Le club d'aide aux potions que Serena avait créé en compagnie d'Audric n'avait jamais été tant fréquenté que depuis cette année. Ce détail ravissait l'héritier Saddler selon ses dires, cependant, accoudée à l'une des paillasses, regardant son élève du jour, un première année de la maison Gryffondor quelque peu intimidé, Serena Bogart se fit la réflexion que l'humble président du club était tel ces chefs d'entreprises se félicitant du chiffre d'affaire de leur boite sans y mettre les pieds plus de deux fois par an. Après tout, pourquoi se fatigué quand la plupart des élèves venaient ici pour y trouver Serena Pendragon et Charlie McCarthy ?

Une heure passa sans que le jeune Colin ne parvint à tenir ses flacons sans trembler et balbutier. Avec une patience d'ange dont elle ne savait d'où elle en puisait la réserve, la jeune femme se plut à le rassurer, à l'encourager. Les potions du sommeil n'étaient pas foncièrement compliquées, elles demandaient juste une grande précision, faute de quoi, le buveur allait faire concurrence à la belle au bois dormant. Quand enfin, après trois chaudrons vidés, la décoction du plus jeune pris cette joli teinte bleutée, l'exclamation du Gryffondor fit sourire la vert et argent qui le félicita davantage de son exploit avant de s'en aller chercher un récipient pour contenir la potion. L'affaire emballée, le plus jeune quitta les lieux, fier comme le lion qu'il était, laissant à Serena le soin de ranger l'établit, de récurer le chaudron, et de remettre en place ustensile et ingrédient. Le bonheur des professeurs participants... Levant la tête pour voir où en était les quelques binômes encore présent dans la salle, les deux prunelles couleur de ciel de la Serpentard vinrent croiser le regard noir d'un garçon dont elle ne savait rien. Elle l'avait vu plusieurs fois au club, souvent en compagnie de Néron Zabini. Un Poufsouffle à en croire la couleur de sa cravate mais de quelle année, de quelle section... Elle n'en savait rien, et pour ainsi dire, n'en aurait rien eu à faire si le jeune homme ne lui avait pas tendu ce petit sourire auquel elle répondit plus par politesse qu'autre chose.

Reprenant le cours de ses occupations, la brunette acheva son rangement lorsqu'elle remarqua la présence sous le bureau d'une baguette. Celle de son jeune élève. Soupirant, la jeune femme passa la bandoulière de son sac autour de son cou avant de détaler hors du club à la recherche de son jeune apprenti. Si ça avait été un livre ou autre chose de moins précieux, elle aurait pu le lui rendre le lendemain, mais une baguette... Remerciant ses compétences de capitaine de quidditch pour les facultés physiques qu'elles lui avaient offertes, la Serpentard vola à travers les escaliers mouvant jusqu'à retrouver, les joues rosies, le jeune garçon qui déjà se confondait en remerciements devant les regards brillants de ses camarades dévisageant la fameuse Serena Pendragon avec curiosité. Leur tendant un sourire et un petit signe de main, la jeune femme retrouva enfin son souffle, la main accrochée à son sac et commença à descendre les escaliers pour retourner à sa salle commune, l'esprit encore vrillé par sa course quand soudain, son souffle se coupa net dans le choc d'un corps rencontrant le sien. Vacillant, la vert et argent eut juste le temps de se tenir à la rampe pour ne pas tomber tandis qu'à son oreille, une voix masculine venait bafouiller des excuses. Elle leva les yeux vers l'imprudent : c'était le Poufsouffle au regard noir de tout à l'heure. Interloquée, Serena se demanda, méfiante, si ce dernier n'avait pas fait exprès mais son expression la détendit. Inutile de voir le mal partout, il était déjà assez présent autour d'elle comme ça.

« T'inquiète, c'est rien » Fit-elle avec autant de sympathie que le lui permettait son indifférence. Reprenant sa descendante, elle fut surprise de se voir suivie par ce même garçon, lequel vint ramasser ses livres tombés et qu'elle n'avait même pas vu, tandis que ce dernier lui demandait ce qu'elle faisait là toute seule. La plus âgée des deux arqua un sourcil surpris : ce qu'elle faisait là ? Ce n'était pourtant pas bien compliqué à comprendre... Mais enfin, si Serena Bogart pouvait être une vraie peste, ici, à Poudlard, elle était avant tout Serena Pendragon, et cette facette exigeait qu'elle se montra la plus douce et la plus sympathique possible. Ainsi, souriant légèrement au jaune et noir, elle répondit comme s'ils avaient été amis depuis toujours.

« Et bien... Je m'apprêtais à rentrer à mon dortoir. Et toi, qu'est-ce qui a bien pu te distraire à ce point ? » Demanda-t-elle avec un sourire. Elle le taquinait ouvertement à présent. Allez savoir pourquoi, finalement, malgré son agacement premier, elle semblait plus ouverte au dialogue qu'elle-même ne l'aurait espéré.  

Une jolie demoiselle ? Allons bon, les grands mots étaient lâchés et voilà qu'en dépit de la sympathie qu'elle avait cru pouvoir ressentir à l'égard de ce jeune maladroit, la vert et argent se ravisa tandis que dans son esprit se dessinait une cheminement peu agréable. Sans doute ce gentil Poufsouffle lui était-il volontairement rentré dedans. Il n'aurait de toute évidence pas été le premier à user de stratagèmes aussi bas et ridicule pour s'attirer son attention. Lui offrant pour toute réponse à son compliment un haussement de sourcils et un petit sourire étiré qui en disait long, la Serpentard tritura un peu plus la lanière de son sac tandis qu'à ses yeux apparaissaient quelques rougeurs qui vinrent se poser sur les joues du brun. Son air candide lorsque celui-ci affirma que l'année de ses ASPICS le préoccupait avaient quelque chose d'étrange qui poussait au pardon, ou tout simplement, à la revisite d'un jugement sans doute hâtif.

« On passe tous par là mais je te rassure, les ASPICS ne sont qu'un mauvais moment à passer et en général ils génèrent beaucoup de stress pour pas grand chose, tu devrais te détendre. »

Enfin, elle le regarda s'asseoir sur les dernières marches de l'escalier, quelque peu surprise. A quoi jouait-il au juste ce garçon ? Pourquoi s'asseyait-il comme ça ? Et c'était quoi cette façon de la dévisager de haut en bas ? Mal à l'aise, la brune ne savait comment tourner court à cette entrevue devenant soudain bien trop gênante à son goût. Dans le même temps, n'était-ce pas là une belle occasion de redorer son image ? Il fallait dire que depuis son retour des vacances de Noël, elle s'était montrée bien moins prompte à jouer son rôle de Baby Doll qu'elle tenait pourtant parfaitement depuis huit ans déjà. Ainsi, remettant une mèche de ses cheveux en place derrière son oreille, elle répondit avec douceur « Enchanté... James Aylen », sans pour autant prendre le temps de lui donner son propre nom. Cela aurait pu être prit pour de l'égocentrisme, et c'en était sans doute au fond, mais cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait plus eu à se présenter pour qui que ce soit à l'école où elle était désormais connue comme le loup blanc. L'habitude c'était donc perdue.

Par chance, elle avait conservé tout ce qui faisait d'elle quelqu'un de sympathique au yeux des autres. Ainsi, bien qu'elle refusa de s'asseoir, la jeune femme s'appuya sur la rampe dans une position prompt à engager la discussion sans pour autant que son interlocuteur ne puisse se faire des idées.

« Tu es au club d'aide aux potions n'est-ce pas ? Ça va, tu t'y plais ? A l'occasion si tu as besoin d'aide, hésite pas à m'y solliciter.»

Se fixer des objectifs très hauts ? Tandis qu'elle écoutait d'une oreille les propos du Poufsouffle, la jeune femme se fit la réflexion qu'ils avaient au moins ça en commun, bien qu'elle douta légèrement que le fameux James Aylen puisse avoir sur les épaules ne serait-ce qu'un degré de ce qu'Audric lui faisait vivre quotidiennement. Enfin, ce n'était jamais un mal de se montrer exigeant envers soi-même après tout. Par ailleurs, la raison qu'il lui donna pour justifier sa présence au club de potions laissait entendre que de l'exigence, ce garçon en avait à revendre !

Une seconde, la jeune femme se demanda si le 7e année parlait pour se faire bien voir ou si ses propos étaient réels. Après tout, la plupart des étudiants qui fréquentaient le club d'aide aux potions étaient, comme le nom du club l'indique, là pour recevoir une sorte de soutien scolaire dans cette matière si redoutable et c'était bien la première fois que Serena se tardait d'entendre l'un des membres de son club lui dire qu'il était là pour prendre de l'avance sur le programme au vue de ses bonnes capacités en la matière. Un vantard ou un idiot qui prenait inutilement de la place dans une salle déjà bondée ? Oh et puis après tout, qu'elle qu'en soit la raison, tout le monde était le bienvenu là-bas, alors à quoi s'emporter. Peut-être parce qu'elle n'aima pas du tout le clin d’œil, air complice qui suivit ? Bon sang, plus le temps passait, et plus la jeune femme se demanda ce qu'elle pouvait bien encore ficher là. Mieux valait fuir, filer à l'anglaise de toute sa grâce avant que d'assister à un énième geste bizarre de la part du jaune et noir. Cependant, bien qu'elle fut sur le point de prendre congé, sa dernière question la laissa totalement interdite. Son prénom ? Il était bien sérieux ce type ? Au milieu de mille élèves, même les professeurs n'ayant jamais eu l'occasion de l'avoir dans leur classe connaissait Serena Pendragon ! Et que dire du fait que ce garçon fréquentait le club qu'ELLE avait créé sans pour autant la connaître ?

Totalement bouche bée devant une situation qu'elle trouvait tout bonnement ridicule, elle demanda d'un sourire hésitant, comme si cela ne pouvait être qu'une farce.

«T'es sérieux là ? »

A en juger par la mine qu'il lui tendait, oui, il était on ne peux plus sérieux. Glissant ses doigts dans ses cheveux pour les ramener en arrière, la brune senti un léger rire lui traverser les lèvres. Putain c'était vraiment pas croyable. Alors comme ça, Poudlard n'était pas encore complètement conquis ? Bien que cela lui parut totalement invraisemblable, elle se prêta au jeu avec une soudaine bonne humeur et répondit, après avoir hésité à donner un faux patronyme :

« Je m'appelle Serena Pendragon ! Essaye de ne pas l'oublier, sinon je vais finir par être vexée sachant qu'on fréquente le même endroit. » Si elle le taquinait ? Complètement, oui, ce n'était même plus à prouver.