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 Nos petits tas de cendres.

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Abel T. McMillan
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MessageSujet: Nos petits tas de cendres.   Nos petits tas de cendres. EmptyMer 29 Oct - 10:15

« Abel McMillan ?
- Il est absent monsieur.
-C’est aujourd’hui qu’ils commencent à déblayer les cachots monsieur.
-Ah, bien. C’est inattendu… Bien, très bien, Virginie Oswald ?»

Des décombres. Rien que de la pierre, de la poussière, un début d’inondation. Il ne reste plus rien. Les objets de valeur, les globes de cristal, et les photos. Broyées, réduits en poussières, noyés. Il n’y avait pas grand espoir. Mais il s’était quand même porté volontaire. Les déblayeurs, à coups de windgardium et de reducto prudents, sont arrivé jusque-là où l’eau leur permettait d’aller. Il remonte des souvenirs abimés. Sans trop d’espoir, il est resté. Jusqu’à ce qu’à la fin de la journée, on ait fait des petits tas sur une bâche, pour les petits bijoux brisés. Les morceaux de photos dégoulinant d’eau dont les sujets avaient fui. Des vêtements en sale état.

Plus rien. Comme si avait été méticuleusement calculé pour qu’il ne reste absolument rien.

Et puis alors que les ouvriers magiques étaient sur le point de parti, il est tombé sur le premier morceau de disque. Il l’a ramassé, retourné. Rayé, cassé comme une part de tarte. C’est le sien. Le premier album des Forbidden Games. Il se passe la main sur le visage, le met dans un sac sans fond, emprunté pour l’occasion. Il continue à aligner les objets perdus sur les bâches. Pas un seul rescapé. Il trouve un demi 33 tour. Encore un des sien ; leur dernière EP. Il cherche encore. Trouve. Il ne parvient pas à en reconstituer un seul. Il en manque trois. Dont le dernier qu’ils ont sorti avant la mort de Caleb. Un live. Et celui où il y avait la chanson qu’il préférait. Une ballade, avec juste la voix de Hell, et la guitare de leur frère, en arpège.

Il fait un dernier tour. Les billets ont dû être noyés dans l’eau trouble. Les magazines et les poster doivent servir de curiosités aux sirènes. Ah, si, il en a un bout, là, au fond. Un poster de moldu, où personne ne bouge. Les jambes sont déchirées. Alyssandra et Caleb, en plein délire. Les autres, quelle importance… Il examine le visage de l’homme décédé il y a de ça plus de six moins maintenant. Il n’arrive pas à le reconnaître. Il sait que c’est Caleb. Il sait que c’est son frère. Mais il n’arrive simplement pas à le ressentir.

Il le met dans le sac, et quitte les lieux après qu’on lui ait plusieurs fois ordonné de partir. Il salut poliment les déblayeurs avant de remonter les escaliers, les fringues humides et sales, la main crispé sur le sac.

Je me rends seulement compte que je n’ai pas mangé de la journée. Mais je n’ai pas faim. Je suis juste dévasté. Nos soirées émeraudes brodées d’argent, nos lustres dorés, nos décorations de sous-marins de 20 000 lieues sous les mers… Tout ça a foutu le camp. En dix secondes peut-être.

Qui nous a fait ça ?

Qui m’a fait ça ?

Qui m’a retiré ce qu’il me restait pour ne pas devenir fou ?

Les couloirs sont pratiquement déserts. Dans quelques minutes, c’est le couvre-feu. J’arrive juste à temps pour dire le mot de passe, l’air mort, à la Grosse Dame. Je ne l’entends pas babiller. Je n’entends rien, en fait. Je reste debout devant la porte dissimulée, en voyant tous les autres remonter dans leur dortoir. La salle commune se vide, sous mes yeux. Je me sens vide. J’ai l’impression de regarder un nid de fourmi en accéléré. Et quand il n’y a que le silence pour m’arrêter, je fais quelques pas pour me poser dans le canapé, en face de l’âtre de cheminé. Je retourne le sac sur la table et y vide son maigre et pitoyable contenu.

Voilà, ce qu’il reste de ma vie. Je ne sais même pas pourquoi j’ai été le chercher. Pourquoi j’ai été voir. Il ne reste rien, plus rien.

Je reste quelques minutes encore à regarder le tas de cendre qu’est devenue ma vie. Je me sens tellement vide que je n’ai pas envie de pleurer. Tout le monde en est ressorti sain et sauf. Toute la famille. Arya doit encore se ménager un peu, mais elle a été réparée en trois potions et quatre sorts. C’est tout ce qui devrait compter. Mais ce qui comptait, c’était quoi ?

J’ai une famille, et plus de chez-moi.

J’entends des pas descendre les escaliers. Je ne me retourne pas. Je m’en fous, après tout. Ce ne sont que des débris. Et moi je n’ai rien à dire. Il verra bien que je ne suis pas éveillé pour faire la conversation.

Je me passe la main sur le visage, définitivement épuisé. Pas par la journée trop longue à regarder des décombres. Par à quel point c’est facile de mettre ma vie en miette. Quand une silhouette apparait en bas de l’escalier, je ne peux m’empêcher de regarder.

Blonde et fine, pas mal grande, aussi belle que dans les magazines. En tenue de nuit, comme un bonbon à dénuder. Indécemment belle. Son visage est découpé par la lumière rouge et les ombres bleues. Je ne me laisse pas le temps d’être heureux de la voir en vie. Je tire ma baguette dans l’intention de jeter les morceaux de disques dans l’âtre, mais avant qu’ils n’aient puent faire trois centimètres soulevés, ma baguette me lance un coup de jus. Je la lâche, et mes disques s’éparpillent sur la table et tombent derrière. Mais pas dans les flammes. La fatigue m’abat. Et puis merde. À quoi bon.
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Hell A. McMillan
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MessageSujet: Re: Nos petits tas de cendres.   Nos petits tas de cendres. EmptyVen 31 Oct - 2:50




     



« Brûlons nos souvenirs »
Quand j'étais enfant, tu me serrais dans tes bras, quand ca n'allait pas. Maintenant tu m'ignores.  

Je suis seule dans mon lit. Une chaleur me manque. Ces bras puissant qu'il passait autour de ma taille. Son odeur prononcée qui m'apaisait tant, me plaisait beaucoup trop. Ces demi-grondements qu'il lâchait lorsque je bougeais trop. Ses baisers qu'il déposait contre ma nuque, ses doigts trop joueurs, la nuit, le matin, qu'importe m'intimant au silence lorsque j'étais dans sa couche, ces rideaux de vert et d'argent. Le loup a disparu, enfuit, une véritable volute de fumée insaisissable. Je fixe ses quelques vêtements qui traîne sur ma valide, subtilement emprunté pour qu'il me suivre jusque dans mon lit, la nuit. Chemises, tee-shirt, rien de bien extraordinaire et pourtant cela m'en brise le cœur. Je me sens faible et si stupide, pourtant m'être approché d'un homme qui m'a déjà brisé le cœur et m'a oublié si rapidement ? Pourquoi m'accrocher à lui ? Parce que c'était bon ? Parce qu'il me fait sentir vivante ? Parce qu'il me fait oublier de boire, oublier de fumer, oublier d'hurler ? Parce qu'il fait couler la malice dans mes prunelles et un sourire sur mes lippes purpurines ? Parce que sa simple présence me broyait encore le cœur, que ses frôlements me faisaient craquer ?
Oh, que diable, je suis totalement dingue. Il faudrait être masochiste pour s'abaisser à retourner dans les bras d'un homme qui vous a fait saigner, qui vous abandonne parce que vous avez rayé son égo. Alors pourquoi je me sens si sale, si seule, si abandonnée ? Parce que c'est ce qu'il a fait. Encore une fois. Il a disparu, je n'ai aucune nouvelle. Je n'ai vu son visage au bal, inquiète durant le tremblement de Terre, j'apprends qu'il était partis le matin même. Il est sain, il est sauf. Sa famille peut-être, je l'ignore. Bientôt j'apprendrais, sans doute, qu'il ne reviendra plus. Pas une lettre, pas un mot, pas une étreinte. Ni un au revoir. Comme Caleb.
Cette pensée me broie le cœur. Mais je n'ai même pas envie de pleurer. Pourquoi faire ? Une poupée fracassée n'a pas besoin de pleurer. Elle se contente d'être belle et fière dans sa tristesse. La vraie Princesse, c'est celle qui aura assez de force et de courage pour sourire lorsque son cœur pleure, assez de force pour rire alors que la nuit la solitude vous broie. Mes démons sont là, ils tournent autour de moi. Tour à tour, ils prennent place. Tour à tour, ils me dévorent. Ils ne se bousculent pas. Ils savent qu'ils sont rois, qu'ils ont tout le temps qu'ils désireront pour me détruire… Ils sont si doux, si doués. Que deviendrais-je sans ces ténèbres qui me cajolent ? Une fille simple, joviale, trop joueuse. Une fille que je n'aime pas. Une véritable enfant, poupée manipulable…

Je ferme les yeux, soupirant. Je me dégoûte tellement. Loin de l'emprise désirée du loup, je me suis laissée tentée par la folie. Embrasser une rousse pour un stupide parie, et la laisser à mes côtés, simplement parce que j'ai vu que ca lui faisait mal, à ce Prince Bogart. Ce Prince qui a passé son bras autour de ma taille pour me protéger lorsque tout à trembler, ce corps contre lequel, instinctivement je me suis blottis, étouffant mon cri. Cet homme dont j'ai découvert le visage avec horreur, pensant à l'arrivée de Loki, ou que sais-je encore, l'un de mes jumeaux. Non, jamais. Même ce monstre m'a protégé, contrairement à mes jumeaux. Encore la promesse que je ne suis rien dans leur vie, leur monde… Contrairement à cette Arya. Cette Annabeth. Même cette simple cousine dont j'ignore tout est plus importante à tes yeux. Peut-être m'as-tu lancé un regard, je l'ignore, peut-être que ce simple regard t'as suffit et tant mieux pour toi, pour vous.
Je me demande bien pourquoi je continue à me torturer de la sorte avec vous… Je sais que je ne suis qu'une enfant, un caprice, une salope, une traînée, une honte pour vous tous. Pour toi, Abel, tu l'as dis encore l'autre soir. Et toi, tu te balades comme Caïn dans cette maison que j'ai fini par fuir autant que possible pour ne pas vous croiser. Je retiens mes larmes de rage et finit par me redresser attrapant brusquement les quelques affaires de Loki, prête à descendre. Sur le dos, je porte un large et long tee-shirt qui tombe sous mes fesses : un vieux T-Shirt des Bizard qui appartenait à Caleb, comme le tiers de ma garde-robe. Un shorty sombre et de haute chaussette de soccer féminin, moldu encore pour me permettre de me balader pieds nus quand je veux. Mes cheveux sont une véritable cascade sauvage, encadrant mon visage, tombant si bas dans mon dos.

Je descends silencieuse les escaliers, frémissant à l'air qui se faufile contre ma peau et je ralentis un peu en voyant quelqu'un dans la salle commune. Je ne te reconnais pas tout de suite, mais je me détourne, peureuse lorsque ta baguette craque, envoyant valser les objets… J'aurais pu ne pas y porter attention, si je n'avais pas reconnu la moitié du logo des Forbidden Games sur… Un 33 Tour brisé ? Je fronce les sourcils et me baisse lentement pour le ramasser délicatement. Je m'entaille le bout du doigts, que je glisse entre mes lèvres, mais je me sens… Faible. C'est à ne rien n'y comprendre. J'ai peur de regarder les autres objets, mais je le fais. D'autres disques, des bouts de posters moldus. Je sens mon cœur se serrer. Tu ne m'as pas réellement abandonné.. Tu as vécu dans un bout de mon univers sans oser m'approcher. Tu m'as laissé vivre à tes côtés à travers… Ma musique. Des magasines… Moldus. Toi ! Qui l'eût cru ! Ce sont des débris… Des débris…. Des éclats de ma vie… De la tienne… C'était dans ta chambre ! Tu avais tous ça à Poudlard… Tu préférais encore tout ça, que moi !? Je ne comprends pas ce qui as dans ton crâne.

Je m'approche et jette les vêtements dans le feu, qui gronde, avant de t'observer quelques secondes sans rien dire… J'hésite et repose le bout du vinyle sur la table devant toi, avant de me mordre l'intérieur de la lèvre et finalement m'asseoir à côté de toi. Gênée, comme une gamine qui a peur de se faire gronder. Je penche la tête un peu en avant. Encore ce rideau d'or pour dissimuler mes émotions. Je fronce les sourcils et souffle : « Est-ce que tu vas bien, Abel… »  C'est stupide comme question n'est-ce pas ? Mais pourtant c'est la première fois que je te la pose depuis une éternité. Cette même question lorsque tu te disputais avec Caïn et que je venais pour essayer de te consoler… Mais je n'étais pas lui, je ne te faisais pas sourire autant. Et je ne veux pas que tu me dises que ca va, que tu me mentes. Pour la première fois depuis ce qui me semble être une éternité, je veux savoir comment tu vas… Je gratte à la porte de ton intimité, celle de ta vie.  


     
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MessageSujet: Re: Nos petits tas de cendres.   Nos petits tas de cendres. EmptyVen 31 Oct - 11:57

Je suis immobile. Le visage plus distant qu'il ne l'a jamais été chaque jour à se forcer à être droit, imperméable, indifférent. Parce que cette fois, je me fous de mon visage sur la place publique. J'y laisse pourrir un cadavre malmené, et pour la première fois je découvre que l'univers ne peux pas m'épargner parce que je suis un enfant sage. Je suis immobile, et pourtant, quand j'ai ta silhouette devant moi, découpée par la lumière rouge des flammes, te coupant les doigts, regardant la surface, je tremble. Je tremble d'une peur irrationnelle, aussi immense que le jour où je t'ai vu te noyer sous mes yeux. Tétanisé d'horreur. Et mon visage n'en montre rien.

Je ne sais même plus de quoi j'ai peur. De quoi j'ai eu peur à chaque fois que quelqu'un entrait dans ma chambre quand je l'écoutais en boucle. Pourquoi je rangeait sous mon lit les poster, pourquoi je cachais dans ma robe les nouveaux numéros de magazine sur vous l'un de vous, de toi.

Je sais juste que personne ne devait savoir. Que c'était une faiblesse. Mon appel à l'aide dans ma vie qui était censée être au summum de sa perfection.

Je te regarde mettre tes doigts dans ta bouche. D'abord sincèrement inquiet. Puis pétrifié par l'idée que tu te sois retrouvée à la place d'Arya. Mon corps se retourne. Puis je m'oblige encore à rester aussi indifférent que le je je peux, sans y parvenir, à ta silhouette noire qui met le bout de ses doigts sanguinolant dans sa bouche. J'imagine ta langue, et je vois tes lèvres, tes magnifiques, infâmes lèvres d'un rose tirant vers le carmin, sur les lèvres de Billie, sur le corps d'un inconnu dont tu brûle les vêtements. Ces lèvres, ces doigts, ce profil à peine masqué par ton immense t-shirt qui me tire en arrière sans que je ne comprennent pourquoi, la courbe de ton sein, le dessin de ta hanche dans la pénombre ravivé par ce que tu veux oublier du passé... Je me dégoûte.

Je te désire. Déjà.

Je tente de comprendre ton geste. Je reconnais des coupes pour hommes, et je ne sais pas si je veux savoir. Je sais que si j'apprends un nom, je ne pourrais m'empêcher de l'exécrer. De le maudire tous les jours. Par jalousie pure. Par dégoût. Par envie.

Je hais tout ce qu'il y a en toi. De tes textes qui ne me parlent pas à tes mélodies qui m'enivrent, de ta manière de te tenir à tous ceux qui passent entre tes cuisses, de l'odeur d'alcool et de poudre tueuses de frères incapables à tout l'amour que je te porte.

Je les hais. Je les hais parce que je les veux, je te veux, au creux de moi, au creux de nous. J'ai accepté de le voir pour comprendre, et je ne peux plus me détacher de ma vision d'horreur. Je t'aime, malgré tout ce que tu as pu faire pour m'en dégoûter. Je t'aime, malgré. Les chemins que tu as pris pour me dire que tu me détestes. Je t'aime, à la folie, à l'infini, transcendantal. Je m'efforce de me raisonner rien qu'en te voyant brûler des vêtements d'hommes. Mais ça ne fait que me diviser encore plus profondément. Qu'agrandir le gouffre entre tout ce que je déteste en toi, et l'amour sale et inconditionnel que je te porte.

Tes yeux ne comprennent pas. Brillent d'une incompréhension que tu n'exprimeras pas plus. Tu dois t'en foutre, après tout. Tout ça, tout ça c'est ce que j'ai réussi, ce que j'ai eu le courage d'attraper de toi. Tout ce que j'ai eu la lâcheté de glaner pour te remplacer. Toi et l'autre inconnu à ma vie. Un peu moins. Un peu quand même. Autant au fond. Pourquoi déjà ?

Tu t'assois, plus raide que je ne l'ai été en soirée alcoolisée. Tu te forces. Parce qu'il n'y a pas la place ? Si, il y a la place. De me montrer ton dégoût. De rire de ma tentative dérisoire de te toucher du doigt. Ça doit te faire rire pas vrai ? Tu rirais encore plus si tu avais vu les billets. Les billets usagés, de chaque concert que j'ai pu aller voir en douce. Je n'y ai même pas emmené Caïn. C'était mes moment de voyeur égoïstes, mes moments où j'avais le droit de t'aimer plus que lui.

Tes jambes décorées de rayures épaisses me font l'effet d'une friandise à déballer,à laquelle on ne veut que succomber dans l'immédiat. Je me retiens. Me retiens de tout quand tu es là. Parce que si je laissais mes instincts agir, je t'aurais tué d'horreur et de dégoût.

D'un simple baiser. D'une main sur ton corps. Au ceux de tes cuisses, savamment dénudée une fois assise. Comme un appel provocateur à la luxure.

Je me dégoûte.

J'entends ta voix, comme un écho d'un autre monde. Je m'en étonne avant de pouvoir redescendre sur terre, où pour la première fois depuis six ans, tu te soucis de moi.

De ce garçon qui t'a regardé te noyer sans rien dire, par fatalité, presque par impuissance.

Ne pas verser une larme. Elle monte, la toute d'eau, elle monte. Tu l'as mise d'un coup de pipette dans le vase trop plein. Mais même si ça déborde, il ne fait rien laisser paraître. Ne pas te montrer, surtout pas à toi, que je n'ai pas les épaules pour tenir seul. Que je suis capable de prendre soin de vous tous, moi, le dernier né, soins de ces cousins sur qui il faut veiller. Sur vous, incontrôlables triplés, mes infernaux jumeaux, mon infernal frère, mon infernale jumelle. Sur vous qui brûlez la vie par les deux bouts. Si je suis faible maintenant.

Mais je resserre notre leurs liens de fers, gommes des ça les autour d'un dragon, ma luxure détraquée, et je prends ta main coupée et ouvre tes doigts vers moi. Je ne veux pas voir ton visage. Je ne veux pas que tu vois le mien. Non, non, non. Je contiens ma violence. Mon envie de me lever et te te foutre une gifle, te dire que c'est trop tard et que j'en peux plus, de tes conneries, de ta folie, de ta fuite vers le monde moderne, de ta jeunesse, des relents d'alcool, de ma peur au ventre d'un jour apprendre que tu t'es faite avoir toi aussi par ces saloperies. Mes hurlements de colère et d'inquiétude, mon soulagement sans fin que ce soit Arya que j'ai vu en morceau dans le hall. Je me dégoûte. Je le sais. Si ça avait été toi, il n'aurait pas été question d'Annabeth. Je n'aurais même pas été cherché notre cousine. J'aurais juste hurlé à la mort jusqu'à ce que mes cordes vocales craquent. Et quand ma voix aurait été complètement brisée, mes oreilles rendues sourdes et mes yeux aveuglés par l'image de ma sœur et mon amour interdit, je serait finalement mort sur place, de peur, de chagrin. J'aurais haï toute cette famille qui ne t'as pas protégée. Ce lieu qui n'aurait pas tenu debout pour toi. Juré de hanter le monde en fantôme pour briser et égorger les responsables de ton corps meurtri, et j'aurais sans doute au passage ignoré le bon sens et la moi pour t'embrasser de toutes mes forces dans l'espoir que tu reviennes à toi, quitté à me gifler, réduire ma tête après l'avoir décapité d'un coup de baguette.

Dans tous les cas je serai mort. Si je ne t'avais pas vu debout.

Je ramasse lentement ma baguette qui s'électrise, impudiquement, et envoie des éclairs autour de ma main comme une décoration de Noël de mauvais goût. Chaque creusement brûle ma paume que je resserre sur le manche. J'ignore la douleur, aiguë comme un cri agonisant. J'ignore ton regard qui me juge très certainement. Mais je ne peux pas faiblir. Je tends le bout vers tes doigts et murmures des mots pour faire disparaître les coupures. Des petites choses que j'ai apprise sans me douter qu'un jour je m'en servirai sur toi. Parce que le simple fait d'avoir ta main dans la mienne me rend heureux et me fait te désirer plus. Te rend réel. Accessible. Aimable. Baisable. Je me dégoûte.

Je reste le même, le visage de cadavre, la gestuelle d'automate. Ma voix est brisée par deux jours de silence. Par les souvenirs qui remontent. Par la perte de tout ce que j'ai. Par le souvenir de toi lorsque tu étais de ma famille. Par l'espoir brisé à chaque seconde qu'un jour tu en feras de nouveau partie, de la manière dont tu l'entends, sans que personne ne te juge. Ni père. Ni mère. Ni même moi.

Tu es tout ce qu'il me reste. Tu es toi aussi ma famille. Tu es toi aussi ma raison de tenir. Alors je dois continuer, quoiqu'il arrive, ou bien ces 20 années à apprendre la être un adulte avant l'heure n'auront servi à rien.


"Je le dois."

Je ne mens pas. Je n'en ai plus la force. Je n'ai plus la force même de faire tenir les apparences. Mais je vais au deal de mes limites. Je pousse toujours plus loin. Parce qu'il le faut.

Tes minuscules coupures refermées, je pose ma baguette avec calme, malgré la fureur avec elle me rejette, sur la table en face de moi, avec les débris. Avec le coupable. Je voudrais le jeter dans les flammes. Comme j'aimerais y jeter tous les hommes qui t'ont un jour blessée. Mais ce n'est qu'un objet. Ce ne sont au des objets. Tout le monde sait qu'ils sont coupant, mais toi tu as décider de les prendre en main, de les serrer fort entre tes doigts, entre tes bras. Et tu t'es coupée.

C'est ça la vérité.

Je ne relâche pas ta main. Je n'ai qu'une envie, c'est d'y plonger mes yeux pour noyer mes larmes. Pour t'avouer tout mon amour, tout ce que tu m'as manqué, tout ce que je te hais, tout ce que je n'ai pas le droit de te reprocher. J'ai juste envie de faiblir, faiblir une fois de plus, une fois. Une fois pour te dire pour toutes les fois d'après comme je t'ai voulu dans ma vie. Je veux serrer ton corps dans mes bras pour m'assurer que tu es réelle, que tu n'es pas morte comme je l'ai espéré parfois dans cet effondrement. Sentir l'odeur de tes cheveux, ta peau que je n'ai pu embrasser qu'enfant, baiser ton front soucieux et insouciant. Te supplier de revenir dans ma vie à la place de ces placebos détruits par les vagues. Te dire que je déteste tes chansons, et que toi je t'aime, je t'aime tellement, je t'aime à vouloir te faire enfant...

Je me fais douleur. Je tremble, trop tard, tu le sens. Je me bloque. Je n'arrive pas à repousser ta main. Je n'y arriverai pas. J'ai besoin de toi. Je veux que tu restes. Si je te redonne cette main, tu vas partir, offensée. Blasée. Mais je n'arrive pas à prendre cette chance. Je ne peux pas la prendre sans t'offenser bien plus.

Mes larmes montent. Non. J'ai dit non. Je me redresse lentement et regarde la porte de sortie pour te cacher mon visage. Je ne peux pas pleurer. Je pleurerai quand je serai seul. Et si je ne suis plus jamais seul, alors je ne pleurerai pas. Je ferme mon cœur à triple tours, je jette la clé aux flammes. Les boulons sautent, mais tant pis, il faut faire croire que tout va bien. Le vase est gonflé d'un dôme tant l'eau ne percent pas la pellicule, c'est une bulle, qui au moindre tremblement, se perce et se videra entièrement.

Je dois aller bien. J'ai une chance incroyable. Toute ma famille est en vie.

Sauf Caleb.
Sauf moi.

Mes doigts se serrent sensiblement sur les tiens. Ça suffit. Ça suffira, Abel. Sens à chaleur de cette main dans la tienne. Discipline-toi, et sens. C'est la main de ta sœur. Qui saigne, qui se soigne. Elle est entière. Vivante. Et si ce n'était que sa main coupée par un bloc de pierre ? C'est elle Abel. Elle va bien. Hell va bien. Malgré qu'elle aurait bien mérité de se faire mal, elle est là. En un seul morceau. Laisse-là partir maintenant. Je ne veux pas. Ne fais pas l'enfant. Je ne peux pas. Tu le peux. Décides-le. Rends-toi capable. Rends-toi fort. Rends-toi meilleur. Rends-toi. Rends-la.

Mais je prends infini à le faire. Je le décide. Je me l'impose, me l'ordonne. Mais ma main reste sous la tienne, pressant la tienne avec la douceur de l'étreinte qu'on offre aux petits oiseaux blessés. Aux chatons nouveaux-nés. Tout doucement de peur d'en briser les os.

Ce que je crains de briser, c'est cette image que je dois garder. Cette constance dans l'amour le plus sain que je peux te donner. Sans une étreinte, comme père et mère pour moi. Les embrassades chaleureuses que Père aimait tant que que Mère à proscrit au moment de grandir. Ces étreintes qu'on a continuer à se faire en secret, parce que avait besoin les uns des autres. Nous trois. Nous quatre ?

Qui est cette personne qui pouvait te serrer dans les bras quand je ne le pouvais pas ?

Plus personne ne te sauveras. Si tu continue à rester une enfant, à jouer selon tes règles, ni Caïn ni moi ne pourront t'aider.

Mais nous le feront quand même. Je sais que toutes nos bonnes résolutions pour t'abandonner le jour oui tu déconneras ne tiendront pas un quart de seconde. On jettera tout le reste de la famille, toutes nos armes de patience et nos masques. On prendra de vrais armes pour poutrer la gueule de ceux qui t'ont faite pleurer, on les dézinguera sauvagement et on te prendra dans nos bras, on t'embrassera impudiquement sous toutes les coutures. On te bercera à travers des larmes, les tiennes, les nôtres. On te servira de couverture, de frères, d'amis, d'amants quand tous les autres t'auront abandonné, quand nous nous seront abandonné à toi.

Mais pas encore, Aly. Pas maintenant. Tu as encore des armes pour te battre, je te sais forte. Blessée mais forte. Plus forte qu'eux. Plus forte que le destin que ton nom t'as imposé, plus forte que je je le serai jamais. Alors je te laisserai te battre, et je tuerai l'amour malsain, te préparerai une chambre, une place où revenir, du papier pour écrire, un jardin pour rêver, des billets pour voyager. Pas une prison. Juste une place pour revenir. Un endroit où tu reviendras si tu le veux bien. Où tu pourras te laisser aller. Un endroit oui tu ne seras pas seule. Où tu n'auras à te soucier de rien. Tout y sera propre, tu y mangeras bien. Tu partageras tes souvenirs, tes sourires, tes rires. Je veux t'offrir une maison pour revenir, même quand un autre, peu importe d'où il vient, remplacera notre nom par le sien. Je veux pouvoir être heureux de t'y prendre dans mes ras sans arrière pensée. Te souhaiter la bienvenue et te dire au revoir sans douleur et sans peur.

T'aimer aussi bien que tu le mérites et pas plus que tu n'en a besoin.

Alors je vais attendre. Attendre d'être assez fort. Assez fort pour vivre cette vie rêvée. Pour ta la faire vivre. Te la faire admettre. Accepter. Je veux vivre assez pour que tu puisses l'envier. T'aimer sans te blesser. Pouvoir te sourire, tout simplement, sans un pincement au cœur.

Je renonce à toi, juste maintenant, juste aujourd'hui. Pour que je puisse t'aimer tout au long de ma vie.

J'ai mal. Tellement mal. Laissez moi être faible. Il est trop beau ce futur. Il n'arrivera pas. Je n'y crois pas, je n'y crois plus.
Tu es perdu.
Je me fous de l'avenir propre et radieux qu'on m'a promis si je suis un bon garçon. J'en ai assez. Demain peut-être encore des pierre nous tomberont sur le crâne, et fracasseront le tiens ou le mien. Et je ne pourrai jamais te dire comme je t'aime, à la folie. Comment je m'en fois que tu me détestes. Comme je m'en fous que tu construises ta vie sur du sable. Comme je m'en fous que tu me détruises. Je ne pourrai pas te dire cet avenir rêvé, je je pourrai pas te dire que je t'ai aimé.

Laissez-moi être faible ! Laissez-moi lui dire, la prendre dans les bras, pleurer une bonne fois pour toute et la laisser partir !

Non. Soir fort. Tu ne l'est pas assez pour résister au désir. Alors sois fort et laisse-lui une vie où elle ne vivra jamais l'horreur d'être baisée en pensée par un frère pervers et détraqué. Laisse lui une place pour revenir.

Sois fort.

Je ne te demanderai pas si tu vas bien. Il est mort. C'est tout ce qui compte pour toi.


"Tu es saine et sauve."

C'est la seule chose qui peut sortir de mes lèvres. Une affirmation. Je ne te demanderai rien. Je sais que tu as mal. Mal à chaque fois que tu respires. Ou alors je n'en sais rien. Peut-être que tu n'es qu'une tête de linotte vide qui ne ressent rien. Que tu je fais juste pas attention. Peut-être que je t'idéalise.

"Tu es sauve."

Tout ce qui compte pour moi.

"Tu es."

Mon amour.... Mon amour....
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MessageSujet: Re: Nos petits tas de cendres.   Nos petits tas de cendres. EmptyDim 16 Nov - 1:13




     



« Brûlons nos souvenirs »
Quand j'étais enfant, tu me serrais dans tes bras, quand ca n'allait pas. Maintenant tu m'ignores.  

Tu te crois  si transparent et pourtant ce n'est guère le cas. Faut croire que la glace fond sous les caresses des flammes. Ton dégoût je le surprends dans ton regard, lorsqu'il se pose sur moi. Ce putain de dégoût meurtrier. Il m'agresse, il me fait mal, me tue tout simplement. Véritable lame qui racle ma gorge, putain. J'en sens comme un frisson douloureux me prendre tout entier, effleurer mon intérieur tout simplement, alors que mon cœur se serre, piégé dans l'étreinte d'une serre de pierre. Qu'ai-je bien pu faire depuis tant d'années pour t'inspirer des choses si sombres… ? Une colère que je ne comprends pas, qui me tétanise, me tiens captive dans un manteau de verre et de glace lorsque tes prunelles se posent sur moi. Tu l'as dis… Je ne suis qu'une enfant, je ne suis que caprice, je me fou de tout, je suis irrespectueuse envers toi et ta famille. Mais cela date bien avant de cela, n'est-ce pas ? De ce visage froid et fataliste qui est resté figer et satisfait alors que je me noyais, dansais parmi les vagues en peine qui ne désiraient que moi et ma naïveté que tu as détruis à tout jamais.  
Pourquoi me suis-je assise à côté de toi au juste ? … Ah oui. Cette contradiction qui m'écorche les doigts et le cœur. Ces objets qui sont là, et qui, je l'espère, t'appartenaient, à toi. Cette véritable collection dépouillée de toute vie, explosée et éclatée, révélée au grand jours, sous mes prunelles défoncées. Tes souvenirs ont un goût de mort. Tes souvenirs ont le goût de mon sang.

Mais tu la prends ma main, sans rien demander, sans rien répondre. Tu m'ignores sans le faire et j'ai la simple impression de voir un enfant muet, trop concentré pour répondre. Trop touché pour répondre. Trop concerné pour réagir. Lorsque je te vois attraper ta baguette, je ne peux contenir une certaine incertitude. Ta baguette ne semble pas être très en osmose avec toi ces derniers temps et j'ai peur que le sortilège ne fasse que se retourner contre toi. Contre moi. Elle t'en brûle déjà les doigts. Mais je te fixe, je t'observe faire, je ne détourne pas mon regard et étends lentement mes doigts lorsque la sensation de picotement s'intensifie avant de disparaître. Il ne reste plus que les traces de sang sur ma peau dont la chair est redevenue lisse. Mais pourtant tes mots soufflés semblent trouver un écho dans mon esprit. Des paroles qui tournent et me lassèrent. Tu dois aller bien. Pourtant tu ne souris jamais. Ce n'est même plus une question d'apparence… C'est à la fois bien plus et bien moins que tout ça. Tu ne tentes pas d'en persuader les autres : ils ne t'intéressent pas. Alors qui ? Toi ? Je ne pense pas.

Un frisson me prend. Est-ce moi qui tremble… ? Non, c'est toi. Toi qui détourne le regard et la tête. Ai-je posé une question qui ne fallait pas ? Je les sens tes doigts se serrer contre les miens. Mes prunelles caressent nos doigts liés. Ton silence me perds, tes paroles sont incompréhensibles, ton comportement est tout simplement inquiétant. Je bouge lentement mes doigts contre les tiens, tournant ma paume pour qu'elle effleure la tienne, mes doigts serrant délicatement les tiens. Mon pouce effleure ta peau, caresse la finesse de ton poignet, le long de ton pouce. Tentée d'y planter mes griffes, tentée d'y planter mes dents, pour te faire mal, pour te faire réagir. Colorer ma bouche de ton sang, sentir ton goût contre ma langue et en réclamer certainement plus encore. Je ne sais plus quoi dire pour t'entendre Abel et j'ignore même si j'ai le droit de m'accorder un tel geste, une telle familiarité avec toi, mon frère qui ne l'est plus depuis trop longtemps. Tu es un inconnu, le sais-tu seulement ?

Un inconnu qui délire. Un inconnu qui dérive. Seule sur le rivage je t'observe t'éloigner, t'accrocher à des vagues. L'écume te coule entre les doigts, dégouline contre tes lèvres et ta gorge. Tu n'es même plus capable d'avaler tous ces mensonges, tous ces non-dits. Je ne dis rien et je laisse les vagues fracasser ton corps, vider le mien, rejoindre le tien pour mieux te détruire. J'oublie ma colère, j'oublie ma haine, j'oublie ma tristesse : elles ne sont plus qu'écume. Cette mousse marine, ce véritable acide qui fond tes murailles et te rend soudainement plus vrai. Plus humain. Plus appréciable. Plus désirable. « Hey, tête de nœud… »

Surtout quand les nœuds c'est moi qui les ai mis dans tes cheveux. Surtout tu essayais de faire pareil dans ma crinière. Surtout quand c'était un jeu. Surtout quand on riais encore ensemble. Juste un souvenir, juste le passé, juste rien du tout. Détruis pas le peu qui me reste de toi, je t'en prie. Laisse-moi m'accroche à cette humanité que tu sembles détester et condamner en toi. Ma main quitte la tienne et je le glisse contre ton main. Ce contact t'échappe. Ce contact coule le long de ton bras pour rejoindre ton épaule. Je me redresse et t'attire à moi doucement. Mes doigts glissent contre ta nuque et j'attire ton visage contre moi, contre le mien, contre ma nuque, contre mon corps. Je dépose un chaste et innocent baiser contre ta joue avant de passer mon bras autour de ta nuque.

Tais-toi et respire simplement. Laisse-toi aller si tu le veux. Ne me repousse pas, je t'en prie. Je sais que je ne suis rien, que cette étreinte est sans importance, mais elle ne l'est pas pour moi. J'ai toujours voulu être à tes côtés, de ceux de Caïn aussi. Je me suis haïs si longtemps pour ne pas être née comme vous, ne pas être assez comme vous le désirez, ne pas être assez pour mériter vos attentions. Laisse-moi exister quelques secondes, laisse-moi découvrir l'odeur de tes cheveux et celle de ta nuque, celle qui a bercé une partie de mon enfance.
Laisse-toi aller si tu le souhaites, bien que j'en doute. Laisse-toi trembler si tu veux, je ne dirais rien. Je te promets de ne pas juger combien tu es stupide et puérile de faire tout cela. Je te promet de ne pas mesurer à quel point tu es fou. Mais promets moi d'arrêter de te penser mort alors que tu pourrais vivre réellement. Que tu pourrais ressentir et laisser ton cœur battre dans ta poitrine. Te libérer de ses chaînes qui te serrent la gorge et de ces liens qui t'abîment les poignets.



     
WILD BIRD
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Abel T. McMillan
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MessageSujet: Re: Nos petits tas de cendres.   Nos petits tas de cendres. EmptyDim 16 Nov - 20:41

Ta main serre la mienne. Je ne m'y attends pas. Je ne l'espérais pas. Je te pensais insensible à mes tourments, et je m'y rêvais insensible également. Mais cette simple paume qui se retourne pour parler à la mienne en silence fini de briser les derniers masques. C'est avec angoisse que je me retourne, pour voir ton visage, effrayé d'y trouver Caïn. Il y a ses traits dans ton visage, lointains. Nos traits, nos lignes. Tu es belle. Je me surprends à penser, avant même de ressentir pour toi le désir sale et dévastateur, avant même de te regarder comme la femme que tu es, à retrouver ma sœur.

Ma grande sœur, mon irresponsable, jolie et qui pourtant se défigure si souvent, grande sœur. Ma sœur qui un jour m'est sauté dessus pour me plonger dans une penderie si grande qu'elle était notre labyrinthe favori la tous les trois. Pleurer parce qu'elle a le bout du nez et la robe sales. Rougit parce qu'on l'a embrassé sur la joue. Sourire folle de joie quand Caleb rentre à la maison, et que je reste caché derrière un coin pour vous laisser l'admirer de tout votre soûl, avant de m'avancer et de lui dire poliment bonsoir. Ma grande sœur, ma petite sœur.

Ma jumelle bien aimée, qui malgré le mur hermétique que j'ai toujours été, a toujours su mes tristesses, sans se douter de ma plus grande joie.

Être avec toi et lui. Pour toujours. Pour toujours.

Tes lèvres déposent un baiser chaste sur ma joue et soufflent au loin mes tourments. Je frissonne. De désir ? Non. De bonheur.Ta main remonte sur mon bras alors que mon temps s'est arrêté. Je panique, frappé par ton odeur, parcouru de frissons délectable et douloureux. Tes yeux. Tes cheveux, jusqu'à tes lèvres qui disparaissent dans un mouvement inidentifiable. Ils sont un appel, pour un baiser, pour une caresse. Une simple caresse, un simple baiser. Et tout s'enchaîne, ma respiration bridée par les chaînes de ma contenance. Ma conscience. Mon corps te désir par cœur.

Et tu es dans mes bras, contre mon torse. Je sens ta chaleur, ta chair dans mon cou. La moindre forme de ton visage que j'ai redessiné à l'infini loin de toi. Sans jamais te toucher. Jamais.

Je te sens contre moi, et tous nos battements de cœurs, jusqu'à mon souffle coupé et le tiens disloqué dans mes oreilles qui bourdonnent. Il accélère, mon cœur. Il accélère, mon corps. Mes pensées gelées, qui fondent une nouvelle fois. Et avant même que je ne le comprenne, cette larme silencieuse qui fend mon visage.

Tu ne me détestes pas.
Et tu es réelle.

Tu es vivante.

Arya sous les décombres, avec Hogson, une jambe à moitié arrachée. Annabeth couverte de poussière dans les bras du psychiatre. Le couloir effondré de chez les Serpentard. Mes disques en morceaux sur la table. Caleb dans son costume qui ne lui ressemble pas bien allongé dans son cercueil. Les photos des gens morts par un shoot de trop. Des accidents de voitures. Les trains qui déraillent. La jambe d'Arya défigurée. Anna et moi qui nous battons dans les vestiaires. Anarchy et son air fier de meurtrier assumé. Les dortoirs de Serpentard en Poussière. Toi, qui te débat dans l'eau, et te noie.

Je n'aurais jamais le temps. Je n'aurais jamais le temps de t'aimer comme une sœur. Jamais le temps de prendre mes distances avec toi. Le temps de ne plus te détruire, ne plus te faire de mal. C'est un miracle, un tel miracle que ce monde cruel ait permis à une sotte dans ton genre de vivre aussi longtemps. Un hasard, un pur hasard. Tu meures demain peut-être, par le caprice d'autre autre, lointain, qui ne te connais pas. Un révolutionnaire rageur. Un mec qui coupe mal ta came. Un fou qui se balade, un chauffard qui a trop bu, un frère qui a trop peur...

Mes larmes descendent et mes mains montent. Comme le désir. Comme cette fureur envers moi-même. Elles t'enserrent. Ils t'enserrent. Mes bras font se briser ton corps contre le mien pour la première fois depuis des âges et le soulagement fend mon cœur en deux. Mon cœur qui crache, crache 20 ans de silence, de distance, de distinction, de patience. Mes yeux crachent, cracheraient en geysers l'eau de mer s'ils le pouvaient, pour nous noyer tous les deux. Mais je me contente de prolonger le silence. De laisser couler la mer qui m'a fait si peur, pendant six ans.

Si tu vis six ans encore, aurai-je cessé de t'aimer si fort ?

Je te serre contre moi, avec l'énergie du désespoir. J'embrasse maladivement le haut de ton crâne à l'idée qu'un jour tu puisses disparaître. Qu'un jour comme Caleb, on allonge sagement ta dépouille, proprement encadrée dans une boîte, et que toi, Toi, tu aies simplement disparu. Passé, c'est du passé.

Pas pour moi, jamais pour moi si je ne peux pas t'aimer de ton vivant. Comme une sœur ? Comme une femme, peu importe. Il sera sans doute trop tard quand je serais un adulte. Et toi tu ne seras jamais adulte. Tu mourras avant. Ou bien tu seras morte dans ton corps, remplacée par une autre. Par une adulte. Quelqu'un qui je te ressemble pas. Quelqu'un que je ne connais pas. N'ai jamais aimé aussi fort que je t'aime. Je t'aime, toi la déviante, la chanteuse à demi-nue sur scène, la petite fille qui danse, et la grande ado qui saute en l'air en tapant des mains, en transpirant sur les planches, je suis amoureux du moindre de tes sourires. Jusqu'au moindre de tes sourires…

C'est toi que j'aime. L'éternelle enfant, qui jamais ne me ressemblera. L'éternel Enfer à ma vie. Ne va pas mourir. Ne meurt jamais. Ne fais pas l'idiote, ne te tue jamais à coup de poudre, à coup d'amour pour des hommes cons, à coup de ma sagesse tordue et soumise. Tu es chaude, vivante, tellement vivante, tellement réelle...

Je serre trop fort, tellement trop fort. J'ai le cœur fendu et les yeux en miettes. C'est violent, trop violent, trop fort, et cette luxure maladive qui durcit mon être et efface mes avoirs, ce putain de besoin de sentir ton parfum dans le creux de ta nuque. Maladif, le besoin de te rendre réelle, toi le poster déchiré, la voix enregistrée, le souvenir de sourire, le dos tourné, l'enfant noyée, le coup de poing dans le creux du ventre et les larmes dégoûtées. Mes bras mesurent ta taille, et mes lèvres le battement de ton cœur posé sur ta tempe. Pour le coup, tu peux pas les rater, mes larmes. À croire que j'aime te voir patauger dans l'eau de mer, sale idiote.

Idiote. Idiote. Idiote.


"Ne t'avises pas de mourir."

J'ai une main qui vient refaire le creux de ta nuque d'elle-même. J'ai le pouce qui se perd à tenter de trier tes cheveux de tes cils. J'ai les yeux clos et le murmure dur. Ma voix brisé par la peur, les larmes, le soulagement.

Je ne peux pas attendre de t'aimer mieux. Je ne peux plus.

Je pose mon front sur le tiens et avale tous les cris, tout ce que je peux ne pas te montrer, mais je ne peux pas reprendre mes larmes. Ni les rides de douleurs sur mon visage, les fissures des masques tombés.

Ni même ce baiser sur tes lèvres, désespéré, à peine volontaire. Je ne peux pas reprendre ça. Je ne peux pas.


Don't you dare die.


Alors je te le donne. Mes larmes, ma souffrance sans masque. Mon baiser d'amour fou, pour toi, la seule femme, pour toi, ma seule sœur.

Pour Toi, vivante, envers et contre tout.

Ma paume imprimée par ton visage caresse ta joue avec un mélange étrange de douceur et de frénésie. Mes lèvres sur les tiennent font l'ancre quand je te respire. J'ai accosté le seul port où j'ai voulu m'arrêter toute ma vie. Je me serre contre toi, mon autre main modélise la courbe inexplicablement désirable de ta cambrure, et je n'essaye même plus de repartir. La mer me fait peur, Aly. Je ne veux plus y retourner. Laisse-moi épouser tes côtes, et ne jamais repartir. Je me sens partir, le masque brisé pleins de larmes, mon corps brûlant contre le tiens. Petite sotte. Je me rêve te pousser sur le canapé et m'allonger sur toi, me caler agressivement contre toi dans ma douleur à découvert. Agressivement ? Maladivement. Je me sens, me sais plus malade que jamais. Plus mal, plus mauvais que jamais. Mais je ne peux rien reprendre.
Ni les larmes, ni l'aveu, ni mes baises sur tes lèvres et dans ton cou, ni mes mains qui t'ancrent dans ma réalité au combien tortueuse. Ni mon corps contre le tiens, trop évidemment fiché dans le désir le plus intraitable. Je l'ai attendu si longtemps, la preuve que tu ne me déteste pas. Alors je tiens. Plus que tout je tiens, pour ne pas gâcher. Gâcher consciemment le cadeau que tu m'as offert pas compassion. Je n'en veux pas, de ta compassion. Je n'en veux pas de ton amour bonne conscience, de ton affection sur commande, pour faire bien, pour faire parfaite grande sœur qui ne se soucie de moi que quand ça va bien avec son image de fille libre, parfaite, forte, mais sensible quand même. Je ne peux ruiner ça pour arrêter de te voir comme un fantôme.

Tu es réelle. Ta peau, ton odeur, la texture de tes cheveux, ton souffle, ta respiration, ton inspiration... C'est tangible, enfin tangible. Et par tous les Dieux, par Merlin et Salazar, que tu es belle, tu es si belle, si...

Un baiser dans le creux de ton épaule. Mon corps désirant écraser ton ventre, un main qui se languit de ta cuisse, mes larmes redoublent. Encore. Je recommence. Tu n'es pas Caïn, et pourtant voilà. J'aime Caïn, et pourtant voilà. Annabeth me fait tourner la tête et pourtant ça.
Je t'ai fui et t'ai cherché à travers eux. J'oublie tout, sinon ici et maintenant. L'infinie litanie sort en inaudible et inarticulé murmure.

J'ai fini de devenir fou. Mais ça n'a plus d'importance Aly.

Je t'aime. Ma sœur, ma femme parfaite, mon passé heureux et mon idéal. Ma femme parfaite et ma femme fatale.

Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime.
Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime.

Aly, Alyssandra .... Mon Alyssandra...

Fuir, arrêter, maintenant. Tu vas me frapper. Me regarder avec horreur. Tu vas me repousser, me faire comprendre que jamais je ne serais à la hauteur de Caleb. Que jamais je ne serais à la hauteur des moldus que tu admires. Je n’ai aucune imagination, ne suis capable de rien par moi-même. Rien de beau, rien de bon dans ton monde. Il faut que j’arrête, j'arrête. Au moins pour ne pas voir ton visage plein de cette haine que je te connais si bien, pour ne pas voir ce dédain que tu as sur le visage quand tu sors de l’armoire de l’Epouventard. Fuir plutôt que perdre, plutôt que de périr. Si tu me rejettes maintenant, je ne le supporterai pas. Je dois partir de moi-même, comme toujours, comme d’habitude. Reprendre la mer, et te laisser sur la berge. Au moins je ne pourrais pas t’emmener et tu ne pourras pas te jeter à la mer pour te noyer quand tu en auras assez de voyager avec moi.

Je dois partir, pour ta dignité et la mienne. Partir pour retrouver Annabeth. Non. Pas pour Annabeth. Revoir Caïn, et lui ordonner de me faire oublier. Il déteste les ordres, il me fera forcément mal pour me faire payer. Tant mieux. Qu’il me fasse mal. Il faut que j’oublie. Dans le plaisir, dans la douleur, peu importe. Il faut que j’oublie à quel point j’aime ton odeur et désire tes bras. Je promettrai d’être sien, alors que je ne le peux pas. J’irai voir Annabeth qui sans rien savoir se moquera de mon air piteux. On se dira l’un et l’autre d’aller se faire foutre. Et on baisera, pour se chercher à travers l’autre. Je me ferai l’illusion de l’aimer, pour oublier jusqu’à ton nom.

Il faut que je parte, pour des tas de raisons. Je ne peux pas. Je ne peux pas.

Rester. Partir. T’aimer. Te haïr.

Je peux tout faire après tout. Même forcer mon bassin contre le tiens pour te faire comprendre pourquoi tu dois toujours avoir peur. Pourquoi jamais je ne t’ai offert un sourire. Pourquoi jamais je n’enverrai d’autres lettres si je n’en ai pas de toi. Pourquoi je ne peux pas faire un pas vers toi.

Je sens le plaisir feutré, et me fige, me redresse avec horreur les yeux clos. Partir. Tout de suite. Maintenant.

Ne lui demande pas pardon. Plus jamais tu ne demanderas pardon.

Ce n'est qu'un baiser.
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Hell A. McMillan
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MessageSujet: Re: Nos petits tas de cendres.   Nos petits tas de cendres. EmptySam 20 Déc - 12:35




     



« Brûlons nos souvenirs »
Quand j'étais enfant, tu me serrais dans tes bras, quand ca n'allait pas.
Maintenant tu m'ignores.  

Je ferme les yeux un instant, juste un temps, le temps qui s'arrête. Juste ton odeur pour me bercer et la chaleur de ton corps contre le mien, ma joue contre ton épaule et mon souffle contre ta peau. J'ai envie de me serrer si fort contre toi, de serrer mes doigts dans tes cheveux mais je ne le ferrais pas. J'ai perdu ce droit il y a bien longtemps. Je ferme les yeux, je serre les doigts un peu plus contre le tissu de ton haut et je ravale les larmes de la petite fille. Je devrais être heureuse non, d'être dans tes bras ? Je devrais être heureuse pour toi, pour deux, et je n'y arrive pas. Jamais je ne saurais combler ce trou béant qui semble subsister dans ta poitrine. Jamais je ne saurais être heureuse sans vous, sans ce que je désire au plus profond de moi soit réalité et que je tais depuis éternité.

Notre refuge, la caresse des tissus contre mes joues et nos rires étouffés qui résonnaient dans la penderie. Le contact du coton, celui du satin, celui de la dentelle dans ce paradis des drapés luxueux pour chère dame McMillan. Labyrinthe caché, notre petit secret, je vous échappais toujours, dissimulé dans les robes de mère, avant de rire, captive des vos chatouilles et vos baisers innocents. Mes pleurs lorsque mes robes si parfaites s'ombraient de saleté, tout comme mes joues ou le bout de mon nez. Cette conscience que les remontrances de mère ne tarderaient pas à venir me froisser et me séparer de vous, vous qui êtes trop violents et turbulents pour la petite Princesse que je me devais d'être. Je vous en voulais de tâcher ces tissus, si fort, que je vous en écrasais les pieds parfois avant de fuir. J'espérais de mon tout petit cœur que vous ne le faisiez pas exprès pour que je vous laisse votre intimité à tous les deux. Les jumeaux inséparables, si semblables et comparables, et la bâtarde sur le côté. Celle qui est de trop dans l'équation, celle qui est peut-être une erreur et qui n'aurait jamais dû être là. Je vous observais de loin, et je me taisais. C'était dur de ne pas vous agripper les cheveux ou vous mordre les joues pour que vous arrêtiez ces jeux étranges. C'était difficile aussi lorsque vous veniez m'embrasser. Si spontané et irréel. Ces baisers d'enfants mais qui me faisait rougir et sourire, baisser le regard et n'oser réellement vous regarder. Ces baisers pour me sortir de ces songes et de cet univers que j'ai fini par me créer où vous étiez tout le temps avec moi, où lorsque l'on repeignait mes robes de l'encre que mère s'entêtait à me faire utiliser pour apprendre l'art de la calligraphie. Ce sourire enchanté lorsque Caleb revenait avec père, ce grand frère, ce modèle, ce pilier qui me répétait sans cesse que je devrais arrêter d'être si timide et que mes jumeaux m'aimaient aussi.

C'était sûrement la vérité à cette époque là.

Et puis tout à changé. L'on grandis et devient pudique et méfiant. L'on découvre cette amertume dans la bouche et cette colère muette qui gronde éternellement dans votre poitrine. Ces certitudes sur lesquelles l'on fonde tout et qui se brise lentement, s'écaille et se fissure face à une réalité que je peux comprendre et assumer. Tous ces bouts de ma vie éparpillés sur le sol, qui ne m'appartiennent pas mais qui pourtant a un lien avec moi. Est-ce à toi tout cela, avons-nous réellement perdu dix années de nos vies ? J'ai l'impression de devenir vide et si mauvaise. Toutes ces nuits à ne pas réussir à fermer l'œil de la nuit parce que c'était mon anniversaire… C'était le notre… Toutes ces nuits où je n'osais même plus aller réveiller Caleb ou me glisser dans ses bras, parce qu'il en avait marre mais ne disait rien. Parce que vous m'aviez oublié, que vous êtes nés jumeaux et liés et que je n'étais qu'un bébé de plus dans l'équation, qui n'avait que les yeux et la blondeur en commun avec vous. Je ne suis pas votre jumelle, juste une triplette en plus. Parce que les années passées, parce que j'espérais toujours, toujours et encore, année après année de recevoir ne serait-ce qu'une carte. Un simple "Joyeux Anniversaire" griffonné au coin d'une serviette ! C'était si dur !? C'était si dur de penser à moi quelques secondes ?! C'était si dur d'ouvrir toutes mes lettres et d'oser les lire ?! J'ai arrêté d'en écrire, j'ai arrêté d'envoyer ces premières lettres si naïves et innocentes lorsque je vous contais que Durmstrang était magnifique et impressionnant, que j'aurais tant aimé que vous soyez là, tout en espérant que vous vous plaisiez à Poudlard… Sans moi. Loin de moi. J'ai arrêté d'envoyer ces lettres emplis de questions, espérant que vous daignerez y  répondre. J'ai arrêté de prendre le temps de vous écrire, j'ai arrêté de les envoyer. J'ai arrêté de célébrer mon anniversaire avec Caleb, jusqu'à ce que l'on créé ce groupe, où je vous ai remplacé par d'autres.
Alors si c'était bien à toi, tous ces objets brisés à l'image de mon cœur, je ne comprends pas. Je ne comprends rien. Comment dois-je le comprendre ? C'est tout simplement hors du temps, ces choses à collectionner, fragments de ma vie, alors que nous n'avions aucun contact. Etais-ce parce que tu culpabilisais après toutes ces années ? Mais j'aimerais pouvoir attraper ce morceau de disque sur la table et te le planter dans le cœur, te l'écorcher et te faire si mal…. Autant que ce que j'endure depuis trop longtemps, cette horreur qui est devenue muette, espèce de bruit de fond permanent auquel je ne pensais plus jusqu'à ma venue ici. J'ai envie de te faire mal, de te faire payer tout ça, et pourtant mon visage reste si doux, si calme, si perdu. Et pourtant je me redresse un peu en sentant ma mâchoire devenir humide de tes larmes… Elles ne cessent de retracer la courbe de tes pommettes, elles dévalent ta peau porcelaine et explosent tes yeux. J'avale ma salive, incapable de les essuyer, serrée contre toi, étranglée contre toi, otage de tes bras alors que tes lèvres embrassent mon crâne.

Tu as mal. Tu souffres. Tu ne l'as jamais caché, à peine dissimulé sous tes airs glacés et ton regard vide et si perçant. Tes lèvres contre ma tempe et mes doigts contre ta mâchoire, mon pouce essuyant tes larmes, ces torrents inépuisables qui assèchent les miennes. Ta main contre ma nuque, et tes doigts dans mes cheveux. Cette voix brisée, rauque et écaillée qui résonne à mon oreille. Je souris à peine et souffle tout bas : « Pourtant l'idée me paraissait tentante. »  Je ne construirais rien de ma vie. Je ne serais rien ni personne, je ne laisserais aucune trace sur cette Terre et je suis fatiguée de me battre contre des fantômes.

Je les ferme les yeux, je ne veux pas voir cette douleur qui dégouline sur ton visage, cette horreur que je ne veux plus toucher. J'éloigne mes doigts, mes mains de tes larmes qui me brûlent la peau. Mais ce sont tes lèvres qui se posent contre les miennes. Ce baiser humide et salé qui ne tardent pas à se déchaîner au gré des vagues. Ce tsunami qui se glissent contre mes lèvres, ces lippes qui s'entrouvrent et goûter ton goût, ta saveur salée et cette langue qui me cherche désespérément. Tes lèvres me tuent, elles déversent en moi une douleur trop pure. Tes mains qui s'appuient contre mon corps, me cherchent presque, me serre un peu plus contre toi. Je perds mes doigts dans tes mèches blondes et j'inspire presque profondément lorsque tes lèvres glissent contre mon cou. Je te laisse faire, m'embrasser et découvrir cette peau si fine, alors que mon regard se perds dans le vide.

Tu n'as jamais aimé Caïn de la bonne manière. Parce que je suis une fleur, la tentation, l'insaisissable. Parce que je suis l'enfant que l'on a écarté de votre tendresse qui était bien plus que fraternelle. L'on a désiré me protéger d'une chose que je ne voyais pas, qui m'aurait détruite. Lentement les choses se mettent en place, comme ta main sur ma cuisse, trop haute, trop pressente, trop présente. On m'a voulu du bien, l'on m'a transformé en désir et désespoir, cette fleur sombre qui dégouline d'amour et de sensualité. Cocon protecteur qui m'a conduit à ma propre perte, esseulée dans un univers sans saveur.

Tu ne m'embrasses pas comme un frère, ces baisers volés et accordés sur les lèvres de l'autre comme on peut le voir parfois…. Tu m'embrasses comme un homme qui souffre. Un homme… Un homme qui a mal et qui est emplis de désespoir. Tu m'embrasses comme si c'était la première et la dernière fois… Comme si…

Tu m'échappes et mon regard s'élève vers toi qui te lève. Je suis figée, me redressant à peine. Tu as laissé sur mes joues les traces de tes larmes, sur mes lèvres le goût de ta tristesse et ton sang sûrement. J'avale ma salive, mon regard posé sur toi. J'essuie ces éclats sur mon visage, les traces de ta faiblesse.  Cette vague de panique qui me prends soudainement et me fait me lever sur mes pieds. « Abel… »  Attends. Tu ne peux pas partir comme cela. Tu ne peux pas me fuir après avoir fait une telle chose. Je veux que l'on arrête cet ignoble jeu. Je suis fatiguée de t'éviter, lassée de devoir te courir après. Mais j'attrape ton bras, et sans te laisser le choix, je viens me fondre encore dans tes bras. Ma tête légèrement penchée vers l'avant, j'écarquille les yeux, et enserre ta taille. Je n'aurais jamais ta force et je ne l'ai jamais eût.

Ce n'était pas qu'un baiser.

Comme si tu m'aimais comme un homme aime une femme.

Ce n'était pas qu'un baiser.

Mais je refuse que tu me fuis plus longtemps.

Ce n'était pas qu'un baiser.

J'accepte d'étouffer cette peur qui me tord les entrailles, j'accepte de bafouiller les lois du sang, j'accepte tes baisers et tes mains sur mon corps, mais jamais rien de plus. Je t'accepte toi et tes baisers d'homme, toi et ton amour qui ne doit pas exister. J'accepte que tu vives à travers moi, je t'accepte toi comme tu es.

Mais ne me fuis pas je t'en prie.

Même si ce n'était qu'un baiser pour moi.

Je me redresse, mon regard croisant le tiens. Je t'en prie Abel, tu ne peux pas agir comme si il n'y aurait aucune conséquence. Ce n'est pas ton rôle dans le théâtre McMillan. Rends-moi ce costume qui me sied à merveilles. Ne me laisse pas te faire mal un peu plus alors que je souhaite le contraire. Je me hisse sur la pointe de mes pieds, et pose mes mains contre tes joues pour venir cueillir un baiser sur tes lèvres. Ce baiser que j'approfondis sans savoir pourquoi, ce corps que j'épouse à la force de tes bras, ce désir qui se plaque contre mon corps et me tord de peur et d'incompréhension.  Je me serre un peu plus contre toi et me repose contre mes pieds lorsque ce baiser prends fin, mon regard planté dans le tiens.

Un murmure nous écorche, juste un souffle qui s'échappent de mes lèvres alors que mon regard est amarré au tien. « J'ai besoin de toi… » . Mais je m'écarte à peine pour ne pas sentir cette chose affreuse qui brûle en toi. J'accepterai tes baisers et tes caresses, j'accepterai tes larmes et tes paroles, mais pas ça. J'essuie tes pommettes et tes joues. Je veux être là pour toi, mais pas de cette manière là… Pas simplement en te livrant mon corps. Tu possèdes déjà bien d'autre, alors pourquoi ? …

Cesses de me fuir.

Même si c'était plus qu'un baiser pour toi.

Je fermerai les yeux pour toi.


     
WILD BIRD
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Abel T. McMillan
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MessageSujet: Re: Nos petits tas de cendres.   Nos petits tas de cendres. EmptyLun 22 Déc - 12:21

Tu es un vent aux cheveux d’or. Et tu traine derrière-toi la promesse d’un lendemain trop riche pour mon cœur atrophié. T’es lèvres touchent déjà les miennes que l’espoir n’est pas encore mort. Et tandis qu’il meurt, un autre nait. Je prends ton corps dans mes bras, et je pleure l’amertume de dix ans de regrets. Je sens un parfum nouveau, celui de celle qui m’a manqué, à qui j’ai tenu la main pour oublier d’être un frère, pour oublier d’être un homme en devenir. Ce parfum-là n’est pas celui d’une femme, de la femme dont j’ai rêvé. C’est celui de celle que j’ai toujours attendue. Celle qui vient, qui est enfin venue.

Celle qui m’a tant manqué.

Aly.

Je ne sais pas le temps que ça prend. Comme une éternelle seconde coincée entre deux autres, qui s’éloignent, s’éloignent, comme l’espace qui encadrait mon cœur comprimé et vieilli et desséché avant l’heure. Pour oublier que c’était possible. Possible de t’avoir, possible que tu m’aimes.

Je flotte. Le monde entier danse. Nous ai-je pris dans une tempête de magie échangeant tes lèvres et les miennes ? Non, c’est simplement le plus rare, et le plus puissant sentiment de ma vie, celui qui fait naître, dans les heures les plus sombres, les cauchemars en solitaire, une Sirène éthérée.

Le Bonheur.

Et comme si le Bonheur rendait lucide, je pose doucement une main sur ton front pour te faire reculer. Entre mes larmes, je souris. Ça doit être la première fois que tu me vois sourire. Comme d’habitude, c’est une piteuse image. Je pose un doigt sur tes lèvres, avec un air désolé. Je murmure, la voix brisée. Par l'inquiétude, par l'euphorie à contre-jour. Cette peur et cette envie d'amour :


« T’es folle, fais pas ça enfin. »

Je t’aime. Je ne veux pas te faire de mal. Je ne veux pas me laisser emporter. Par cette bouffée de désir. Cette envie de prendre ton corps et de revenir à toi, comme si nous n’avions jamais été deux être différents. J’aimerais disparaître en toi. Comme il aurait dû en être, la toute première fois. À notre conception. Je laisse tes lèvres, dans une ultime caresse. Je repense à leur goût. Je me grise tristement. Mais je continue de pleurer. De sourire.

« Ne me prends pas en pitié. »

Ma main glisse dans tes cheveux, jusqu’à ta nuque. Je pose mon front contre le tiens et respire, comme je n’ai jamais respiré. Chaque expiration semble jeter de l’eau croupie par mes yeux, trop longtemps stagnante.

Le Pôle Sud a fondu.

Mes idées se mélangent, et j’ouvre les yeux. En regardant les tiens, le vide se fait. Et je te reconnais. Ma sœur. La grande sœur dont je suis tombé amoureux. Je souris comme jamais, ne me lassant pas de reconnaître ton visage d’enfant et celui d’une femme. Mon sourire se casse parfois lorsque je vois de la fatigue dans ton regard. Si tu vas bien… Si tu vas bien.

Est-ce que tu vas, bien, Aly ?

J’essaye de me souvenir. Rien que je ne connaisse ne t’a poussé vers moi. Je n’ai rien fait pour que tu m’aimes. Rien pour que tu fasses un pas vers moi. Mais tu l’as fait. Malgré mes efforts pour te pousser loin de moi, tu l’as fait. Je n’arrive pas à comprendre. De la pitié. De l’envie. Un caprice. Une expérience. Je ne te connais pas. Je ne sais pas ce que tu penses. Tout au fond de moi j’essaye de croire que c’est ma sœur qui m’appelle. Et plus profondément encore, j’espère que tu puisses m’aimer comme je t’aime.

Folie.


« J’ai oublié… Pourquoi je dois être dur avec toi, pour ton propre bien. »

J’expire une nouvelle vague de larme. J’essaye de comprendre ce que tu sa derrière la tête. Sans y parvenir. Inconnue. Inconnu dont les yeux dans leur clarté, leur honnêteté, me crient leur innocence. Je veux y croire. Je veux tellement y croire. Je t’aime tellement Aly.

« Je me le répète tous les jours mais …J’ai oublié. »

Mon pouce caresse ta joue. J’ai peur. Mes tripes me crient de m’en aller. Je suis un lâche, le pire des lâches. Je veux fuir, mais tu m’as retenu. Tu ne m’as pas dit que j’avais le droit de te désirer. Tu ne m’as pas dit que tu m’aimais. Tu ne m’as pas dit que tu m’as pardonné. Mais tu l’as fait. Tu l’as fait, et je ne sais plus pourquoi c’est si mal de t’aimer autant que je t’aime. Je ne sais plus. Je regarde dans tes yeux, et les mots coulent comme les larmes.

« Je suis sur la berge. Je suis tétanisé. J’ai tellement peur de ne t’être d’aucune aide que j’étouffe à l’idée que tu disparaisses sous la vague. »

J’ai quatorze ans. J’ai toujours eu quatorze ans. Je n’ai jamais quitté ce moment. Je suis toujours sur la berge, à te regarder chanter. Vivre. Sourire. Sans moi. À ne toujours pas savoir si tu sais ou non nager, pour nager dans un océan aussi sombre, avec autant de vague. Mais apparemment, tu aimes ces vagues. Tu aimes les surplomber, aucune vague n’a l’air d’être un problème pour toi, Aly.

Ma Sirène.


« Est-ce que ça servirait à quelque chose… Si je plongeais ? »

Dix ans de larmes d’eau de mer, où je me noyais à ta place. Avec toi. Sans toi. Seul. Persuadé de faire le bon choix. Persuadé de ne pas avoir le choix. Je te demande pardon. Je te demande pardon. De ne pas savoir être là. De ne pas savoir être bon, assez bon, assez comme Caleb quand il te fait défaut. Je ne suis pas comme vous trois. Je ne suis jamais vraiment fort. Ma seule force est de tenir des engagements qui ne sont pas les miens.

Les yeux dans les yeux. Je veux savoir, Aly, si je peux plonger dans ton monde, et si ça nous ferait du bien, à l’un ou l’autre de nous. Je veux savoir si ma Sirène sait nager, ou si il est temps que je te prenne la main pour te sortir de l’eau. Je prends tes mains dans les miennes. Mes larmes se tarissent. Il le faut. Autrement, il me faudra dix ans pour vider toutes mes larmes. Il m’a fallu un soir pour pleurer le jour où tu t’es noyé par ma faute. Il m’en faudra des millions pour pleurer toutes les fois où je me suis tenu devant toi sans savoir si j’aurais dû ou non tendre la main.


« Tu nous manques. »

À Mère. À Caïn. À Père. Aux vivants.

« Tu m’as manqué. »

Tu m’as tellement manqué, Aly. Mon amour. Ma grande sœur. Ma toute petite sœur. Notre princesse. Ma Sirène. Mon rempart contre les cauchemars. Je n’ai même pas la force de fermer les yeux. Je veux voir tes yeux, voir ce que tu es vraiment, ce que tu seras toujours, malgré les monde qui change, et tes masques, et les miens. Je veux voir clairement à travers et savoir que tu existes, et n’est pas juste un de mes rêves ou de mes cauchemars. Je veux voir, dans tes yeux. Laisse-moi voir, dans tes yeux. Je garde les yeux ouvert, et je n’essuie pas mes larmes. C’est inutile d’essuyer mes larmes. Il n’y a personne à qui les cacher.

« Hey. Tu me chanterais pas une berceuse ? Je me suis fait casser mon tourne-disque. »
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MessageSujet: Re: Nos petits tas de cendres.   Nos petits tas de cendres. EmptySam 27 Déc - 16:15




     



« Brûlons nos souvenirs »
Quand j'étais enfant, tu me serrais dans tes bras, quand ca n'allait pas.
Maintenant tu m'ignores.  

Et mon baiser, ce serment, tu le brises avant même qu'il ne soit totalement scellé. Tu m'écartes, tu me pousses et j'inspire. Je me sens tellement faible. Tu m'embrasses, tu me serres contre et moi ? Moi je n'ai pas le droit ? Moi je ne suis pas Caïn, je sais ! J'avale ma salive. La peur laisse la place à la colère, à un torrent de tristesse qui se livre. Je ne vois pas trouble, c'est toi qui l'est. Si incompréhensible et insaisissable. D'enfant je passe à folle. Peut-être que je le suis devenue à cause de vous. Grâce à fou. Peut-être est-ce vous tous qui me faites perdre la tête…

Tes doigts sur mes lèvres si boudeuses, close pour un lendemain sans toi. Je déglutis lentement, et j'inspire à peine. Ne pas te prendre en pitié… Parce que c'est ce que j'ai fais ? Te prendre en pitié. Je ne dis rien, je te laisse me transformer en cette petite poupée que tu peux embrasser puis rejeter. C'est l'histoire de ma vie n'est-ce pas ? Je n'aurais jamais rien de plus de toi. De lui. De vous. Ce n'est pas la pitié que j'ai à te donner. Et je retiens mes larmes et j'ignore pourquoi. Peut-être ai-je jugé que tu en avais trop versé ce soir. Peut-être ai-je décidé que je devais être forte pour toi, pour une fois. Alors je te laisse bafouiller mes sentiments, je te laisse croire ce que tu veux, parce qu'il fut un temps où l'on m'a appris à ne pas contredire dans la seconde celui qui dirigera votre vie. Un filet d'air passe entre mes lèvres, j'inspire, j'aspire la vie jusqu'à mon cœur qui se brise encore. J'étouffe dans tes bras, Abel.

Alors je suis là, simple poupée dans tes prends, mon front contre le tien, ta main contre ma nuque. Et tu pleures encore sans que je ne sache réellement ce qui traverse ton crâne. Parce que je ne te connais pas… Parce que tu ne me jettes que des indices. Celui qui m'écoutait dans les sous-sols, celui qui m'embrasse et me rejettes. Celui qui aime trop Caïn, celui qui m'aime trop moi, mais pas assez pour me garder à ses côtés.
Alors je suis là, simplement à t'observer et je me sens tellement vide. Pourtant la douceur et la tendresse désespérée recouvrent mes traits. Mais je suis là, à attendre que tu prennes une décision certainement. Et je ne comprends pas pourquoi tu me souris ainsi. Tu souris et ca me chauffe le cœur. Mais tes sourires sont humides et tes paroles résonnent encore dans mon crâne. Je ne te comprends pas Abel, et ca me tue de voir que je ne comprendrais jamais rien. Tu m'embrasses alors que tu t'es acharné cette année à me repousser… Pour me protéger de tes lèvres ? Cela me semble presque logique alors que ce n'est que pure folie. Et je commence déjà à t'en vouloir de me condamner à cette position.

Alors le silence revient et il n'y a plus que ton regard plongé dans le mien. Je ne te vois pas Abel, tu es perdu derrière une cascade de diamant. Ce mur de glace qui font, mais ne te rend pas pour autant accessible. Et tu lèves la voix encore. Dur avec moi, pour mon bien ? Mais qu'est-ce que tu racontes encore ? J'avale ma salive et t'écoutes, serrant mes doigts contre ta chemise. J'inspire lentement, entrouvre les lèvres lorsque tu caresses ma joue. Et tu te remets à pleurer encore. Pourquoi est-ce que je te fais tant de mal ? Pourquoi est-ce que tu m'aimes de cette manière là ? Pourquoi est-ce que tu me condamnes à être si loin de toi, de vous ?
Mais je me fige. La berge. La peur. La vague. Tu parles de ça comme si tu y étais. Est-ce que tu parles de cet accident ? De cette chose que j'ai toujours cru volontaire ? Parce que j'ai cru trop longtemps que tu voulais te débarrasser de moi. Parce que tu le faisais toujours. Me repousser. Encore et encore. Comme aujourd'hui.

« Est-ce que ça servirait à quelque chose… Si je plongeais ? »

Tu es lâche. Mes doigts se perdent. Ils glissent, ils tombent, ils ne tiennent plus ta chemise. Et je ne réponds rien. Ce n'est pas une question pour moi. C'est le choix que tu as fais toutes ces années. Celui que tu n'assumes peut-être plus…. J'inspire un peu et souris faiblement. Je vous ai manqué. Peut-être. Mère je le sais. Père, je le sais. Toi, je l'apprends. Caïn me l'a déjà fais comprendre. Je n'en sais rien. Je ne sais plus. J'ai appris à faire sans vous. Vous me manquiez au début. Loin des yeux, loin du cœur. Alors j'ai appris autrement. J'ai appris sans toi. J'ai appris sans vous. Je ne sais pas si tu me manques. Je ne sais pas ce que tu veux dire. Es-tu en train d'essayer de te donner bonne conscience ? Me dires que je t'ai manqué, alors que tu as choisi de rester sur la berge ? Je l'ignore. Et je ne préfère pas savoir. Mais je souffle, parce que je le ressens. Je souffle parce que c'est une vérité que j'ai laissé dissimulé sous l'éboulement de mon être, de mon cœur brisé. Etouffer la douleur pour avancer et me relever. « Vous me manquez continuellement. » Et cela demeurera ainsi, certainement.

Je souris, amusée en t'entendant. Amusée sur mon visage, mais mon regard se baisse un instant sur la table. Tu balaies tout, comme si nous n'avions rien à parler. Rien à mettre à plat. Rien à panser. Tu vas rester sur la berge, Abel. Tu me touches seulement parce que j'ai décidé de reprendre forme humaine quelques instants. Alors j'hoche la tête, mes doigts se glissant entre les tiens, comme nous étions enfant…. Je grimpe avec toi, jusqu'à ton lit, ou du moins celui qui le sera pour un temps. Je te laisse t'allonger alors qu'il suffit d'un sort pour insonoriser ton rideau. Un instant, je me revois avec Loki. Un instant je ne dis rien, avant de m'asseoir à côté de toi. Je glisse mes doigts dans tes cheveux, et chante tout bas. Ma voix tremble un peu au début, parce que je ne respire pas à tes côtés. Mais je me détends, et ma voix est là. Elle seule à te droit de te câliner. Elle seule peut te cajoler. Elle n'y a qu'elle qui peut t'approcher. Alors je chante et meurtris la peau de tes doigts, de ta paume, de ton poignet de mes caresses tendres. Suis-je en train de te tuer à feu doux ? Suis-je en train de te dépouiller de ta vie ? Alors je chante encore, je chante encore, jusqu'à ce que tu souris encore. Les minutes passent, et je commence à fatiguer moi aussi. Je souris et me penche pour te voler un baiser, là, sur tes lèvres, comme lorsque nous étions enfant. Parce que je refuse de grandir encore si cela veut dire que tu restes sur la berge, Abel.
« Bonne nuit Abellou. » Ton surnom d'enfant. J'ai souris, et je suis retournée devant le feu. Tu m'as noyé dans tes larmes et j'ai besoin de les recracher seule. J'ai besoin de les laisser couler pour sortir la tête de l'eau. Je serais forte pour toi.


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