Messages : 864 Galions : 388 Âge : 19 ans Classe : L2 Justice magique Avatar : Emilia Clarke
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Sujet: L'amour et son contraire | PV Audric & Serena Lun 24 Nov - 2:02
L'amour et son contraire
Flexion fatale, je me tends sous le mal. Plus je me défends, plus il m'abandonne. Je porte la croix d'un désir éternel, je m'en remets au ciel
Tu es. Je suis. Toutes ces choses-là n'ont pas de sens, et si elles en ont eu un jour, aujourd'hui n'en subsiste que des cendres. Je les hais. Tous ces gens qui savent mieux que moi, qui me regarde avec compassion. Ces mains posées sur mon épaules, ces paroles mordantes de bienveillances qui se presse. Pauvre Serena, pauvre petite chose. Elle est perdue, elle a tout oublié. Que peut-elle faire du seul souvenir qu'il lui reste ? Rien. Elle est perdue. Complètement perdue. Je les déteste, ces vautours de cauchemar qui tournent autour de moi et sème plus de brouillard que de clarté. Je ne sais plus quoi croire, qui croire, ne sais plus où se trouve mon chemin. J'ai pour seule boussole le souvenir étouffant d'une étreinte et un mot gravé sur le bras. Purblood. L'un dit que l'on m'a infligé cela parce que je ne traînais pas avec les bonnes personnes, l'autre affirme que l'on me l'a faite parce que je ne suis justement pas une de ces bonnes personnes, et bien que les propos d'Eugenia, soi-disant cousine de par ses paroles, me semblent être la vérité la plus probable, je n'arrive pas à chasser entièrement le doute en moi. Peine à croire que j'ai pu vraiment me construire une autre vie en un autre temps. Une vie dans une vie. Qui est Serena Pendragon ? Et plus encore, qui est Serena Bogart ?
Toutes les informations se bousculent dans ma tête et me donne la nausée. J'ai tracé, presque gravé à l'encre noir dans un cahier tous les éléments que l'on m'a récité. Bonne fille, brave élève qui apprend bien sa leçon, et mes yeux relisent le tout. J'en connais certains passages par cœur sans pour autant les comprendre. Ce qui devait être une évidence pour mon autre moi n'est qu'une aberration à mes yeux, à commencer par ces histoires d'héritage au sein de la famille Bogart. Si je suis bien la première née, pourquoi mon fiancé présumé se promène-t-il au bras d'Eugenia ? Quel genre d'homme est ce Timéon Bogart pour ainsi répudier et faire condamner son propre fils au nom de quelques désaccords ? Des mariages arrangés, des fratricides indirectes, des coups d'états au sein d'une communauté portant le même sang. Les pièces du puzzle dans mes mains, je reforge le tableau de ce que l'on m'a apprit et ce que j'y vois ne me plais guère. Je me demande presque s'il ne vaudrait pas mieux pour mon propre bien que je ne tente même pas de savoir. Que je ferme les yeux et me bouche les oreilles. Une nouvelle vie est peut-être là devant moi, comme une chance de repartir à zéro, de refermer la porte d'un passé trop lourd et trop douloureux, mais rien n'y fait. Pour chaque petite particule de pensée que je forme en ce sens, je sens une fierté assourdissante crier du plus profond de mon âme que je dois savoir. Qu'il faut que je sache. Ce gouffre, ce trou béant dans ma vie. Cet océan de vide entre moi et moi n'est pas le fruit d'un accident ou du hasard. On me l'a imposé. On m'a délibérément ôté la mémoire, et que tremble celui ayant osé m'infliger ce tourment. Au jour où je me souviendrai, j'aurai sa vie sur les mains, je m'en fais la promesse. Mais en attendant je n'ai rien. Rien qui soit à moi, et mes doigts lentement redessine les contours de la marque à mon bras. Un sentiment étrange me prend la gorge chaque fois que mes yeux se posent dessus. Cette marque... Je la déteste et la cajole. Elle me dégoûte et créé dans le même temps en moi un sentiment de tendresse infini. Tout est blanc. Tout est noir. Dans le chaos de mon cœur ne subsiste aucun juste milieu. Ils ont raison, ces autres. Je suis perdue. Complètement perdue, et puisque je n'ai plus aucun souvenir, je peux bien l'avouer, je n'ai jamais été aussi seule de toute ma vie. J'imagine qu'autrefois dans ces moments là, Serena Bogart, ou Pendragon, ou quelqu'autre nom trouvait un ami à qui se confier, se raccrochait à des images heureuses pour se redonner contenance., mais il ne reste rien de cela aujourd'hui. Les amis qui se pressent autour de moi, je le sens, n'en savent pas plus à mon sujet que moi. Ils parlent, parlent, et parlent. Ils parlent sans arrêt et toujours pour ne rien dire. Ils sont tous si attentionnés, si doux. Te souviens-tu de notre rencontre ? Il y avait eu une fête pour célébrer la fin de la saison de quidditch, je t'avais offert un verre, et... Superflu. Ridicule. Ils défilent tous les uns après les autres avec leur lot de souvenir à me rappeler et toujours le même refrain d'entre mes lèvres. Désolé, je ne m'en souviens pas. Et ils paraissent toujours déçus. Aimablement déçus. Ce n'est rien, cela me reviendra, mais ces choses-là n'ont aucune espèce d'importance. Elles ne reviendront pas. Elles sont déjà mortes. Tout comme mourra peut-être bientôt cette popularité tellement envahissante que je semblais avoir, tant mon humeur est massacrante par moments. Ils comprennent encore, ils me laissent du temps. Bande d'imbéciles, comme des chiens égarés jappant après leur maître. Ils s'imaginent que le temps calmera la blessure quand cette dernière me fait chaque jour plus mal. Ils me demandent de respirer, d'être calme, de me concentrer sur tout ce dont je me souvienne mais tout cela est inutile. Je n'arrive jamais à être calme, le moindre effort pour me souvenir me provoque des maux de tête terribles et tout ce dont je me souvienne ! De mon bras meurtri tenu levé vient se lever à mes lèvres deux doigts qui effleurent et caressent. Je ferme les yeux, et les siens apparaissent. C'est le bleu du plus beau des ciel qui me contemple. C'est une voix sorti de la terre qui gémit mon prénom en un souffle lointain. J'entrevois la danse hypnotiques de deux corps se complétant en une apothéose de bonheur. Un souvenir. Un très vague souvenir, presque une impression. Le seul qu'il me reste. Mon souffle s'emballe, je sens mes mains soudain qui tremblent. Où trouver cet homme ? Est-il seulement là dans ce château ? Je n'ai que trop bien compris par les mots d'Eugenia combien vaste est le monde en dehors de ces murs. Il pourrait être n'importe qui. Il pourrait être n'importe où. Il pourrait être...
« A demain Audric ! »
Je redresse la tête vivement et sursaute quand le bruit lourd de la porte du club de potion réaménagé au quatrième étage, faute d'avoir disparu dans les sous-sols, se referme. Je me sens comme happée par la réalité, tirée de ma léthargie. Devant moi, des fioles par dizaines et le rangement de la réserve n'a pas avancé d'un iota. Je hausse les épaules. Tant pis, ça attendra. Sortant enfin de la petite pièce étroite dans laquelle je me trouvais, je détaille du regard les établis disposés dans la salle jusqu'à ce que mes yeux se posent sur les lignes d'un corps qui me vole toute assurance. Je blêmis. C'est le plus doux des mystères qui me tourne le dos alors. J'ai cet homme constamment à mes côtés. En cours, sur le terrain de quidditch, dans les couloirs de l'école. Ici. Nous avons fondé ce club ensemble m'a-t-on dit, et souvent je le regarde, le cœur meurtri sans trop comprendre pourquoi. Mon instinct et les circonstances qui font que sa présence n'est jamais loin de la mienne me font supposer qu'autrefois nous étions proches lui et moi, pourtant, avant ma rentrée à Poudlard, personne pas même les Bogart ne m'ont soufflé son nom. Quant à lui... Ses regards m'effleurent mais ne me touchent jamais. Comment le pourraient-ils de toute façon ? Il a déjà quelqu'un à ses côtés. J'ai entrevus ses courbes et sa chevelures d'or si souvent près de lui. Je n'aime pas cette femme. Je ne la connais pas, mais sa présence m'est insupportable. Elle ne me parle pas de toute façon, et c'est bien mieux ainsi. Et lui... Non. Lui ne me parle pas non plus. Du moins jamais plus que de raison, et je n'ose jamais ouvrir la bouche. Je le regarde, je le contemple en silence depuis des mois maintenant. Si beau. Si droit. Si fort. Les princes sont des drôles près de lui qui brille tel un roi et moi, pourtant, il me semble parfois qu'un seul mot pourrait bien le briser.
Je formule mille phrases pour lui, toujours avec un bon prétexte à venir lui parler, mais chaque fois que mes yeux se pose sur lui, je perd toute ardeur, toute force. Je crois que je le crains. Je sers ma marque entre mes doigts pour me donner du courage, mais la chaîne de mon appréhension s'en vient se glisser autour de mon cou et serre, serre, serre. Je ne peux pas lui parler. Je ferai comme je fais depuis bientôt trois mois. Je le saluerai sans croiser son regard, ma voix s'éteindra dans les dernières syllabes et quand enfin je me serai éloignée, alors enfin ce tourment innommable en mon cœur se taira. Oui, c'est ainsi que je vais faire. En silence, je rassemble le peu de mes affaires encore éparpillées dans mon sac et relâche mes cheveux. Mes yeux sont vissés sur le sol. Je veux le voir, encore, le regarder. Le regarder et me taire. Le regarder pour toujours sans prendre aucun risque de perdre un jour cette vision délicieuse de son être qui m'empoigne par tout ce que j'ai encore en moi. Mais mes yeux se sont relevés avec peine et ne parviennent à l'atteindre. Je me hais. Oui, ce ne sont pas les autres que je déteste le plus au fond, c'est moi. Seulement moi. Mes pas se meuvent, je prend de longues inspirations avec dans l'idée de lui offrir les même mots que notre derniers élève parti. Au revoir Audric. Oui, juste un au revoir. Ou, à demain. Mais je le reverrai pour notre ronde, alors... A ce soir ? A tout à l'heure ? Même les formules de politesse, pour moi qui me suis découverte une langue acerbe pour les autres, me semblent insurmontable pour lui. On croirait voir agir une enfant devant son premier béguin, c'est pathétique. Pitoyable. Cette timidité maladivement physique ne me ressemble pas et pourtant je peine à la contenir. J'avance. Mes pas ne font pas un bruit dans la pièce. J'entrouvre les lèvres. Quelle formule ? Quels mots ?
« A plus tard Aud... »
Ses yeux. Mon souffle s'est coupé net. J'ai levé la tête pour croiser son dos, ce sont ses yeux que j'ai dans les miens, et ce que j'y vois me terrifie. C'est la première fois en ce jour, depuis que mes pas ont foulé les pierres de ce château, que je le vois vraiment, que nos yeux se trouvent, mais Audric n'est pas vraiment là. Je perçois un trouble en lui, bien plus terrible encore que le mien, et cela souffle comme par magie l'angoisse qui me rongeait depuis des semaines à venir le trouver. Je laisse mon sac tomber par terre, m'avance. Le voir ne suffit plus. Ça ne suffira jamais. Cet homme, plus que quiconque en ce monde me fascine, me subjugue. Je crois que je l'aimais autrefois. Peut-être à sens unique. Sans doute à sens unique, mais je le sens, cela expliquerait tout de mes réactions étranges, de ces émotions chaotiques qui me tordent sans l'ombre d'une chance d'en réchapper. J'aimais cet homme. Je ne sais comment, mais je l'aimais. Et je perçois la douleur dans son regard. Et cela me fait mal. Si mal. Ô oui, tellement mal. Je voudrais le toucher, lever une main à son visage, mais la pudeur fini par me rattraper. Faute d'avoir esquissé l'ombre d'un geste, je laisse mes doigts reposer finalement sur son bras que je presse avec douceur.
« Audric... » J'ai le souffle court. Comment peux-tu oser te montrer si familière ? Le rejet sera amer. Tu seras repoussée, chassée, répudiée. Tu n'as pas le droit de parler à cet homme. Et la voix venu de la terre m'interpelle tandis que je m'enfonce le rouge aux joues, le souffle court, dans les tréfonds de l'impudeur. « Quelque chose te tourmente ? »
Penses-tu seulement qui te le dira ? Quand bien même ce serait le cas, il ne te dira rien. Pas à toi. Jamais.
Tu n'as pas le droit de toucher à cet homme-là. Tu n'as pas le droit de parler à cet homme-là. Tu n'as pas le droit de contempler cet homme-là Tes yeux le souillent. Ta bouche l'écorche.
Tu n'as pas le droit de te vouer cet homme-là. Et encore moins de te damner pour son regard si bleu. Plus bleu que le bleu du plus beau des ciels.
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Sujet: Re: L'amour et son contraire | PV Audric & Serena Sam 20 Déc - 12:17
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« L'amour & son contraire »
Lorsque l'amour et la haine s'étouffent. Accepter et disparaître, ou refuser et détruire ?
Ton odeur était là : elle planait dans mes draps. Ta saveur je la goûtais encore, contre mes lèvres et dans mes songes. Je t'entendais encore, tes gémissements et ton souffle chaud, si proche du mien. Mes doigts accrochés à ton corps, mon bras autour de ta taille. Toi contre moi. Moi contre toi. Comme avant. Avant que je ne te déchire, avant que tu ne m'abandonnes, avant que je ne te blâme et te détestes pour cette frustration que tu fais naître en moi. Avant que tu ne partes. Comme cette nuit là. Toutes ces fois où j'y crois encore, que je tends les doigts vers toi et que tu disparais, véritable volute de fumée qui m'échappe, se faufile entre mes doigts. Je suis là, figé, la gorge serrée. Je connais les règles pourtant… Ca toujours été pareil entre toi et moi. Jamais l'un avec l'autre, jamais l'un sans l'autre. Suis-moi et je te tourne le dos, tourne-le moi et je te désirerais comme jamais. Alors pourquoi j'ai si mal de te savoir partie ? Pourquoi j'ai si mal de croire que jamais je serais celui que tu désireras à tes côtés ? Pourquoi est-ce que j'ai encore envie de te faire mal ? Pourquoi est-ce que j'ai envie de te faire payer ?! Tout ça, alors que je connais ces putains de règles que je hais. Je te hais, Serena Bogart.
Ce n'est même plus de la nostalgie. C'est juste plus rien. J'ai plus envie d'y croire, tu comprends ? J'en ai marre d'espérer. J'en ai marre de me forcer de croire que j'ai fais le bon choix. J'en ai marre de te voire si loin, mais tu as certainement raison. Je ne sais plus rien doser. La pression, la tristesse, la colère, la passion. Je ne me souviens plus de la dernière fois que j'ai souris réellement. Mais je n'ai pas le choix n'est-ce pas ? Poudlard c'est bientôt terminé. Tout ira mieux, je ne te verrais plus. Comme ce matin là, et cette place vide à mes côtés, dans mes bras. Il n'y a rien de pire que d'être traité comme un étranger. J'ai l'impression que tu es en train de m'oublier, que c'était ta manière de me dire adieu. Tu me demandes une trêve juste pour une nuit. Tu me demandes de t'aimer juste pour une fois. Et tu m'abandonnes une nouvelle fois.
Pourtant je fini par l'envoyer cette lettre et observer le plumage de ma chouette s'éloigner. Pourquoi faire ça ? Pourquoi prendre de tes nouvelles comme si de rien n'était ? Pourquoi faire comme si tout allait bien, comme si toi et moi étions les meilleurs amis du monde ? … Peut-être un jour. Dans un autre univers. Lorsque tu n'étais qu'une enfant. Mais plus aujourd'hui. Je ne suis plus rien, juste un jouet, un passe-temps. Celui dont tu disposes au final à ta guise. Un sourire, un baiser et me voilà à tes pieds. Alors c'était quoi tout ça ? C'était quoi ces mots soufflés ? Les ai-je rêvé ?! Ai-je halluciné tout ça ?! Pourquoi !? Pourquoi tu es venu te donner toute entière pour disparaître ensuite !? Qu'est-ce qui ne vas pas dans ton crâne ?! Comment peux-tu faire une chose pareille !? Comment oses-tu me dire monstre lorsque tu me traites de la sorte !? Et les réponses arrivent. Presque trop simple. Presque trop agréable. Mais je continus à écrire. Tu occupes certains moments de mes journées. Cette plume qui quitte les parchemins du Ministère pour te répondre. Ces quelques mots, les derniers que j'écris pour toi. Je veux tes explications. J'exige de savoir ce que tu veux réellement. Je veux que tu cesses de te jouer de moi et que l'on soit clair pour une fois. Parce que ces mots là, je les pensais. Mais jamais je n'eus de réponse. Pourquoi faire ? …
A cause de toi, mon cœur bats à l'envers. Tu as fini par me l'arracher pour apaiser ma douleur. Mais elle est réapparue cette enfant. Elle a caresser de ses lèvres gourmandes mes plaies sanguinolentes. Elle vit au rythme de ma haine, incapable de répondre à mes prières. Je suis le Prince Noir de sa vie, l'infâme qui pourris sa vie, transforme sa chair sublime en mélange putride. Je ne suis que caprice et contradiction, et un instant tu t'éloignes de mon esprit. Un instant, la brune est contrebalancée par la blonde. Je ne penses plus à toi et cette lettre, mais à elle et ce baiser maladroit, à elle et ses yeux magnifiques.
Tu m'as oublié. Je dois en faire autant. Mais j'hésite. Je n'ai pas envie de tout ça. Je n'ai pas envie d'une autre. Je n'ai pas envie de cela. J'ai bien mieux à faire n'est-ce pas ? Mais la vérité éclate. Elle me dégouline dessus. Parfaite gerbe de troll. Tu as perdu la mémoire. Comment est-ce possible ?! Est-ce de la colère ou de la frustration ?! Dois-je m'estimer heureux que tu ai oublié toutes les horreurs que j'ai pu te faire, ou me considérer malheureux que celle qui porte mon saint et détestable intérêt ai tout perdu, comme si tout ceci n'était rien ? … Et ce n'était rien, cette mémoire qui définissait ta personnalité qui m'exécrait de plus en plus.
Qu'ai-je fais, si ce n'est récupérer ma lettre, brûler les autres, dans ta chambre ? Qu'ai-je fais, si ce n'est abdiquer face à ces mensonges que tu t'étais créée, que tu m'avais confié ? J'ai joué mon rôle, j'ai fais ce que je devais faire n'est-ce pas ? Accepter ces choix que tu avais pris. Accepter cette réalité qui m'a dégueulassé. J'ai accepté, j'ai compris. Ton ignorance est ta plus belle arme. Ton innocence c'est tout ce que je peux te laisser. Je garderai mes souvenirs jalousement, j'apprendrais de ces erreurs, de ces choses que j'ai laissé dans ta chair. Ces choses dont je suis si fier et qui me prouve encore que je suis un monstre, un visage qui n'est pas fait pour toi. Non, ce n'est pas possible. Comment peut-on désirer une personne au point de vouloir la détruire ? Je préfère ton amnésie à cette indifférence, ce cœur de pierre qui m'affronte sans crainte.
Je suis passé à autre chose, c'est tout. A quelque chose de vivant, de plus grand. Quelque chose qui m'affronte, me tient tête et pardonne mes horreurs, les accepte aussi. Une personne qui désire ma jalousie, qui aime ma folie, une femme qui berce mes nuits. Cette vélane chérie blessée et déchirée qui se tais et m'ignore. Je ne suis qu'un pauvre fou, l'un de ces obsédés incapable de ne pouvoir avancer sans s'accrocher à une glace qu'il enflamme, la transforme étoile et la jette loin dans le ciel. Mais mon étoile ne brille plus, elle se meurt dans sa noirceur, les cicatrices laissées sur sa peau.
Et toi, tu es encore là. Sur le terrain, comme elle. Dans la salle commune, comme elle. En cours, parfois à côté de moi. Et au club de potions. Tu n'es qu'un fantôme. Tu es cette Serena que j'adore lorsque nous étions plus jeune. Si douce et innocente. Si gentille, si ouverte. Et pourtant si lasse et agacée que l'on vienne te tendre encore le masque que je t'ai construis, qu'on t'a posé sur tes lèvres. Tout ça pour quoi ? Des machinations, l'obtention d'une nouvelle ère, nos vengeances, nos promesses. Je t'ai transformé, je t'ai fais trop mal. Je t'ai mis trop lourd sur les épaules, je t'ai refaite comme il me l'arrangeait sans me soucier de ce que tu pouvais bien penser… Sans me soucier de ce que tu pouvais ressentir ou vouloir. Il n'y avait plus que moi et je me devais de siéger dans tes pensées, ton univers tout entier. Je ne voulais que moi dans ta vie et exterminer le reste, les autres. Les blesser, les traumatiser, les faire fuir, te les éloigner.
Serais-je capable de faire une chose pareille avec Silver ? … Je ne l'espère pas. Ce n'est pas ce que je désire pour elle. Mais suis-je capable d'aimer comme un homme ou suis-je condamné à n'être monstre avec n'importe qui ? Serais-je capable de la laisser partir lorsqu'il le faudra ? Cette simple idée m'énerve encore. Vous m'énervez toutes les deux. L'une qui m'oublie, l'autre qui le devra. L'une qui m'abandonne et l'autre que je devrais laisser partir. Je l'ai choisi. J'ai choisi son amour pour quelques temps avant de m'infliger une cruelle souffrance… Mais elle me l'offre avant. J'ai peur, Serena. Peur que celle qui t'égales et te dépasses dans mon cœur, disparais comme tu l'as fais. J'ai peur de devenir poussière. J'ai peur de devenir rien. J'ai peur que du jour au lendemain, ses lèvres se posent sur celles d'un autre et que je ne suis qu'un fantôme. Est-ce ce que je mérite après avoir détruis ta vie, enfoncé dans ta chaine toute la haine que tu m'inspirais ?
Je m'agace légèrement sur quelques ingrédients qui me glissent des doigts. Saleté. Je m'enfonce dans ces tâches te laissant partir. Je n'ai pas envie de te voir me tourner le dos et sortir cette pièce, laisser la porte claquer derrière toi. Certainement que tu l'as retenu dans mon dortoir cette nuit là pour que je ne t'entende pas. Que j'aurais aimé savoir ce qui t'es passé par la tête cette nuit là… Que j'aimerais pouvoir te faire m'oublier à jamais, t'extirper de mon esprit pour l'éternité et devenir des personnes normales. Des personnes saines qui peuvent se voir, se sourire, se côtoyer et rire ensemble. Que j'aurais aimé pouvoir être à tes côtés et te protéger comme ce frère que j'ai toujours été. Je n'aurais pas dû te salir, toi et cette once de bonté qui survivait en toi. Je n'aurais jamais du faire cela, et tout le reste… Si tu savais comme je regrette tout ce mal que j'ai pu te faire Serena. Et je m'en rends compte trop tard. Je ne veux pas que tu retrouves la mémoire, Serena. Je ne veux pas que tu te remettes à me détester et m'éviter. J'ai envie d'exister pour toi, même si c'est comme un étranger. C'est toujours mieux qu'un fantôme, n'est-ce pas ?
Mais tes doigts se posent sur moi, et je m'en redresse presque vivement. Qu'est-ce qui t'arrives ?! Cette manière que tu as à prononcer mon nom. J'ai l'impression que tu me tires si loin dans notre passé. Te souviens-tu ? Non, bien sûr que non, tu aurais plutôt tenté de m'assassiner…. Je t'écoute sans rien dire. J'hausse un soucil presque surpris. Est-ce donc ça, cette gentillesse, cette bonté que j'ai détruis ? Confiné dans un royaume d'enfer ? Je suis silencieux, mon regard plongé dans le tien. Que j'aimerais pouvoir glissé mes doigts dans tes cheveux. Que j'aime lorsque tu les laisses libre. Mon regard coule contre ton visage, tes lèvres, revient à tes yeux. J'ai certainement l'air de te dévisager, et c'est ce que je fais. Presque curieux. Mais pourtant un léger sourire s'appose sur mes lèvres. Je ne te condamne pas, mais je souffle : « C'est moi qui devrait plutôt te poser la question, Serena… » Si doux, si évasif. Mon sourire s'accentue légèrement, presque désolé, alors que je me redresse, terminant de glisser les graines dans un pot et enchaîne, si naturel : « Tu n'as pas l'air bien heureuse ici… Ou fatigué de faire, toutes ces choses que tu faisais autrefois. » Mon regard se relève vers toi, quelques secondes après. Ton regard au mien, le mien dans le tien. J'ai envie de l'entendre de tes lèvres innocentes, que tout ceci t'ennuis, que tu n'en veux pas. Laisse-moi comprendre pourquoi tu m'as fuis, pourquoi tu es revenue pour ne revenir qu'amnésique.
Pendragon, racontes moi tes histoires. Je leur donnerais vie, si tu veux.