Arya C. McMillan Gryffondor Messages : 318 Galions : 270 Âge : 20 ans Classe : M1 Art de la magie Avatar : Anna Speckhart
| Sujet: Aryanedëlle C. McMillan ◈ JUST SHUT UP & LET ME GO ! Lun 20 Jan - 4:07 | |
| Aryanedëlle C. McMillan ANAÏS NIN A LE DIABLE AU CŒUR, LA DOULEUR ASSASSINE. Nom de famille : McMillanPrénoms : Aryanedëlle (Cliodna, Millcient)Age : 20 ansDate et lieu de naissance : 7 août 1993 à Southampton | Qualité du sang : Sang-PurOrientation sexuelle : Bisexuelle non-assuméeStatut social : CélibataireAvatar : Anna Speckhart |
Le choixpeau m'a envoyé à GRYFFONDORL3 - ART DE LA MAGIE Baguette Magique : 26 cm. Bois de saule & crin de licorne.Balai : Nimbus 2004Animal de compagnie : Un hibou nainÉpouvantard : Un cri assourdissant et oppressantRidiculus : Le cri se change en une douce voix chantant "early one morning"Patronus : Renard polaire | Matière préférée : DivinationMatière détestée : DCFMOptions : - Divination renforcée- Littérature & réfléctions contemporaines du monde magiquesRêve d'avenir : Aucun à ce jour... |
Son caractère En tant que quatrième fille de la famille, Arya a toujours eu du mal à se faire une place au milieu des mentalités mondaines de ses sœurs et de ses parents. A l’école, tout comme après son arrivée à Poudlard, la jeune femme n’a jamais réussi à se démarquer. Elle n’était ni aussi belle que son aînée, ni aussi brillante que la seconde. Elle n’eut pas plus le charisme et l’esprit de conversation de la troisième. Non, Aryanedëlle n’avait rien. Rien de particulier. Ses notes ? Dans la moyenne. Suffisante pour passer dans la classe suivante mais jamais assez haute pour qu’on puisse l’en féliciter. « Peut mieux faire ». Voilà qui résumerait bien sa vie.
Oui, Arya aurait pu mieux faire. Au vue de sa silhouette élancée, de ses épaules larges et de son beau visage, présent génétique hérité de la famille Leigh, elle pourrait certainement être une jeune femme magnifique si elle prenait au moins le temps de s’entretenir un peu. Elle n’est pas idiote, nulle doute qu’en jouant les rats de bibliothèque elle parviendrait à recevoir des éloges au moins de ses professeurs. Mais elle n’est pas une férue d’étude. Elle se contente du minimum syndical. Cependant, pour ce qui est de l’esprit de conviction… Autant dire que sur ce plan là, rien ne pourrait rattraper le coup.
En effet, son fort sentiment d’infériorité conjugué aux moqueries plus ou moins gentilles ayant toujours entouré sa personne ont fait d’elle une fille craintive et peu assurée. Le soir où le choixpeau l’envoya à Gryffondor, elle n’entendit à travers les applaudissements que les rires suraigus et les grognements faussement choqués de ses sœurs, toutes Serpentard et qui avaient, semble-t-il, parier avec leurs bons amis que leur cadette n’aurait jamais sa place dans la maison d’honneur des vert et argent. Pari gagné. Si la maison des « courageux » sembla se montrer accueillante, en tant que sang-pure et surtout en tant que sœur de toutes les pimbêches McMillan déjà présentes et toutes moquées par les rouge et or, Arya eut droit à son lot de taquineries qui bien loin de la faire rire, l’enfoncèrent un peu plus dans son sentiment sombre. Non, elle n’était pas une princesse. Et oui, elle détestait quand ses camarades lui faisaient la courbette pour la railler bien que cela n’ait jamais été méchant. Et cela ne tarda pas à se faire savoir, tant et si bien que même les plus courageux finir par baisser les bras. Si cette petite idiote n’avait pas au moins assez de recul pour comprendre qu’il s’agissait là de farce… Mais elle ne voulait pas comprendre, têtue qu’elle était.
Ainsi donc, c’est entourée de bien peu d’amis qu’elle se laissa grandir à Poudlard, trainant sa mélancolie en faisant mine que cela ne l’atteignait pas quant au contraire la moindre réflexion négative pouvait menacer de la faire pleurer. Du moins était-ce le cas jusqu’à ce qu’elle grandisse un peu et ne troque son masque de pleurnicheuse rabat-joie contre celle de petite peste teigneuse et agressive.
Définitivement agacée, mais surtout profondément impuissante face à sa situation, Arya décida un jour de répondre à une injure par une claque plutôt que par des larmes. Cela la défoula. C’était la première fois qu’elle se sentait supérieure à quelqu’un. Alors, chaque fois qu’on se plut à l’embêter, à la place des couinements grotesques et des plaintes vinrent les coups, les duels, et les répliques acides qu’elle manipule désormais comme un serpent crache son venin. Une habitude qui dans le lieu familial lui a valu bien du tort car après une année entière à agir ainsi, difficile de perdre ses petites habitudes et de baisser de nouveau sagement la tête. Or, auprès du père, l’insolence ne passe pas.
Hormis sa manie de se fondre dans le décor et son agressivité latente, Arya n’en reste pas moins une fille assez rêveuse. Maladroite et un peu naïve, elle pique un fard rapidement dès lors que l’on se montre trop proche avec elle. Colérique et boudeuse, elle a tendance à partir au quart de tour et a constamment l’impression que l’on cherche à se moquer d’elle. De ce fait, peu nombreux sont les gens pouvant se vanter de l’avoir « apprivoisée ». Mais ces quelques-uns sauront vous dire combien au fond, Arya est une fille bien. Si elle sourit peu, l’un de ses éclats vous redonne aussitôt le vôtre. Sa force, son petit truc à elle dont elle n’a absolument pas conscience c’est sa capacité à rendre communicant son sourire. Quand elle se donne la peine de venir en aide à quelqu’un, elle ne le fait pas à moitié. Attentionnée envers ceux qu’elle aime, elle ne se démonte absolument pas devant l’adversité d’une situation. C’est en cela que réside son âme de Gryffondor. Son courage et sa loyauté envers ceux qu’elle aime et à qui elle fait confiance. Si peu nombreux soient-ils.
• Côté cœur, comme dans toutes les autres « disciplines », Arya n’a rien d’un génie. Maladroite, peu sûre d’elle, elle a bien tenté de céder aux avances de ses rares prétendants cependant elle se trouva être trop prude pour l’un (auquel elle ne céda finalement que de minces baisers), trop brute pour un autre (se faire taper dessus par sa copine pour un mot de travers, pensez-vous !) et trop renfermée pour les deux derniers. C’est un fait, en tant que petite amie, Arya n’a rien d’un cadeau et cela s’est vite transformé en nouveau sujet de moquerie à son égard. Si elle se laisse vite emportée par les douces effluves d’une relation naissante, très vite, dès lors qu’un climat de semi-confiance s’est installé elle reprend aussitôt ses mauvaises habitudes.
Très farouche avec le sexe opposé malgré le fait qu’elle ne prône pas la notion de virginité jusqu’au mariage, elle ne se laisse pas facilement toucher ou alors riposte sur l’instant. De ce fait, elle n’a jamais été plus loin que le baiser et s’est avérée très décevante pour le seul garçon ayant réussi à l’effleurer par-delà l’épaule. Un détail qui ne fait que gonfler la gangrène de son mésestime quand ses quatre autres sœurs, la plus jeune comprise, sont toutes vues comme des croqueuses d’hommes. (Bien qu’en toute logique, devant papa, elles soient toutes chastes et vertueuses, cela va sans dire.) Alors après toutes ces mauvaises expériences avec les garçons, il y eu les filles. Ou plutôt, la fille. Arabella Avery. Cette dernière est à ce jour le premier et seul véritable amour qu'ait connu Arya, la seule de ses expérience l'ayant entraînée dans ses derniers retranchements et dans laquelle elle se sentit bien. Le bonheur fut cependant de courte durée. En effet, imaginez quelle réaction serait celle de leurs pères en apprenant pareille ignominie lorsque l'on sait les deux femmes nées sang-pur...
• Enfin, côté cours, la seule matière dans laquelle elle excelle plus que n’importe quel élève à l’école et qui peut lui permettre d’épater est la divination. Malheureusement, il est toujours difficile de se faire admirer pour son aisance dans un cours durant lequel tout le monde dort. Ne demandez même pas ce qu’en pensent ses parents, la question ne se pose même pas… Ses facultés en divination, Arya ne le sait pas encore, mais sont dues à une capacité très ancienne et peu connue qui l’accompagne depuis sa naissance. Celle de distinguer des visions de l’avenir aux travers de rêves plus ou moins métaphoriques. Il s’agit là d’un don unique et qu’elle n’a pas encore identifié comme tel mais qu'elle redoute plus que tout. En effet, si Arya n'en parle pas ou peu, elle céda cependant son secret à Cédric Lewis, l'infirmier de Poudlard lors de sa 5e année. Et autant dire que la réaction de l'ancien résistant fut étrange. Bien qu'il semble tout savoir du mal qui la ronge, Cédric a toujours refusé de lui en parler, lui assurant que ce sont des choses qui arrivent et qu'il ne faut pas trop s'en inquiéter. Pourtant, ses regards inquiets ne trompent pas et les prescriptions de potion du sommeil qu'il donne à la jeune femme non plus. Cependant, Arya s'enlise dans l'idée que si Cédric ne lui dit rien, cela est pour son bien, et ne cherche pas à en savoir plus. Après tout, il est des vérités bien trop amères pour être dites.
Sa vie « Cher journal,
Puisque l’on me dit de te nommer ainsi, j’ouvre aujourd’hui tes pages vierges de mots et m’en vais suivre un bienveillant conseil en t’emplissant de mon trouble. Je m’excuse par avance pour les tristesses que je coucherai en toi, elles n’ont rien de merveilleuses, mais tu es désormais mon seul ami. Ma seule oreille et ma seule épaule, alors écoute moi attentivement je t’en prie.
Je suis une enfant née de l’avant-dernière branche de la famille Leigh, troisième sang enfanté de Cornélius et Amélia Leigh. A toi qui ne sais rien et pour qui pourrait me lire, sachez que là d’où je viens on épouse que ses paires. Nous sommes des sangs-purs, nous avons pour devoir de conserver la pureté de notre sang car nous sommes rares, car nous sommes puissants. Du moins est-ce là les enseignements que l’on a fait rentrer dans ma tête comme un marteau frappant le burin. Mon enfance n’a rien eu ni de drôle, ni de doux, elle n’a cependant pas été des plus malheureuses. J’enviais les sourires joviaux et les éclats de rire que l’innocence dessine sur les visages d’enfant à un moment donné où je portais encore le mien. Je rêvais de voir mon père me caresser la tête avec tendresse en me faisant sauter sur ses genoux, je rêvais d’entendre ma mère me border en laissant résonner sa voix cristalline à mon oreille en une douce chanson qu’elle aurait fredonnée de son si pur accent Irlandais. J’espérais un monde dans lesquels je me chamaillerais avec mes frères et sœurs pour mieux les embrasser, mais cette vie faite de petits bonheurs naturels que j’inspectais chez d’autre n’avait pas de place dans l’existence anoblie que nous menions. Nous restions droits et silencieux. Nous n’omettions jamais la prière avant le souper et nous ne nous abaissions pas dans les démonstrations affectives. Suis-je la seule de ma fratrie à avoir souffert cette existence ? Je n’ai jamais osé poser la question. Vois-tu cher journal, je suis d’un naturel discret. Je n’aime ni me faire remarquer, ni gêner les autres de ma présence. Je suis à la lettre ce que l’on m’a dicté car cela rend fier mes proches, et que leur fierté est la seule démonstration de tendresse que je puisse recevoir.
Comme mes frères et sœurs, comme mes parents et leurs parents avant eux, je reçus à l’âge de onze ans le précieux courrier qui s’en allait changer ma vie. Je suis entrée à Poudlard la plus grande école de magie qui soit. Mon père avait étudié au sein de la très noble Durmstrang, mais bien qu’étant une école mixte, père avait délibérément décidé que seuls ses enfants mâles auraient le privilège d’y être conduits. Nous autres, filles, devions loger dans l’école se trouvant la plus proche de notre domicile. Dans celle de notre pays. Dire que j’avais dans l’idée fut un temps que nous ne pouvions choisir notre école… J’apprenais bien vite que contre toute attente la bonne somme de galions ouvre bien des portes. Mais je n’enviais rien à mes aînés paradant dans leurs capes rouges. Eux se plaignaient constamment du froid de l’Est en vantant la douceur de l’Angleterre. Vois, je n’étais pas si mal logée en fin de compte. Je me souviens avec une netteté impressionnante de mon arrivée à Poudlard le premier soir, et de ce grand chapeau à l’odeur béante de cuir vieilli qui se mouvait sur ma terre à n’en plus finir. Les choses étaient allées très vite pour tous les élèves avant et après moi. Moi, je restais assise près de quatre minutes entières à supplier que l’on m’envoi à Serpentard quand l’entité me barrant la tête s’amusait à me souffler que je m’y ferai croquer toute crue. Il réalisa cependant mon vœu et je fus donc envoyé dans la maison qu’affectionnait ma famille. Celle de l’illustre Salazar Serpentard. Sept années, cela semble si long. Et pourtant je puis assurer que je les voyais passer avec une vitesse incroyable, à tel point que lorsque je sortis de ces hauts murs de pierres pour la dernière fois de mon existence, diplôme en mains, je me sentais comme happée par ma propre existence, incapable de savoir ce que je voulais faire de ma vie. Je rêvais d’aventure, de parcourir le monde. J’avais vécu bien des tracas du cœur durant mes jeunes années, je priais désormais pour que la vie me mette sur le chemin d’un amour passionnel qui dépasserai tout entendement. De retour parmi les miens, j’envisageais pour me satisfaire d’entrer comme apprentie à la gazette du sorcier ou peut-être comme interprète au sein du ministère de la magie. J’avais l’ambitieuse certitude que mes choix plairaient à mes parents, que ces derniers m’encourageaient à poursuivre sur cette voie.
Mais tout s’écroula. Mes rêves, mes espoirs. A quoi bon tenter de s’extirper de l’impossible ? Je vivrais la vie de ma mère et n’aurait à puiser ma fierté que dans l’honneur que me faisait la famille McMillan en m’acceptant comme épouse de leur fils aîné et future mère de leurs héritiers. Combien de larmes furent versées à l’annonce de cette vente forcée ? Je ne puis m’en souvenir, la seule sensation m’ayant frappé étant celle de la main de mon père s’attardant violemment sur ma joue lorsque j’osais ne serait-ce qu’exprimer une encontre à cette alliance.
J’étais ingrate, je leur faisais honte. Gamine idiote qui ne réalise rien de sa chance, alors je finis par me plier à eux et par rencontrer le dénommé Jefferson McMillan. Lui non plus ne semblait pas enchanté de me voir, nous approuvions cependant tout deux que l’un et l’autre était à notre goût. Par ailleurs, je ne mentais pas. Jefferson était grand et élancé, l’allure fière et d’une beauté sans pareille. Ses yeux étaient d’un turquoise époustouflant qui rendait mes iris bleus, dont j’étais jusque-là si fière, ternes en comparaison. Oui, cet homme était sublime, à m’en empourprer mon visage d’habitude aussi blanc que la porcelaine de nos services. Même sa voix rauque et chaude semblait pouvoir faire chavirer quiconque et je ne dérogeais pas à la règle. J’étais conquise, finalement bien heureuse d’avoir trouvé pareil époux, et ma joie n’en fut que décuplée lorsqu’en apprenant la nouvelle à mes quelques amies je reçue de ces dernières une foules de cris surpris et enchantés me scandant que j’étais la fille la plus chanceuse sur terre.
Et j’y croyais. Vêtue de ma robe blanche parée de mousseline et de broderies, je regardais avec une folle impatience mon époux que je rencontrais pour la deuxième fois lors de notre mariage. Lui ne souriait pas. Il ne souriait jamais par ailleurs, à moins qu’il ne se trouve face à un personnage important. Je n’en avais cure, il était beau, grand, élancé. Il était mon époux, celui pour lequel j’avais refusé de laisser un homme me toucher plus que de raison jusque-là. Et quelle bêtise… Cela fit si mal. Cela fut si dur. Dans les histoires que l’on m’avait contées, l’homme se montre tendre et caressant, il effleure la peau, la fait frémir. Il soupire au creux de l’oreille en vous disant qu’il vous aime et ne vous fait sienne que lorsqu’aux prix de milles délices il s’est bel et bien assuré que vous étiez prête et que vous le vouliez. Je ne reçus pas même un baiser, pas même une parole. Fut dévêtue avec autant de grâce qu’un fruit qu’on épluche à la hâte de le mordre et prise dans une position qui ne me permettait même pas de voir son visage. Je ne pris même pas le temps de hurler ma douleur lorsque je sentis son ardeur au plus profond de mon être et me contenta d’étouffer mon visage noyé de larmes dans l’oreiller. Vive la mariée.
Cette expérience se répéta à intervalle régulière, à dates bien précises et avec toujours la même rugosité alors que je finissais d’installer le peu de mes biens dans le foyer que nous avait offert nos familles respectives. Un grand manoir lamentablement grand dans lequel je me perdais parfois dans l’attente de son retour. Afin de dérider celui à qui l’on m’avait lié, je pris le parti d’apprendre les arts culinaires en compagnie de nos elfes. Mais bien que l’expérience fût concluante, il se trouva qu’il était hors de question que « sa » femme se livre à des activités si dégradantes. J’aimais cela pourtant, mais je m’en privais. Sous les conseils de ma propre mère, j’appris la bienséance, les arts de recevoir et la façon dont faire silence. Silencieuse dans une grande bâtisse pleine de silence où même une fois en compagnie je n’ai à faire que me taire. Etais-je morte ? Etais-je en vie ? Je ne savais plus comment le savoir, et me surprenais parfois lors du repas à m’enfoncer la pointe de ma fourchette dans la cuisse en me demandant si je ressentais vraiment la douleur. On me conseilla alors de lire, d’ouvrir mon esprit. Mais les lectures qu’on me proposait était d’un ennui mortel, alors je pris un jour le courage nécessaire à ouvrir la bouche devant mon époux qui en parut surpris. Je demandais poliment le droit d’acheter des ouvrages pour ma propre culture. Et un miracle se produisit. Un sourire, une parole aimable et enchanteresse m’assurant que bien évidemment je pouvais avoir ce que je voulais, que cette maison était également la mienne après tout. Le choc fut si rude que je n’en trouvais pas le sommeil ce soir-là, mais le lendemain, après avoir passé la journée à me complaire dans l’achat de mes lectures, je reprenais sur moi pour tenter la conversation. Je racontais sans trop de mots ce que j’avais fait de ma journée et m’enquérais à savoir ce qu’il avait fait de la sienne.
Cela ne me regardait pas me fit-il remarquer, mais je n’en démordais pas. Son sourire de la veille brûlant en moi comme le plus chaud des espoirs, je pris pour la première fois les devants de notre union charnelle ce soir-là. Mon audace ne sembla pas bien reçue mais il se trouva qu’il combla mes envies malgré tout. Sept semaines plus tard, mes repas quittaient systématiquement mon estomac et mes menstruations mes langes. J’étais enceinte. Enceinte de notre premier enfant, et enfin je compris ce que ma mère avait eu tant de mal à me faire rentrer dans la tête. La voilà qui arrivait ma fierté, ce qui allait donner un sens à ma vie. Cet évènement et les neuf mois qui en découlèrent furent les plus heureux de ma vie. Je priais matin et soir pour qu’on me donna un garçon. Un beau garçon qui aurait de grands yeux turquoise, la peau et les cheveux dorés de son père. Par ailleurs, ce dernier exaltait, me faisant goûter pour la première fois de notre vie à deux au bonheur d’une relation. Si nous étions loin de la passion que je rêvais de vivre, je connaissais enfin ses sourires et ses éclats, ses projets et son impatience. Je gouttais à la satisfaction de le voir caresser et embrasser mon ventre grossi en murmurant à « son héritier » qu’il l’attendait avec grande impatience. Vint la naissance. Je lui offris la merveilleuse Rosie McMillan. Une fille. La déception fut présente mais elle n’entravait rien à la joie du père qui rassure mes angoisses en me confiant que la prochaine fois serait la bonne, qu’il fallait bien une grande sœur bienveillante à notre fils. Que j’avais bien fait les choses. Apaisée, je découvris bien malgré moi les affres du retour de couche.
Là encore Jefferson me rassura. Il ne fallait pas trop espacer l’âge entre deux enfants. J’étais heureuse, mais épuisée. La petite Rosie dont je m’occupais jour et nuit me prenait toute mon énergie, et je peinais à grand mal à trouver pour moi le temps de couver le second enfant devant l’ampleur que prenait le premier. Nous priâmes à nouveau, exaltions, caressions mon ventre arrondis et craquelé par la grossesse en parlant au futur petit héritier McMillan. Naquit Hestia. A sa venue, je sentis l’impatience de Jefferson grandir. Il ne souriait plus et ne me laissa aucun répit. J’eu beau le supplier de me laisser me remettre, de nous donner le temps de nous occuper convenablement de nos filles, il n’en voulut rien entendre. Je rongeais donc mon désespoir lorsque sept mois après la naissance d’Hestia je redécouvrais pour la troisième fois la sensation de me sentir pleine. Remplie par la vie quant au dehors on m’arrachait la mienne. Je ne priais plus, n’espérais plus. Je sentais la déception et la colère de Jefferson grandir, car lorsque j’avais le malheur de donner une fille de plus c’est lui que l’on blâmait en public. Je n’étais qu’un moule, qu’un objet. Lui était la chaire que l’on rendait coupable. Un incapable et son moule défectueux. Comment les McMillan pouvaient-il souffrir la vue d’un pareil fils ? Du côté de ma famille, mon père ressentait également la pression que la famille alliée mettait sur nos épaules, mais ne m’accabla pas de lui-même. Notre descendance à nous était déjà assurée par les enfants nés de mon frère et de ma sœur aînées.
La naissance de ce troisième enfant fut terrible. J’étais à bout de force, touchais la limite du non-retour et perdais connaissance durant la poussée en même temps que mon sang et la vie me quittait. Nymphadora, ma troisième fille fut accouchée par césarienne. Quant à moi, je gagnais directement le département des urgences de Sainte-Mangouste en proie non seulement à la fragilité physique de ce troisième évènement mais surtout victime d’une dépression sans égale qui me retranchait dans les décombres de l’angoisse. J’avais besoin de repos et de calme avait asséné le médecin m’ayant à sa charge. Pas de mari, pas de famille et surtout pas d’enfant à mon côté le temps que je me reprenne. Je devais déjà apprendre à vivre avec le mépris que me témoignais les McMillan pour ma faiblesse et mon incapacité à produire un garçon. Je me découvrais chaque matin, le visage creusé et blafard. Mes yeux bleus si éclatant fut un temps totalement ternis par le désir d’en finir, et rehaussés par la cascade de cheveux noirs que je laissais s’embroussailler dans mon dos sans la volonté de vouloir me rehausser. Ici, dans cette chambre d’hôpital, je m’appartenais enfin. Je n’étais plus ni à ces petits êtres roses et hurlant, ni à cet homme incompréhensible qui n’avait d’amour pour moi que lorsque je lui apportais la plus parfaite des satisfactions. Je n’appartenais qu’à moi, repensais à mes vieux rêves, me demandais comment serait la vie si j’avais eu assez de courage pour aller à l’encontre de celle que l’on m’avait tracé.
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- « Bonjour, je m’appelle Anton Morgan, ravie de vous rencontrer camarade de chambre ! - … - Comment vous vous appelez ? - … - Oh allez, vous pouvez bien me dire votre nom ! S’il vous plait, ayez pitié du pauvre malade que je suis, je ne vous embêterai pas davantage après cela, vous avez ma parole ! - Elladora. Je m’appelle Elladora McMillan. - C’est magnifique… Bien que je n’aime pas votre nom de famille. Vous voulez que je vous dise pourquoi ? C’est assez amusant comme anecdote ! » Il rit, je soupire agacée.
Le sourire du garçon qui partagerait désormais ma chambre était éclatant et me faisait mal au cœur. Me rappelait à un moment de ma vie où moi aussi je riais comme ça, de façon naturelle et communicante. Je tire le rideau de séparation qui me masque sa vue avant même qu’il n’ait pu ajouter quelque chose et décide alors de l’ignorer bien que ce dernier continue d’entamer joyeusement une conversation faisant plus office de monologue qu’autre chose. Ce type m’agace. Il est trop joyeux pour mon propre bien. Je n’entends rien de ce qu’il dit et me laisser partir dans les bras de Morphée grâce aux tranquillisants que l’on m’administre quotidiennement.
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Ce matin, lorsque je me réveille, le rideau a disparu de la chambre. L’infirmière a dû l’empreinté pour le séminaire qui se trouve au rez-de-chaussée.
- « Puis-je vous demander ce qui vous amène ici ? - Vous d’abord. - Je pense que cela est assez visible » fit-il en me désignant ses deux jambes entourées de bandages. Je pensais pourtant que les os cassés se réparaient avec aisance, il sembla que je me trompais. Ou plutôt que son cas était plus houleux.
- « Je n'ai jamais eu l'occasion de faire du Quidditch du coup un jour, grâce à des contacts j'ai pu monter derrière l'attrapeur d'une petite équipe régionale du côté de Cardiff. C'était tellement incroyable de se retrouver là haut !! Nous étions à deux doigts de ce foutu vif d’or, mais vraiment je vous assure ! On l’avait sous le nez quand cette enflure d’O’Malley a donné ce coup de batte en plein dans le cognar pour l’envoyer dans le crâne de l'attrapeur derrière qui j'étais ! Manque de chance, c'est moi qu'il a touché. J’ai vu trente-six chandelles et ait fait une chute de 60 mètres en tombant comme un piquet, un miracle que je sois en vie ! Genre vous voyez une frite qui tomberait droite sur ses jambes… Enfin non, les frites n’ont pas de jambes, mais… »
J’éclatais de rire.
Pour la première fois en six ans je riais à en avoir mal au ventre, à m’en couper la respiration, à n’en plus trouver mon souffle, à en avoir les yeux qui pleurent. Et plus je riais, plus le sourire gêné et adorable d’Anton Morgan m’éclairait. Je ne me calmais que lorsque mon souffle récupéré je l’entendis me souffler que j’étais magnifique lorsque je riais. Je le remerciais brièvement et quittais la chambre, m’adossant à la porte en me mordillant la lèvre le cœur battant. Je devais prendre l’air.
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- « Ella’ au secours ! Pitié réveille-toi, je vais tomber ! Ella’ ! »
Je me réveillais en sursaut, tirée d’un mauvais songe qui me laissa tremblante comme une feuille et sortis juste à temps de mon lit pour réceptionner le corps d’Anton ayant glissé de son lit. Je craignais pour ses jambes, craignait le monde à cause des images affreuses que mon songe m’avait laissé en tête, et ne reprenais mes esprits que lorsque sa voix cria mon prénom. Je me trouvais là, allongée sur le carrelage froid de notre chambre, lui dans mes bras, moi dans les siens. Sa main caressant mon visage essuyait d’un revers les gouttes de sueur perlant à mon front. Nous étions essoufflés l’un et l’autre. Oui, je me souviens parfaitement de la sensation de son souffle sur moi.
- « Mais qu’est-ce que tu fichais bon sang ? Comment t’as fait pour tomber de ton lit ?! » Finis-je par clamer la voix enrouée de larmes et les nerfs à fleur de peau, à deux doigts d’éclater pour de bon dans la mêlée de mes tremblements. - J’ai voulu m’approcher, tu… Tu gémissais et tu pleurais… Je voulais… Je voulais… Simplement te dire que j’étais là.» Je répète à voix basse. - « Tu es là... - Je suis là… » J’ai perdu son souffle, trouvé ses lèvres. J’ai oublié toute ma vie d’avant dans ce baiser aliénant qui se prolonge en une étreinte féroce et dévorante à même le sol d’une chambre d’hôpital. Ai-je vraiment des enfants et un mari quelque part dans une autre vie ? Ai-je vraiment vécu toute cette souffrance ou n’était-ce que le fruit de ma démence ? Je ne vois personne, personne d’autre que lui et les médecins. Ces derniers après plusieurs semaines me trouvent d’ailleurs radieuse et exprime leur contentement de me voir de nouveau sur pieds. Anton va beaucoup mieux lui aussi, même si son séjour risque de se prolonger encore un moment.
◈ ◈ ◈
Exactement dix-sept jours après cette nuit magique et toutes les autres durant lesquelles je ne dormais plus que serrés dans le lit une personne de mon amant, de mon amour, je reçois pour la première fois depuis des mois la visite de la réalité. Jefferson et ma mère sont au pas de la porte.
Ma mère s’active et m’embrasse en remerciant le ciel que m’avoir redonné des couleurs. Jefferson se montre également étrangement tendre, et après m’avoir baisé la main et le front s’assoit à mon chevet en m’assurant que lui et les filles attendent avec impatience mon retour. Je jette un regard angoissé à Anton. Ce dernier est livide, fermé. Je le vois douloureusement tirer le rideau de séparation entre nos deux lits comme une porte se referme. Et quand mari et mère repartent, rien de ce que je puis dire ne parvient à le déterrer de son silence. Le soir arrive, la nuit avec. Je n’arrive pas à fermer l’œil et le silence d’Anton me pèse. Alors que l’horloge de notre chambre affiche les quatre heures du matin, fière de voir qu’il n’a pas éteint sa lampe de chevet de la nuit, je tire contre son gré le rideau nous séparant. Sa mine est si triste, si noire. Il me traite de menteuse, et je n’ai même pas le temps de ravaler mes larmes que je me dois de chasser les siennes. Alors après mille déboires pour le forcer à entendre raison je finis par crier dans mes propres pleurs que la raison pour laquelle j’ai été amenée à Sainte-Mangouste il y’a bientôt deux mois de cela, c’est qu’on m’a arraché à ma vie, qu’on a forcé mon existence jusqu’à me forcer le choix d’un époux, et l’heure à laquelle faire des enfants. Je lui apprends sans aucune pudeur ni retenue de langage de quelle façon mon mari m’a baisé dans l’espoir d’avoir un garçon alors que je me remettais à peine de la naissance d’un second enfant lui-même peu désiré. Je lui jure par le seul Dieu que je connaisse et par toutes les forces de cette terre que je n’avais jamais connu le bonheur avant lui, qu’il est ma force, ma lumière. Qu’il est la seule raison par laquelle mon visage a retrouvé ses couleurs et son sourire. Que sans lui je me serai laissé mourir et que s’il devait me tourner le dos comme il le fait à présent alors je préférai l’issue fatale au retour à cette vie infernale. Suis-je convaincante ou simplement pitoyable, toujours est-il que sans même le vouloir, j’ai glissé dans l’émeute de ma confession des mots que je n’avais jamais dit à qui que ce soit auparavant.
Je t’aime.
Je l’aime. Et ses lèvres qui capturent les miennes me susurrent que la puissance de ce que je ressens est réciproque. Quatre jours plus tard on me renvoi à ma vie, mais je passe mes jours à son chevet. Nous nous sommes fait une promesse. Une magnifique promesse qui me transforme en la meilleure des mères, en la plus radieuse des épouses. A l’automne prochain, quand Anton aura quitté l’hôpital et achevé sa rééducation, nous partions tous les deux. Nous partirons loin de cette vie. J’ai d’autant moins de scrupules à tout quitter que je ne serai pas une traître à mon sang. Je ne lui ai jamais parlé de la pureté du sang et de toutes ces maudites histoires, mais je connais le nom de Flint, qu'il m'a confié être le sien, Morgan étant en vérité son deuxième prénom. J’ai entendu ma mère en parler quand j’étais encore jeune. Quant à lui, il m’a confié connaître très bien l’histoire des Leigh, une grande famille. Si nous n’en avons jamais directement parlé, je le sais sang-pur. On ne me reprochera rien du côté Leigh. Je ne trahis que ma belle-famille et je le ferai avec un plaisir intense.
Vient un soir où Jefferson s’en approche avec l’audace de vouloir faire son affaire. Je me laisse faire sans réagir, comme s’il faisait l’amour à une morte. Je tourne la tête vers la fenêtre et regarde au-dehors, inerte. Mon mari m’interpelle, je ne réponds pas. Il commence à paniquer, vient s’assurer que je suis vivante. Quand nos yeux se croisent et qu’il me sait vivante, j’ai le sentiment qu’aucun mot ne pourrait traduire l’évidence que nous ressentons. Il termine ce qu’il a à faire sans que je ne sache comment et s’en va vers la salle de bain l’air mécontent. Presque blessé. Je ne m’enquiers même pas de son petit égo froissé et m’endort.
L’assaut se répète au lendemain. Je pensais qu’il avait pourtant compris, mais il semblerait que sa tête soit aussi dure que sa musculature trop parfaite. Pour la première fois je le repousse. Il insiste. Je le repousse à nouveau cette fois par ma magie et avec colère puis m’enfuit du lit conjugal avec pour seul titre mon oreiller et ma tête haute pour gagner l’une des innombrables chambres du manoir. Je ne peux supporter qu’il me touche. Si je suis d’une humeur merveilleuse et sans aucun échignement dans les tâches de la maison, j’ai cependant la nausée à l’idée de me laisser de nouveau malmener. Son corps élancé et ses abdominaux parfaitement dessinés me dégoûte. Je rêve de retrouver le corps mince et les épaules trop larges d’Anton. Je me sens nauséeuses de repenser à la peau légèrement dorée de mon époux, n’aspire plus qu’à retrouver la chaleur de celle trop blanche de mon amant. Ce dernier me vole mes nuits et me fait soupirer dans l’attente de le revoir. Passe les jours. Je perds de nouveau mes repas. L’angoisse m’attrape à la gorge. Je sais ce qui est en train d’arriver…
◈ ◈ ◈
Je quitte la maison au matin avec la certitude que je n’y reviendrai pas. Mon poing cogne à sa porte, je tombe dans ses bras et m’attend à retrouver son sourire, mais lorsque je le regarde, son visage est mortifié de noirceur.
- « Anton, il faut partir. Je t’en prie, n’attendons pas l’automne, partons maintenant. Tous les deux, comme nous l’avions prévu. Nous emmènerons le strict nécessaire et viendront chercher le reste plus tard au besoin mais ne perdons pas de temps ! - ... Je ne partirai nulle part Elladora. »
Mon cœur rate un battement. Je ne comprends plus rien et réalise alors que même lorsqu’il apprit pour Jefferson et moi, son visage n’avait pas été déformé de tant de colère. Il me méprise, se trouve là à deux doigts de me cracher à la figure. Je ne comprends pas, et tout se résume dans le fait que, semble-t-il, il n’a pas envie de se trimballer avec une sang-pur déflorée, mère par trois fois et qui se montre assez immature pour fuir son foyer avec le premier inconnu du coin. Quand je l’assène d’arrêter ça, que nous ne sommes pas des inconnus, sa voix fielleuse m’afflige :
- « Dans ce cas, je suppose que ça ne te dérangera pas, et que tu te moqueras bien de ce fait si je te dis que je suis un cracmol ! »
Un cracmol.
La nouvelle me fait tomber en arrière, bêtement rattrapée par le canapé. Un enfant sans pouvoir né de parents sorciers. Je m’offusque, un rictus sur le visage. C’est impossible, il est de sang-pur, comment une telle accalmie pourrait arriver ? Sa mine se fait plus méprisante encore. Oui j’ai parlé d’accalmie, mais comment en parler autrement ? Il me crache à nouveau dessus, en m’assurant que non, que cela n’a rien d’une faute, que cela n’a rien d’un crime. Qu’on peut naître sang-pur et cracmol à la fois. La nausée me monte. Je vais vomir… Il m’assène que je le dégoûte, que je porte en moi les jugements qui l’ont fait se sentir si différent toute son enfance. Je vomis.
Anton me regarde comme un déchet, une moins que rien. Je n’ai même pas le temps de lui dire pour l’enfant que je porte qu’il met mon malaise sur le fait qu’il ne pensait pas que sa condition pourrait m’écœurer à ce point. Je finis chassée de chez lui comme une malpropre sans savoir comment tout cela est arrivé. Comment son amour si fort a pu se transformer en une telle haine. Je rentre avec peine chez moi. Au fil des mois, je finis par comprendre ce qui est arrivé lorsque ma mère venue me border à la veille de mon accouchement me fait savoir qu’elle espère que cette fois j’apporterai un fils aux McMillan et que je ne fauterai plus jamais en manquant de plonger nos familles respectives dans la déchéance la plus total en « forniquant » avec un « moins que rien » de sang-impur, répugnant et sale que par chance elle a su éloigné loin de moi en lui faisant savoir qu'il n'était pas digne de moi. Je n’ai même pas la force de relever ou de m’énerver après elle. A quoi bon ? Anton pense que je le méprise. Et moi… Je me trouve bien punie de ne pas avoir eu l’intelligence d’apprendre ce qu’il était avant, de lui dire combien cela m’était égal pourvu que nous puissions être ensemble, préférant me bercer dans mes petites illusions puériles. J'apprendrai bien des années plus tard qu'en réalité, la machination de notre séparation était plus complexe encore. Que loin de m'avoir un jour haïs, Anton m'a simplement assez aimé pour accepter de me rendre à "ma vie" après que ma mère n'ait cessé de le harceler et de l'absoudre. Où est donc mon bonheur ? Certainement pas dans ce monde. Ni dans le petit être aux cheveux noirs de jais qui sort de mon corps. Le premier de nos enfants à n’avoir aucune caractéristique des McMillan.
Bienvenue dans ce monde Aryanedëlle.
Passent les années. Je n’ai plus jamais revu Anton mais le voit cependant tous les jours dans la quatrième fille ajouté à la lignée de mon époux. Ce dernier ne comprend pas comment les gênes des Leigh ont pu prendre le dessus sur cette enfant quand jusqu’à présent aucun nouveau-né à travers leur ligné n’a manqué à ces caractéristiques. Je lui explique avec un ton éteint que cela allait forcément arriver un jour car les gênes des cheveux et des yeux noirs l’emportent toujours scientifiquement parlant. Lui me parle de magie, je lui parle de science. Aryanedëlle ne lui plait pas. Sa peau ne présente aucune dorure, ses longs cheveux noirs se confondent aux miens et sont complètement lisses. Je souris à voir ses yeux bleus comme le ciel, et par-dessus tout, à refaire le dessin de sa bouche pulpeuse. De son corps bien trop mince. De ses épaules bien trop larges. La seule enfant née d’un véritable amour dans cette famille.
Malheureusement, la fierté que je ressens à élever cette enfant illégitime se dissipe rapidement quand je réalise ce que j’ai fait. J’ai introduit une enfant de cracmol dans nos lignées. L’angoisse, la culpabilité me rongent. Qu’ai-je fait ? Si j’avais pu l’élever auprès d’Anton, certainement que rien ne m’aurait autant effrayé. Mais je suis de nouveau sous l’emprise de cette existence infernale et prie continuellement pour que ses pouvoirs se déclenchent. Rien. Non rien ne vient pas même la moindre petite étincelle de magie. Rosie, notre aînée est d’une beauté affolante pour son âge et se bat déjà en duel de magie avec Hestia, que nous avons découvert surdouée. Nymphadora est encore petite mais elle sait déjà faire naître des vagues dignes de grandes marées dans l’eau de son bain. Aryanedëlle ne présente pas le moindre signe de magie en elle.
Ma mère s’en revient au galop et s’inquiète. Personne hormis elle ne sait pour ma faute, mais cela sera bientôt rendu public si dans quelques années Arya ne reçoit pas sa lettre. Peu à peu je sombre à nouveau. Anton ne devient plus qu’un lointain souvenir. Après Aryanedëlle, six ans plus tard vient Bédélia. Après elle, Jefferson qui déjà refusait de me toucher fini par baisser les bras. Le noir me ronge. Je ne dors plus. Erre pitoyablement dans mon foyer en donnant le change. J’agis de la même manière que le faisait ma mère, par mimétisme, simplement pour ne pas tomber et mourir bêtement après toutes ces épreuves. Le visage et la carrure d’Arya me rendent folle. Les docteurs s’agglutinent les uns après les autres dans le manoir avec la seule contrainte à leurs traitements que je ne dois en aucun cas quitter les lieux. Beaucoup insistent. Ma mère refuse. Elle dirige le tout en bonne Leigh qu’elle est. Quand viennent les onze ans d’Arya, alors que cette dernière m’avait déjà ôté tout espoir, voilà qu’une lettre pour Poudlard lui est adressée.
Personne ne comprend pourquoi je m’effondre lamentablement en larmes sur le tapis de notre salon ce matin-là. Personne sauf ma mère qui met sous le coup de la joie et de la fatigue cette réaction avant de me porter à mon lit. Je souffre à n’en plus tenir debout. Je fatigue sans arriver à m’épuiser pour de bon. Je ne me sens plus capable de rien, ni pour moi ni pour mes enfants. Dans le silence de ma chambre, car nous n’avons désormais plus de chambre conjugale, je pleure le souvenir le plus heureux de mon existence qui se trouve également être la pire des douleurs. Je prie pour qu’on me délivre et rien ne vient.
Et finalement, comme d’un miracle puisque c’est un miracle que telle chose arrive en vue du peu d’activité charnelle que j’ai désormais, je retombe enceinte. Nous accueillons Abigail McMillan. Son nom signifie « la joie du père ». Et quelle joie. Les sourires et les larmes de bonheur de Jefferson n’en finissent plus devant son fils, à tel point que tout s’efface autour de lui. J’ai l’impression qu’il pourrait hurler de joie comme un supporter dans un stade en criant « on l’a fait ! ». Stupide garçon. Stupide fille que je suis. Stupide fils qui n’a même pas eu la gratitude de me déchirer les entrailles en venant au monde. Je refuse de l’allaiter et prend de plein fouet le courroux de ma belle-famille. Heureusement que les médecins sont de mon côté pour expliquer combien ma constitution est faible, fragile. J’ai le sentiment d’être un corps composé de cendre attendant péniblement que le vent l’emporte dans cette existence pénible et douloureuse. Passent les années. Elles ne connaissent pas de fin.
Autour de moi, je vois toutes mes filles briller. Rosie a désormais vingt-quatre ans et est belle à s’en damner. Nous n’avons même pas eu besoin de lui trouver un parti, elle a trouvé d’elle-même un héritier de la famille Lake pour lui passer la bague au doigt. Si elle ne brille pas par son intelligence, elle est cependant parvenu jusqu’à la dernière année au sein du pôle universitaire de Poudlard qui n’existait pas de mon temps. Hestia a vingt-trois ans, et est déjà très haut placé à Gringott et dans les affaires générales du monde magique où son esprit de génie est constamment sollicité. Nymphadora, qui va fêter ses vingt-et-un ans n’est ni aussi belle, ni aussi intelligente mais elle pourrait vendre sans aucun problème vendre un Nimbus 2000 à un cul-de-jatte tant elle brille de par son charisme et sa prestance. La petite Bédélia est une sang-pur dans l’âme qui se montre hautaine et méprisante. Je n’ai même pas le droit de la corriger, son père est si fier de l’entendre déblatérer toutes ces monstruosités sur le sang. Elle est impertinente au possible, tout aussi irritante que ses sœurs, mais après tout je sais bien qu’elle agit ainsi uniquement pour prouver aux trois grandes qu’elle ne sera jamais comme la quatrième.
Et au milieu de ces cinq filles, voilà ma quatrième, Arya qui semble n’avoir rien pour elle. Elle est renfermée, constamment en colère. Rien ne va chez elle, elle ne trouve pas sa place. On dit souvent que l’histoire d’une fille s’écrit dans les pas tracés par sa mère. J’en ai l’exactitude devant moi. J’ai suivie sans réfléchir la façon d’être de ma propre mère afin de garder un semblant de constance aux yeux des autres, quant à Arya, elle suit le chemin d’une jeune femme mal dans sa peau, distante, méfiante et toujours sur la défensive, prête à mordre pour ne pas être mordu. Les autres se moquent d’elles constamment, son père ne la défend même pas. Pas étonnant, c’est bien et la première des Leigh et la première des McMillan à se retrouver à Gryffondor.
Je crois que cela l’a touché plus que de raison. Je l’entends pleurer parfois, sa chambre étant dans le même couloir que la mienne. Mais je ne bouge pas, ne dis rien, ne fait rien. Vois ma fille comme la vie est cruelle et dure. Mais tu te relèveras toi, n’est-ce pas ? Bien sûr que tu ne laisseras jamais personne t’imposer de mari et d’enfants ? Je vois comme tu veilles sur ton petit frère, comme tu tentes de l’éloigner de la voie noire qu’on toutes prises tes sœurs. Tu es pour lui la mère que je n’ai plus la force d’être, et je te regarde ma fille, en triste spectatrice de ta condition.
J’aimerai un jour pouvoir t’expliquer pourquoi tu es si différente, et pourquoi à mes yeux tu es la plus merveilleuse des enfants. Mais je me contente de te réprimander lorsque tu te montres insolente, d’ignorer tes pleurs et tes cris. Tu te relèveras, toi, mon enfant. Ma précieuse. Ma princesse. Mon amour. Tu trouveras un jour quelqu’un à qui te livrer, quelqu’un qui sera ton épaule et ta main. Ton soutient et ta force. Je sais que toi aussi tu trouveras sur ta route un Anton Morgan et que tu auras l’intelligence de partir tant qu’il en est temps avec lui.
Du haut de mon indifférence et de ma désinvolture, mon ange, mon trésor, mon amour, je sais que tu as la force d’endurer ce qui me condamne aujourd’hui. Que viendras un jour où tu seras plus forte que tout, que tes peurs, que tes larmes. Que viendras un jour où tu comprendras que tu vaux aussi bien que les autres, que tu vaux autant que tes sœurs qui te rabaissent avec tant de force et que je laisse faire bien malgré moi, et quand viendra ce jour. Mon ange. Mon trésor. Mon amour. Alors peut-être que je trouverais la force de te confier mes péchés, et de me laisser enfin mourir. »
La main enflée de ses longues rédactions, Elladora McMillan, née Leigh referma son journal désormais rempli. Un conseil de l’un de ses docteurs lui ayant confié que livrer son trouble, même au silence d’un simple journal l’aiderait à aller mieux. Elle le tient fort contre elle, s’approche vers la cheminée où le feu crépite pour s’y réchauffer. Le matin arrive. Pour écrire ses maux elle n’a pas fermé l’œil de la nuit. Dans son miroir terni par le temps, son visage vieilli, creusé et blafard lui renvoi l’image de sa propre déchéance. Elle est condamnée. Enchaînée à cette vie. Pour toujours. Jefferson a vieilli lui aussi. Est-ce que ses muscles sont toujours si parfaitement dessinés sous ses costumes de flanelle ? Elle n’en sait rien. Il ne l’a plus touché depuis la naissance d’Abigail. Elle se regarde avec tristesse. Elle n’a jamais connu ou trop peu la fierté et la raison de vivre dont lui parlait sa propre mère. Son nom la dégoûte. Sa vie suit le même chemin. Son cœur appelle continuellement, désespérément un homme dont elle n’a plus eu de nouvelles depuis vingt ans maintenant. Pensez-vous qu’Anton Morgan boite toujours un peu du côté gauche ?
Elle jette le journal dans les flammes, le laisse se consumer. Le regarde partir en morceaux et en cendre. En cendre. En cendre. Derrière l'écran Prénom ou surnom : Aloysia Age : 22 ansRégion : Paris Sexe : Oui, j'aime ça !Comment as-tu découvert Ascensio ? En le créant xD | Qu'en penses-tu ? Il est rempli de bichons *o*Autres chose ? Callarya roxxe' o/ ♥Code du règlement : Auto-validée par les voies de la vierge x) |
Dernière édition par Arya C. McMillan le Sam 14 Juin - 15:01, édité 4 fois |
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