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 Les cloches d'un lendemain sans eux.

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Abel T. McMillan
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MessageSujet: Les cloches d'un lendemain sans eux.   Les cloches d'un lendemain sans eux. EmptyMer 29 Oct - 10:25

Abel crispe le poing, assis sur la chaise rouge face à la fenêtre, le miroir posé sur le bureau. Les dents serrées, les yeux baissés, il encaisse. De l’autre côté du miroir, deux hommes d’âge mûr, blond aux yeux bleus, d’un vieillissement avantageux et séducteur. Ils ont tous les deux un sourire bien veillant pour lui, à travers le teint. La couleur rouge de la chambre de son frère l’oppresse. Ses souvenirs tournent en boucle devant ses yeux. Hell et Caïn. Non. Annabeth.

« Tu es pensif, Abel. »


C’est la voix de son père, chaude, rassurante. Presque trop franche. Abel a toujours pensé qu’en grandissant, il aurait aimé vieillir comme lui. Mais aujourd’hui il se sait très différent. Il sait qu’il ne lui ressemblera jamais, autant physiquement que dans sa manière d’être, toujours confiant, semblant tout comprendre, et n’avoir peur de rien.

« Vous ne voudriez pas que mon mariage apporte la dote d’une autre famille ?
-Ton frère fera ça très bien. Nous voulons que tu prennes soin d’elle, c’est une très belle idée tu sais. Elle pourra conserver son nom, et nos deux branches seront enfin réunies. Et puis, tu ne la détestes pas. N’est-elle pas à ton goût ? »


Il met un certain temps à se retourner et à fixer Jefferson McMillan dans les yeux. À tenter de lire en lui. Il est souriant, devant cet Abel impassible et aussi lisse qu’une pierre polie. Il était familier des affaires des deux branches depuis tellement de temps qu’il n’avait plus fait attention à cette fossette dans son sourire. Comme un peu de fausseté dans son regard.

« Elle l’est.
-Alors… Aurais-tu pensé à une compagne convenable ? »


Par convenable, il veut dire « De Sang Pur ». L’image d’Alyssandra s’impose, avant d’être balayée presque immédiatement par celle d’Annabeth. Il voir presque son portrait peint à l’huile comme on le faisait dans l’ancien temps. Et il s’imagine un quart de seconde la demander en mariage. Il s’imagine mort, la gorge tranché. Soit par lui en se suicidant parce qu’elle lui aura ri au nez, soit par elle, tout simplement. Sans rien montrer de la douleur que lui arrachent ces mots, il laisse simplement tomber, sans dévier les yeux de ceux de Jefferson.

« Non, je n’en ai pas. »

Son père sourit. Comme très fier de son garçon ? Surement très fier de son garçon. Son futur juge, petit dernier arrivé après les deux autres turbulents. Celui qui n’aime pas qu’on lui témoigne de l’affection aussi chaleureusement que les autres, le taciturne Abel. Il devait être sincèrement et chaleureusement fier et heureux pour lui. Mais Abel n’esquisse pas un sourire.

« Très bien. C’est d’accord alors ?
-Oui. »


Un coup de poignard dans le cœur.

« Parfait. Tu feras ta demande un peu plus officiellement plus tard. Si tu allais lui annoncer ?
-Oui Père. »


Un autre. Il fixe encore cet oncle, le sourire sûr. Encore quelques mots pour se dire bon soir poliment et brièvement, puis leur reflet disparait, laissant Abel face à lui-même. Il se voit entrer par la porte au bout miroir. Ce n’est que Caïn, derrière.

« Tu viens juste de manquer Pap… »

Il s’arrête au milieu de sa phrase. Il plonge le visage dans ses mains. Se mord les lèvres à sang. Ça y est. C’est arrivé. Sa voix devient rauque, comme brisée, définitivement.

« Tu pourrais m’appeler Arya, s’il te plait ? »








Tu entres. Je me lève, par habitude. Je viens vers toi, te prends la main, mais ne la baise pas. Je ne te souhaite pas le bon jour par ailleurs. J’ai la tête ailleurs. Je t’invite à t’assoir sur la chaise. Plutôt insistant.

« Tu es remises, mais fait attention quand même. »

Je sais bien que tu n’es pas en porcelaine. Pourtant je ne peux pas m’empêcher de m’inquiéter. Malgré la magie, ton corps ne pouvait pas sortir entièrement indemne de l’état dans lequel je t’ai trouvé, je le sais. Je t’oblige à t’assoir, d’un regard insistant. J’en fais trop, sans doute. Mais tu es bel est bien là, et c’est un miracle.

Ma cousine, ma cousine qui ne ressemble à personne d’autre dans la famille. Le portrait craché de sa mère, cette femme dont la beauté a été ravagée par le temps et la fatigue. J’aimerais lui parler, à ta mère. J’ai comme l’impression qu’elle ne me pardonnera peut-être pas. Une impression qui se base sur du vide, un pressentiment. Le regard de son mari. Leur vie à tous les deux. Leur manière de s’ignorer dans leur grand manoir.

Je retiens un tremblement et me retourne pour m’assoir sur le lit à baldaquin en face. J’entrelace mes doigts, les bras posés sur les cuisses. Je fixe le sol. Par où commencer. Comment faire ça correctement. Comment…


« Tu as encore mal quelque part ? »

Je n’ai pas le choix. Personne n’a le choix. Il suffit simplement de le dire, et ça se fera. Ça se fera sans heurt. Ils ont murement réfléchit. Ils savent mieux que nous ne saurons jamais. E n’ai pas le choix. Nous n’avons pas le choix.

Passent de longues secondes de silence, où je regarde tour à tour les défauts sur mes chaussures en cuirs, l’armoire du colocataire de mon frère, et la fenêtre qui donne sur le temps gris et d’un brouillard aussi épais que mes pensées. Et conscient que je la mets plus mal à l’aise de seconde en seconde, je fini par lâcher, simplement, les faits.


« Nos pères veulent nous fiancer. »

J’essaye d’être indifférent à sa réaction. J’essaye de poursuivre. J’essaye d’être clair. Pour être moi-même au plus clair. Voilà. C’était elle. Ma nouvelle famille. L’avenir pour lequel on m’a préparé toute ma vie. Je devrais être soulagé, de voir enfin le bout du tunnel, d’avoir enfin un sens à cette existence de principe et de perfection. Mais j’ai le cœur ravagé. Parce que j’ai oublié que je ne devais rêver à rien d’autre. N’aspirer à rien d’autre.

C’est Arya, et pas Hell. Ni Annabeth.


« Tu sais tout autant que moi qu’ils vont passer outre si tu dis que tu n’es pas prête. Pour refuser, il te faut une raison. Et une raison qui leur convienne. Tout est déjà arrangé. »

Ça me fait mal de lui faire ça. De faire ça à ma cousine. À ma famille. À l’une de celle que j’ai promis de rendre heureux en faisant des efforts pour briller en notre nom. Ça me fait mal parce que je sais que ce n’est pas ce qu’elle veut.

« Je suis… »

Non. Je ne suis pas désolé. Je repense à ce soir dans les vestiaires où j’ai promis en brûlant presque Annabeth que plus jamais je ne demanderai pardon.

« Je regrette de te demander ça, mais il le faut. »

J’inspire, mon corps entier me démange. Ce n’est pas ce que je veux. Ni pour elle, ni pour moi. Ce n’est pas ce que je veux.

« As-tu pensé à un partenaire convenable. »


Le code universel. Convenable. Soudainement, je déteste ce mot. Je le déteste. Je déteste te l'imposer, à toi pour qui il prend un sens contradictoire, toi qui est entre deux monde... Je regarde vers Arya, tente de décrypter son visage que je découvre encore quelques fois. Elle change à chaque rencontre. Comme un souvenir, une vague connaissance, une proche inconnue. J’essaye de me faire à l’idée. C’est le visage de mon avenir, si elle ne répond pas oui. Et Je le sais. Elle ne répondra pas oui.

« Je ne te reprocherai pas d’aimer quelqu’un d’autre. »

Je ferme les yeux, las. La goutte d’eau, après tout ce qui s’est passé. Dix ans de ma vie dans les décombres et toi allongé près de Callum Hogson. Je n’ai pas besoin de dessin. Et toi tu n’as pas besoin de savoir. Pourquoi je t’ai laissée là, avec Tallulah, et une femme avec qui j’ai couché une fois sans même connaître son nom.

« Mon cas est cent fois pire. »

Je dis intérieurement Adieu. Adieu à celle qui n’aurait jamais dit moi, mais qui m’aurait sorti de cette famille, m’aurai permis de fuir vers quelque chose qui m’appartient vraiment. Je me fais à l’idée : je suis coincée dans cette famille que j’aime plus que tout, à la folie, et qui me tue par le même biais.

Je me redresse et me lève, plus pale que jamais, mais je me force à rester droit, simplement droit. Je ne lui montre pas une once de ma déception. Elle ne lui est pas destinée. Je ne suis que cet habituel masque blanc qui ne ressent rien qu’une profonde mélancolie, que je chasse continuellement.


« Je ferai ça mieux plus tard. Je ferai mieux, je te promets. »

Avec la bague. Avec l’écrin. Le genou à terre, et tout le spectacle, pour que tu te sentes reine, et aimée. Pour que tu n’aies rien à regretter. Ironiquement, je la vois déjà, cette bague. En or blanc, parce qu’il t’ira mieux que l’or jaune de tradition dans la famille, avec ta peau pâle et tes cheveux noirs. J’en vois déjà la forme, et la couleur de la pierre. Je pense à ça, entre autres choses. Entre tout ce que je dois préparer, pour faire l’avenir. Parce que l’avenir commence ici. Ps comme nous l’avions rêvé. Pas comme nous l’avions prévu. Pas comme nous l’avions voulu. Mais il est là. Je me mets à genou devant toi et m’apprête à prendre tes mains dans les miennes. J’hésite, peut-être une seconde. Pour moi-même, pour toi. Je sais que tu ne l’as pas voulu. Je sais que peu de gens voudraient de moi.

« Je te promets… »

Je pose mes mains sur le tiennes, et me force à te regarder dans les yeux. En voyant ton visage, je sens mes larmes monter, mais les retiens. Je ne parviens pas à retenir ce brin de tendresse, ce brin de souffrance sur mon visage et dans ma voix. Je ne parviens pas à garder pour moi comme ça me fais mal que ça advienne et ici, maintenant et comme ça, alors que ni toi ni moi ne sommes prêt. Mais c’est mon devoir d’homme. D’homme responsable de la famille. De l’homme responsable de Ta famille.

« Je te promets que je ne te forcerai jamais à quoique ce soit. Je te promets, à toi, Aryanedëlle McMillan, en tant que cousin, en tant que membre de ta famille, de toujours penser à ton bien être dans tous les choix que je ferai. Toi et moi avons des personnes que nous aimons et pour qui nous nous entretuerions s’il le fallait, mais Arya, Arya ça n’a pas d’importance, parce que nous n’avons pas à choisir. Alors je veux que tu saches que peu importe combien j’aime plus fort quelqu’un d’autre, tu seras toujours importante. »

Ma gorge me serre me fait mal. Mes yeux me brûlent. Je ne veux pas te dire ça, je ne veux pas, mais il faut que tu l’entendes, il faut qu’on se le dise dès maintenant où nous n’aurons plus jamais le courage de nous le dire. Plus jamais.

« Je te promets, jamais je ne t’en voudrais si tu aspire à quelqu’un d’autre, je sais très bien que je ne suis pas ce qu’il te convient pour l’instant… » Je ne conviendrais jamais à personne. Ni maintenant ni plus tard. Tu as juste beaucoup de malchance. « … Mais si je fais quoique ce soit qui te fais du mal, je ferai tout ce que je pourrais pour devenir un tant soit peu meilleur, un tant soit peu convenable à tes yeux. »

Je dois tenir. Te regarder dans les yeux, quoiqu’il arrive. Rester fort. Effacer l’image d’Annabeth. Effacer toutes les images. Tout oublier, repartir de zéro.

« J’attendrais que tu sois prête, et quand ce sera fini, je ne t’interdirai pas d’aimer quelqu’un d’autre si je n’ai pas été assez bon. Mais je vais essayer, je vais essayer de t’aimer, de t’aimer pas seulement par devoir, et seulement si tu le veux bien alors… »

Annabeth… Annabeth… Je n’y arrive pas. Tu lui ressemble trop pour que je l’oubli. Je serre les dents pour ne pas m’effondrer en larme. Je resserre tes mains dans les miennes. On ne peut pas dire non. On ne peut pas. Je baisse les yeux, incapable de te dire ce mensonge dans les yeux, et d’y voir tout ce que tu perds en même temps que ce que je perds à mon tour.

« Aryanedëlle Cliodna Millcient McMillan, voudrais-tu me faire l’honneur… De devenir mon épouse. »

Je serre tes doigts dans les miens et réprime un sanglot. C’est ton avenir que je détruis. Et le miens que je cesse de rêver. Une vie sans Abbabeth. Une vie sans jamais pouvoir prendre Hell sans remord dans mes bras. Des nuits et des nuits sans Caïn.

Sans Caïn.

… De devenir mon épouse.

Je t’offrirai une jolie bague, un saphir orné d’or blanc, ou peut-être un diamant. Je te ferais une belle fête, t’offrirai une grande maison, tous les voyages que tu voudras, du temps pour vivre, des fleurs de Lilas. Je te donnerai toute ma confiance, et mes sourires quelques fois. Je te promets, je te promets, j’essaierai, de t’offrir mon cœur.

Soyons patients, et on s’aimera.

Adieu Anna, Adieu Caïn, Alyssandra…

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Arya C. McMillan
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MessageSujet: Re: Les cloches d'un lendemain sans eux.   Les cloches d'un lendemain sans eux. EmptyJeu 30 Oct - 21:53

Un lendemain sans eux


Tu n'as pas le choix, les pères ont tous les droits mais,
pourquoi pleures-tu ? Au moins, sais-tu qu'est venue l'heure, de ton bonheur ?
Demain, demain, demain, ton enfance sera morte.



Qu'est-ce que c'est, une famille? Elle quémande, elle observe, mais les yeux d'un bleu cristallin de sa mère n'ont jamais eu de réponse à donner. Ils semblent parfois se tendre vers elle, la supplier, mais dès lors qu'elle croit saisir quelque chose dans le regard vide de celle lui ayant donné la vie, tout ce qu'elle agrippe se transforme en poussière. Tout s'effrite entre ses doigts. Elle n'a jamais rien saisi. Tout bourdonne, tous s'exclament. Ses yeux ne savent plus que s'ouvrir sur des formes désarticulés, sur des éclats de lumières aveuglant qui s'agitent autour d'elle. Les voix qui l'interpellent semblent des échos lointains. Sa douleur, la perte trop abondante de son sang la font tanguer sur un fil bien trop fin entre conscience et inconscience. Elle entend qu'on l'appelle sans pouvoir répondre. Ici tout est blanc, on s'agite vers elle, les lumières de sortilèges qu'elle ne connaissait pas fusent de toute part vers le bas de son corps. Sa jambe. Dans quel état est cette jambe qu'elle n'arrive plus à sentir au bout de son corps ? Elle s'endort. Se réveille. S’évanouit à nouveau. Combien de temps passe réellement dans ce chaos? Elle ne parvient à le dire. Son seul éclat de lucidité, elle le trouve dans la petite voix tordue d'angoisse de son jeune frère qui rugit dans la pièce. Le monde devient clair alors, il gagne en netteté. Elle hurle son nom à son tour, celui de son frère, celui de son enfant. C'est le centre de son univers qui pleure à chaudes larmes, à la fois si près d'elle et en même temps complètement inaccessible. Elle l'appelle, on la force à se rallonger. Elle n'a plus la force pour se battre contre quiconque mais se débat pourtant comme une lionne pour pouvoir le tenir, pour pouvoir porter à ses lèvres ses petites joues rayées de larmes. Elle n'a que le temps de le voir maintenu dans les bras de Tallulah et voilà deux des personnes les plus chères à son cœur qui disparaissent aussi vite qu'ils étaient venus. Lâcher prise est plus simple alors. Oui, c'est plus simple comme ça, quand rien ne vous retiens. Par ailleurs, les heures passent et elle n'entrevoit pas le souvenir d'avoir vu auprès d'elle le visage opalin de Rosie, ni même celui de Bédélia... Au fond qu'est-ce que c'est, une famille ? Ceux qui vous donnent naissance et ceux nés du même moule que vous ont-ils vraiment une importance plus grande que ces personnes que l'on rencontre et que l'on souhaite vraiment garder auprès de soi ? Aucune nouvelle de son père, aucune nouvelle de la maison. Il serait pourtant bien étonnant que l'école n'ait pas prévenu ses parents de son accident... Elle imagine le prochain Noël, son père la toisant sous tous les angles, lui demandant sèchement si elle se sent mieux, et au moment où elle croira avoir obtenu de lui un peu d'attention et de sollicitude, il lui renverra sans aucun doute quelques mots pour la blâmer sur sa mésaventure. Et sa mère, elle... Oh sans doute que sa mère lui touchera le visage en tremblant. Ou ne fera rien. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, sa mère n'a jamais été plus qu'une ombre, et il lui a toujours semblé que sa seule vue la faisait souffrir. Inutile d'insister, de chercher du réconfort. Inutile de regarder avec envie la petite Marlow se blottir dans les bras de son père en le couvrant de baisers. Inutile d'envier la complicité palpable entre Tallulah et Billie, ou les éclats chaleureux entre Eleazar et Jacob. Tout cela ne la concerne pas. Pas plus qu'elle ne se sent concernée par la présence de tant de gens dans l'école à qui son sang est lié. Seul compte Abigail. A quoi bon regretter d'avoir pu un jour être fille ou sœur, elle ne sera jamais que mère. Par substitution. C'est si peu mais elle s'en contente. Ses jambes se balancent au bord du vide, elle passe avec précaution ses doigts sous ses bas de laine noire, sens sur sa cuisse les reliefs d'une marque disgracieuse dont on lui a juré qu'elle aurait disparue avant la fin du mois. Elle n'en a cure. Qu'elle reste ou non, cela ne changera rien,






« C'est bon, tu n'as rien oublié ?» Je sursaute légèrement, relève le nez vers le visage souriant de Stephen et secoue négativement la tête. « Ça ira pour aujourd'hui, mais surtout, passe toi bien l'onguent tous les soirs avant de te coucher et n'hésite pas à revenir si tu sens des picotements ou la moindre gêne. »


Quelle ineptie. La vue de mon membre en lambeaux, prêt à se détacher de mon corps est encore là, bien vivace dans ma mémoire et pourtant observez. Il ne reste rien, ni de ma blessure, ni de cette douleur démentielle qui me déchirait de toute part. Dans le verre de la fenêtre de l'infirmerie je vois mon visage gracié de toute cicatrice se refléter fièrement comme si tout cela n'avait jamais existé. Cela me trouble. J'ai beau vivre depuis toujours auprès de ma magie, la facilité de ses effets sur le pire me trouble. Je repense à Hodgson, à ses efforts, aux débris de son dos. Lui aussi a vite été soigné, et est même sorti d'ici avant moi. Glissant mes affaires de la veille et mon nouvel uniforme sous mon bras, je remercie une dernière fois l'assistant de notre infirmier pour ses soins et sa patience et prend aussitôt le chemin de la tour Gryffondor. C'est drôle, rarement ma salle commune ne m'avait tant manqué. Il y a pourtant peu de monde là-haut qu'il me tarde de croiser, pourtant, la chaleur de la pièce, les bruits des voix de mes camarades, toutes ces choses auxquelles je ne prête jamais aucune attache me donne aujourd'hui une furieuse envie de vivre. Mes lèvres s'étirent même en un doucereux sourire tandis que la Grosse Dame me salue en assurant être contente de me revoir sur pieds. Son passage s'ouvre à moi, je m'y glisse, je m'y perd. Les quelques regards que je croise n'ont ce soir rien des habituels airs désapprobateurs que l'on me lance, cela fait un bien fou.

Pourtant, rapidement, je constate de grands changements. La salle commune s'est transformée en dortoir, des paquetages sont entassés négligemment de toute part. Il y a également beaucoup plus de monde qu'à l'accoutumée, des visages qui ne me disent rien, ou, au contraire, que je ne connais que trop bien à mon grand damne. Me faufilant dans la masse, je tente sans trop de mal de me faire petite quand soudain je sens que l'on m'agrippe par derrière. Je me dégage, prête à riposter, mais le visage qui me scrute me prive de tout mon souffle. Ce visage. Cette chevelure d'un blond si clair, ces yeux turquoises... Un regard vers le blason qu'il porte et mes lèvres se pincent.

« Caïn ? »

Qu'est-ce que c'est, une famille? A quoi cela rime-t-il de partager le même sang ? Cet homme qui me scrute, je le sais pareil à moi sans rien connaître d'autre de lui que son nom. Je ne te connais pas. Si nos sangs sont les mêmes, toi et moi ne sommes rien l'un pour l'autre. J'entrevois cependant inconsciemment comme une lueur de gaieté dans le fait de le voir m'adresser la parole. Pourtant, bien vite, ses mots se détournent de moi et m'invitent à rejoindre son frère. Abel. Je fronce les sourcils. Que fait-il ici ? La question est naïve, presque idiote. Les Serpentard n'ont plus de foyer. Ils colonisent le nôtre à présent. Sans demander mon reste, curieuse de ce soudain intérêt de mes parents pour ma personne, je me rend vers lui. Vers lui que j'ai su ignorer jusque lors. Vers lui qui me semble un étranger. J'entre, et le voilà qui se lève. Qui se lève et s'en vient à ma rencontre.

Ses manières me déplaisent. Être touchée n'est pas une chose que j'accepte aisément, encore moins de cette façon presque trop naturelle. Je ne parviens à m'en défaire pourtant, le regardant d'un air grave. Fais attention. Je tressaute, le dévisage comme une aberration de la nature, la mine tordue de stupeur. Quelle est cette scène qui se joue ? Quand avons-nous convenus de nous jouer pareille comédie ? Je ne comprend rien à son attitude, à ses familiarités. Tout chez ce garçon transpire la douceur et rien ne m'a dans le même temps jamais paru si étrange. Sans trop penser, je m’exécute, m’assois. Le regarde en faire de même. Sa présence me gêne, me met mal à l'aise. J'éclate soudain d'une envie instinctive de fuir quand dans le même temps, ma raison me gifle en m'assurant que mon accident aura peut-être donner l'envie à certains de ceux qui portent mon nom de me découvrir. Toi, si amère, toi qui n'a jamais senti vraiment ce qu'étais l'amour d'un parent, peut-être la fin de ton périple se trouve-t-elle dans les paroles un peu gauche de ce garçon. Ne te ferme pas d'avance. Ecoute. Vois comme il semble préoccupé par ton état.

« Non, ça va. Merci. »

Je l'observe, peut-être un peu trop méfiante, tandis qu'il se tord et ne tiens plus en place. J'aimerai le rassurer, lui dire qu'il peut partir, qu'il n'est pas obligé de rester là à cause de ce qui est arrivé, que je vais bien maintenant. Son malaise me gagne, m'étouffe. J'aimerai partir. Maintenant. Mais lui ouvre alors les lèvres, et le fruit qui en sort est pareil à la morsure d'un vent d'hiver. Mon souffle se meurt. Ma bouche s'entrouvre. Qu'as-tu dis ? Non, je ne veux plus rien entendre. Il n'a pas dit ce qu'il a dit. Ces mots ne sont que parjures, ces mots ne sont qu'un cauchemar, et ceux qui viennent sont encore pires.  

Que peux-tu lire sur mon visage ? Je ne sais pas moi-même si je suis plus la proie alors du dégoût ou de la tristesse, de la colère ou de l'impuissance. Tout se mêle en moi, me ravage et me tue. Cesse donc de parler. Tais-toi. Tais-toi maintenant, c'en est assez ! Tu as torts. Je n'ai besoin d'aucune raison valable pour refuser une pareille incongruité. Moi dont on a jamais prit soin ne me laisserait pas utiliser pour des affaires aussi sordides que celles-ci. Mes mains tremblent, mes yeux se voilent de larmes muettes que je ne me donne même pas la peine de vraiment retenir. C'est le visage fantomatique de ma mère que je vois à travers toi. Un mot de plus Abel et tu me crèves. Silence. Je ne deviendrai jamais comme elle. Silence. Je t'en conjure n'ajoute rien. Je sais les effets néfastes que ce genre d'arrangement impose aux femmes, mais tu n'entends rien à mes supplications silencieuses. Tu balances et dégaines tout en messager du désespoir. Tout est déjà arrangé. Un sourire cynique me barre les lèvres le temps d'un instant. Je suffoque. Je viens de survivre à un Enfer, voilà que tu m'en balances un autre au visage. Comment t'aimer alors, comment croire en l'existence que l'on nourrit autour de la famille quand la mienne n'a pour vocation que ma souffrance ? Je voudrais te maudire et n'y arrive même pas. Du moins, pas avant que tu ne m'interroges sur la possibilité d'un autre parti pour moi.

Je me relève brusquement, faisant tomber ma chaise à la renverse sous la rudesse du mouvement, me demandant alors quel est ce sentiment si douloureux en moi. Il me semble que des flammes sont nées dans mes yeux qui te scrute avec horreur. Je conçois les prémices d'une émotion jamais connue dans les traits de ton visage affligé. Merlin, viens-moi en aide, c'est la haine qui là m'étouffe dans mes mots qui se détachent, dans mes dents qui se serrent et découpent les paroles pour te les envoyer prêtes à être assimilées.

« Ça ne te regarde pas ! »

Non, tu n'as pas à savoir ces choses. Jamais, personne, encore moins toi qui est rangé de leur côté. Tu n'arrives pas à te taire. Tes mots sont un flot incessant et ton regard qui me brûle de colère, dans ses reflets soumis me susurre dans le même temps que je ne suis pas seule à porter ce fardeau. Tu le portes avec moi, peut-être plus encore car tu es celui qui avoue tout, celui qu'on a chargé pour tout me dire. J'enrage contre cette figure paternelle si lâche qu'il ne s'est donné la peine de m'en avertir de lui-même, de me demander ma permission. Mais à défaut de pouvoir lui renvoyer ma colère, pardonne-moi Abel, je n'ai que toi. Que toi qui avoue péniblement les reproches que tu ne me feras pas. Que toi, qui avoue que ta situation est bien plus épouvantable encore. Je lève les yeux au ciel. A quoi bon comparer ? Le visage d'Hodgson se grave en moi comme l'évidence. A la seconde que nous vivons, je rêve de fuir vers lui comme j'ai couru pour le sauver. Je rêve de son étreinte pour m'assurer que l'avenir que tu me promets avec tant de sincérité n'arrivera pas. Alors pourquoi dans le même temps cette compassion futile et hypocrite quand tu me promets tes efforts ? Moi je n'en veux pas Abel. Ni de ta douceur, ni de tes attentions. Sois dure Abel. Sois cette même pierre dont est fait le cœur de celui m'ayant engendré, soit l'indifférence et le mépris qu'il m'a toujours témoigné. Sois la violence de ses propos, la brutalité de ses mains, mais je t'en supplie ne me jure rien. Je défaille, ton genou à terre. Mon pas recule mais cela ne mène à rien. Ma chaise étendue à terre coince ma fuite entre elle et toi qui t’agenouilles.

« Arrête ça... »

Est-ce bien ma voix qui murmure, suppliante ? Si faible, quand elle se montrait si mordante pourtant un peu plus tôt ? L'impudeur de ta question s'en est allée, mais chaque mot que ta langue délie me soumet au supplice et mes mains que tu prends dans les tiennes n'ont jamais autant tremblé qu'en ce jour. Tes yeux brillent dans les miens. Par pitié, relève toi. Fais naître de la haine encore. Sois possessif. Sois mauvais. Mais tu n'es rien de cela. Dans les ténèbres de cette nouvelle tu parviens, malgré une intonation peu propice à l'envie, à me faire entrevoir de la lumière. Une lumière que je refuse de voir, vers laquelle je refuse de me tourner. Ne promet rien d'un avenir qui puisse être chaud à défaut d'être heureux, ne promets rien qui puisse me consoler, qui puisse m'apaiser dans la tourmente. Il me sera bien plus facile de me battre si je peux te détester. Oui, tout sera toujours mieux que de devoir affronter tes yeux brillants, que de devoir entendre tes paroles si caressantes qui me promettent qu'à tes côtés il n'y aura aucun reproche, aucun esclavagisme. Tu me promets le meilleur de toi-même, de changer s'il le faut. Je ne veux égoïstement rien entendre de tout ceci. Encore moins entendre... Ma voix échappe un gémissement d'épouvante alors que mon visage s'empourpre violemment.

La voilà, la fatalité, la raison pour laquelle aujourd'hui tu te tiens ainsi devant moi. Ces êtres qui n'ont pour nous aucune considération et qui aujourd'hui tourne leur attention vers nos personnes, voilà tout ce qu'ils veulent, tout ce qu'ils attendent. Je ne serai rien pour toi, je ne serai rien pour eux sans cette obligation naturelle à préserver le nom. C'est là tout ce qu'ils désirent, s'assurer qu'on entachera pas leur lignée. Tu jures d'attendre que je sois prête pour cela, que tu ne brusqueras rien, et tu ne sais pas. Non toi tu ne sais rien de moi. Tu ne me tiendrais pas de tels propos si tu me connaissais, si tu avais un tant soit peu de pudeur et de considération. Non cela jamais. Jamais avec toi. En suis-je seulement capable avec quiconque ? Des souvenirs de cet été me reviennent. J'entrevois dans les limbes de ma mémoire, dans la pénombre de l'Orchideus, les lignes du corps dénudé de cet homme qui m'enivre, le contact brutal de sa main m'entraînant contre ses lèvres avides. Je me souviens de ce sentiment d'ataraxie totale, de cette envie fugace qu'il a pourtant déchiré si facilement. Fatalement, si je n'avais pas tant crains de le perdre, je le détesterais encore. Et au fond, les pieds à nouveau ancrés dans la réalité, je sais finalement que ma rancune n'a pas totalement disparue. Blessée. Brisée. Les hommes sont des animaux. Qu'ils soient rudes et bestiales comme Hodgson, qu'ils soient doux et compréhensif comme Abel, les hommes n'aspirent qu'à une chose que je n'ai jamais été prompt à céder. L'indescence de ces propos, de ce projet enflamme mon visage, me donne le vertige. Mon cousin devant moi, je le dévisage avec d'autant plus d'effroi. Mon cousin. Mon sang. J'ai beau savoir que ces choses-là se font, qu'elles sont monnaie courante dans notre monde, je ne parviens à l'admettre, me sens salis à la seule pensée de commettre un tel péché qui me serait fatal et que je ne peux tolérer.. Pas plus que je ne tolère cette image désolante de ce jeune homme agenouillé devant moi, prêt à admettre que je puisse un jour le repousser pour ses performances. Je le traiterai bien d'idiot si seulement le situation me le permettait. Quel genre de jugement serais-je seulement en mesure de porter sur ces choses-là, moi ? Moi qui n'en connais rien, moi qui crains tant le toucher d'autrui. Cette conversation est ridicule, elle n'a pas de sens. Il n'en démord pas pourtant, d'entre ses lèvres s'en vient le verbe aimer.

Je défaille. Jusqu'où peut-il aller comme ça ? N'a-t-il donc aucune clémence en lui pour ainsi aller au bout ? Je ne sais si ce que j'entrevois dans son regard est fait de courage ou d'un dépit assez profond pour qu'il ait lâché prise avant même que de se révolter. Et quand enfin s'en vient la question que tant de jeunes femmes désirent et attendent pourtant, je ne trouve que le silence pour toute réponse, et tente vainement d'arracher mes mains des siennes avant même qu'il n'ait eu le temps de dire le mot épouse. Il me serre et je ne sais que le regarder, toujours, mortifiée. Mes mains lentement se défont des siennes, mes lèvres se serrent. Tu as été fort Abel. Tu as dit jusqu'au bout chacun des mots qu'ils ont voulu tirer de toi et comme si Merlin m'en voulait je ressens pour cela de la compassion. Une compassion qui me fait glisser doucement mes doigts sur ta joue. Ta peau est pâle et douce. C'est celle des McMillan.

« Cela est-il vraiment un honneur à tes yeux ? » Question naïve, posée avec une ingéniosité patente.  Est-ce de la pitié ou du remord ? Le silence se fait une place entre nous, et je demande encore sur le même ton. « C'est vraiment cela, l'avenir que tu souhaites ? »

Ta joue est si chaude, tes yeux brillent tellement que je me sens mauvaise d'oser vouloir te ramener à la réalité. Pourtant je crois bien en être sûr, ce que tu réclames à présent, tu ne le veux pas toi-même alors je me tente calme, me fais sereine. Ecoute moi chair de ma chair, avant que de te laisser vraiment aveugler par un combat perdu d'avance. « Peu importe les promesses et les efforts que tu feras, peu importe combien tu pourras te montrer patient, gentil et attentionné à mon égard, moi, même si je t'épouse, je ne serai jamais prête pour cela. » Je déglutis, les yeux tombant au sol. « Je t'ennuierai. Rien chez moi ne sera de bonne compagnie. Par respect pour qui tu es je n'en regarderai pas d'autre mais je ne te regarderai pas non plus. Jamais, et tu me détesteras pour ça. Je ne pourrai jamais t'accueillir, ils nous verront improductifs, et c'est toi seul pourtant qu'ils pointeront du doigt. Tu devras te produire devant leurs yeux, briller parce que c'est là tout ce qu'ils le veulent, mais ma présence près de toi ternira tous tes efforts. Je ne serai jamais docile, je ne serai jamais conciliante. Même si tu pleures, même si tu me supplies et même s'il fallait que poussé dans tes derniers retranchements, tu uses de violence à mon égard, moi je ne t'épargnerai rien, je ne plierai jamais à ce que tu attendras de moi... Et tu me détesteras pour ça.»

Je me mord les lèvres, me retient pour ne pas faiblir. Ouvre les yeux Abel. Je t'en supplie, abandonne. Lâche prise. Je t'apprendrai si tu le veux. Je deviendrai ton alliée, ton amie, si tu le veux. Je serai un soutien sans faille, je serai ta force, ton épaule, une oreille attentive pour tes joies comme tes peines, un sourire pour apaiser tes pleurs, une caresse pour effacer tes peurs, mais seulement si tu jettes ces armes-ci pour prendre avec moi celle de notre droit à choisir. Mais si tu persistes beau cousin, ce que je suis, sans que j'ai besoin de me forcer pour te causer de la peine, finira par te détruire. Ma main restée libre s'en vient rejoindre le reste de ton visage que je tire avec douceur vers moi pour que tu te relèves.

« Tu as dis tout à l'heure que nous avions des personnes que nous aimions plus que tout, des personnes pour qui nous serions prêt à nous entretuer mais tu as torts parce que... Tu ne peux pas prétendre aimer quelqu'un si fort si tu n'essayes même pas de te battre pour être avec elle. Même moi je le sais...»

Mes mains glissent sur ta peau, retombent lentement le long de mon corps. Je te sens beaucoup trop proche sans t'avoir vu venir, ou peut-être est-ce seulement moi qui à trop parler me suis approchée sans m'en rendre compte. « Mais... Malgré tout.... » Mes yeux te scrute, plonge dans cette défaite que tu sembles traîner d'avance. C'est la première fois que toi et moi nous adressons vraiment la parole, et l'amertume me ronge que cela se fasse dans de telles circonstances. Je souffre des mots que je te dis, des cruautés et de l'égoïsme que je témoigne. Si je pouvais vivre de cette façon, si je me sentais capable d'accepter la vie qu'a été celle de ma mère, je pourrai me réjouir d'avoir sans doute pour moi le meilleur des époux qui soit. Mais tu n'es pas un mari, tu es un parent, et quand mes lèvres doucement se posent sur ta joue, le temps d'un frôlement désolé, c'est avec sincérité que je m'adresse non à mon fiancé, mais à mon cousin. « Merci... d'avoir au moins essayé.»

Je m'écarte de toi, tente de regagner en constance bien qu'au fond de moi je sache profondément que cela n'arriveras plus.









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Dernière édition par Arya C. McMillan le Lun 3 Nov - 1:49, édité 1 fois
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MessageSujet: https://www.youtube.com/watch?v=Pt1kc_FniKM   Les cloches d'un lendemain sans eux. EmptySam 1 Nov - 12:21

Je lis ton regard. Ton dégoût après ton air hagard. Je lis cette blessure que je te fais au cœur et au corps. Tu recules, tu tentes de fuir. Mais c'est un cul-de-sac que je viens de dessiner. Je ne te demanderai pas de me pardonner.

Je lis dans ton regard. Ton dégoût, ta haine, ta peine, mais je fais avancer mes chars ; mes chars de guerres, mes chars d'assauts, chars de parade pour nous y mettre en haut. Seules comptes les apparences, alors nous garderont le secret de ce carnage.

Je ne réponds pas.

Ce n'est pas dans ce que j'avais prévu. J'ai toujours su que ça arriverai un jour. Mais pas avec quelqu'un que je n'aurais pas l'occasion d'apprivoiser. Je pensais faire une rencontre. M'échapper d'eux à travers leur ordre. Je pensais que cette femme, aussi récalcitrante soit-elle, je pourrai l'apprendre, la comprendre. Et nous pourrions, dans le cas le plus terrible, simplement dire à nos parents que l'on ne se convient pas.

Je ne peux pas dire ça avec toi. Nous avons grandi ensemble malgré la distance entre nos deux familles... Sur combien de générations doit-on remonter pour trouver notre parent commun ? Je me sens prisonnier. Non. Je ne rêvais pas d'un avenir avec toi qui refuses notre système. Notre manière de garder nos traditions. Je ne pensais pas qu'il me serait insupportable d'épouser une femme qui ne veut pas de moi.

Mais c'est là. Je sais que tu ne m'aimeras jamais. Peu importe combien j'essaye. Nous le savons tous les deux. Dans le meilleur des cas, je te servirai d'anesthésiant.

L'avenir que je veux, il sera avec ou sans toi. Tu seras toujours ma cousine. Je t'aimerai toujours inconditionnellement. Mais c'est facile tu sais. De se forcer à aimer. Je suis désespéré de pouvoir aimer. Aimer vraiment, aimer sainement. Aimer simplement en se disant "voilà, c'est pour toujours. Toi et moi, à partir de maintenant." C'est plus facile de l'accepter pour moi.

Mon avenir je l’aurais voulu arrivant plus lentement. Je l’aurais voulu en ayant eu le temps de convaincre celle que j'aime aujourd'hui. J'aurais voulu la connaître assez. Qu'elle me connaisse assez. La séduire. Lui montrer ce que j'ai de meilleur au-delà des faiblesses que je lui aie offertes sur un plateau d'argent.

Bien sûr que non, Arya, je n'en voulais pas de ce futur. Mais peu importe combien je me bats, je le sais, le recalcule à chaque seconde dans ma tête, le combat en pensée. Mais ce futur, c'est le mien.

Tu dis que tu ne m'aimeras pas.


« Je sais. »

Que tu ne te donneras pas.

« Je sais. »

Que l'on sera montré du doigt.

« Je sais. »

Que tu ne cèderas pas, même sous les coups.

« Je sais. »

Tu dis que je ne l’aime pas assez fort. Tu as tort. J'aime cette femme, son corps, sa fierté, son rire. Et je sais que plus je passerai de temps à la regarder, plus je m'enchainerai à elle. Je ne suis pas certain d'être libre à présent. Mais elle l'est. Et avant qu'il ne soit trop tard pour mon cœur de cristal, n'efface le début d'amour. Je ne veux pas me battre, parce que j'ai que c'est inutile. Je ne me suis jamais battu contre mon père. Ça me fait peur. Mais je sais que je pourrais. Je pourrais me battre contre lui.
Pas avec elle.

Tu as tort Arya. Je l'aime plus que tout au monde, plus que toute femme sur Terre. Mais me battre contre mon mariage ne me rapprochera pas de ma sœur. Jamais je ne pourrais aimer ma sœur. Jamais je ne pourrais l'enserrèrent sans jeter l'opprobre sur nos prénoms et entacher ton nom. Que je t'épouserai ou non n'a pas d'importance. Je l'aime plus fort que tout au monde. Je tuerai pour elle. Mais ça n'a juste rien à voir avec mon mariage. On ne marie pas les frères et les sœurs.

Tu as tort, Arya. T'épouser ou refuser de t'épouser n'empêchera jamais Caïn de me prendre le corps et la tête. De hanter mon esprit et mes tripes. De me rendre fou d'un seul geste. De l'aimer à la folie, à la folie, d'avoir leur de lui, d'avoir peur pour lui, de vivre pour lui. Pour ses mots au creux de mon oreille, pour sa bouche sur mes lèvres ou partout ailleurs sur ma peau, ses mains puissantes prêtés à me broyer les os, son sexe dans mes entrailles, ses caresses tortures sur le mien. Pour sa présence, son existence. Je l'aime à la folie, mais Caïn ne m'épousera jamais que de corps. On ne mari pas les frères.

Il est inutile de se battre contre ce mariage pour moi. Ce n'est pas moi que tu convaincras. Ce n'est pas moi que tu dois vaincre. Je me suis fait une raison bien avant de te parler. Si je ne t'épouse, que vais-je faire ? Repousser à chaque fois les intérêts de ma famille pour mon petit confort pervers ? Repousser indéfiniment l'échéance jusqu'à ce que je sois trop vieux pour être de quelque utilité, que l'on finisse par assumer que je suis gay et que je passe à côté de ce qui fera l'unité et la grandeur de notre clan ? Je mets de côté mes sentiments, mes caprices égoïstes. Ça s'appelle être adulte, Arya. Ça s'appelle la réalité. Je n'ai pas besoin de battre dans le camp adverse pour savoir que je vais perdre. Je suis dans le camp des gagnants.

Tu me relèves. Je sens ta violence désamorcé par ma propre faiblesse. Je te surplombe. Je pose mes mains sur les tiens qui prennent en coupe mon visage. Je te regarde. Tu n'es qu'une enfant. Tu as encore des rêves. Je veux t'offrir ces rêves, et je n'en aurais jamais les moyens si ta fortune ne git pas entre mes mains.

J'entends ton cri, mais tu le sais. Nous avons des crimes que nous ne regrettons pas, et il nous faut nous blanchir.


« Je sais ce que je veux. J'ai tenu 20 ans de ma vie, parce que je sais ce que je veux. Et pour ça il y a des choses moins importantes auxquelles il faut renoncer. »

Je renonce à l'illusion. Je renonce à Annabeth, ce futur incertain qui ne sera jamais heureux, je le sais, je le sens, dans mes tripes, dans mon amour naissant pour elle, cet amour fou, cette romance en bourgeon que je sais être une future Rose Rouge pleine d'épine.

Je ne renonce pas à Caïn. Ni à Alyssandra. Cela ne change rien. Aly ne sera jamais mienne, il y a longtemps que j'ai renoncé. Longtemps qu'il n'y avait pas d'espoir. Caïn continuera à me laisser des traces de sa jalousie invasive aussi longtemps qu'il lui plaira. Je ne peux pas porter ses enfants. Qu'il rugisse et me berce de sa violence sans crainte.

Je sais ce que je veux, Arya. Je veux la table des McMillan au grand complet avec aucun d'entre nous en larme à l'intérieur. Je veux que chacun d'entre nous ait trouvé un bonheur sain. Je veux un lieu où dormir en paix et une conscience tranquille. Je veux un fils ou une fille qui n'ait pas honte d'être né de moi. Qui n'ai pas honte de son nom. Qui puisse même être fier de faire partie de l'immense Clan McMillan, et qu'il en ait peur parfois. Peur au point de ne pas vouloir décevoir ce nom. Peur au point de tout faire pour devenir meilleur. Et qu'une fois meilleur, il soit heureux.

Je te fixe intensément. Je lis en toi, Arya. Et si tu ne lis pas en moi, si tu ne me comprends pas, ça n'a pas d'importance. Tu dois juste sentir que je ne peux pas m'arrêter. Et que si toi tu t'arrêtes, si toi tu décides de fuir ce destin et que c'est vraiment ce qui te rend heureuse, je n'hésiterai pas une seconde.

Mais je suis ignorant de l'avenir. Et je préfère t'offrir cet avenir infructueux avec moi que de t'ouvrir la porte vers le désert, où tu trouveras des cadavres de gens aimés sur ta route, des souffrances sans fins, l'insécurité... Je fixe tes yeux pour que tu saches, Arya. Je ne veux que ton bien. Mais es-tu certaine de savoir ce qu'est le meilleur pour ton cœur écorché par nos erreurs ?


« J'ai des pêchers à absoudre. Et toi une personne à protéger. »

Tu comprends. Je le sais dans tes yeux, tu as déjà compris. Je pourrais m'arrêter là, et laisser la vérité planer en épée de Damoclès au-dessus de vos têtes. Je pourrais simplement te laisser ici, en proie à la tourmente. Le plus horrible de nos travers. Je le vois dans tes yeux, et ça me fait mal de te dire cela. Mais je connais nos règles par cœur, et tu dois savoir que ce n'est pas moi qui tire les rennes.

« Si tu ne veux pas qu'il disparaisse de ta vie, ils ne doivent jamais savoir. »

Jamais savoir d'où il vient ? Non. Ne jamais savoir qu'il existe. S’ils savent, ils feront tout pour l'éloigner de toi, inexorablement. L'argent, le temps, et s’il le fait la menace. Nous sommes nombreux dans le Clan. Dans ce nombre il y a nombres d'entre nous qui sommes prêts à tout, malheureusement. Si nous le voulions vraiment, nous ne laisserions pas de porte de porte de sorti à celui que tu chéri.

Et tu le sais. Il est arrivé par le passé que cela conduise à la mort.


« Protège-le. Protège-le de nous, de notre monde fou. »

Je m'écorche le cœur à chaque mot. C'est moi que je persuade à travers eux. C'est ma volonté que j'enterre vivante. Je prends ta main et baise respectueusement mon pouce. Mes yeux se closent. Je ravale les larmes. Toi va bien. Il n'y a pas de quoi pleurer. C'est la vérité. Ce n'est pas notre faute. Ce n'est pas une faute. C'est notre voie. Notre seule voie certaine et sécurisée. Notre seul avenir conquis. Et quand mes yeux s'ouvrent encore, ils parlent pour notre Clan entier. À travers ma peine vaincue, le poids de décennies, de siècles de traditions, de tous les adultes de notre génération, de tous ceux qui se battent pour rendre notre Nom puissant dans la bouche de tous les sorciers. À travers mes yeux et leur bleu trop profond pour faire partie de la branche principale, à travers eux pèse le passé et toutes nos convictions que j'ai apprises par cœur et vécu avec tout mon être de l'enfance à aujourd'hui. Puisqu'aujourd'hui elles ont plus d'importance que jamais. C'est le poids hypnotisant de ma réalité. De la tienne aussi. Tu y a grandi. Tu les connais par cœur.

« This is for the greatest good. »

Un jour je pourrais peut-être te le demander. "Rends-moi heureux, Arya." Mais je ne peux pas te demander ça. Ce n'est pas à toi que je veux demander ça. Pas maintenant, pas encore. Pas encore. Alors je te garde sur terre, dans la réalité. Il faut que tu l'entendes. Que tu l'entendes une bonne fois pour toute.

« Les prisons ont des portes. »

Je pose une main désolée sur ta joue. Et dans mes yeux tu vois certainement tous ceux qui te poussent à dire adieu à cette vie, qui pour moi n'est qu'un factice, et te mènera invariablement au désespoir.

« Pas les tombes. »

Ne me remercie pas Arya. Je vais te faire vivre un enfer. Jusqu’à ce que tu deviennes une adulte, toi aussi. Et que tu comprennes. Tu auras souffert par haine. Pas par amour.
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Arya C. McMillan
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MessageSujet: Re: Les cloches d'un lendemain sans eux.   Les cloches d'un lendemain sans eux. EmptyMer 12 Nov - 2:15

Un lendemain sans eux


Tu n'as pas le choix, les pères ont tous les droits mais,
pourquoi pleures-tu ? Au moins, sais-tu qu'est venue l'heure, de ton bonheur ?
Demain, demain, demain, ton enfance sera morte.



Tu sais.

Tu dis que tu sais, mais que sais-tu vraiment au fond ? Ce que tu veux ? Je vois dans tes yeux plus de résignation à notre sort que je ne pensais pouvoir en trouver jamais chez quelqu'un. Comment, qui a su armer ton regard bleu azur avec tant de renonciation ? Qui a frappé ton cœur jusqu'à ce que tu ne sois même plus en mesure de lui commander un peu d'espoir pour un ailleurs ? Je ne te connais pas, ou si peu, et pourtant les yeux posés sur toi, je me sens étouffée par une profonde tristesse. Mes idées à moi sont claires. Cette situation je ne l'accepte pas. Tu auras beau te plier à leur exigence, faire la révérence comme ils le veulent, je ne me tiendrai pas à tes côtés pour jouer cette mascarade. On ne m'a jamais rien donné qui puisse mériter ma liberté que l'on tente de me prendre et tu as raison, ces choses-là m'échappe. Je n'arrive pas à céder à la raison qu'est la tienne.

Renoncer aux choses moins importantes, ce sont là tes mots. Mais qu'est-ce qui peut être moins important que ce que tu désires ? Que ce que je désires ? Ou plutôt, il me faudrait poser la question dans l'autre sens : au nom de quoi serais-je prête à courber l'échine à ce point, à cracher sur ma propre fierté, sur le peu qu'il me reste ? Au nom de la famille, au nom du sang ? Ces choses-là me sont inconnues. Je n'ai pour famille qu'un frère, presque un fils. Je n'ai pour famille qu'un cousin qui ignore même le lien qui nous uni. Le reste n'est pas important. Je n'éprouve aucune haine, ni envers mes parents, ni envers mes sœurs. Pas même envers toi. Non, il n'y a ni colère, ni ressentiment. Seulement de l'indifférence. Profonde, totale, sans doute pire que tout car alors que mes regards se mêlent et s'enchaînent aux tiens, il ne me vient rien que je puisse t'offrir. De l'empathie, un soupçon de pitié et d'amertume que j'aurai oublié demain tout au plus. Penses-tu que mon cœur soit sec ? Je le redoute parfois. Je le redoute à présent.

Des péchés à absoudre, et je m'interroge sur ce que tu attends de notre union qui pourrait t'aider à te laver de tes soi-disant vices. Va t'en purifier ton âme si cela t'inquiète tant, moi je ne peux rien pour toi. Ni sainte, ni prêtresse, je n'ai rien avec moi qui saurait te délivrer et tu auras beau serrer mes mains comme tu le fais, tu auras beau planter tes beaux yeux longtemps encore dans les miens, au fond qu'est-ce que cela pourra-t-il changer ? Quelqu'un à protéger. Je fronce les sourcils, pense aussitôt à Abigail. S'il est ma seule faiblesse, je me refuse à croire que nos pères, tout particulièrement le mien, menacerait son propre héritier pour faire asseoir le mariage de cette fille qu'il a toujours eu en horreur et dont il ne s'est jamais préoccupé. Ce serait complètement aberrant. Situation tellement stupide que je n'arrive même pas à formuler la moindre pensée qui pourrait la rendre un tant soit peu concrète. Ta bouche se meut et tes mots se forment. Je crois m'être trompée un instant. La personne la plus chère à mon cœur, cette personne seule pour qui je donnerai ma vie, c'est Abigail. Mon petit frère tant aimé dont je suis assurée par tes mots qu'ils pourraient me l'arracher en un odieux chantage mais viennent de bien curieuses paroles dont je ne parviens à saisir le sens. Ils ne doivent jamais savoir Mes lèvres s'entrouvrent, mon expression se ferme. Que ne doivent-ils jamais savoir ? Qu'ai-je un jour fait de si réprimandable que l'on puisse retourner contre moi ? Je retourne dans ma mémoire chacun de mes souvenirs liés à mon frère sans rien trouver qui ait un jour pu écorcher ma conscience.

« Mais de quoi est-ce que tu... !? »

Mon esprit retourne le problème sous un nouveau jour. Quels sont les faits que tu te sois jamais reprocher Aryanedëlle ? De quoi as-tu jamais eu à avoir honte dans ta maigre existence ? Je repense à Billie. A sa peau laiteuse d'une douceur infinie. A nos caresses impudiques, à nos baisers emplis de tendresse. Je repense à comme la vie était douce à ses côtés, je repense à comme j'aimais sentir son parfum se mêlant au mien, à la beauté de ses yeux, à la douceur de sa longue chevelure flamboyante, puis me vient la crainte, l'angoisse, la peur. Un baiser volé parmi mille autres offerts avant lui et le regard d'une personne qui n'aurait jamais du assister à un tel spectacle m'avait finalement pousser à claquer la porte sur notre bonheur d'alors. A oublier seulement qu'il ait été un temps où cette seule femme avait su me réconcilier avec l'amour. Avec la vie. Abel, es-tu en train de me dire que tu savais pour elle et moi, que tu savais et qu'ils sauront ? Je me gifle mentalement. Idiote. Il. C'est un il qu'il évoque. Jake alors ? Ou Eleazar ? Que de précieux amis, pas de quoi...

Et ma respiration se coupe. Et mon cœur s'emballe. J'ai l'esprit comme mit sur pause. Naïve. Stupide. Idiote. Hodgson. Abel nous a vu ce soir-là. Il nous a vu, Hodgson et moi, lorsque Tallulah et cette auror blonde nous ont tiré des décombres des sous-sols écroulés. N'a-t-il vraiment eu besoin que d'un regard alors pour déceler sur mon visage crispé de douleur et au bord de l'inconscience comme je réclamais l'homme gisant près de moi ? Je peine à le croire, me refuse à admettre que ce garçon qui me fait face et qui n'est fatalement qu'un étranger à mes yeux puissent en avoir tant deviner avec si peu. Le protéger. De nous. De nos mondanités grossières et de nos coutumes arriérées. Mon regard s’assombrit alors que tes lèvres se glissent à ma main. Ce spectacle est pathétique et rien n'est pour le mieux. Pourtant tes dernières paroles me font l'effet d'une gifle autant que ton regard à l'agonie. Ce sont leurs menaces qui gisent dans tes paroles. Mes craintes qui refont surface. Des questions dont les réponses n'ont pour moi pas d'importance et qui pourtant sont la menace la plus lourde pesant sur mon nom. Un époux convenable. Un époux de sang-pur. Voilà la seule chose qu'on attend de moi, et je repense alors à sa veste sur mes épaules au soir de notre rencontre. A ce roman plié, froissé au fond d'une poche et qui m'avait tenu compagnie le temps de la convalescence, qui m'avait fait questionner un professeur que j'avais pourtant peu fréquenter depuis mes années universitaires.

« Monsieur Primrose, savez-vous ce qu'est un cabriolet ? » Réponse. « Et un magnum ? » Réponse. « Et ça, un hél...icoptère ? Qu'est-ce que c'est ? » Réponse. Tout ça dans un même livre, un roman noir. Un livre dont à chaque nouveau paragraphe je découvrais de nouvelle chose. Un livre qui n'était pas de mon monde, mais du sien. J'avais foulé sa maison. Son quartier. Son intimité. Je savais au fond de moi sans vouloir l'admettre. Je savais et avait toujours fait mine de l'ignorer tant qu'on ne m'avait pas mit le terme exact sous le nez, pourtant, les paroles de mon parent et fiancé ne traduisaient que trop bien la réalité. Hodgson. Mon Hodgson était un né-moldu, et pour peu qu'un ou une McMillan de mon entourage découvre comme j'aimais cet homme, il serait perdu à jamais.

Je te fixe, la joue chauffée à blanc par la sensation chaude de ta main sur ma peau. Alors, c'était donc cela la solution ? T'accepter pour le préserver lui ? J'ai envie de rire, de pleurer. De laisser éclater ma fierté de lui, de crier que rien ni personne ne peut rien contre lui. Que nous autres sang-purs sommes nobles et précieux quand lui pourrait bien vivre le nez dans la boue sans que cela n'altère rien à ses forces. Je l'entrevois dans toute sa fureur de vivre. Véritable roc avançant dans les décombres sans se préoccuper des douleurs le prenant en tenaille. Mais non, Hodgson n'est pas invincible. Mes visions me l'ont crié. Si je n'étais arrivée à temps, les McMillan n'aurait pas eu à lever le petit doigt pour supprimer cette vie qui m'est si précieuse. Et je te regarde Abel, avec l'envie de te pousser dans le vide pour t'ôter à ma vue, simplement pour ne plus entendre cette criante vérité que je réfute, que je nie en bloc. Tout comme je nie l'évidence, devenant menteuse faute d'avoir la force d'assumer pleinement ce qui hurle en moi.

« Tu spécule dans le vent, la seule personne que je protège c'est moi.»

Ma main écarte la tienne. Il n'y a plus de précaution. Plus de douceur. Ce sont des flammes qui allument et animent mes yeux dans les tiens. Des  regards si semblables que cela me donne la nausée.

« Tu parles d'absolution, mais tu te permets des mises en garde qui sont leurs mots à eux. Tu es leur bouche, tu es leur langue. Je ne te connais pas mais si c'est là tout ce que tu es, un reflet de ces gens, alors je refuse d'un jour te connaître, et encore plus de cette façon-là... »

Gamine capricieuse, je ne veux rien entendre.

« Et sache que les tombes ne sont pas sans issue pour ceux qui se donnent la peine de creuser ! »

Et je creuserai, moi. Encore et encore, jusqu'à contourner l'inévitable. Jusqu'à retrouver la lumière du jour. Jusqu'à pouvoir sentir de nouveau la vie que ta seule présence semble menacer. Je te repousse physiquement, loin de moi, mes mains poussant ton torse, la colère grondant aux portes de ma détresse que je peine à contenir. Je veux fuir. Partir loin d'ici. Loin de cette chambre devenue trop étroite. Loin de cette maison où nous respirons le même air. Je veux fuir. Partir. Courir loin de toi vers un lieu interdit où mes pas me guident déjà. J'ai la gorge nouée, les lèvres sèches. Je ne suis pas une menteuse, et mes audaces présentes sont aussi fragiles qu'éphémères. Elles sont un coup de colère, une assurance qui s'échappera aussi vite que je l'aurai usée. Je tourne les talons, marche à vive allure vers la porte. J'étouffe. Je veux partir d'ici. Quitter cette chambre, cette école, cette vie. Ces chaînes. Mais alors que ma main se pose sur la poignet ta voix me provient et mes gestes se font vains. Je me retourne, te regarde, paralysée par ton geste. Non, je ne te connais pas.

Et tu ne me connais pas. Tu ne peux savoir avec certitude comme je suis vulnérable face à ces choses-là et je refuse de te le montrer. Ton nom s'échappe en un murmure d'entre mes lèvres comme une supplication. Ne me retiens pas. Ma place n'est pas ici près de toi. Ta place n'est pas ici près de moi. Ils veulent nous soumettre. Ne nous soumettons pas. Ai pitié des larmes que je refoule avec tant de difficulté, toi qui t'avance avec lenteur, baguette à la main.

Je ne veux pas me battre. Ni contre toi, ni contre personne. Pas même contre mon père. Non, je ne veux pas me battre, mais dans tes yeux où se reflètent le renoncement je crois entrevoir cette terrible certitude : si je ne me bats pas, alors, autant en finir tout de suite.





©️Aloysia



P'tite remarque ♥:
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Abel T. McMillan
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MessageSujet: Re: Les cloches d'un lendemain sans eux.   Les cloches d'un lendemain sans eux. EmptyLun 17 Nov - 12:06

Tu es perdue. Tu ne comprends pas de qui je parle. Tu cherches, et je doute un moment de mes présomptions. Mais tout fini par prendre sens en tes yeux. Tu as e la chance, de pouvoir autant hésiter. D’avoir autant de personnes à qui tenir. Tu as une chance incroyable d’avoir eu une enfance, Arya. Mais pour ton propre bien, laisse –la derrière toi. L’enfance, c’est un monde qui tourne autour de toi et de tes petites joies, tes petites peines. Un monde égocentrique qui tourne bien tant que tout va en ton sens.

Il est temps de venir une adulte et de vivre pour les autres. Autrement, que vaux-tu en temps qu’être humaine ? Le monde réel tourne et tu vas devoir apprendre à le regarder en face pour rester accrochée. La réalité, c’est froid, un peu cruel. C’est un ensemble qui te dépasse et dans lequel tu dois t’insérer pour trouver une place. Tu verras, un jour, après les efforts, tu ressentiras la vraie joie, sereine, constante, pas seulement basé sur tes émotions passagères du monde de l’enfance. Un jour Arya, après avoir été polie comme une pierre par la vie, tu resteras immuable et heureuse d’appartenir à ce monde, y avoir été utile, d’avoir rendu heureux les autres personnes réelles. Pas juste ces simulacres d’affections, ces familles que tu crois choisir, et qui un jour choisiront de te lâcher, parce qu’elles en ont le droit ou l’envie.

Nous serons là, réels et tangibles, toujours. Parce que nous le devons, au-dessus e toutes les lois.

Je suis derrière toi, face à la porte, et t’ai enfermé dans mon ombre. Je sens ta main trembler sur la poignée. Tu te réveilles, enfin, du long songe. Ta vision s’agrandit et malgré que tu te forces à garder des œillères, tu perçois l’importance de ce que je tente de te montrer sans vraiment te le dire. Ça n’a rien d’abstrait, ni de lointain. C’est le chemin, notre chemin vers un lointain meilleur. Tu as été ce qu’on appelle naïve. Tu n’as voulu voir que les contours, que l’enveloppe de ce monde, la façade peintes aux couleurs du moment. Et moi je tends le bras pour te montrer ce qui se passe derrière les bâches que tu n’as jamais voulu pousser. Je te mets en face des rouages, doré ou rouillé, avec notre nom gravé dessus. Ces rouages qui font tourner le monde et qu’il nous faut entretenir, ces rouages qui avec de la patience et de l’effort peuvent nous emmener toujours plus haut.


« Ne fais pas l’enfant. J’en ai déjà deux chez moi. »

Je suis le dernier né et mes trois aînés ont choisi de rester des enfants toute leur vie. Des égocentriques. Prouve-moi que les Gryffondors ne sont pas tous de mauvaises graines égoïstes. Prouve-moi que tu es une lionne, et que tu peux rester noble, et continuer à chasser pour ton Clan. Tu ne l’aime pas, ce Clan, mais c’est le tiens. Et si tu veux partir, il faudra être plus digne encore que ceux qui t’ont guidé jusqu’ici sans que tu ne t’en aperçoives sans doute.

Le sourire vide de Jefferson. Il me glace. T’a-t-il vraiment abandonné ? T’a-t-il vraiment fait cet affront ? Ou bien toi, quel affront as-tu commis pour que son sourire soit si satisfait, glacial et mesuré à l’idée de me donner ta main ?

Trop de question, et peu de temps. Si tu pars tel un feu volet, ça va encore être à moi de te rattraper. Et ça m’épuise par avance. Je n’ai pas besoin d’une folie de plus.

This is reality.


L’enfance est terminée. C’est tout. Simplement ça.


« Je suis leurs mots parce qu’ils savent mieux que moi. »

Je ferme les yeux pour ne plus voir tes cheveux noirs. Ils me rappellent trop Annabeth. Ils me rappellent trop que je n’étais pas assez bon pour elle. Ils me rappellent ce à quoi je renonce. J’hésite, puis me résous. Et je pose une main dans ton dos.

« Si c’est du temps que tu veux je t’en donnerai assez pour t’enfuir ou annoncer à ton père que ça ne te convient pas. »

J’ai moi-même besoin de temps pour faire le deuil de mes amours. Mais fuiras-tu assez loin. Auras-tu assez de rager et d’aplomb pour lui tenir tête, à ce père froid ? Peut-être que ce sera plus facile pour toi. Je trouve le sourire de mon père bien plus difficile à outrepasser. J’ai peur de le décevoir. Peur qu’il ait misé beaucoup de chose, peur de faire une erreur qui peindra la déception ou la tristesse sur son front vieillissant.

« Regarde-moi Arya. »

Regarde-moi. Je parle en leur nom car je ne suis rien pour toi. Mais mes yeux, mon regard en cet instant, ils sont de toi à moi. Ils sont mes regrets, cette peur de l’avenir. E suis dans le même bateau que toi, mais je suis lucide. Je tiens la carte, et toi tu es encore aveuglée par la tempête. Laisse-moi te guider, et n’ai pas peur. Je connais par cœur cet océan, et je te ferai oublier la terre ferme, et ceux coincés sur les côtes, ceux qui attendent leur chance sans jamais monter sur un navire, alors que nous voguons vers la Terre Promise.

Nous auront tout le temps de crier de désespoir quand Nous arriverons devant le Désert.

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Arya C. McMillan
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MessageSujet: Re: Les cloches d'un lendemain sans eux.   Les cloches d'un lendemain sans eux. EmptyVen 21 Nov - 10:45

Un lendemain sans eux


Tu n'as pas le choix, les pères ont tous les droits mais,
pourquoi pleures-tu ? Au moins, sais-tu qu'est venue l'heure, de ton bonheur ?
Demain, demain, demain, ton enfance sera morte.



Tu es si près. Tellement près. Beaucoup trop près. Le souffle court, je tente en vain de ne pas paniquer, de conserver l'allure de celle qui ne flanchera pas, de celle qui gardera la tête haute. Peut-tu seulement sentir comme l'exercice m'est difficile, moi qui n'ai pas la moindre assurance, moi qui n'ai pas l'once d'une présomption ? Tout gronde à l'intérieur de moi comme a grondé le sol du hall ce soir-là, à la différence que la chute n'est pas physique. Elle est un mal, un poison. Une sensation délirante qui me tort tandis que tu me sommes d'arrêter de faire l'enfant, que tu en as déjà deux à tes côtés et je me ferme, me demandant lequel de nous deux peux se prétendre le plus adulte de celui qui obéis sagement ou de celle qui se braque et lève le poing.

Je ne dis mot pourtant. Bien contre moi, je sens la honte se peindre sur mon visage. J'ai conscience d'être indocile, de ne marcher constamment que sur la voie de la déception, mais comment faire autrement ? Penses-tu qu'il suffira de quelques phrases bien tournées pour que l'idée qu'on m'impose un époux me semble soudain brillante ? S'il en est ainsi tu as tort. Tout comme tu as tort de penser que leur âge crédibilise leurs actes. Mes yeux te supplient, sont implorants. Quelle disgrâce. Mais d'aussi loin que je m'en souvienne, je n'ai jamais considéré que mon nom et mon sang m'imposait un devoir et je comprend à présent quel est le vrai problème. Je tente de te ramener à la raison, mais nos conceptions de ce termes sont aux antipodes l'une de l'autre. Et quand tu annonces qu'ils savent mieux que nous ce dont nous avons besoin, je murmure faiblement pour ne pas me taire à nouveau.

« Non. »

Mais moi-même je peine à y croire, et mes pensées s'en vont toutes vers lui. Celui que je veux, celui dont je n'ai admis que très récemment qu'il était tout ce que je désirais. Oui, on me pointera toujours du doigt pour l'avoir choisi, et l'on nous blâmerai bien plus encore si par je ne sais quel miracle il s'avérait que mes sentiments étaient bien partagés et que nous assumions nos émois. J'y pense, et cela me serre la gorge. J'y pense, et ce que j'entrevois d'un avenir à ses côtés n'a rien de rutilant car il nous faudrait alors vivre cachés. Non pour moi, mais pour lui. Pour lui qui est père. Pour lui qui est l'homme de main d'un monsieur si important. Par delà les murs de Poudlard existe une vie dans laquelle Hodgson a déjà tous ses repères. Une existence qu'il ne chamboulera pas pour moi, et que je refuse de chambouler à mon tour. Et en même temps que je pense à lui, je repense aux trois visages qui peuvent se cacher d'avoir été un jour le petit ami d'Aryanedëlle. Des porcs, des monstres. Ces garçons là sont violents, ne semblent bon qu'à abuser de tout. Ils me dégoûtent, ont envenimé mon malaise face au toucher. Voilà alors mes pensées qui s'en vont vers Jake. Je fais le bilan et me rend compte que ce garçon que j'avais un jour méprisé est en réalité mon seul ami, et à l'heure actuelle, je ne crève que de l'envie de le voir et de lui demander de l'aide. Mais Jake m'a tourné le dos, il refuse de me parler. A qui le dire, à qui tendre la main ? Pour la première fois de ma vie, là devant toi, je me sens seule. Tellement seule que même lorsque tu m'offre du temps pour faire tout arrêter, je baisse la tête, penaude. Ta main dans mon dos me brûle, et une de mes larmes enfin s'échappe. Sans un bruit. Sans un son. Elles me barre simplement la vue le temps d'un instant, me lacère le visage avant de tomber sur le parquet. Du temps pour dire à mon père que je refuse, mais je sais bien que cela serait incroyablement inutile. Une pure perte de temps. L'homme qui a causé ma venue au monde ne s'est pas donné la peine de me demander mon avis avant de me brader ainsi à toi, pour quelle raison mon avis compterai-t-il à l'heure où, tu l'as affirmé, l'affaire semble déjà conclue. Du temps pour m'enfuir. Mais pour fuir où ? On me retrouvera où que j'aille, et je refuse de vivre reclus dans la peur de tomber un jour sur la mauvaise personne. Je ne suis pas une fuyarde. Pas à ce point. Regarde-moi Arya.

Je redresse la tête d'un geste vif. Comme ils sont beaux tes yeux : reflétés là dans le trouble des miens, je croirai presque voir la mer à travers eux. Et mon visage rougis plus encore. De la honte de t'avoir obéis d'abord, puis de ce que je crois lire en toi. Tes premiers mots, ceux de l'épouvante me reviennent alors. Je te promet que je ne te forcerai jamais à quoi que ce soit. Mais je te regarde et tu me forces. Pire encore, c'est toi-même que tu force dans toute ta peine, et moi je me sens si seule à présent. Je repense à ma mère, à son visage flétri, à ses yeux livides. D'aussi loin que je m'en souvienne, elle n'a jamais été que douleur et vide. Pourtant je m'en souviens de choses que l'on m'a dites.

« Ma mère, tu sais... Elle était très heureuse le jour de son mariage. Comme moi elle ne voulait pas au début, elle a tenté de refuser, mais finalement, quand est arrivé le jour J, bien qu'elle connaissait à peine celui qu'elle devait épouser, elle était heureuse... »

Je me pince les lèvres. Ces choses-là te concernent puisque nous avons le même nom, le même sang, que nous sommes issus d'un même tout, pourtant j'ai l'impression de livrer les tréfonds de mes souvenirs les plus intimes, des souvenirs qui ne m'appartiennent pas vraiment à un parfait inconnu qui n'a aucun droit de les connaître. Néanmoins, j'ai beau retourné le problème sous tous les angles, je ne sais comment te faire comprendre autrement ma peur, et cette obsession à te refuser. Je veux te faire comprendre, même si je dois pour cela en faire appel à ta pitié, que le bonheur n'est pas sur cette voie. Ni pour moi. Ni pour toi. Et dès lors que je saisi toute l'ampleur de cette idée, mon envie de pleurer et de m'enfuir s'éteint pour de bon.

« Mais moi je ne l'ai jamais connu ainsi. D'aussi loin que je m'en souvienne, je n'ai jamais vu ma mère rire, ou émettre le moindre sourire. Même pas un rictus. » Un temps. « Elle a fait confiance à ceux qui lui affirmaient que c'était là le chemin à suivre, et aujourd'hui... Quand je la regarde... Chaque fois que je pose les yeux sur elle, je prie pour que la mort vienne la délivrer car la vie dans laquelle elle se débat... Je crois que c'est ça l'Enfer. »

Ma voix a retrouvé un ton audible. Si je parle avec douceur, mes mots pourtant soudain m'éclairent. Du temps. Ce n'est pas à toi de me donner du temps. Toutes ces promesses, tous ces serments. Ce n'est pas moi qui doit être sauvée, ce n'est pas moi qui doit être guidée. Je le comprend à présent. Ce n'est pas moi qui suis en train de me tromper. Si je me sens seule, alors il suffira de tendre la main vers les autres pour que cette solitude terrible s'efface doucement. Et si malgré ça, un manque dans ma vie fait que je me sentirai toujours seule, alors ce sera encore à moi de travailler à combler le vide. C'est sans doute pour cela que ma mère quand je la vois est aussi vide. Elle n'a rien eu d'elle-même, jamais rien acquis. On lui a toujours donné, imposé. Prend dans tes mains et garde silence, mais qu'a-t-elle vraiment produit de ses mains ? Son cœur lui-même ne lui appartiens plus. Ne lui appartiens pas. Et tu suis la même route Abel. Tu suis le chemin de ceux qui ne possèdent rien vraiment car ils se sont contenté de ramasser ce qu'on leur tendait.

« Tu dis que nos parents savent mieux que nous ? Et oui, c'est vrai. Ils ont l'expérience du vécu, ils nous montrent l'étendu de ce qui nous attend si nous prenons les même décisions que celles qu'ils ont prises à nos âges, mais cela ne signifie pas que leurs choix étaient les bons. Je ne veux pas bêtement répéter les erreurs de ceux qui m'ont précédé, sinon, si je choisis cette voie alors... Ma mère aura vraiment souffert toute sa vie pour rien. Et le plus triste c'est que finalement, elle n'a que ce qu'elle a mérité puisqu'elle a toujours refusé de se battre. Mais...»

Oui, ma mère n'a jamais levé le petit doigt pour s'insurger contre sa situation. Il voulait un enfant, elle le laissait faire. Elle le laissait toujours faire. Il voulait la voir bien apprêtée aux galas Pencroff, elle sortait ses parures, les bons mots pour les bonnes personnes. Devant les invités, elle revêt son masque de parfaite épouse mais ce qui se cache derrière ses fards n'est que ténèbres. Tu me demandes de te regarder, mais les choses ne vont pas dans le bon sens. Regarde-moi toi Abel. Je t'en supplie regarde-moi. Je forme en moi une pensée qui me fait terriblement peur. Je crains de me faire dépasser par elle, mais tu es sourd autant que je le suis à tes paroles, alors il nous faut faire des concessions. Tous les deux.

« Nous, nous pouvons encore nous battre. Ensemble. » Et mes mains avec douceur se lèvent pour venir cueillir ton visage entre elles. Ta peau sous mes doigts me provoque un lent frisson que je fais mine de ne pas voir. Et tes yeux dans les miens. Comme ils sont beaux tes yeux. Ils me tuent. Me lacèrent. « Je ne suis pas la seule à avoir besoin de temps, et de toute façon la route est longue jusqu'à l'autel alors... Si c'est vraiment ce que tu veux, si tu as vraiment besoin de ça pour avancer alors... Ok. Faisons-le. Nous sourirons devant nos pères en nous tenant la main. Tu poseras un genou à terre et je porterai une pierre vulgaire à mon doigt, je le ferai devant eux, devant tout ceux à qui il faut le montrer. A ceux de notre famille qui en doute, je dirai oui, je serai sa femme, mais si le destin nous conduit vraiment à ce jour, quand on me demandera si je souhaites te prendre pour époux, ma réponse sera non. »

Mes mains retombent, je me détache un peu de toi et murmure tout en détachant chacun de mes mots pour bien m'assurer que je les ai dit. Pour me rassurer, pour bien affirmer à ce que je suis que je n'ai pas céder au piège tendu, mais que j'ai volontairement plongé dedans pour mieux m'en tirer.

« Ce sera toujours non. »

Nous avons du temps. Nous avons encore beaucoup de temps, tellement de temps pour préparer le refus et l’embuscade. D'ici la fin de notre scolarité, il peut arriver n'importe quoi qui pourrait nous libérer de ce devoir absurde que l'on veux nous imposer. Tout cela tu ne le veux pas plus que moi. Il y a quelqu'un d'autre que tu aimes je le sais, et si je dois accepter de jouer le rôle de ta fiancée pendant un temps, alors ma priorité dans cette tâche sera de te guider vers le vrai bonheur. Celui que tu ne vois pas encore.  


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MessageSujet: Re: Les cloches d'un lendemain sans eux.   Les cloches d'un lendemain sans eux. EmptyLun 22 Déc - 21:26

C’est une folie. Qu’est-ce qu’une folie ? Entre la folie et la foi. Ta Folie et Ma Foi. Nos voix. Je pose mon front contre le tiens et inspire. Chassons les larmes qui nous ébouillantent tous les deux. Nous allons nous battre. Nous battre pour faire les bons choix, comme tu voudras, Arya. Je n’ai rien à perdre, et plus rien à cacher. Je suis un mauvais cadet, un bon fils, une femme ignoble dans un corps d’homme. Nous ne voulons pas l’un de l’autre. Pas par dégout, mais par rêve d’ailleurs.

Folie : vision non concordante avec la réalité communément admise. Foi. Espérance envers l’invisible, l’inconnu. Je ne sais quand je bascule entre un monde et l’autre. Mais je veux croire en ta force. Je veux croire en l’avenir, que tu me dessines. Que tu me prédis. Un avenir ou l’on ne craint pas d’aimer, de s’attacher. Aux bons, au mauvais. Un avenir où l’on peut espérer, et s’en prendre plein la figure, et simplement dire que ce n’est pas grave. Un avenir où je vais de l’avant.

Je prends tes mains. J’aurais dû aimer quelqu’un comme toi. Je suis certain qu’avec toi, j’aurais pu apprendre sans avoir aussi mal. Mais je suis masochiste, et je n’aime que les gens qui peuvent briser ce que je suis.

Life will decieve you. But let me watch. So I can Watch over you.


« Bien Arya. Convaincs-moi. »

Je ne souris pas, mais j’aimerais t’offrir mon sourire. En gage de ma bonne foi, et de ma bonne volonté. En gage d’amitié. Mais je ne le peux pas. Car il y a des combats perdus d’avance.

« Tu parleras à celui que tu chéris. Et je parlerai à mon amie. »

Mes mots sont distants, parce que je décroche les wagons de l’espérance. Je suis un pied dans un train, et un pied dans l’autre. Pour l’instant, ils partent tous les deux dans la même direction, leurs rails côtes à côtes. Mais bientôt il faudra que je lève un pied, et je ne sais quel train partira sans moi, mais je m’accrocherai au mien de toutes mes forces, pour avancer, avancer, encore et encore. Sortir de mes misères intérieures et construire un monde plus grand. Construire un monde qui me convienne.

« Et si ça marche, viens avec moi voir nos pères. Je te montrerais, et tu verras de tes yeux. Je ferai de mon mieux pour te rendre cela agréable. J’essaierai de te pousser ailleurs, de me pousser ailleurs. »

Je m’éloigne de toi. Mon sourire est faible, triste. Bienveillant et épuisé. Epuisé, mais éveillé, d’une flamme douloureusement réveillée des tréfonds de mon âme. Ce sera de ta faute si j’espère encore, Arya. Mais ne t’ne fais pas. Je serais ton plan B. Et tu seras le miens. Si tu fais en sorte de t’enfuir à temps, je ne te retiendrais pas. J’observerai la preuve que si on y croit, on peut. Et je me tournerai vers un autre avenir que toi, quitte à m’en prendre plein la gueule.

J’aurais la preuve que ce n’est pas une connerie, d’aimer les autres, d’aimer la vie.


« Si tu as besoin de quoique ce soit. »

Je recule. Je redresse la tête. Mon regard, un sourire sans sourire. Une incertitude, créée avec tes mots.

« Je suis ton cousin. »

Je serais toujours là.



Quelques jours plus tard, il y a des faireparts dans les pattes de nos hiboux, entre nos doigts. Même à genoux, nous irons, seront fiers. Debout, moins libre que l’air, libre comme l’eau dans un verre. Mais dans ta chambre, Arya, tu trouveras, un pli dans lequel sera dessiné une série de bagues. Il y aura aussi l’adresse d’un couturier, et un chèque blanc déjà signé.

Du nom d’Abel McMillan.

Nous partons en guerre.

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