante de nous-même… » Il regarde le thé remplir de sa belle couleur la tasse, une nouvelle odeur s’ajoutant au grand univers olfactif de la pièce. « J’ai une baguette de laurier. Celles qui changent de propriétaire lorsque le premier devient paresseux. Qui lancent un éclair sur les voleurs. »
Je ne la sors pas. Je n’ai pas besoin de faire de la démonstration.
« Elle m’électrocute pendant certains sorts. »
Je sais pourquoi au fond. Je n’ai pas été paresseux. Je me suis donné corps et âme pour ma famille, pour mes parents, pour la carrière qu’ils veulent me donner. Mais mes pensées incertaines, mes hésitations, mes confusions… Le sentiment que cet objet m’était acquis parce que j’étais un bon sorcier.
Tout ça m’en a rendu indigne.
« Alors je comprends un peu. La magie incontrôlée ne peut pas m’aider quand je suis en situation dangereuse. Et c’est un peu comme si je n’avais pas de baguette en ce moment. »
Il prend la tasse dans ses mains, qui se réchauffent sensiblement. Le sourire ne perce toujours pas sur son visage, mais la lueur des yeux d’un triste enfant de 10 ans apparait. Un peu plus de vivacité, comme un renard curieux. Il boit, spontanément, sans respecter tout le protocole. Comme il le faisait plus jeune parce que la tasse était trop grande. Comme il le faisait avant qu’on ne le force à se tenir droit même pendant l’heure du thé.
« D’où vient l’objet entre le masque africain noir et le bocal de perles de cristal ? »
Quelque chose de complètement inconnu. En vérité, il n’était même pas certains que les perles soient des perles, ni même que le masque soit précisément africain. Mais s’il pouvait comprendre… Peut-être que tout cet ailleurs lui ferrait moins peur. Que cette sensation de bonheur lui ferait moins peur.
Peut-être…
Tallulah I. Fawley
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Sujet: Re: « the serpents are singing a song that's meant to save » (abel) [TERMINÉ] Ven 12 Sep - 19:07
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Pourquoi est-ce que tout me donne l'impression que je ne me comporte pas comme une professeur adéquate ? Eh bien parce que je ne le suis pas. Je ne serais jamais comme les autres, ces collègues qui respectent toutes les règles, instaurent des barrières immenses entre les élèves et leurs petites personnes. Je ne dis pas qu'ils sont en tord, mais je trouve qu'ils en sont donc moins à l'écoute des petites âmes qui viennent et prennent leur courage pour venir s'exprimer devant eux. Pour moi, mes élèves sont une petite famille à part entière, avec laquelle je possède plus ou moins d'affinités. Mais j'aime aller vers eux, apprendre sur ce qu'ils sont, sur leurs habitudes. Leur transmettre des connaissances et en recevoir en retour. Partager un ersatz avec eux, peu importe la nature qu'elle prend. Inimité, amitié, reconnaissance, curiosité. Je veux être disponible pour tous, afin qu'ils se sentent écoutés et rassurés. Un peu trop optimiste et idéaliste ? Certainement. Mais je me battrais toujours pour les valeurs qui sont les miennes, à n'importe quel prix. Je me donnerais toujours corps et âme pour le bonheur et le bien-être des gens auxquels je tiens. Même à un infime niveau. Et je sens poindre quelque chose, à regarder ce visage imperméable à tout ce qui l'entoure. Impossible à définir. Quelque chose qui m'est inconnu, encore. Il y a tant d'éléments pour lesquels je ne suis pas encore disposée, des éléments que je n'ai pas encore eu la chance de rencontrer, au cours de ma brève vie à peine exploitée. Un creux se forme entre mes deux yeux, à un certain moment. Son visage se crispe imperceptiblement, tendu. Il y a un point qui ne va pas. Un point sur lequel je n'ai aucune maîtrise. Je n'ai pourtant pas l'impression de lui faire mal. La caresse sur sa joue étant presque éphémère tant je me force à être délicate. Remplacer la douleur par de la douceur. Puis ses yeux finissent par trouver les miens. Pour la première fois. Réellement. Jusqu'à maintenant, il me parlait sans me voir réellement. Sans le vouloir vraiment ? Je ne sais pas. Mais je plonge malgré moi dans l'océan d'azur qui se trouve à ma portée. Et malgré le brouillard qui s'y trouve, je distingue une flamme. Froide, mais bien présente. Un feu qui ne demande qu'à être embrasé. Quelque chose de terriblement prenant, de puissant. Presque animal. Et je ressens le choc électrique. Je ne peux que laisser échapper un hoquet avant que mon corps ne se fige. Pas maintenant.
Des flashs, vifs et saccadés. Tout est flou, mais je distingue quelques mouvements. Une danse lascive et intimiste. Des mains qui touchent, qui glissent sur un autre corps. Qui caressent lentement, dans une impression de torture, d'attente pleinement calculée. Une impatience latente, maîtrisée. Des halètements, des soupirs. Un moment profond et puissant. Unique. Un désordre primaire parfaitement exécuté. Un moment dont je ne vois le rapport avec la réalité présente. Mais la seule chose que je distingue avant de revenir à moi, c'est ce regard, ces deux orbes d'un bleu qui tire sur le noir, dilatés. Dans un souffle, je suis de nouveau dans cette salle. Et cette litanie de questions qui tournent dans mon esprit. Chamboulent un peu le calme établi. Heureusement, le thé me sauve de ce malaise nouvellement arrivé. J'accueille ce liquide chaud et réconfortant entre mes mains blanches, aux ongles peints de carmin. M'abreuvant doucement pour ne pas me brûler, observant l'observation minutieuse du garçon de ma modeste salle. S'attardant sur les divers objets hétéroclites. Étranges. Différents. À mon effigie, en quelque sorte. Et puis l'on vire sur la défense, les baguettes magiques. Cette part de nous qui tient en un morceau de bois, consacré par la magie à nous être liés. « La mienne est composée de bois de tilleul argenté. Prédisposée pour les personnes ayant le don de voyance ou de Légilimencie. » Il fallait bien avouer qu'elle ne m'avait pas choisi par hasard. Mon don avait appelé cette baguette à être mienne. « Nous ne sommes jamais totalement dignes de nos baguettes. Parce que nos actions et nos pensées ne sont pas toujours les bonnes. Parce qu'elles ne sont pas toujours clairement établies. Tu as encore le temps, ne t'en fais pas. » Je sirote mon thé par petites gorgées. Savourant la douceur du breuvage dans ma gorge. Son arrière-goût présent sur ma langue, chatouillant mes papilles.
Pourtant, sa remarque suivante me chiffonne. Une situation dangereuse ? Et quelle serait-elle ? « Tu as raison, tu devrais faire attention. Ta tasse peut peut-être te mordre. Je te conseille de garder un oeil sur elle. » Et je ris de ma bêtise, de ma blague absolument nullissime. Je ne vois pas ce qui pourrait être dangereux. À moins qu'il ne cherche à me faire du mal ? Auquel cas il ne pourrait certainement pas m'atteindre qu'il serait déjà retourné dans la position dans laquelle il a été accueilli quelques minutes auparavant. Je sens un relâchement léger dans son attitude. Mon instinct m'envoie des ondes positives. Il se sent plutôt à l'aise en ce lieu. Je souris tendrement avant de terminer le thé qui réside dans ma tasse. Mon visage fait un quart de tour sur la gauche pour regarder en direction de l'objet qu'il désigne de ses mots. Son préféré. « C'est un attrapeur de rêves, un objet appelé asubakatchin dans la langue des indiens d'Amérique. Il est généralement fabriqué avec un anneau en bois de saule, parce qu'il est plus facile à manier. On y intègre un filet plus ou moins lâche. Les perles, dans leur culture, servent à attraper les mauvais rêves, les images déplaisantes qui s'inscrivent dans nos songes. Et à la lueur des rayons du soleil, le matin, elles sont détruites. Il conserve les belles images, les rêves positifs. Éloigne les maux et les cauchemars. » Je me lève pour le décrocher de son emplacement avant de le tendre au jeune homme. « Tiens, regardes-le de plus près. » J'apprécie beaucoup son intérêt pour mes objets. Ils appartiennent tous à un souvenir qui m'est précieux. À une situation qui m'a beaucoup plu par le passé. Je me rappelle les éclats de rires avec les amérindiens, dans les cours d'eau glacée. Les observations des castors dans leur habitat naturel. Les légendes murmurées à la lumière du feu, fascinée tant par l'éclat des étoiles que par le discours prononcé et raconté d'une voix basse et captivante. « Les décorations, les breloques et autres grigris qui composent les capteurs de rêves sont propres à chacun. Ils n'en existe pas deux pareils. Je l'aime beaucoup, il possède un symbole tout particulier pour moi, en tant que voyante. »
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Abel T. McMillan
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Sujet: Re: « the serpents are singing a song that's meant to save » (abel) [TERMINÉ] Dim 14 Sep - 12:52
C’est incroyable, cette sensation. C’est comme me glisser dans un cocon qui épouse mes formes et me renvoie ma chaleur. Je l’écoute, pensif. Comment fait-elle, pour lire autant en moi en seulement quelques mots ? Répondre à mes questions avant que je ne le lui pose ? C’est comme si elle lisait dans le livre de mes doutes, et je n’y vois aucun problème. C’est inquiétant en soit.
Avoir le temps… Est-ce que j’ai le temps ? Le temps de quoi faire ? D’apprendre, de comprendre ? J’ai l’impression de tout ignorer. Et de m’en contenter grandement. Je ne veux pas avoir le temps. Être prisonnier du temps me rassure. Chaque seconde libre me fait peur, comme un précipice sous mes pieds. À chaque seconde libre, je me sens chuter.
« Tu as raison, tu devrais faire attention. Ta tasse peut peut-être te mordre. Je te conseille de garder un œil sur elle. »
Je la regarde quelques secondes, ce qui est sensé trahir mon étonnement, puis regarde attentivement ma tasse. J’y cherche une trace de vivant, un enchantement quelconque. Il me faut un instant, avant de comprendre, au son de son rire, que c’est une plaisanterie. Je me sens idiot, comme toutes les fois où je ne perçois pas l’ironie. Je n’ai plus l’habitude, peut-être, d’être traité comme un enfant.
« C'est un attrapeur de rêves, un objet appelé asubakatchin… » Son regard s’éloigne, alors qu’il fixe l’objet, qu’elle ramène entre eux dans de mouvement gracieux. Il écoute, avec une attention minutieuse, les explications, la fonction, et au-delà, l’histoire de cet objet. Il semble lire, illusoirement, l’épopée de ce modèle unique dans des images merveilleuses d’un ailleurs qu’il n’a vu qu’à travers des livres, des gazettes. La chaleur se repend. Le glacier fond doucement. Reprend son cours la rivière de la vie. Dans ses yeux, tout s’illumine. Tout, comme une boîte à musique devant un gosse. Des yeux jusqu’au cœur, il ne manque que les lèvres.
« Il conserve les belles images, les rêves positifs. Éloigne les maux et les cauchemars. »
Laissé rêveur par cette chimère, il lui faut quelques instants pour se détacher. Le Professeur est déjà là, devant lui, pour lui tendre.
« Tiens, regardes-le de plus près. »
C’était comme un cadeau, fragile et précieux, qu’il teint entre ses doigts, l’espace d’un instant, avant de le soulever pour le regarder pendre dans les airs. La lumière orangée et rouge se figeaient en astre dans les perles, comme des naines rouges. C’était tentant. Une seule de ces choses pourrait lui permettre de passer des nuits tranquilles. Etait-ce vrai ? Etait-ce une légende, ou bien une vraie magie ?
« Je l'aime beaucoup, il possède un symbole tout particulier pour moi, en tant que voyante. »
Il le repose dans sa main, pensif, puis lui tend, en la regardant une fois encore, droit dans les yeux. Bien sûre, elle était belle. Bien sûre, l’odeur relançait le désir. Bien sûr le soir tombait. Mais il y avait plus fort que cette faim de loup de luxure exacerbé. Il y avait derrière celle du désir, celle presque éteinte qui se battait, en silence.
« Lequel ? »
Le soir tombe, et la lueur de lumière devient rouge. Le visage de Tallulah est sublimé. Le désir tangue, tangue, tangue. Mais il veut savoir. Quel était le sens pour ceux qui pensaient savoir l’avenir ?
Tallulah I. Fawley
Professeur
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Sujet: Re: « the serpents are singing a song that's meant to save » (abel) [TERMINÉ] Dim 14 Sep - 14:28
the serpents are singing a song that's meant to save abel & tallulah
Il était une énigme si intéressante que j'avais du mal à garder mes yeux fixés sur autre chose. Il ne semblait pas avoir compris le sens comique de ma réplique, observant la tasse comme pour trouver ce qu'elle pourrait bien faire à ses mains pales. Toute l'enveloppe qui se trouait quotidiennement devant nos yeux semblait si différente de ce qui s'y trouvait dessous. L'impression d'avoir un enfant devant moi, assis sur un coussin à regarder son thé en se demandant comment il pourrait bien être attaqué par la tasse inerte. Presque adorable. Un sourire tendre qui s'étend, contre mon gré, sur mes lèvres. Il est curieux, intéressé des choses. Interdit devant l'avenir, devant l'ailleurs, quelque chose qu'il n'a pas connu. Nous sommes souvent confrontés à la peur, à l'angoisse, lorsque nous nous trouvons devant l'inconnu. Devant quelque chose que l'on ne peut pas maîtriser, que l'on ne peut manier avec exactitude. Mais peu de gens savent se rendre à l'évidence que l'on ne peut pas tout diriger. Que certaines choses restent à jamais éloignées de notre portée. Malgré cet étrange malaise qu'il semblait avoir, sa curiosité pour les choses disparates et mystiques qui trônaient dans ma modeste salle, semblait supérieure à la pensée négative. Et je ne pouvais qu'être pleinement satisfaite de le voir s'ouvrir peu à peu à cet endroit, aux mystère dont il regorge. Me remémorer mes instants paisibles et chaleureux dans les quatre coins de monde. Faire dégorger ma mémoire de tous les moments qui ont ravivié l'espoir dans mon coeur. La chaleur suffocante des déserts africains, ce dénuement de toute ressource matérielle au profit de la foi et de l'entraide qui définissait les peuples vivant dans ces endroits reculés. La stricte rigidité des asiatiques, renforcée par leur amour des valeurs traditionnelles. Qui m'avait rappelé les familles de sang-pur, dans un certain sens. Mais leur incroyable imagination, leur magie innovante et développée dans l'idée d'aider la société. La joie et la franchise des hispaniques, qui vivent la nuit et s'endorment aux lueurs de l'après-midi. Les repas partagés sur des tables immenses, remplies de plats plus différents les uns que les autres. Tant de civilisations aux mœurs variées, au coutumes bien diverses les unes des autres. Que j'avais apprécié de découvrir, chacune après l'autre, avec la même curiosité que la sienne. Me confronter à des idées totalement décousues, à l'opposé de celles que je venais de quitter. Parce que la vie est ainsi faite.
Il écoute silencieusement mes explications. Les origines, les utilisations. La fabrication. Toutes ces choses réunies qui donnent un aspect et une histoire à l'objet. Je me souviens du sourire de Grey Owl quand il m'a tendu l'attrapeur de rêves. Un sourire qui montait jusqu'à ses yeux en forme d'amande, un sourire comme on en voit peu dans ce monde. Tellement réconfortant, tellement rafraîchissant. Tellement vrai. Il était un rayon de soleil, dont il m'avait transmis un morceau, un infime ersatz de cette joie naturelle, de cette engouement pour la vie. Il l'attrape entre ses doigts fins avant de le faire pendre pour l'observer dans son entièreté. Les tons de couleurs sont chauds, très représentatifs de ce qui bout dans mon être. Du rouge, flamboyant, pour la passion. De l'orange, définissant l'imagination. Le jaune, pour la détermination. Des traits de caractères qui me correspondent. J'aime ce silence qui veut tout dire sans qu'aucun mot ne soit prononcé. Il n'est pas déplaisant, bien au contraire. Je n'aime pas les gens qui parlent trop, pour le simple de s'exprimer. Parfois je divague, je pars ailleurs, mais je déteste bavasser sur des sujets qui n'en valent pas la peine. Il repose l'anneau de saule, entouré de fils aux couleurs du coucher de soleil dans ses mains, avant de me le tendre à nouveau. Je l'attrape, jetant un regard sur ces couleurs. Je l'ai tant regardé, j'ai passé tant de temps à contempler muettement ce cadeau précieux. Le symbole qu'il représente à mes yeux, en tant que voyante. « Je suppose que tu n'es pas sans savoir que les voyantes peuvent être investies de visions, de précognition, de rêves prémonitoires. Des bribes d'un avenir possible qui se manifestent sous différentes formes à n'importe quel moment. »
Tant de situations étranges, liées à ce simple fait, que j'avais du régler en jouant la comédie. Inventer des malaises, des problèmes de santé, tant de cas pour cacher la vérité. Je ne peux jamais dire comment cela va se dérouler, dans quelles conditions, à quel propos. Tout est si flou. La seule chose que je peux dire avec exactitude, c'est le début de cette action mystique et clairvoyante. Cette sensation d'électricité qui parcourt la chair de mes bras, comme une vague invisible qui se propage lentement. « Toutes les visions ne sont pas positives, loin de là. J'ai déjà eu à faire à certaines choses déplaisantes. Des images abominables qui m'ont laissé plusieurs jours sans vouloir fermer l'oeil ne serait-ce qu'une seconde. » Ces rêves prémonitoires d'une réalité morbide et sanglante. Des meurtres perpétrés méthodiquement, avec une brio terrifiante. Laissant des empruntes à jamais sur mon esprit, des empruntes indélébiles. « Je crois en la magie de cet objet. Je ne dis pas qu'il me protège de tous les mauvais rêves, mais il en éloigne la majeur partie. Il a été enchanté de manière à ce que je puisse visionner mon rêve pendant la journée qui suit, avant qu'il ne soit détruit comme le veut la croyance. » Ce qui peut être pratique, dans certains cas. J'ai déjà eu à faire avec les aurors, quand mes rêves correspondaient de près à l'une de leurs enquêtes. Quelque chose qui ne me plaît pas spécialement, mais si je peux épargner une vie, quelque chose de nécessaire. Il me semble plus intéressé par cet objet que par le reste, ce qui me fait me poser quelques questions. « Est-ce que tu souhaiterais que je demande à Grey Owl de te fabriquer un capteur de rêves ? »
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Abel T. McMillan
Serpentard
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Je l’écoute. Fasciné. Effrayé. Elle pouvait voir. Le passé, l’avenir. La vérité, les fait. Elle avait des yeux là où on aimerait tous les avoir. Là où on ne doit pas les avoir. Elle dégageait tant de joie, pour quelque chose de si puissant, de si terrifiant. Pour moi, c’était terrifiant, cette certitude, cette prison de souvenir, comme si peu importe les nouveaux avenirs, ils prenaient une forme précise.
Comme si il se cristallisait.
Cristalliser. Figer dans un verre qui chante comme la glace, plus fin et plus fragile. Quelque chose de pur. Fragile. Aussi fragile cet avenir soit-il, il nous faut un effort considérable pour le briser en mille morceaux. Et à la fin, il restera partout des débris.
L’odeur diminue. Mais le désir reste. Le désir de pouvoir saisir cette femme aux airs de nymphe insaisissable. Pouvoir la tenir entre ses mains, et découvrir sa peau comme un enfant éprouve celle de sa mère. J’ai eu une mère, mais elle ne m’a pas beaucoup détenue dans ses bras. Elle m’a surtout dit de me tenir droit. De ne pas pleurer. De rester digne. D’avoir de l’ambition. D’être fier de mon sang. De mon nom. Quoiqu’on dise de nous. Je faisais partie des gagnants.
Ma vrai mère ne m’a jamais appris à faire avec mes larmes, ni à me sentir chez moi. J’ai appris la tendresse dans les yeux d’une sœur, et dans la paume de mes frères. Dans le sourire d’un père.
Alors je suis resté debout, toujours, à table, dans ma chambre, dans le jardin. Quand Caïn me prenait par la main, j’avais ce sentiment, ce sentiment que c’était bien ma maison. Bien ma famille. Mon jardin, ma chambre. Quand il était là, tout était aussi radieux que cette pièce où le soleil se couche. Je l’avais oublié, ce sentiment. L’obsession, la peine, la souffrance qui me déchire chaque jour, m’ont fait oublié ce sentiment. M’ont fait oublier ce que c’était. Et face à elle, je comprends, enfin, pourquoi je suis si bien, ici.
« Est-ce que tu souhaiterais que je demande à Grey Owl de te fabriquer un capteur de rêves ? »
Je lève très soudainement les yeux. L’incompréhension peint certainement mon visage blanc. Mais, envers et contre tout, mes yeux se perdent, pour l’envisager, le rêver. Inhabituel. Étrange. Et pourtant libérateur. Quelqu’un prenait soin de moi comme une personne. Me parle. Me considère, demande ce que je désire, si je désire. S’il y a bien quelqu’un, dans ce corps froid et mort, frappe à la porte, innocemment, poliment, de cet enfant isolé au fond de mon âme.
Elle ne fait qu’agir normalement, poliment. Elle ne fait que me regarder, me parler. C’est une personne normale. Comment se fait-il que je n’ai pas rencontré de personne normal comme elle depuis si longtemps ? Comment se fait-il qu’en ce monde, dans mon monde, il y ait si peu de gens doux, aimable, poli et sans attente pour moi ? Pourquoi mon monde était-il si sombre, quand il était si facile de sourire, de profiter du soir venu, de parler de voyages, d’offrir un thé, et de poser des questions simples, sans importances ?
As-tu bien dormi ces dernier temps ? As-tu faim ? Qu’aimerais-tu boire ? Qu’as-tu fais de ta journée ? Est-ce que ça te plait ? Veux-tu de l’aide ? Voudrais-tu essayer ? De quoi as-tu envie ?
Dormir, sans cauchemars, et pouvoir brûler les visions de peurs et d’angoisse au lever du jour. Si seulement, si seulement…
« Vous… Pourriez faire ça ? »
La glace fond. Je sais que ce n’est pas bon. Mais je en sais plus pourquoi. J’ai oublié, très soudainement, pourquoi j’étais moi, pourquoi j’étais comme ça, à m’enfermer. Pourquoi je me refuse la joie. Pourquoi je me refuse la vie. Pourquoi je ne prends jamais de temps pour moi. Pourquoi je ne cherche personne pour être comme Tallulah Fawley avec moi. Quelqu’un qui se soucierai de ma santé, de mes envie, de mes petites souffrances, et qui prendrais le temps, de simplement, être poli avec moi.
« … »
Il y a quelque chose qui vibre en moi. Qui font monter mon cœur au bord de mes lèvres. Ça brûle. Je baisse les yeux pour que mes cheveux cachent mon visage. Je sais qu’il se déforme. Je suis sur le point de pleurer. Je le sais. Mes lèvres se pincent, et mes yeux me brûlent. Ça brûle, et mes paupières se closent.
Ah, c’est pour ça…
« Je vous demande pardon. »
Deux gouttes d’eau tombe dans ma tasse de thé. Je couvre mon visage derrière une main.
« Je vous en serais extrêmement reconnaissant, Professeur Fawley. »
C’est ça, être chez soi ?
Tallulah I. Fawley
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Sujet: Re: « the serpents are singing a song that's meant to save » (abel) [TERMINÉ] Mer 17 Sep - 19:38
the serpents are singing a song that's meant to save abel & tallulah
Il n'était plus nécessaire de compter les innombrables silhouettes venues s'avancer auprès de moi, afin de connaître les images de leur vie future. De vouloir répondre à des questions qui n'ont lieu d'être, de vouloir détruire une surprise fortuite. Il pensent tous, presque sans exception, que l'avenir ne peut être changé, que nous sommes tous promis à des choses bien précises sans espoir d'en modifier la nature. Que nous sommes destinés. Mais le destin n'est pas matériel, il n'est pas immuable. Il dérive et change à chaque seconde que nous passons à exister, à réfléchir, à se mouvoir. Parce que chaque décision, chaque mouvement que nous faisons peut changer les probabilités de notre avenir. Il est constitué de nombreuses voies, de possibilités. D'univers alternatifs dans lesquels nous pourrions vivre selon ce que nous décidons de faire de nos vies. L'avenir est rationnel au final, il n'est pas réel, mais peut être schématisé, dans les grands mots. Il s'apparente presque à de l'arithmancie. Il est en constante évolution et l'on rajoute toujours plus de variation à celui-ci. C'est ce que j'aimerais expliquer à tous ceux qui sont venus en quêtes de réponses que je n'ai pas eu envie de leur donner. Parce qu'il peut en être ainsi maintenant, à ce moment précis, comme il ne peut plus en être dans une heure. Tout aura été chamboulé. À jamais. La divination n'est pas un art de charlatan, il ne l'est que lorsque l'on ne connaît pas sa nature propre et son fonctionnement. Il est possible de prédire en se basant sur diverses choses, mais l'on ne peut jamais être certain de ce qui en résultera.
J'use de mon don, celui qui m'a été donné pour m'aider dans mon dessein, dans la voie pour laquelle j'ai été élue, avec beaucoup de précaution. Je choisis les êtres et les circonstances qui s'imposent pour faire mon choix. Si je peux aider à une quête, à résoudre quelque de plus profond que le visage d'un bébé à venir, que la profession exercée à la sortie de l'école et d'autres futilités, je plonge dedans avec un plaisir sans nom. Parce que j'ai toujours été ainsi, à vouloir sauver les âmes qui se trouvent en mon chemin, à vouloir transmettre un bout de soleil dans ces corps parfois si sombres. J'accepte des responsabilités qui ne m'ont pas été imposées, pourtant, mais je le fais. Et je vois ce visage pâle, qui me fait face. Ce visage, qui est arrivé dénué de toute chaleur, de toute douceur. Des traits aristocratiques d'un charme indéniable, qui serai tant rehaussé si l'apaisement se diffusait dans son être. Un sourire éclairerait ses yeux comme un astre flamboyant. Et je vois la glace qui s'écoule doucement, qui fond, minute après minute. J'apprécie de voir qu'il y a quelqu'un à l'intérieur, quelqu'un qui crie pour essayer de sortir, après tant d'années passées enfermées dans un corps trop longtemps malmené. Malmené par les ordres, par les inquisitions d'une famille qui pèse sur les enfants. Et là, dans la douceur et le piquant de la rose et du gingembre, dans la délicatesse des tentures couleur de lilas, sous la lumière du jour qui s'éteint, il se sent de plus en plus à l'aise. Je pourrais presque en frétiller de joie, frotter mes mains l'un contre l'autre, avec un contentement palpable. Mais je suppose que cela se voit sur mon visage, tant expressif quand il est laissé libre.
« Bien évidemment, que je le peux. » Mon sourire est immense, presque effrayant. Similaire à celui du terrible chat dans le conte de Lewis Carroll. Mais il monte jusqu'à mes yeux. Comme celui de Grey Owl, quelques années auparavant. « Il arrivera dans deux semaines, si je me permets de penser juste. Est-ce que tu voudrais quelque chose en particulier dessus ? Une couleur précise, un objet ? » Mais je suis vite muette. Son visage est penché vers le sol, sa chevelure de lune cachant son visage à mes yeux. Et je suis glacée d'effroi, en quelques secondes. Mon sourire s'évanouit comme les volutes de fumée qui s'échappent de ma tasse, éphémère. Un sentiment de malaise qui s'éprend de moi, serre ma gorge et noue mon estomac. Je ne sais ce qui arrive, je ne peux comprendre les sentiments qui explosent dans l'esprit de ce garçon. L'ai-je blessé ? Tout est flou. Comme toujours. Les relations humaines sont si semblables à la divination. Tout peut changer d'une minute à l'autre. Il suffit d'un mot, d'un geste. D'une intention, d'une idée, d'une réflexion, pour chambouler tout un équilibre. « Je... » Je réfléchis à une solution à ce problème, mais je me tais. Pourquoi ? Pourquoi s'excuse-t-il ? Se sent-il honteux, humilié ? Je fronce les sourcils. Une sensation qui m'étreint, pressante. Que je devrais refouler le plus loin possible. J'ai pas réellement le droit. Cela peut vouloir dire tant de choses. Je. Je ne sais pas. « Pourquoi t'excuses-tu, Abel ? Tout ce qui se passe ici ne franchira jamais la barrière de ce lieu. Laisse aller tout ce qu'il y a en toi, tout ce qui cherche à sortir. C'est le meilleur moyen d'apaiser ton coeur. » Le ploc des deux uniques larmes lestées dans tasse de thé me rappellent à la situation présente. Mon coeur se serre de tristesse. Je déteste ça, je déteste voir les gens souffrir. Quelque soit la raison. Je ne veux que le bien des autres, je ne veux que leur bien-être. Quels qu'ils soient, eux aussi. « Je vais envoyer un hibou à Grey Owl d'ici demain matin et je te ferai parvenir l'attrapeur dès qu'il sera en ma possession. »
Tout ça me semble si formel, si...lointain. L'impression que nous ne sommes pas à nos places. Que je peux me permettre plus, à ce moment précis. Il n'est qu'un enfant qu'on a voulu faire grandir trop vite, qui n'a pas connu toute la tendresse que l'on est censé recevoir pendant notre enfance. Comme je ne l'ai pas eue, également. Que je rattrape encore tant que je le peux. Et je profite de son visage baissé pour m'approcher, avant de regretter mon geste. « Ce n'est absolument pas ce à quoi une professeur est habilitée à faire concernant ses élèves. » Un dernier rappel, absolument inutile vu ce que je m'apprête à faire. Je me glisse près de lui, entourant son corps mince de mes bras, venant m'imbriquer contre lui. Chastement. Un enfant que l'on console après ses pleurs. Qui a besoin d'un moment de douceur, d'une épaule sur laquelle s'épancher. Je dépose ma tête contre son épaule, dégageant mes cheveux de l'autre côté pour ne pas qu'ils s'éparpillent sur le visage du vert et argent. « Est-ce que ça va ? » Bien sûr que non, ça ne va, espèce de gourde. Il ne serait pas en train de pleurer si ça allait bien. « Je suis désolée, je ne voulais pas te... » Lui quoi ? Le blesser, je ne sais pas si je l'ai blessé d'un quelconque manière. Le toucher ? Il est touché, mais de quelle façon ? C'est tellement compliqué. « Je ne voulais pas. » Ma voix n'est qu'une murmure contre son épaule.
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Abel T. McMillan
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Sujet: Re: « the serpents are singing a song that's meant to save » (abel) [TERMINÉ] Dim 26 Oct - 15:10
« Ce n’est pas non plus ce que devrait faire un élève. »
La chaleur est une vague. On se sent comme plongé dans l’eau brûlante après des siècles d’âge de glace. La dureté de mon âme s’évapore. Je retrouve la sensation primaire d’être plongé dans le liquide amniotique. La sensation d’être enfin exempte du bruit de la foule sans être seul. Quelqu’un vis pour nous.
Quelqu’un vis à ma place, le temps que je sois prêt. Je n’ai peut-être jamais été près à naître.
Je suis soulagé. Je ne porte plus, pour quelques trop longues secondes, le poids de ma vie.
« Je mentirai si je disais que je ne le voulais pas. »
Il ne se retourne pas. Il pose simplement sa main sur son bras et laisse aller sa tête sur son corps. Il n’a plus besoin de respirer. Ni de se tenir debout. L’eau chaude est comme les courbes d’une femme. Ses bras sont l’océan de confort primaire dont il a toujours humainement manqué. Qu’il avait toujours cherché depuis ses amours malhabiles d’enfant aux désirs d’incestes à l’adulte encore pré-adolescent qui ne savait refuser aucun sourire, aussi faux et douloureux soit-il.
Je regrette de ne pas t’avoir connu plus tôt. Je regrette d’avoir grandis entouré d’hypocrites, de gens fiers, de peureux, dépendant du regard de l’autre. Je regrette de ne pas avoir eu plus tôt la preuve que ma sœur n’était pas une erreur.
Je ne prends pas la peine de sécher mes larmes. Il fait bon vivre sur ton sein. Il fait bon ne pas vivre. Il fait bon dormir, et oublier. Il fait bon laisser la Terre danser. Les hommes chanter leur cacophonie. Il fait bon écouter le silence, et ta respiration. Respire pour moi, Tallulah. Respire pour faire de ma vie un océan de chaleur. Laisse-moi prendre congé du Monde, de l’Ordre, du Grand Ordre. De mon nom et de mon prénom même, comme si je n’en avais pas encore. Et redonne-moi un nom lorsque tu accoucheras d’un moi meilleur.
Ma voix n’est plus qu’un murmure tranquille, comme l’eau qui ruisselle, comme une chanson secrète, un poème qui n’a de musique que le Vent dans les Arbres.
« Ce n’est rien Professeur. Je vais bien. Je vais mieux. »
Grâce à vous.
La chaleur des rayons du soleil caressent une dernière fois notre peau, avant de disparaître complètement. Mais la nuit ne me fait plus peur. Tu as gravé en moi, de manière indélébile, cette chaleur qui a présent porte ton nom. Je te chercherai, toujours, à travers ce qui, à travers d’autres femmes, à travers d’autres hommes. Je chercherais toujours la chaleur du soleil qui se couche à travers les vitres, le goût d’un thé un peu plus fort, et les bras d’une mère pour noyer mon existence dans une eau bouillante plutôt que dans les Eaux de l’Antarctique.
Je sais que c’est mal. Aussi mal que d’aimer Caïn à la folie. Aussi mal que de vouloir Hell pour moi seul. Plus mal que d’oublier mon frère mort. Mais je me laisser aller contre ton corps, lascivement, comme seuls les adolescents savent le faire, sur le ventre de leur mère, pendant les heures les plus sombres. Ma main caresse la tienne. Ni par amour, ni par détresse. Par simple envie, pour une fois chaste. Et parce que mes chaînes ne pensent plus dans l’océan protecteur qu’offre ton Antre d’Avenir, là, juste derrière on crâne. Même sous la lumière bleue de la nuit et de la lune, je sens encore l’odeur des dunes, du thé brûlant, le cliquetis des objets immobiles, de ma conscience fragile, de mon corps devenu argile. Fumes-tu beaucoup dans cette pièce ? Je me penserait presque sous influence des vapeurs et des ambiances olfactives de ton monde trop heureux pour être net.
Mais il n’y a que l’odeur du thé, du soleil disparu, de ta peau trop douce, de ma robe trop propre. La nuit est tombée, et je ne devrais pas être là. Mais il fait bon d’être avec toi. Il faut partir. Mais juste un instant, juste un instant de plus.
« Je peux rester comme ça encore un peu ? »
Mon visage plein de larme, mais qui sourit avec cet air mélancolique. Je suis comme drogué à un amour qui ne m’est pas destiné. Ça me fait mal d’y songer, mal de savoir que d’ici une seconde, tout va s’arrêter. Mais je veux rester serein, un instant encore, avant de courir vers Morphée pour m’éclipser jusqu’à l’aurore.
Le glacier à fondu. La Terre est sous les eaux. Tous les Os de la Terre sont remontés de la terre et leurs secrets putrides n’attendent que d’être effleurés pour fleurir dans l’Atmosphère. La Terre est lavée dans un déluge, certainement pas le dernier. La Terre est lavée de tous ses pêchers.
Pour une seconde, avant que ne survienne, un nouvel Âge de Glace, qui lui enfermera dans sa coquille la Planète Bleue.
Tel est Abel, et ses yeux clos, ses yeux infiniment bleus, comme les ombres sous la Glace.
Tallulah I. Fawley
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Sujet: Re: « the serpents are singing a song that's meant to save » (abel) [TERMINÉ] Jeu 30 Oct - 23:07
the serpents are singing a song that's meant to save abel & tallulah
Un murmure contre mon épaule mise à nu par le mouvement ayant oscillé entre brusquerie désespérée, irréfléchie et tendresse tant demandée. Nous ne sommes pas élève et professeur, Abel Nous ne sommes que des êtres humains assoiffés par le manque d'amour, d'affection de familles bien trop polies et imperméables à ces sentiments. La barrière a été franchie, désormais. La limite, l'espace de réserve ont été franchies. Comment me demander de rester insensible à une telle détresse ? Comment me demander de refuser la douceur à une âme si semblable à la mienne au final ? Je ne le peux pas. Je ne le peux plus. Plus jamais. Pas après avoir cruellement manqué moi-même de bras pour apaiser mes peines et mes douleurs. De longues minutes qui s'écoulent lentement, chacun bien trop noyé dans ses propres réflexions pour ne serait-ce que laisser échapper un son. Garder le silence, garder cette chaleur auprès de moi encore un moment. Juste un moment. S'il te plaît, Abel. Fils de lune, dont la soie des cheveux me caresse tendrement la joue. Un effleurement papillon. Éphémère et doux. Un sourire étouffé contre le tissu de sa veste d'écolier, à sa remarque. « Profiteur. » Douce amertume que de celle de réfléchir à nos positions respectives. L'enseignante câlinant un élève dans la semi-pénombre de sa salle de classe. Alors qu'il ne partage pas une once d'heure de mes cours, n'ayant pas choisi cette option. « Je mentirais également si je disais que je n'apprécie pas. » Réalité. Je voudrais ne jamais quitter ce cocon douillet où j'ai l'impression de poser les pieds sur la première fois. Réellement. Son poids qui s'alourdit contre ma poitrine, contre mes bras. Contre moi. Il se détend ostensiblement. Un sourire qui rehausse le carmin apposé contre mes lèvres. Deux enfants abandonnés de leurs rôles, soumis bien trop rapidement à la dure loi de la vie. Deux enfants qui n'attendaient que d'être émerveillés par l'amour d'une famille, qui n'attendaient que d'être regardés avec admiration, avec douceur.
J'aurais voulu pouvoir effacer ces creux sur ton visage exsangue, j'aurais vouloir pouvoir détruire la lassitude de ton existence bien trop mécanique. Réglé comme une montre suisse par des codes, des attentes, des exigences. J'aurais voulu pouvoir m'immerger dans la flamme pure et incandescente de la vie que aurait brûlé dans tes yeux pâles. J'aurais voulu pouvoir balayer tes peurs d'un revers de bras. Mais je ne fais face qu'à des illusions, des idées, des envies profondes. On dit qu'avec des "si", on peut refaire le monde. Je ne peux que respirer en écho à ton souffle tiède qui échoue dans le creux de mon cou. Je ne peux que sentir la représentation physique de ta tristesse rouler contre ma peau, perles salées. Un autre murmure, aussi léger que le vent dans les cheveux, aussi discret que le bruissement des herbes au petit jour. « Tant mieux. » Tant mieux, oui. L'astre solaire qui accélère sa course dans la volupté céleste, envoyant ses derniers rayons caresser nos chairs entrelacées. Il fait bon te connaître, Abel. Parce que dans ta peur, dans tes insécurités, dans tes questionnements, tu reste tendre, au final. Un vide de tendresse que tu tentes de combler, que l'on te refuse obstinément. Je me fige au mouvement sa main dextre sur la mienne, de ce geste délicat de tes doigts contre la paume de ma main. Le paradoxe de l'infime rugosité de ta main d'homme contre mes phalanges arachnéennes. Ma peau marquée par les stigmates de la vie que le destin m'a imposé, que ma famille m'a longuement dirigée.
Une question d'une innocence sans pareille. Un nouveau sourire qui étire mes lippes, me fait échapper un rire bref et léger. Tu es comme un bambin qui découvre la vie, qui vient se réfugier dans les bras de sa mère après l'orage, après le grondement de la foudre, les zébrures dans le ciel. Tu es touchant, à ta manière. Tu me laisse emplie d'une sensation d'avoir complètement raté ma vie, d'avoir vécu un destin qui ne m'appartenait pas. D'avoir oublié ce que c'était d'aimer, de vouer son affection à quelqu'un, d'être apaisé rien qu'en entourant ses bras autour d'un corps qui ne demandait que ça, simplement. « Oui, tu peux. » Le thé au jasmin qui refroidit lentement dans la théière, les caquètements des créatures nocturnes qui résonnent jusque dans la salle, désormais baignée dans l'ombre. Je ferme les yeux, doucement, concentrant ma magie dans un point fixe. Allumant les lumières d'une pensée poussée par l'envie. De douces bougies engoncées dans des photophores de verre coloré. Du rouge, de l'orange, du violet. Tamisée. Pour ne pas brûler, détruire l'instant bien trop précieux. C'est étrange. Une bien étrange soirée. Indescriptible. Inoubliable. Paradoxale. « Tu seras toujours le bienvenu ici, tu sais. À n'importe quel moment, quelque soit la raison de ta venue. Je serai là. » Une autre promesse. Que j'ai tellement envie de tenir que cela m'en enserre le coeur. Ce battant qui pulse rapidement dans ma cage thoracique. Ces bras qui m'enserrent comme un étau destructeur dont je n'avais pas envie de m'enfuir. Qui forment une barrière entre nous et le monde, l'ailleurs, l'inconnu. Qui protègent des peurs, qui font oublier tout autour, toutes les pensées qui détruisent l'esprit. Tu es mon havre de paix, Abel, tu es mon paradis. Tu apaises mon esprit autant que tu l'affoles. J'oublie ce qui est bon, ce qui est mal. J'oublie tout. Je me laisse simplement porter dans ton étreinte chaude.
electric bird.
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Sujet: Re: « the serpents are singing a song that's meant to save » (abel) [TERMINÉ]
« the serpents are singing a song that's meant to save » (abel) [TERMINÉ]