Mes yeux se posent sur l’inscription rose bonbon senteur fraise et je soupire avec grande fatigue.

Je ne vous ai jamais parlé de Lyuba.

Lyuba fait partie des sujets de conversation qui tournent un peu toujours sur eux-mêmes et que je préfère éviter pour ne pas passer pour… Je ne sais pas. Il est difficile de persuader qui que ce soit que Lyuba est une amie avant d’être ce qu’on appelle communément « une amie avec bénéfices ».

Je parle avec Lyuba de manière à peu près saine plus souvent qu’on ne se laisse convaincre. Mais ça fait peut-être quoi… quatre… Non, les vacances d’été… Si, une fois à la rentrée… Avant cette stupide fête de septembre qui m’a effacé Lyuba ou même toute autres femmes de la tête jusqu’à aujourd’hui en dehors de Hell, qui est resté fidèle à son nom même jusqu’à aujourd’hui. Après ça, l’inconue au lac Noir… Et …

Caïn et Annabeth…

Je n’ai pas vraiment besoin de ce portefeuille. Pas tout de suite. Je n’aurais plus de quoi me payer la Tête de Sanglier. Je devrais rester à la bibliothèque… L’endroit préféré des premières années pour échapper au froid quand ils ne rentrent pas chez eux qui où ils s’autorisent à montrer sur les tables en pensant qu’il y a moins de monde… Là où tous les bêcheurs de six et septièmes années se terrent. Là où les livres semblent aussi dense que des gens. On croit brûler en voyant la neige dehors…

Ça, ou la salle d’étude qui grouille de monde. La grande salle. Les clubs…

Crise d’agoraphobie assurée.

Maudite sois-tu, Lyuba Dragonov. Toi et ton adorable paire de hanche très confortable. Ça m’énerve d’avance. Je n’en ai pas envie. Je n’ai pas envie depuis des semaines. Juste avec ceux pour qui je n’ai pas le droit. Avec Caïn, parce que je ne sais pas lui refuser, que je le prie même pour qu’il le fasse. Ps par désir, mais par peur du vide… Quand je le désir, au moins, je ne me sens pas vide. Quand j’ai mal non plus.

Et Annabeth… Bien sûr que j’ai envie. J’ai envie à chaque fois que je la vois. À chaque fois que je l’imagine. À chaque fois que j’ai envie de lui parler. Je sais bien que c’est con. C’est stupide. Ça n’a pas besoin de faire si mal.

Elle ne veut pas que je l’aime.

Je doute même qu’elle m’aime.

Anna obtient ce qu’elle veut de moi. Elle me donne des indications contradictoires, je ne lui demande pas la vérité. Parce que je ne suis pas sûr de le supporter. La vérité c’est que je pourrais très bien m’en foutre, et m’accrocher à elle. Il se pourrait très bien que je sache déjà qu’elle me méprise, qu’elle méprise tout ce que je ressente, qu’elle rit de moi et de ma faiblesse, de mes désirs primaire, de ma soif de son sourire… Du moindre de ses soupirs… Je m’en moquerais.

Ma vie m’étouffe tellement que j’ai besoin de quelqu’un. Et ce quelqu’un, ne me demande pas pourquoi, c’était toi, Anna.

Annah et Anna ne seront jamais les mêmes pour moi. J’ai laissé à Annah faire, et ça ne m’a pas détruit. Je l’ai laissé me quitter, ça m’a fait mal, et ça ne m’a pas détruit. Mais si Annabeth part… Si elle part après Hell, si elle me laisse seule avec Caïn, je le sais.

Je suis en train, en silence, de devenir complètement fou.

J’écrase le petit mot senteur fraise et il brûle dans ma main. Les flammes lèchent encore les doigts quand j’entends la voix de Caïn. Je caresse calmement l’encolure de Rookie, et la pousse vers la porte.





Je descends en chemise et en pantalon noir, pied nu pour ne pas réveiller Caïn. Le vieil escalier de pierre respecte un silence que les tableaux brisent dans leur sommeil. Je n’aime pas ces gens, même en peinture. L’aquarium me manque. Je le sais. J’ai envie de m’assoir devant la vitre et de regarder le Calamar. M’allonger entre les soirées Vertes qui reflètent le bleu d’une Lune aquatique. J’en ai besoin, d’un autre endroit que celui-là. Je ne supporte rien ici. Rien que la présence de Caïn dans mon dos alors que mon attrapeur de rêve doré vole au-dessus de ma tête.

Et j’arrive ici. Il fait noir. Un peu froid. Je tends la main vers ma baguette, et je me rends compte que je ne l’ai pas prise. Je tends la main vers l’âtre. Prononce « Fehu » et y projette une boule de feu.

« Lyuba. »

Je prends mon portefeuille et je repars, c’est tout. Je prends, je me taille. Rien à dire ou à faire de plus. Je parlerais bien gentiment à Lyu plus tard. Je lui parlerais peut-être de ma petite amie. Du fait que je me sois embarqué dans des fiançailles. Que je veux les rompre. Pour me marier.

Avec une femme qui ne m’aime pas.

Un canon.

On reste fort, on ne cède pas. On reste. Simple. Je suis fatigué, ce sera pas difficile.

Non, pas ce soir.

Facile à penser. À dire à Lyuba quand elle sort le grand jeu… C’est une autre histoire.