Mon nom, n'est qu'un héritage qui coule dans mes veines. Ce nom, il te brûle les lèvres. Ma réputation est une poussière d'or qui te colle à la peau. Où que tu seras, où que je serais, mon nom sera là. Un murmure empli de désir et d'envie. Une perle de luxure qui enflamme ta conscience. Je suis une véritable illusion, un désir de chair et de position. Je suis cet élève qui s'est fait remarqué.  Ma place n'est plus à faire ici, à Poudlard. Référent des étudiants de second cycle, créateur d'un club de potions, je suis ici un véritable Prince. Fils d'un Roi mort, fils pourrissant dans un désir de vengeance, fils de mensonges et de comédie.
Tu rêves d'être à mes côtés, dans mes bras, pendue à mes lèvres, mais toi, tu ne m'intéresses pas.  Poudlard n'est qu'une étape parmi tant d'autres… Tu n'es qu'un pion parmi tant d'autres. Je glisse mes doigts autour de toi, de toi et de ta gorge, seulement pour calculer tes mouvements et ton trépas.

Mes masques, sont mes plus belles dorures. De mon être entier suinte l'innocence et la bonté d'âme. De mes sourires dégoulinent une douceur factice. Enfant patient, enfant ambitieux, je ne suis que le reflet de la perfection. Préoccupé par mes prochains, main sur le cœur, je suis silencieux et pourtant là pour aider mes chers camarades…  Je suis une véritable œuvre. Piégé dans les tissus de mes mensonges qui sont devenus ma réalité, je suis et resterai cet élève adulé, désiré, envié. Si j'attise ta colère et ta haine, c'est seulement parce que je suis meilleur que toi. Seulement parce que tout ce que je touche, je le transforme en or. Je suis l'élève que tous les professeurs félicitent et rêvent d'avoir.  Je suis l'enfant prodige de cette famille que je n'ai plus.

La famille Saddler, véritable histoire à compter au coin du feu de ta salle commune. Aimes ou détestes-moi, tu as toutes tes raisons pour rêver d'être au creux de mes bras, toutes tes raisons pour désirer être à ma place. Fais ce que tu veux… Mais continue à parler de moi, continuer à créer ce mythe qui m'entoure et ne cessera de grandir. Souviens-toi de moi, car jour après jour je deviens plus important.
Poudlard n'est qu'une première étape… Si tu savais, sombre idiot.

Si vous saviez tous, bande d'insectes insignifiants, ce qui se trame dans l'ombre. Dans mon esprit, mille et unes machinations, plus complexes les unes que les autres.  Je te promets une vie d'amour et de grandeur, je te promet une vie inoubliable. A toi, à vous, à tous ceux qui m'effleure. Si tu m'approches, c'est seulement parce que je l'ai voulu. Calculé. Tu n'es qu'un oiseau dont je vais briser les ailes, un oiseau privé de sa liberté. Je serai le plus doux de tous tes bourreaux. Je suis le créateur de tes maux, le Prince de tes nuits sauvagement déchiré par tes plus exquis cauchemars. Je suis celui que te ferra crevé à doux feu. Une journée, une semaine, un mois, une année, toute une vie. Ma patience est d'or. Et je ne commettrais pas les erreurs des plus grands. L'Histoire de nos peuples, de nos races, est ici gravé dans ma conscience, inscrit sur ces manuels, planant dans mon esprit. Patience, et un jour, je pourrai te susurrer la vérité au creux de l'oreille. Patience, et un jour, tu seras à genoux face à ma personne.

Un jour, un jour, tu clameras mon nom haut et fort. Saddler, le libérateur. Saddler.
Grave ce nom dans ta chair, dans ta peau et ta mémoire.

Je me souviens encore de ses douces caresses… De cette voix presque tremblante qui chantait encore. Son regard planté dans le mien, elle m'avait fait promettre d'être courageux. D'être fort. D'être digne des Saddler. Sous ses caresses, mes larmes ne coulaient pas. Sous ses caresses, elle apposait le sang de mon propre père sur mes joues et mes lèvres. Elle chantait, encore et encore, de cette magnifique voix brisée.

« Sleep and rest, sleep and rest
Father will come to thee soon;
Rest, rest, on mother's breast. »

Le vent soufflait dehors. La pluie martellait les fenêtres. La lune brillait, et l'air hurlait.

« Father will come to thee soon;
Father will come to his babe in the nest,
Silver sails all out of the west,
Under the silver moon,
Sleep my little one, sleep,
My pretty one, sleep. »

Sur mes lèvres, elle laissait couler le goût de la peur. Dans mon être s'ancrait le désir de  vengeance. Je me souviens de tout. De ce mouvement presque théâtrale qu'avait décrit la cape de ma mère. Je me souviens du bruit des corps qui tombaient au sol, je me souviens du contact rigide de celui de ma mère…. Je me souviens de leurs regards et ces bruits. Ces cris, cette rage. Je n'étais qu'un enfant, n'est-ce pas ? Je ne suis que le fruit des entrailles d'un couple… Un couple qui avait commis des crimes ensemble, qui possédait une marque sombre sur leur bras. Ils avaient créé désolation et malheur, aux pieds de ce seigneur du mal…

Je crois que cette nuit là, ces nés moldus, ces êtres ignobles, ont prit la mauvaise décision. Un jour, il s'en rappelleront. Le jour, où je ferrai couler leur sang comme ils ont pu le faire avec mon cher père, ils le regretteront. Ils se tordront à mes pieds, vulgaire esclave de leur douleur… Je méprise toutes ces personnes… Je condamne toutes ces personnes qui se disent libératrice d'un fléau, qui se permettent de juger une idéologie et qui font exactement la même chose… Elle est belle cette société chaotique. Elle est belle cette société qui baigne dans ses propres mensonges. Ces horreurs ont ravagé mon monde, ils le contaminent. Être sorcier n'est presque plus une fierté, lorsque l'on voit ce que l'on peut côtoyer aujourd'hui… On se prétend être tolérant, on prétend pouvoir accepter ces aberrations dans notre monde, et on condamne des enfants innocents…  

Je suis un Saddler.

Je suis ce fils de Magemort qui a passé son enfance dans un orphelinat. L'un des ceux enfants à ne pas dormir la nuit, le seul enfant à hurler les nuits d'orages. Je me souviens de la couleur de ses yeux, du goût de son sang. Le tonnerre grondait : je tremblais. Au fond de mon lit, serré contre mon pauvre oreiller, même le contact glacé du mur ne m'apaisait. Personne ne venait. Personne ne venait, jusqu'à ce que je me mette à hurler. J'ai vu des ombres derrières les vitres, je les ai vu encore ces monstres. Ils veulent finir le travail, ils savent que je veux…  

Je veux les tuer. Tous. Un, par un. Les uns après les autres. Je veux sentir leur urine flatter mon odorat. Jamais, ô grand jamais, ils n'auraient ressentis une douleur aussi atroce que celle que je pourrais leur offrir…

Cet orphelinat, a été mon semblant de foyer. Lorsqu'une famille venait, la mère me regardait souvent. Fascinée par cette beauté lunaire, ces mèches brunes et mes yeux bleus si clairs. Il suffisait que cette femme interpelle son mari, pour qu'une employée s'approche. Des ongles plantés dans ma chair, un vif coup contre mon tibia, qu'importe. On n'aime pas les Magemorts ici. On aime encore moins les enfants capricieux des Magemorts. Les parents ne veulent pas de cet enfant qui pleure, qui crise, qui tente de mordre et de griffer soudainement cette innocente employée…
On méprise cet enfant qui a réussit à mettre le feu à l'une des robes des surveillantes, à la force de sa colère. On déteste cet enfant qui a fait exploser le gâteau d'anniversaire de l'un de ces adorables et niais d'enfant…  On n'approche plus cet enfant que l'ont soupçonne d'avoir poussé dans les escaliers une infirmière…  Non. Je ne l'ai pas touché. Je l'ai juste désiré très fort… Si fort, que j'ai frémis en entendant sa nuque craquer.
Ils ont tous craché sur mon nom. Ils ont tous pourris mon enfance. Eux, sont gravés dans ma mémoire. Eux, seront mes secondes cibles…  Alors, vivant ou mort… Qu'importe.

Et puis cette lettre est arrivée. Je n'ai jamais vu l'orphelinat aussi joyeux et mouvementé. Ca y est. Audric Saddler partait. Non, il n'avait point été adopté, mais ca y est, il allait à Poudlard. J'allais à Poudlard. J'allais enfin pouvoir devenir quelqu'un. Mon seul obstacle était ma propre personne… Je découvrais un véritable nouveau monde…



Poudlard… J'en ai tellement entendu parler. J'avais tellement attendu cette lettre avec impatience, espérant jour après jour que je la recevrais, comme les autres. Et j'ai été tellement déçu. Les lieux sont emplis d'une magnificence cristalline, certes. Les enseignements pourraient être meilleurs, passe encore. Les ressources de ce château sont impressionnantes, je vous l'accorde. Mais je m'étais attendu à autre chose… Poudlard avait peuplé mes rêves et mes insomnies. Poudlard s'infiltrait même dans mes pires cauchemars comme étant le plus parfait de mes refuges.

Poudlard n'est pas mon refuge.
Poudlard est ma prison.

Je ferrais de ce château une étape parmi tant d'autre. Elle sera la clef de toutes les autres.

Mais cette école accepte n'importe qui, n'importe quoi. Quoi de plus méprisable que de passer ses journées assis à côté d'un sang impur ? Cette colère grondait à moi.  Être sorcier ne signifiait plus rien. Je ne voulais pas d'un monde pareil. Ils n'ont rien à faire ici, à mes côtés, à recevoir un enseignement identique. C'est cracher sur mon sang, sur mon rang, sur mon nom. Le mien, et tous les autres. Un jour, tous ces misérables insectes ne pourriront plus les illustres couloirs de cette école.  Si elle pouvait encore porter ce nom-là… Lorsque ma rage enflamme mon corps, crispant le moindre de mes muscles, je ferme les yeux. Je ferme les yeux et j'imagine leurs cris. Leurs râles de douleur. Un son si pur, si exquis qu'il m'en fait frémir de plaisir. Et lentement, je me détends. Patience… J'obtiendrais ce que je désire… Il me suffit d'être patient… Et d'avoir toujours trois coups d'avance, sur n'importe qui.



« Sleep, my little one, sleep. »

Silence, Princesse.  Je suis là, ma belle. Je suis là, tout prêt de toi, ma peau contre ta peau, ma joue contre ta joue. Princesse, aujourd'hui je trace des abysses, et c'est si beau lorsque c'est sur ta peau. Tu m'as forcé à tout ça… C'est de ta faute si je viens souiller ton corps et ton être. Mais tu as besoin de cette douleur ancrée dans ton âme. Une légère caresse contre son poignet, et je restais contre toi, t'empêchant de me fuir. Jamais, ma douce, jamais tu n'y parviendras. Tout aurait pu être plus simple. Tout aurait pu se dérouler autrement…
Tu te souviens lorsque tu venais te glisser dans mon lit lorsque tu n'arrivais pas à dormir ? Tu te souviens lorsque je nichais mon visage dans tes cheveux ? Tu te souviens de nos discussions nocturnes ? Moi je me souviens de ton sourire et de tes iris brillantes. Je me souviens de toi, mon ange. Je me souviens de nous. Mais j'ai envie d'oublier ce que tu es devenue, une traînée. Je vais l'oublier, moi. Mais toi, je te l'enfonce jusqu'au cœur. Je ne souris pas, non. Je transforme mon ange en véritable œuvre. Tu es mon œuvre. Tu es à moi, ma douce Serena… Tu seras ce que je désire, et seule mes mains tremperons dans ton sang.

Calmes-toi ma douce. Ton corps tremble, ton visage se déforme et c'est ta peau qui se déchire. Respires mon amour, j'ai bientôt terminé d'apposer ma marque. Tu me reviendras, Serena, que ne le veuilles ou pas. Je t'ai accordé ma tendresse et ma confiance. Je t'ai confié mes projets et la liberté. Mais tu craches sur cela avec ton comportement d'enfant. L'amour ! As-tu besoin d'amour ? Tu n'as besoin de rien, si ce n'est de ton ambition et de ma présence. Je ne laisserai personne se mettre en travers de ton chemin… Et du mien.
Je ne laisserai personne te faire du mal : je serais à jamais ton seul destructeur. Mais tout pourrait être plus simple, plus doux, Serena. Je n'ai pas besoin de tes mensonges, ni de tes sourires. Je ne veux pas de ta folie. Mais ouvres les yeux, sombre idiote… Tu cours à ta perte à jouer à ce jeu là. La corde autour de ton cou, c'est moi qui l'y ait glissé. C'est moi qui la tiens. Je m'arracherai le cœur s'il le faut, Serena. J'éteindrai la vie en toi, si tu n'es plus la partenaire que j'ai vu en toi…

Ouvres les yeux, Serena.
C'est terminé.

Mon petit ange au sang pur.

Mon pouce glissa contre ton poignet.
Un baiser caressa cette peau fine et échauffée.

Pas un regard, et je redevenais une ombre : celle de tes cauchemars.