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 I'm too afraid of my heart to let you go [Arya]

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Jacob A. Jugson
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MessageSujet: I'm too afraid of my heart to let you go [Arya]   I'm too afraid of my heart to let you go [Arya] EmptyLun 13 Oct - 18:27



I'm too afraid of my heart to let you go


Le Bulboronron, un végétal fascinant. A la fois utilisé en potions, en soins magiques et en divination, son mucus à l'odeur particulièrement nauséabonde était aussi utile que difficile à obtenir. Le Bulboronron avait en effet développé un mécanisme de défense très particulier : lorsqu'il entrait en sommeil profond, le bulbe principal contenant le mucus devenait aussi solide que la pierre et aussi impénétrable que la vierge Marie. Le faire sortir de son sommeil tout en douceur pour espérer récupérer le précieux liquide puant était un art à lui seul. Étant donné mon intérêt pour les potions, il n'y avait rien d'étonnant à ce que je me sois inscrit à ce cours optionnel dédié à l'apprentissage des techniques d'éveil du Bulboronron. Un cours ouvert à toutes les filières mais où les places étaient chères.

Mon arrivée dans les serres, lieu du cours, fut sans doute remarquée, puisque c'est parfaitement décoiffé, en retard, et essoufflé, que je débarquai au milieu de la petite assemblée. Au premier coup d'œil, je remarquai que tous les étudiants avaient formé des binômes pour se regrouper autour de grandes tables de travaux pratiques sur lesquelles trônaient d'étranges rochers lisses empotés : les fameux Bulboronrons endormis.

« Monsieur Jugson ! »

M'interpela le professeur, que je ne connaissais pas, mais qui m'avait sans mal identifié, moi le seul clampin manquant à l'appel.

« Le quart d'heure de politesse j'imagine ? Enfin devrais-je dire les 3/4 d'heure... Vous venez de louper toutes les consignes pour procéder à l'éveil du Bulboronron. Heureusement que vos camarades ont assidûment pris des notes... »

J'ouvris la bouche, prêt à m'excuser pour mon retard, mais il leva la main, me faisant signe de me taire, visiblement peu intéressé par les excuses.

« Quoiqu'il en soit votre arrivée tombe à pic, cela évitera à Mademoiselle McMillan d'avoir à gérer un Bulboronron à elle toute seule. Périlleuse opération, cet éveil »

A l'entente du nom de famille de ma partenaire désignée mon sang ne fut qu'un tour. Pitié, faites que ce soit Hell. Voilà ce que soufflait mon cerveau en panique. Merlin, c'est le moment de faire preuve de clémence, envoie moi ma petite indienne blondinette en support. Je me retournai avec toute la lenteur du monde vers la table que le professeur m'avait désignée de la main. Pas de cheveux blonds, pas de grands yeux rieurs et de sourire de cheshire. A la place, une chevelure brune et une silhouette que je ne connaissais que trop bien. Un visage autrefois ami que je n'osais presque plus regarder. Évidemment. De toute l'école, il fallait que ma partenaire soit Arya McMillan.

« Eh bien allez-y Jugson, le Bulboronron ne va pas se réveiller tout seul »

Insista l'enseignant, probablement fatigué de me voir jouer les lampadaires en plein milieu de l'allée.

« Mademoiselle McMillan je compte sur vous pour expliquer à votre partenaire le mode opératoire »

Je finis par me résoudre à aller m'assoir sur le tabouret libre à côté d'elle. Depuis la rentrée, je ne sais par quel miracle, j'avais réussi à l'éviter. Le fait d'être dans des maisons différentes, pour une fois, avait été un avantage. J'avais passé la première semaine de la rentrée quasiment enfermé dans la salle commune des aigles. Pathétique, mais diablement efficace. Et puis par la suite les cours et les devoirs avaient pris le relai. J'avais également passé beaucoup de temps en compagnie de Hell et de Silver, ce qui m'avait à la fois permis de me changer les idées mais aussi d'éviter Arya. Je pensais qu'en mettant de la distance, qu'en prenant du recul, les retrouvailles seraient plus faciles.

Maintenant que j'étais assis à côté d'elle, je réalisai que c'était tout le contraire. Rien qu'à la regarder mon coeur se serrait, mais je n'arrivais pas à savoir si c'était la nostalgie de tous les bons moments passés ensemble ou encore et toujours ce sentiment puéril mais tenace de trahison. Concrètement, je n'avais qu'une seule alternative : me plonger dans le boulot pour ne pas me laisser aller à la déprime et l’amertume. L'ennui, c'était que je n'avais pas les instructions, et je ne voulais définitivement pas foutre en l'air l'éveil de notre Bulboronron. La méthode simple aurait été de demander ses notes à Arya, mais je me sentais particulièrement mal à l’aise à l’idée que la première chose que je lui dirais après 1 mois de silence soit « Est-ce que je peux avoir tes notes ? ». Tellement que je préférais encore prolonger cet interminable silence. Je méritais des claques, et je le savais, mais c’était pour le moment au-dessus de mes forces.

A la place, je me penchai en avant, tapotant l’épaule de ma voisine de devant. Elle pivota sur son tabouret, et je fus soulagé de reconnaître une comparse Serdaigle.

« Hey »

Lâchai-je en guise de salutation, n’ayant pas la moindre idée de son prénom.

« Euhm… Je crois qu’on s’est plantés à un moment donné dans notre prise de note…. Il y a un truc qui me parait bizarre. Ca t’ennuie si je jette un œil aux tiennes pour comparer ? »

C’était dit avec le sourire, mais le cœur n’y était pas. Le cœur ne pourrait pas y être aujourd’hui, pas avec la fille que j’ai aimé, en qui j’avais une confiance aveugle, et qui m’a trahi, juste à 2 mètres de moi. En guise de réponse, la Bleu et Bronze me tendit son carnet et je la remerciai d’un hochement de tête. J’étais, à ce moment là, particulièrement reconnaissant à la nature de m’avoir doté d’une mémoire photographique. Ce n’était en soi, pas bien compliqué, il fallait juste faire preuve d’une grande rigueur, que ce soit dans les quantités ou bien dans l’ordre d’exécution des différentes étapes.

Je rendis ses notes à ma sauveuse en la gratifiant d’un énième sourire vide, avant de me lever pour aller chercher quelques ingrédients mis à disposition sur le bureau du professeur. Tout était mieux que de rester assis à côté d’Arya sans lui parler.
Je revins au bureau avec ma poudre de Bézoar fraîchement écrasée pour constater que c’était ma partenaire qui avait disparu. Il fallait dire qu’avec tout ce qu’on avait à faire pour réveiller ce fichu bulbe en douceur, il y avait de quoi occuper toute une armée. Je fis un tour sur moi-même, la cherchant des yeux, pour la retrouver du côté des plantes, sans doute en train de cueillir les baies nécessaires à l’éveil du Bulboronron.

Me remémorant ce qui était écrit sur le carnet de ma voisine de devant, je décidai de procéder à l’enveloppage du Bulboronron endormi dans la poudre de Bézoar humidifiée. Par acquis de confiance, j’inspectai d’abord notre sujet d’analyse à l’aspect d’un caillou lisse pour m’assurer que ma partenaire ne l’avait pas fait durant mon absence. Ne voyant aucune trace de poudre, j’attrapai le petit pinceau mis à notre disposition, l’humidifiai dans la coupelle d’eau que j’avais préparée, et commençai à badigeonner le bulbe. Tout se déroulait pour le mieux, jusqu’à ce que je remarque que la « peau » du Bulbe semblait absorber la poudre au fur et à mesure que je la mettais, la faisant disparaître comme s’il n’y en avait jamais eu. En soi, pas un problème. Sauf, naturellement, si Arya l’avait déjà badigeonnée avant moi, ne laissant aucune trace derrière elle. Dans le doute, je décidai d’arrêter là mon tartinage et d’attendre qu’elle revienne s’asseoir pour lui demander. Je n’avais toujours pas envie de lui adresser la parole, mais j’avais encore moins envie de savoir ce que pouvait donner un Bulboronron qui se levait de la racine gauche.

Accoudé à la table de travail, je pris mon mal en patience, et je crus bien que j’allais m’endormir. Vue le temps qu’elle mettait à revenir, j’allais finir par croire que je n’étais pas le seul à appliquer une stratégie d’esquive ! Ce fut la voix de la Serdaigle de devant qui me tira de mes rêveries.

« Euh Jacob… Je crois que ton Bulboronron bouge »

Me redressant un peu, je me penchai vers l’espèce de caillou grisâtre. Je ne vis d’abord rien, mais après quelques secondes à peines, je perçus un tressautement qui me fit d’ailleurs sursauter avec lui. C’est ce moment précis que choisit Arya pour revenir de sa cueillette ou Merlin-sait-quoi-d’autre. Je lui jetai un bref regard, mais reportai rapidement mon attention sur le problème en devenir.

« Est-ce que c’est normal ? Est-ce que le professeur a parlé de ce cas ? »

Demandai-je, incertain de ce que je devais faire.

« Non, il a dit que le réveil prendrait au grand minimum 3 heures, il n’est pas censé bouger avant … »

Génial. De deux choses l’une : soit j’avais hérité du seul Bulboronron victime lui aussi de terreurs nocturnes, et j’étais témoin d’un de ses rêves agités, soit j’avais fait une grosse boulette, et le Bulboronron n’allait pas tarder à se transformer en Bulboronchon tiré de son sommeil avant l’heure. Je fus tenté d’attraper la cuillère en bois mise à notre disposition et de taper sur le bulbe en espérant « l’assommer », mais s’il existait des végétaux assommeurs comme le fameux saule, je n’étais pas certain qu’il existe des végétaux assommés … Avec la chance que j’avais, j’allais juste encore plus l’énerver. En attendant, les tressautements étaient de plus en plus rapprochés, et la couleur si semblable aux cailloux du Bulbe commençait à tirer sur le orange. Il me suffit d’un coup d’œil aux tables autour de nous pour réaliser que notre Bulboronron était le seul à réagir de la sorte, ce qui n’était définitivement pas de bon augure…

Commençant à perdre ma légendaire –si si- patience, je me tournai vers Arya, à la fois frustré que notre expérience soit en train de tourner au vinaigre, et furieux … sans raison particulière à vrai dire. Ou pour trop de raisons, plutôt. Furieux qu’elle n’ait pas d’avantage cherché à me contacter. Furieux qu’elle m’ait menti. Furieux qu’elle n’ait visiblement pas grand-chose à foutre de notre amitié.

« Est-ce que tu lui as mis la poudre de Bézoar ? »

Demandai-je, avec beaucoup trop d’agressivité dans la voix pour que ce ne soit qu’une simple histoire d’expérimentation ratée. La serdaigle devant nous me dévisagea d’ailleurs avec stupeur, remerciant probablement le ciel de ne pas avoir fini en binôme avec moi. Moi qui passais pour le maniaque rigide qui hurle sur ses collègues lorsqu’ils se trompent dans les mesures. La journée avait pourtant si bien commencé…. Non mais de qui est-ce que je me foutais ? Cette journée avait été un fiasco dès le début. Une nuit horrible, des cauchemars déchirants, un réveil mouvementé. Au moins, nous serions deux à nous être levé de la racine gauche….

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Arya C. McMillan
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MessageSujet: Re: I'm too afraid of my heart to let you go [Arya]   I'm too afraid of my heart to let you go [Arya] EmptyDim 26 Oct - 20:27

Only love her when you let her go


At the same time, I wanna hug you, I wanna wrap my hands around your neck !
You're an asshole, but I love you And you make me so mad I ask myself if it could be true love




Le cours de Botanique était l'une de ces rares matières, outre la divination, au cours de laquelle j'avais toujours aimé participer. L'art de manier les plantes et d'en extraire le meilleur pour la réalisation de bien d'autres matière, quelque part, je devais admettre que je trouvais cela fascinant. En revanche, ce que j'appréciais bien moins c'était cette fâcheuse manie qu'avait notre professeur de cette année à constamment mettre les élèves en binôme pour les travaux pratiques. Asociale ? Oui, sans doute un peu au fond, mais ce qui m'agaçais sincèrement dans ce procédé, c'était cette manie qu'avait toujours l'un des membres du groupe à se reposer tandis que l'autre s'affairait pour deux. Une situation dans laquelle je me retrouvais pratiquement à chaque fois et dans laquelle, bien entendu, je jouais toujours la servante et non la servie. Il n'y avait pas à dire, la douce candeur de monsieur Londubat manquait cruellement à ce cours, mais il fallait bien faire avec pour cette année, en espérant peut-être le retrouver la suivante.

Enfin, quand fidèle à son habitude, le professeur demanda à ce que l'on forme les paires, je compris rapidement d'un habile calcul exécuté du regard qu'un élève allait se retrouver sur le carreau. Un petit sourire en coin, je déclinais une proposition à mon encontre avant de me retrouver cinq minutes plus tard comme l'heureuse gagnante du travail à faire en solo. Certes, l'éveil du bulboronron n'était pas une tâche aisée, mais devoir travailler avec quelqu'un l'était encore moins à mon sens et c'est donc plus enjouée que jamais par ma situation que j'entamais le plus soigneusement possible ma prise de notes concernant les consignes prompt à l'éveil du bulboronron que le professeur de botanique nous dictait. Une demi-heure de plumes grattant leurs parchemins plus tard, j'assistais à la minute de battement entre le cour et les travaux pratiques au cours duquel les autres se levaient timidement, se demandant si le départ était lancé ou non pour commencer l’exécution de la tâche du jour. Les filles devant moi se levèrent en chœur, je les suivais au pas pour récupérer les éléments dont nous avions besoin pour la première étape avant de m'en venir me rasseoir à mon bureau avec la poudre de Bézoar qui était le premier d'entre eux et que j'étalais en fine pellicules sur la plante à l'aspect d'un gros cailloux, calme. Sereine.  Du moins était-ce le cas jusqu'à ce que soudain, quelqu'un n'entre en trombe dans la pièce. Je soupire tout en rangeant mon matériel. Presque une heure de retard. A se demander si vraiment certain on... Minute. Par la barbe de Merlin, non pas ça... Pas lui...

Je ne respire plus, n'ose même pas relever la tête, me sentant comme sonnée par le nom sorti d'entre les lèvres du botaniste mécontent de son retardataire. Jugson. Une seconde j'espère inutilement qu'il s'agisse d'Eleazar, mais je sais très bien la chose impossible. Ce dernier est de ma propre maison mais pas de mon âge et toute évidence, tous les L3 de la maison rouge sont ici. Pourquoi ? Pourquoi a-t-il fallu que ce soit lui qui arrive en retard et se face ainsi remarquer ? Je rêve d'enfoncer mon visage dans mes bras et de disparaître. Si au moins cet imbécile s'était donné la peine d'arriver à l'heure, il se serait rapidement trouvé quelqu'un autre que moi avec qui bosser car oui, aussi surprenant que cela puisse paraître, Jacob Jugson m'évite. Et encore, ce terme est un bien bel euphémisme quand je constate le mal qu'il se donne depuis le début de la rentrée pour éviter tout bonnement de croiser ma route. La seule présence qu'il me reste de lui n'est autre que Lux qui lui semble neutre dans une affaire à laquelle je n'ai rien compris, si ce n'est que pour une raison, Jake ne voulait plus m'adresser la parole, ni même me voir.

Ô bien sûr que j'avais tenté de percer le mystère en comprenant cela. J'avais commencé mes investigations en me rendant auprès de son cousin qui ne savait rien, pas plus que ses autres amis d'ailleurs dont tous me répondirent que je devais me faire des idées, qu'un tel comportement n'était pas dans ses habitudes, surtout en ce qui me concernait. J'avais envoyé un hibou pour savoir s'il était toujours d'accord pour qu'on se retrouve après le cours de potions le vendredi soir. Nulle réponse. Je n'avais pas insisté, profondément vexée que j'étais dans mon état d'incompréhension. Et j'avais beau fouillé dans chaque souvenir qu'il me restait de notre dernière entrevue, rien. Je ne voyais rien qui n'allait pas. Par ailleurs, plus j'y pensais, et plus j'avais envie de lui signaler que s'il y en avait bien une qui aurait du lui faire la tête c'était bien moi. Non mais franchement ! M'avoir caché que son soit disant parrain n'était autre que Hodgson, vous y croyez ça vous ! Au moment où j'avais eu le moins envie de le voir, au moment où ce dernier venait de m'infliger la plus délirante humiliation qu'il m'ait été donné de ressentir, voilà que mon meilleur ami me conviait à l'anniversaire de l'enfant d'Hodgson. Une journée qui m'avait semblé interminable et au cours de laquelle j'avais eu bien du mal à me retenir d'exploser. Cela dit, certains événements avaient eu tant fait de nous détourner de ces choses fâcheuses qu'au final, Jake et moi avions quitté les lieux sans avoir trop eu de contact avec notre hôte ce dont je me félicitais. Mais voilà que depuis Jake jouais les carpes. Et à force de ne pas comprendre, à force de ne pas le pouvoir et de ne pas réussir à le contacter, fatalement, moi aussi j'avais perdu l'envie de lui parler. Chaque fois que son prénom me venait à l'oreille, ma gorge se serrait, prise entre l'envie de lui coller deux claque et celle de fondre en larmes. Cet imbécile... Ne pouvait-il vraiment pas venir me voir et me dire ce qui le chiffonnait comme le ferait n'importe quel être humain doté d'un peu de bon sens ? Non, lui préférait jouer bêtement les tombes comme un gamin écervelé !

Gamin qui par ailleurs reçu alors l'ordre de venir travailler avec moi. Allons bon, je l'avais senti venir à dix kilomètres sans besoin de visions pour cela. Il aurait été trop beau qu'il le punisse de son retard en lui demandant de bosser tout seul ou en lui permettant de rejoindre un groupe déjà formé ? Non, en toute logique, j'allais devoir supporter cet empoté dont les cheveux débraillés et la chemise à moitié boutonnée laissait entendre qu'il n'avait pas entendu le réveil ce matin. Par ailleurs, cet imbécile semblait sans doute bien plus embêté encore que moi, plantait comme un piquet qu'il était tandis que le professeur lui aboyait de se rendre à la place qu'il avait imposé, m'offrant au passage le grand privilège d'avoir à lui expliquer tout depuis le début. Ne répondant même pas, les bras croisés sur le bureau et les yeux vissés sur eux, je l'entendis se déplacer vers moi. C'était stupide. Cette situation était vraiment plus que stupide. Depuis quand arrivais-je à me sentir si mal à l'aise en sa présence à lui ? A lui qui était sans doute le seul à pouvoir m'étreindre dans cette école sans que cela me fasse horreur ? A lui qui était il n'y a pas si longtemps le point central de mon univers et l'ami qui m'était le plus cher ? Ridicule, mais il fallait pourtant admettre que j'étais incapable de lui décrocher ne serait-ce qu'un bonjour pour l'instant. J'attendais. Aussi bête que cela puisse paraître, j'attendais que ce troll des Landes ne se visse sa politesse au bout des lèvres et ne me la serve pour quémander mes notes. Vas-y Jake, montre moi comme tu mets fin à plus d'un mois de mutisme et d'évitement pour pouvoir suivre un simple cours. Je suis acide, mais sens pourtant mon cœur battre la chamade dans l'attente de sa voix. Un Hey me parvient. Mes muscles se contractent, ma raison me souffle qu'enfin tout cela va prendre fin, mais tombe finalement des nues en l'entendant interpeller notre voisine de devant pour lui emprunter ses notes à elle. Mes yeux s'écarquillent de tout leur rond, sans pouvoir me retenir, je sens ma tête pivoter vers lui et mes yeux l'avada kedavriser sur place. Non mais je rêve ! Bon sang, ce foutu sac à gargouilles n'avait donc aucun cran !? Aucun... J'enrageais, rêvant de lui faire avaler mes notes qui de fait, étaient, j'en étais certaine, prises à la perfection. Pour comparer ? Non mais sérieusement, qu'est-ce qu'il ne fallait pas entendre ! Si ce foutu petit cancrelat avait eu la bonne idée de se réveiller et d'être à l'heure en cours sans doute n'aurait-il eu besoin ni de mes notes, ni de celles de notre voisine pourvu qu'il ait jamais su se montrer capable de prendre convenablement les siennes !

Ça y est ! La guerre était déclarée ! Là où il y a encore quelques instants, je me fardais de quelques restes de tendresse à son égard, je bouillais désormais d'une colère et d'un abasourdissement des plus terribles. Frappant le bureau de toute mes forces avec le plat de mes mains, je me levais sans plus lui adresser un regard et courrais plus que je ne marchais en direction des baies de sureau dont nous aurions besoin pour la suite, lui tournant amèrement le dos pour m'éviter le spectacle d'un nouvel échange avec sa voisine Serdaigle qui était de toute évidence d'une meilleure compagnie que la mienne à en juger par son comportement. J'enrageais. J'enrageais par chacun des pores de ma peau, cueillais avec une telle délicatesse que le quart des baies que j'arrachais à leurs branches finissaient écrasées dans mes mains.

« Mettez plus de douceur dans vos gestes miss McMillan, ces baies sont fragiles » - Je crève d'envie d'envoyer valser notre bon professeur, de rugir que s'il voulait me voir calme et douce, il vallait mieux pour nous qu'il fasse déguerpir ce foutu insecte qu'il m'avait envoyé dans les pattes au plus vite, mais le cran me manquant, je me contentais d'hôcher la tête en silence. A mesure que mon travail avançait et que mes paroles fielleuses dégoulinait de mon esprit aux abois, je sentais pourtant ce fier pincement me faire crier le cœur. Il me manquait. J'avais beau râlais, j'avais beau vouloir l'assommer en le frappant de toutes mes forces avec ce foutu bulboronron, cet imbécile me manquait et cela me crevait de l'intérieur que de l'avoir si près de moi à présent dans une telle ambiance. Impossible de faire le premier pas pourtant. Il était celui qui avait déclencher tout cela et j'avais encore assez de fierté pour ne pas venir ramper après lui maintenant. M'en revenant à notre table, l'esprit passablement apaisé, je découvris dès lors un spectacle qui allait très vite mettre un terme au peu de patience et de self-control que je pensais avoir récupéré.

A peine le temps de poser les baies dans un bol que voilà Jake qui s'agite et notre bulboronron qui en fait de même. Je contemple la plante, comme un vide dans la tête. Ça y est, c'est arrivé, cet abruti congénital vient de faire capoter notre expérience, notre boulot. Je sens dores et déjà la honte se couvrir sur moi qui ne demandais qu'à pouvoir travailler seule et en paix. Je respire lentement tout en serrant les dents, ne réponds pas à notre voisine qui m'interpelle un brin d'inquiétude dans la voix. Je vais le tuer me susurre une petite voix. Jake ouvre à nouveau la bouche, et ses paroles comme le ton qu'il m'adresse font qu'en l'espace d'une seconde je sens les os de mes doigts craquer puis se replier sur eux même en un poing que, je le sens, ce troll va déguster dans peu de temps.

Mes mots entrecoupés par un ton que je tente calme pour m'éviter de lui hurler à plein poumon devant toute la classe, je réponds d'une manière toute aussi aimable que la sienne :

« Evidemment que je l'ai déjà fait sombre crétin, tu sais depuis combien de temps le cours a commencé !? »

Allons bon, les mots doux étaient partis et en prime, le ton que j'avais tenté calme dans un premier temps s'était quand même transformé en un cri de colère et d'exaspération sur la fin. Nulle besoin de lui demander quelle connerie il avait bien pu faire pour comprendre, en voyant comme notre bulboronron vrombissait, que ce dernier avait reçu plus que sa dose en poudre de Bézoar.

« Aide moi à le rincer, vite ! » m'écriais-je en attrapant ma baguette et en balayant la sienne d'un revers de main vers lui. En quelques mots, je tirais de l'eau du bout de ma baguette, arrosant notre plante en colère tout en l'époustant de mon mieux du surplus. Jake suivi la cadence, mais nous eûmes beau nous acharner à faire partir la poudre de Bézoar qui brillait dangereusement désormais de tout son surplus, rien à faire, le bulboronron grondait toujours plus. Puis il grossit et trembla plus encore. Quand un sifflement strident vint s'ajouter à ce manège, allez savoir pourquoi, une petite voix au fond me souffla que c'était trop tard. Et en effet, il ne fallut pas attendre plus longtemps pour que Serdaigle et Gryffondor que nous étions ne nous retrouvions couvert d'un terrible miasme dont l'odeur était tout bonnement à vomir au milieu de nos camarades dont ceux qui ne riaient pas à pleine gorge semblaient tantôt choqués, tantôt écœurés comme l'était nos voisines de devant. Je ferme les yeux. J'ai envie de pleurer. D'enfoncer sa tête blonde recouverte de pâte orange dans les restes de notre bulboronron qui n'est pas prêt de regronder un jour vu son état. Par ailleurs, voilà le prof qui s'y met et beugle à tout va en nous traitant d'irresponsables et de manches. Le bulboronron est une créature si fragile et si sensible, nous ne sommes que des rustres, que des idiots, nous avons de la chance qu'il ne nous colle pas pour le reste de l'année simplement par égard pour notre bienveillante voisine ayant prit notre défense du bout des lèvres.

Et durant tout le temps que dure cet épisode épouvantable, je ne parviens à lâcher le regard bleu de mon camarade qui semble tout aussi haineux que moi en cet instant. Jamais de ma vie je n'aurai cru qu'un jour lui me regarderait ainsi. Que moi, je le regarderais ainsi. Pourtant, lorsque le professeur nous hurle d'aller jeter la dépouille de ce pauvre bulboronron et d'aller nous laver sous les jets destinés aux grandes plantes de la serre n°4 pour éviter d'encrasser tout le château de notre présence, nous qui fleurons désormais aussi bon que de la bouse de troll marécageux, je nous sens prêt à nous entretuer.

Mais pas une minute pour le faire ici. Avant même qu'il n'ait le temps d'osciller un geste, j'attrape le bulbe décomposé et sort de la serre sous le regard amusé de nos camarades en prenant soin de refermer le tonneau servant de poubelle à l'entrée avec le moins de douceur possible . La serre n°4 se trouve à l'opposé de celle où nous sommes. Il y règne une chaleur infernale due au fait que la plupart des plantes qu'on entrepose ici sont d'origines tropicales, mais pour l'heure, ni lui, ni moi ne semblons aptes à admirer les plantes. Par ailleurs, en ce qui me concerne, je ne suis plus aptes à grand chose qui n'ait pour objectif d'apaiser mes nerfs.

A peine la porte de la serre s'est-elle fermée sur nous que je craque. Et certaine qu'ici personne ne pourra rien entendre, je me permet même de crier.

« T'es fier de toi ? Tu pouvais pas me demander, m'attendre avant de toucher à cette foutue plante ? Ah mais non j'oubliais, Jacob Jugson n'adresse plus la parole à ses amis maintenant ! »

Il ouvre la bouche, prêt à répliquer. Je le coupe avant même qu'une syllabe ait traversé ses lèvres.

« Bon sang mais c'est quoi ton problème sérieux ? T'es pas foutu de le dire quand quelque chose ne va pas ? Ça t'écorcherais vraiment la langue d'au moins prendre la peine de te comporter en adulte le temps d'un cours si vraiment tu n'as plus envie de me voir !? »

Ma colère, je la sens qui dégouline, qui me salis. J'étouffe d'une envie criante de le serrer contre moi, de le supplier d'arrêter ce mutisme stupide mais la colère est encore trop brûlante, et comme Hodgson lui-même a su si bien le faire, je sens ma fierté, mon seul trésor, comme si l'on venait de lui cracher dessus et de la piétiner. Je n'aime pas les hommes, ils sont souvent sauvages et brutaux dans leur nature, lui avait un jour confié Billie Fawley. Ces mots gravés dans le cœur, je sens comme elle a raison. Et comme dans le même temps, je peux être bien pire.









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Jacob A. Jugson
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MessageSujet: Re: I'm too afraid of my heart to let you go [Arya]   I'm too afraid of my heart to let you go [Arya] EmptyDim 2 Nov - 21:58



There's something you can't talk about
But it's somehing that you did
No reasons to be talked about
No lies you have to give.
Someone you can't think about
Someone who you miss.


Si j’étais, pour sur, déçu d’avoir râté cette fameuse expérience de réveil du Bulboronron, ce n’était rien en comparaison de l’état dans lequel s’était mise Arya en constatant l’échec imminent de notre TP. A la voir dans tous ses états, on aurait presque cru que sa vie en dépendait. Je ne savais pas si c’était les dommages collatéraux d’un Bulboronron se réveillant de mauvaise humeur qui l’inquiétaient, mais dans tous les cas, elle avait laissé de côté sa diplomatie, ne se gênant pas pour gueuler sur moi. Bon, dans la mesure où j’avais aussi aboyé sur elle, j’imagine que ce n’est qu’un juste retour. Lorsqu’elle m’ordonna de l’aider à le rincer, je m’exécutai. Je ne pensais pas franchement que cela arrange quoique ce soit, mais étant à court de meilleures idées, je suivis son idée. Mais de toute évidence… nous ne faisions qu’aggraver les choses.

Le sifflement assourdissant sonnait comme une sonnette d’alarme, malheureusement tirée trop tard : je voulus attraper Arya par les épaules et la tirer en arrière pour limiter les dégats, mais le Bulboronron fut plus rapide que moi. En quelques secondes à peine, nous étions passés d’étudiants normaux à vase sur patte. Je m’immobilisai alors que la plante nous arrosait de son effluve aussi odorante qu’écoeurante, fermant les yeux et serrant les dents, espérant sans doute qu’à rester ainsi, j’allais me réveiller de ce terrible rêve. Pas de bol, le cauchemar ne faisait que commencer. Après l’odorat, ce fut l’ouïe qui en prit pour son grade alors que les commentaires pleuvaient sur nos déboires, alternance entre les élèves moqueurs et le professeur intransigeant. Je finis par activer la sourdine, le brouhaha se transformant en bourdonnement alors que je faisais de même avec mes narines. Malheureusement pour moi, l’odeur pestilentielle renversait toutes mes barrières, continuant de m’harceler. Comme si l’humiliation n’était pas suffisante à elle seule.

Je finis par tourner mon regard vers Arya, incapable de subir les remontrances et les moqueries plus longtemps. Même avec espèce de crasse orangeatre pleins les cheveux et le visage, elle était belle. Même dans sa contrariété évidente, elle avait ce charme qui m’avait toujours fasciné mais dont je ne lui avais jamais rien dit. Et pourtant, ce n’était certainement pas avec les yeux de l’amour que je la fixais. Etouffé par ma frustration et ma déception, je n’arrivais qu’à lui jeter rancœur et amertume au visage, mes yeux habituellement rieurs se transformant en deux orbites sombres et acerbes.

Je finis néanmoins par la suivre, ignorant comme je pouvais les répliques de nos camarades. Les malheurs des uns font le bonheur des autres, c’est bien connu. Et pourtant, parmi eux, nul ne se doute qu’au-delà du drâme du Bulboronron se déroule une toute autre tragi-comédie.
Arrivés dans la serre où le professeur nous avait tous deux envoyés, j’appréciai le silence ambiant, l’absence de railleries et de reproches. Quelques secondes à peine.

Puis vinrent les cris. Arya s'était mise à hurler comme rarement je l'avais vue hurler. Je l'avais déjà vue me faire des remontrances, me faire la morale, me pseudo-engueuler, mais là ça dépassait tout cela. Je ne pouvais pas exactement dire que je ne m'y attendais pas ... Mais je n’avais pas anticipé l’ampleur des cris, qui me firent même sursauter.
Elle hurlait au sujet de cette fameuse expérience, mais je n’étais pas assez bête pour ne pas comprendre que le fond du problème était autre. En d’autres circonstances, si nous avions lamentablement foiré ce TP, nous en aurions probablement ri. Mais aujourd’hui, tout était différent d’il y a 3 mois à peine.

J’inspirai profondément. Je n’avais pas envie de m’énerver. Je n’avais pas envie de céder à la colère, moi qui avais passé toutes ces années à la condamner ainsi que tous ces hystériques incapables de se contrôler. Et pourtant… Arya mettait mes nerfs à rude épreuve. Elle me défiait, que ce soit volontaire ou non. Ce que j’avais gardé pour moi durant tous ces jours, toutes ces semaines, me brûlaient maintenant les lèvres, menaçant de déverser mon huile bouillante à tout moment. Et je finis par céder…

« Tu veux savoir ce que je pense ? Parfait, j’espère que tu as du temps devant toi alors... »

Répliquai-je, le ton acide, mordant. Jamais, par le passé, je ne m’étais montré agressif envers elle. Je n’avais eu que de la bienveillance à son égard, au pire, un peu d’énervement ou de jalousie mal placée. Mais jamais la moindre envie de blesser ou de la rabaisser. Et pourtant, cette rage que j’avais laissé murir en moi, je la sentais ramper dans mes artères, dans ma gorge, cherchant à se répandre en mots pour lui faire comprendre à quel point j’avais mal.

« Je pense que tu es une sacrée cachotière »

Commençai-je. Contrairement à elle, je ne hurlais pas. Ma voix était basse, presque grondante.

« Je pense que toi et moi on ne doit pas avoir la même définition de l'amitié »

Enchaînai-je. Immobile, droit comme une colonne, je ne remuais pas, mes yeux se contentant de véhiculer tout ce que je voulais lui dire mais que je n’osais pas sortir.

« Je pense que tu es presque une bonne comédienne. Quand je te l'ai présenté j'ai failli y croire... Mais le fait que tu sois devenue blanche comme un linge t'a un peu trahi je dois dire... »

Voyait-elle déjà où je voulais en venir, ou bien était-elle complètement perdue ? Mes pensées avaient du mal à s’ordonner, elles sortaient pêle-mêle, comme un venin, inarrêtables  et mauvaises. Ma voix s’adoucit, cependant, prenant presque un accent de tristesse lorsque j’ajoutai :

« Tu connaissais deja Callum quand je te l'ai présenté à la fête de Marlow »

Ce n’était pas une question, c’était une affirmation.
Je ne connaissais pas la nature exacte de leur relation, puisque ni l'un ni l'autre ne m'avait jamais parlé, mais je savais, rien qu'à lire le visage d'Arya ce jour là, que ce ne pouvait pas être anodin. Que ca ne se résumait pas à "oui je l'ai croisé dans un couloir et je lui ai dit bonjour". Au-delà de ça, je ne saurais dire, à l’expression qui s’était emparé de son visage à ce moment précis, s’il pouvait s’agir d’une haine sans limite, d’un amour absolu, ou d’un tout autre sentiment inexpliquable. Mais il y avait quelque chose.
Et je ne comprenais pas pourquoi, comment, elle avait pu ne rien me dire à ce sujet. Ca me faisait terriblement mal de savoir que je n'étais pas digne de connaître une partie de sa vie, là où moi, j'étais un livre ouvert. Mes troubles, mon alcoolisme que je déguisais sous des traits de remède, ma mission de vie, elle connaissait tout de moi. Même les aspects les moins glorieux de ma personne -surtout en fait.

« Eeeet pourtant, pas un mot. Jamais mentionné. Mais tu as raison. C'est ça être meilleurs amis : pourquoi parler de ce genre de choses alors qu'on peut discuter... Du goût bizarre de jus de citrouille le mardi matin, ou de la nouvelle moustache du professeur de runes »

Voilà que je donnais dans le sarcasme, cherchant à peine à dissimuler mon amertume. Maintenant qu'elle m'avait fait ouvrir les vannes, impossible de revenir en arrière. Tout, je lui balançais tout à la figure. Plus de demi-vérités, de demi-mots. Elle voulait que je lui parle ? J'allais parler. Et pas qu'un peu.

« Putain Arya dire que ce jour là j'ai failli te... »

Je m'interrompis, brusquement, les yeux écarquillés, réalisant que emporté par mes émotions j'avais failli tout lui balancer. Tout lui avouer. Le seul véritable secret que je lui avais caché, celui que j'avais voulu lui livrer le soir meme de l'anniversaire de Marlow. Les découvertes de la soirée m'avaient considérablement refroidi, et j'avais fini la soirée dans un bar quelconque à boire et à saouler Silver avec mes déboires. Je m’étais trouvé pathétique et pitoyable à ce moment là, mais ce n’était rien en comparaison de la sensation qui m’envahissait maintenant.
Je pouvais me taire. Je pouvais garder ces foutus sentiments pour moi, la laisser dans l’ignorance. Je pouvais naïvement m’accrocher à l’idée que si je ne les disais pas à haute voix, ils ne seraient pas réels. Qu’ils disparaîtraient peut être même un jour, à défaut d’avoir eu le bon goût de ne jamais naître. Mais je savais que me mentir à moi-même ne m’amènerait nulle part, et je n’étais pas certain que lui mentir à elle aiderait ma cause.

« Oh et puis puisque tu veux tout savoir ... »

Grommelais-je, glissant mes doigts dans mes cheveux pour me donner du courage. Je fermai les yeux, brisant notre contact visuel. Etais-je capable de dire cela en la regardant dans les yeux ? Pas sûr.

« Je sais pas comment te dire ça sans passer pour le type le plus pathétique de l'école »

Et au fond… qu’en avais-je à foutre ? Nous venions de nous humilier publiquement en nous recouvrant du liquide gluant le plus écoeurant que j’ai jamais vu ou senti, je n’étais plus à ça près. Le désespoir ne me seyait guère, me rendant cruel et stupide à la fois.

« Le jour de l'anniversaire de Marlow je m'apprêtais à te dire que j'avais... Plus que des sentiments amicaux pour toi » »

Je sentis le rire jaune s'échapper de ma poitrine et s'envoler sans que je ne puisse le retenir, secouant un peu la tête, réalisant à peine que je venais de le faire : je venais de tout lui dire. Pas de la manière la plus romantique qui soit, mais quitte à tout foutre en l'air, pourquoi essayer de le faire tout en poésie ? Ce n'était pas une déclaration d'amour, c'était une déclaration de désespoir, presqu'un appel à l'aide. Hell, où es-tu quand j'ai besoin de ton petit grain de folie ?

« Et je me suis pris une énorme claque dans la gueule »

Conclus-je, sentant qu'un poids m'avait été ôté des épaules malgré tout. Elea n'en reviendrait pas quand je lui raconterai cela, lui à qui j'avais bassiné les oreilles des heures et des jours et des semaines avec le même sujet. J'avais également hâte d'en parler à Rubens, qui avait subi mes états d'humeur cet été, et avec qui je pourrais monter le club des mecs maudits en amour. Hell serait fier de moi, elle qui m'avait traité de mollusque. Elle sera nettement moins fier lorsqu'il faudra recommencer la thérapie montagnarde à zéro. Entre ça et la thérapie "essaye d'aller draguer des filles" de Silver, j'allais avoir suffisamment de distraction pour ne pas avoir à affronter ce terrible fait : non seulement je venais de mettre fin à mes espoirs amoureux -qui n'avaient jamais été bien hauts et qui étaient probablement déjà ruinés depuis l'été- mais en plus je venais probablement de massacrer notre amitié. Mais avais-je un autre choix ? J'étais le roi du faux semblant, mais vivre un jour après l'autre aux côtés de la fille que l'on aime sans avoir droit à ce qu'on veut le plus, c'était au delà de mes forces.

« Alors voilà. Je m'excuse pour le silence radio mais... J'avais besoin de... de faire le point »

Ma voix était plus calme. J’avais abandonné le ton agressif, laissant mon habituelle foutue sensibilité reprendre le dessus. Au fond, je n’étais pas fier de mon comportement. Je savais que j’avais été un petit con, un imbécile de première. L’abattement faisait de moi quelqu’un de terrible, et pourtant, au fond, je savais que j’avais eu besoin de ce temps pour réfléchir. Pour me reconstruire. J'avais besoin de me prouver que Jake pouvait exister sans Arya. Et la réponse était oui, je pouvais exister. Je pouvais même rire, avoir droit à des petits éclats de joie avec Hell et Silver, avoir droit à des moments de complicité avec mon cousin ou Bony, avoir mes petites victoires avec Rubens. Finalement la vie suivait son cours... Mais il y avait quand même comme un manque. Une personne avec qui partager tous ces moments, quelqu'un à qui je pouvais tout raconter. Quelqu'un avec qui je n'ai pas besoin de parler pour communiquer. Quelqu'un qui le connaissait par coeur. Finalement, en instaurant cette distance, je n'avais fait que me donner un avant goût amer de ce que risquait de devenir mon quotidien.

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