À trop tirer sur la corde || Heath G. Wilkes-Rosier
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Sujet: À trop tirer sur la corde || Heath G. Wilkes-Rosier Mar 18 Mar - 2:27
Heath G. Wilkes-Rosier & Pâris L. Sinclair
À trop tirer sur la corde
Plongé dans mes pensées, dans mes réflexions, dans mes recherches. Concentré sur ma recette, sur mes notes, sur la potion que je tente de perfectionner. C’est à ça que je me consacre parce que je sais que si je perds le fil ne serait-ce qu’une seconde, c’est fichu. J’ai été stupide et négligent, ce n’est pas dans mes habitudes, mais j’avais des copies à corriger et je tenais à les terminer avant de remonter dans mes appartements. Malheureusement, je me suis rendu compte que je n’aurais pas le temps de tout faire. Le temps de terminer puis de remonter m’enfermer dans ma forteresse pour craquer. Non, je n’avais pas le temps. C’est comme si je sentais les fissures apparaître sur les parois de cette partie de mon esprit où je m’efforce de confiner mes émotions les plus incontrôlables. Dix jours… oui je crois que dix jours se sont écoulés depuis que la dernière fois que j’ai dû boire ma potion. C’est exceptionnel que j’aie réussi à tenir aussi longtemps, parfois je ne tiens même pas cinq jours… voilà pourquoi c’était stupide de croire que je tiendrais encore une journée de plus… toute la journée j’ai senti que ce serait pour ce soir, et pourtant je ne suis pas retourné me terrer dans ma chambre pour lâcher prise. Pourquoi est-ce que je pense encore que je suis assez fort pour supporter ça ? Si j’ai créé cette potion c’est parce que je ne le suis pas… je me suis traîné pendant cinq ans, j’ai trainé mes parents qui n’ont rien trouvé de mieux que de m’accabler et de se reposer sur moi jusqu’à ce que j’en aie assez.
Mes doigts se serrent brusquement sur la fiole que je tiens et la broient, répandant le liquide vert sur la table qui prend une légère teinte noire. Je me frotte la main pour enlever le bout de verre planté dans ma peau puis je m’éloigne vers mon bureau. Poe me regarde de ses grands yeux, ses antennes bougent et pressentent le danger, il s’envole alors dans un coin de la pièce. J’utilise ma baguette pour insonoriser la pièce puis je la range dans mon bureau pour ne pas risquer de la casser. Je m’accroche fermement à mon bureau, les pieds solidement posés sur le sol, je m’efforce de ne pas m’effondrer par terre, lamentablement. Les dernières défenses cèdent lentement, elles s’effritent, partent en morceaux, ravagée par cette souffrance enragée que je ne suis même pas capable de dompter correctement malgré mes incroyables aptitudes de potionniste, et le pire… le pire c’est que je sais que si moi je ne trouve pas le moyen de faire une potion suffisamment puissante, alors personne ne le pourra.
Et après les remparts qui rompent c’est mon cœur que je sens se serrer si fort qu’on pourrait croire qu’il essaie de s’écraser de lui-même, comme si la pression n’était pas assez forte pour le faire. Quand elle arrive je suffoque, mes jambes refusent de me porter plus longtemps et je flanche, les genoux touchant le sol. Ophélie… Le barrage est complètement brisé. Les souvenirs que j’avais banni de mon esprit, ceux qui me torturaient tant et tant, reprennent leur place, ils envahissent totalement mes pensées, ces souvenirs qui m’ôtent toute envie de continuer.
« Ophélie… » Prononcer son prénom est un supplice, car depuis plus de sept ans je n’entends plus le mien de sa bouche. « Je suis désolé… » Les larmes me montent finalement aux yeux et couvrent mes joues brûlantes. J’ai tant de choses pour lesquelles m’excuser, j’ai été un frère si lâche, et indigne, si elle le pouvait encore, elle détesterait ce que son frère est devenu. « Je t’ai abandonnée, pardon… » À sept ans, à onze ans, à dix-sept ans, et à vingt-trois ans. J’ai abandonné quatre fois l’autre moitié de mon être, l’unique qui me comprenait sans que j’aie besoin de dire quoi que ce soit, la plus belle personne au monde. Non seulement elle est morte par ma faute, mais je n’ai même pas été capable d’honorer sa mémoire, j’ai tué en espérant donner un sens à ma souffrance puis, comme elle n’avait toujours aucun sens, j’ai effacé cette souffrance, j’ai effacé ma propre sœur, je l’ai enfermé dans un coin de ma tête pour pouvoir lui survivre.
Je ne suis qu’un misérable. Mes larmes cessent, laissant la colère empoisonner mon chagrin. Je me relève et frappe de toute mes forces sur le bureau, je serre les dents, la douleur n’est encore pas assez forte pour me faire arrêter et je recommence à me déchaîner sur tout ce qui me passe sous la main, comme je le fais à chaque fois. Je renverse tout ce qui est sur mon bureau, ce qui est sur la table. Le verre éclate sur la pierre, le chaudron déverse ma potion sur les dalles, je brise les fioles dans mes mains, je les lance contre le mur, ne m’inquiétant même pas du poison qui attaque ma peau et se mêle à mon sang qui coule sur mes doigts. Mon sang bat si fort contre mes tempes que je n’entends même pas mes cris, pourtant je sais que je crie car ma gorge commence à me faire souffrir.
Quand il n’y a finalement plus rien à fracasser, je me rabats sur le mur, y écrasent les poings encore et encore jusqu’à ce que la douleur m’empêche physiquement de continuer. Je me laisse ensuite tomber sur le sol froid, mes sanglots reprenant de plus belle. Mes mains sont trop meurtries pour que j’essuie mes larmes, alors je les laisse pitoyablement couler sur mes joues, le regard posé sur mes doigts inertes, sur les manches déchirées de ma chemise, sur le morceau de verre profondément enfoncé dans mon avant-bras.
Dernière édition par Pâris L. Sinclair le Sam 5 Avr - 20:40, édité 3 fois
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Sujet: Re: À trop tirer sur la corde || Heath G. Wilkes-Rosier Dim 23 Mar - 23:53
A Trop Tirer sur la Corde
Heath & Pâris - 15 Mars
Heath sortit du repas du soir avec l'air plutôt sombre. Les problèmes qu'il rencontrait à présent étaient la source de sa mauvaise humeur, et autant le professeur pouvait être un ange d'attention de gentillesse, autant lorsqu'il était grognon, il devenait insupportable. Et c'était totalement son état d'esprit. La cause principale ? Alistair, sans aucun doute. Ce gosse était ... Rah ce n'était même pas descriptible ! Après ce qu'ils avaient vécu, une rupture aussi sèche, aussi froide, aussi fourbe même, sans explication autre qu'un immense quiproquo ... Tout cela à cause d'Eugenia. Alistair n'avait pu supporter ce qu'il avait perçu, les doutes dans le coeur de Heath et sa sale manie de fouiner dans son esprit lorsqu'il était perdu, pour se rassurer en violant ses souvenirs à la recherche de réponses.
Oui il avait merdé, oui il se sentait comme un moins que rien et oui tout était de sa faute. Mais la mauvaise foi dont il pouvait faire preuve quand il souffrait pour essayer de se protéger, était plus forte et prenait le dessus sur ses autres émotions. Si Alistair avait été là, près de lui, sans doute aurait-il chercher à le calme en percevant son trouble. Mais Alistair n'était pas là. Il n'était plus là. Il avait choisi de partir et de le laisser, comme ça, après une dernière nuit qui restait dans son coeur comme un stigmate encore frais et suintant de ce que leur relation aurait pu donner. Il pensait à Alistair, en sortant prendre l'air sur le balcon du hall d'entrée. Il pensait à Eugenia aussi.
Il ne parvenait pas à regretter quoique ce soit quant à ce qu'il avait vécu avec la jeune femme. C'était peut être pour cela, qu'Alistair était parti, parce qu'il refusait de renier l'histoire qu'il avait eu avec elle, parce qu'il refusait d'affirmer qu'il n'éprouvait rien pour elle, ni qu'elle n'avait pas ou ne comptait plus pour lui. C'était un mensonge et Heath se refusait de recourir au mensonge. Eugenia tenait une place importante dans sa vie et leur histoire avait été une bouffée d'oxygène pour lui. Elle lui avait permis d'accepter enfin le rejet de Daria, de faire définitivement le deuil de cette relation passée. Elle lui avait fait confiance, s'était abandonné à lui et lui avait ainsi prouver qu'il était capable d'aimer et de prendre soin de quelqu'un. C'était pour cela qu'il avait pu comprendre ses sentiments pour Alistair, et accepter de s'engager avec lui en se sentant capable de lui donner le meilleur.
C'était tout cela que le jeune homme n'avait pas compris. Qu'il avait eu besoin d'Eugenia pour être capable de l'aimer lui, aujourd'hui, tout entier sans retenu ni réserve. Et que sans elle, sans sa fougue rebelle, sans son besoin d'évasion, sans son sourire pure et frais, Heath serait sans doute rester éternellement dans le remord et le regret de la vie qu'il aurait pu avoir auprès de Daria. Grâce à elle, il ne gardait plus en permanence dans sa poche l'alliance qu'il aurait du lui donner, et l'avait remplacé par un cadeau particulier qu'il aurait voulu offrir à Alistair, le soir où il était parti ...
Le regard perdu à l'horizon, Heath finit par se replier sur lui même, enroulant ses bras autour de son ventre, se sentant abandonné, et tellement anéanti. Il aurait presque eu envie de laisser des perles salées couler sur ses joues tant son coeur battait creux de cette nouvelle solitude que plus rien ne lui donnait envie de percer. Il avait l'impression que tout retombait sur ses épaules et qu'il ne parviendrait plus jamais à être heureux. Rapidement, comme lorsque son moral ne le portait plus, les douleurs musculaires arrivèrent, envahissant son dos et ses membres. Ses articulations aussi, le faisaient souffrir et il sentait son coeur battre la chamade, sa valve artificielle peinant à suivre le rythme élevé qui évidemment, était de plus en plus intense à mesure qu'il se focalisait dessus.
Des souvenirs affreux de son enfance remontèrent à sa gorge et tous ces symptômes lui rappelèrent les moments les plus dures de sa santé défectueuse quelques années plus tôt. Il lui fallait une potion soignante avant que les choses s'aggravent et même si il était tard et qu'il aurait du gérer son stock -il fallait dire que ça faisait un moment que, se sentant pousser des rêves, il avait un peu dénigré sa maladie et ses signes cliniques- il savait qu'il pouvait trouver en Pâris Sinclair, le potioniste de génie du château, un soutien sans borne. En plus d'être jeune, dynamique et doué, le professeur de potion n'avait jamais posé aucune question et lui faisait ses potions de soin régulièrement depuis son arrivée, avec compétence et discrétion, ce qui trouvait grâce aux yeux de Heath.
Il quitta donc l'air frais en se tenant la poitrine pour rejoindre les cachots à pas vifs, secoué par les assauts de la douleur lancinant ses muscles. En se glissant dans les couloirs sombres et humides, Heath entendit une voix rauque violer le silence et pressa le pas. Les accès de rage qu'il percevait dans les hurlements ne ressemblaient en rien à quoique ce soit qu'il connaissait. Il y avait une haine, une peine, une détresse pleine de douleur, de souffrance qui lui glaçait le sang. Immédiatement, Heath oublia ses propres problèmes et son besoin d'une potion pour se diriger au son, vers la personne qui avait semblait-il si mal. Son instinct était plus fort que son ego et sa propre douleur s'effaçait derrière celle si importante qui envahissait les couloirs et le faisait trembler d'effroi.
En arrivant devant le cachot de classe de potions, Heath fut surpris de se trouver là et d'être face au fameux professeur de potion qui était apparemment la cause de ces cris stridents. Il enfonça presque la porte et trouva la silhouette de Sinclair amaigris, assis par terre, tout recroquevillé sur lui même, le sang coulant le long de son avant-bras. Ses joues couvertes de larmes séchées et son expression de détresse profonde provoqua une veste de panique chez Heath qui se précipita en refermant brutalement la porte derrière lui et se jeta à genoux près de son collègue. Il le soutint par le buste et malgré sa phobie du sang, sortit activement un mouchoir de soie qu'il plaqua sur la blessure ouverte de Pâris.
"Par Merlin Pâris mais que vous est-il arrivé ? C'est vous qui hurliez ? Je vous ai entendu, je vous cherchais d'ailleurs, et je suis venu aussi vite que j'ai pu. Que ce passe-t-il, Sinclair, oh, Sinclair, secouez-vous, SINCLAIR !"
Sujet: Re: À trop tirer sur la corde || Heath G. Wilkes-Rosier Lun 31 Mar - 0:59
Heath G. Wilkes-Rosier & Pâris L. Sinclair
À trop tirer sur la corde
Mes épaules tressautent, à chaque sanglot que j’étouffe, je serre les dents plus fort, rendant mes cris presque muets, les muant en des gémissements déchirants. Je sens pourtant toujours cet ouragan déchaîné à l’intérieur de ma tête, à l’intérieur de mes veines. Si j’étais assez lucide pour y penser, j’aurais peur pour mon sang qui coule de mes bras et qui allait vraiment finir par manquer à l’intérieur de mon corps. Mais c’est très loin de mes préoccupations… tout ce à quoi je pense c’est l’énergie que me prend cette douleur à longueur de temps. J’ai beau l’effacer pour réussir à l’endurer quelques jours d’affiler, il n’y a pas une journée qui passe sans que je pense à Ophélie, sans me dire qu’elle me manque, sans me demander ce qui m’est passé par la tête quand j’ai choisi de lui survivre… l’immense vide que je ressens en permanence est éprouvant, aussi fatiguant que la rage qui me submerge quand ma potion cesse de faire effet, mais il reste moins douloureux, parce que je ne ressens presque rien… rien du tout. Mais si vous saviez ce que c’est éreintant d’être toujours blasé, de devoir se forcer à sourire pour que personne ne pose de question…
J’ai l’impression que mon corps et mon esprit devienne deux choses bien distinctes, sans plus aucune incidence de l’un sur l’autre, comme toujours. Les pensées fusent dans ma tête et mon corps se tord de douleur, je serais incapable de dire ce que font mes mains, si elles retirent ce morceau de verre dans mon bras ou bien si elles l’enfoncent un peu plus profondément, si elles tentent de se calmer ou bien si elles continuent de détruire ce qu’elles peuvent atteindre. Dans ma tête je n’ai rien d’autre que la perte de ma sœur, même le souvenir du meurtre de son assassin ne m’est d’aucun soulagement… dans ces moments, tout ce que je me dis c’est qu’il n’a pas assez souffert, mais ce n’est plus de la mort d’Ophélie que je veux le punir, c’est de l’horreur que je subis. Je voudrais pouvoir le faire souffrir autant que je souffre, la mort que je lui ai infligée a été trop douce.
Soudain, un bruit dans la salle rétablit la connexion entre mon corps et mon esprit, la porte a claqué. Avant de pouvoir ouvrir les yeux, mille craintes me traversent. On m’a entendu. On a vu ce que j’ai fait. Qu’ai-je bien pu crier après avoir perdu le contrôle ? Mes mâchoires sont toujours serrées, c’est un léger soulagement, je n’ai probablement rien dit de plus que le nom de ma sœur, ou des insultes à mon égard. J’ai raté mes sortilèges… le verrou et l’insonorisation. J’ai été trop loin, j’ai trop attendu… stupide, stupide… Des pas s’approchent de moi et j’ouvre enfin les yeux pour savoir qui va être la raison de ma démission à ce poste qui est pourtant fait pour moi. Le professeur Wilkes-Rosier. La tornade blafarde se jette à mes pieds et sa main aplatit un mouchoir sur ma blessure, m’envoyant une nouvelle décharge de douleur qui me fait gémir.
Je quitte des yeux ses doigts blancs et le mouchoir qui s’imprègne trop vite de rouge pour regarder le visage de mon aîné alors qu’il me crie dessus. La panique se lit aussi facilement dans ses yeux qu’elle s’entend dans sa voix, mais j’imagine que trouver un collègue blessé dans sa salle de classe doit être plutôt surprenant, choquant. Je desserrer enfin les mâchoires, une partie de moi voudrait le rassurer, se mettre à rire en disant que j’ai raté une potion qui a explosé, et m’en tenir à cette version même si tout semble indiquer qu’il n’y a pas eu « d’accident » ici… ça ressemble davantage à une lutte… une lutte intérieure, mais une lutte. Malheureusement je n’ai absolument pas la force de rire, même en faisant semblant. Au lieu de ça je repousse durement mon collègue et m’écarte pour essayer de me relever.
« Lâchez-moi, grogne-je, échouant à masquer la rage sous-jacente. Laissez-moi. »
Une douleur s’empare de ma main droite et, écartant mes doigts, je trouve le morceau de verre. Apparemment, je l’avais retiré, mais il aurait fallu que je le pose par terre pour ne pas me blesser encore plus… comme je l’avais fait. Je balance le bout de verre dans un coin et essuie ma main contre ma chemise, ça ne fera qu’une tâche de plus. Vacillant, je porte ma main valide à mon front.
« Il ne s’est rien passé, ajoute-je d’une voix plus sociable. Allez-vous-en, je n’ai pas besoin qu’on s’occupe de moi. »
Je répugne tellement à ce que quiconque puisse me voir dans cet état, je préfère encore me montrer ignoble et aller me faire pardonner mon comportement ensuite. Je ne suis pas moi-même… ou plutôt, je le suis beaucoup trop, et c’est dangereux. Surtout qu’on ne peut pas dire qu’Heath soit quelqu’un de stupide, je crains qu’il ne devine trop de choses. Je retourne vers la table dévastée. Les mains tremblantes je ramasse du bout des doigts les débris, me coupant, me brûlant contre le poison que j’étais probablement en train de créer. Pourquoi du poison ? Je n’avais même plus conscience de ce que je faisais ? J’ai été trop loin… tellement loin, pourquoi ai-je autant attendu ?
« Je veux… être seul, je vous en prie ! crie-je en gardant le regard à l’opposé du professeur. »
Alors que je m’évertue à retenir une nouvelle salve de larmes qui veulent profiter que j’ai évincé ma rage pour revenir sur le devant de la scène, mes genoux cèdent et je m’effondre à moitié sur la table. Je devrais peut-être faire quelque chose pour le sang que je perds.
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Sujet: Re: À trop tirer sur la corde || Heath G. Wilkes-Rosier Mer 9 Avr - 22:15
Pâris Sinclair était là, étendu sur le sol, le bras sanguinolent, la mine très pâle. Il avait beau lui hurler de s'en aller, qu'il voulait être seul, Heath ne serait parti pour rien au monde. Il le vit retirer le morceau de verre planter dans sa main et compresser la plaie contre sa chemise déchirée. Le professeur de potions semblait terriblement mal en point. Heath ne savait pas quoi faire, tant il paraissait en détresse. Que faire pour l'aider ? Surtout qu'il faisait tout pour l'obliger à partir. Mais Heath ne pouvait pas faire ça. Le coeur battant terriblement fort et il essayant de glisser son bras sous le corps chancelant de son collègue pour l'aider à se redresser. Il était blême et même le brun trouvait qu'il était cadavérique, étant plutôt habitué lui même à la pâleur.
Pâris le repoussa violemment et porta sa main à son front en se redressant. Il se mit debout en vacillant et Heath mit un genou à terre pour se lever à son tour et suivre du regard son collègue. Il le vit se diriger vers la table au milieu du bureau, où trônait une potion inachevée et les débris des affaires cassées, probablement par le professeur de potion lui même. Heath plaqua une paume sur sa bouche stupéfait. Pâris avait attrapé un énième morceau de verre, et se trancha encore la main. Ses bras étaient couverts de cicatrices et il se brûla à un liquide corrosif qui s'étendait en flaque partout sur la table. Il semblait tellement mal, à osciller de toute sa silhouette ainsi. Heath essayant de ne pas regarder le sang qui s'échappait des paumes, des doigts et des avant-bras de son collègue. La vue du sang lui était insupportable !
Pâris s'était écroulé, à genou sur le sol, les bras croisés sur la table qui soutenait seule son poids. Heath accourut pour le soutenir et le relever. Il le prit par les épaules et l'attrapa à travers le torse comme lors des cours de secourisme qu'il avait pu prendre à la fac. Il le traîna sur le sol un moment et l'allongea par terre. Il prit ensuite sa baguette magique et attira des coussins et des couvertures à lui. Puis de quoi soigner le sorcier : compresse, désinfectant et bandages. Il n'était pas doué pour cela et détestait par dessus tout avoir à s'occuper d'une plaie, mais Pâris en était couvert et il ne pouvait le laisser comme ça. Il eut d'ailleurs la tentation de lui envoyer un Petrificus Totalus pour l'immobiliser le temps de bander ses paumes et ses avant-bras.
"Par Merlin Sinclair ressaisissez vous ! Laissez-moi m'occuper de vos plaies, restez tranquille un moment que Diable !"
Heath n'avait pas compris pourquoi Pâris avait fui si rapidement de sa petite soirée crêpes. Mais à présent il comprenait mieux. Le sorcier avait sur la totalité des bras et du torse, des immenses lacérations que Heath contemplait avec nausée. Elles étaient nombreuses, et profondes, ... et partout. Certaines étaient très récentes. Le traitement que devait subir sa chair était aussi dur et laborieux que les encrages d'Heath et son obsession du tatouage. Une autre forme de mutilation, peut être plus esthétique, et surtout plus exhibable. Car il y avait dans l'art du tatouage une envie de se montrer que les plaies de Pâris ne partageaient pas. Que faire ? Il ne pouvait agir comme s'il n'avait rien vu ... Mais pour autant, son collègue ne semblait pas décidé à en parler. Heath se borna à vouloir le soigner, même si ses antécédents devaient être lourds à voir l'état de son corps.
Une bonne raison pour lui d'éviter le jacuzzi et la présence du monde, une explication qui ne le satisfaisait pas pour autant car les blessures dégageaient une impression malsaine, loin d'un simple besoin d'afficher dans sa chair les expériences de la vie. Heath passa son pouce sur l'une des coupures et regarda suinter le liquide brunâtre. Il prit une compresse, l'imbiba de désinfectant et vint le poser doucement sur la marque.
"Attention, je vais faire doucement. Dites moi si cela vous fait mal !"
Il espérait que Pâris se laisse faire. La tête posée sur un coussin, le dos contre le sol froid mais le corps enroulé dans une couverture, Heath écartait un peu les pans de sa chemise déchirée pour voir l'étendue des dégâts. Si seulement il pouvait le laisser faire son oeuvre ...
"Je ne vous poserais aucune question, mais par pitié, laissez-moi désinfecter tout cela, s'il vous plait, Pâris !"
Sujet: Re: À trop tirer sur la corde || Heath G. Wilkes-Rosier Lun 21 Avr - 0:19
Heath G. Wilkes-Rosier & Pâris L. Sinclair
À trop tirer sur la corde
On dit que l’on peut mourir de chagrin. Les inséparables le font bien, eux… pourquoi ces stupides piafs colorés arrivent-ils à mourir à la suite de leur partenaire alors que moi j’en suis incapable ? À quoi peut bien encore me servir mon instinct de survie s’il n’est même pas assez développé pour m’empêcher de vouloir mettre fin à ma vie deux fois par moi ? Tout ce que j’arrive à faire pour le moment c’est de me détruire à petits feux, pourtant je suis sûr que si j’arrête de prendre ma potion, il ne me faudra que quelques jours pour franchir le pas et trouver le courage de rejoindre Ophélie, encore faudrait-il que j’aie le celui d’endurer cela plus de quelques heures sans prendre ma potion. Je suis qu’un lâche, en fait.
Heath arrive vers moi et me prend dans ses bras avant de m’allonger sur le sol, à l’écart des débris que j’ai dispersé autour de la table. Malgré ma faiblesse, je tente de me redresser, je veux me relever, empêcher Heath de voir les cicatrices qui recouvrent ma peau parmi lesquelles se mêlent mes nouvelles blessures. Que va-t-il penser de ça ? Que va-t-il faire ? Je repousse ses mains, voyant sur son visage à quel point cette situation est éprouvante, je me dis qu’en insistant un peu il finira par me laisser en paix. Qui sait, cette fois je pourrais peut-être me vider de mon sang ? La voix de mon collègue rompt de nouveau le silence. Je ne veux pas qu’il s’occupe de mes blessures, je le ferai moi-même plus tard, comme toujours. Je serre les dents en sentant son doigt passer sur l’une de mes coupures, pas tant à cause de la douleur que du fait que je ne suis même plus capable de trouver une excuse pour ces blessures bien trop concrètes. Il commence à désinfecter. La brûlure du produit se noie dans les élancements des plaies ouvertes, c’est à peine si je sens que la douleur s’intensifie, mais je ne peux m’empêcher de continuer à le repousser.
Mon refus de coopérer doit cependant l’agacer car il me demande encore une fois de me laisser faire en m’assurant qu’il ne me posera pas de question. Surpris, je me fige et le laisse continuer en fixant mon regard sur le plafond. Aucune question ? C’est inespéré, est-ce que je lui fais à ce point pitié ? Pourtant on ne peut pas dire qu’il ait l’air véritablement à l’aise avec la vue de tout ce sang, contrairement à moi, alors pourquoi se forcer ?
« Vous n’êtes pas obligé de faire ça, souffle-je. J’ai l’habitude de le faire moi-même… »
Ma voix est affreusement affectée, et le simple fait de parler a fait remonter les larmes que je m’évertuais à retenir. Je regarde Heath un instant avant de poser les yeux sur mon bras, ma main poisseuse de sang en train de sécher. Il y a tellement de sang que je vois à peine les coupures. Je fais toujours disparaître celles qui sont sur mes mains, celles qui sont trop visibles et qui provoqueraient des questions. Je serre le poing, ravivant la douleur, et précipitant mes larmes sur mes joues, je pose ma main sur mon visage. La présence de mon collègue n’arrive même pas à détourner mon attention, pourtant j’aurais au moins voulu ne pas me remettre à pleurer devant lui. Si avec ça je peux encore échapper à ses questions, c’est que dans mon malheur, j’ai encore un peu de chance. Mais je n’y crois pas vraiment…
« Ne dites… ne parlez de ça à personne, s’il vous plait… »
J’enlève ma main pour capter le regard de mon collègue, je veux qu'il saisisse à quel point c'est important pour moi que personne ne soit au courant. Alors, au point où j’en suis, tant pis pour les larmes, je veux juste m’assurer qu’il n’ira dire à personne qu’il m’a trouvé dans cet état. C’est vrai, que pourrais-je dire pour justifier de tels dégâts ? Si quelqu’un faisait le lien entre mon état instable et la mort d’Ophélie, si quelqu’un découvrait que je l’ai vengée, que j’ai tué un moldu… Malgré le sang qui manque cruellement dans mes veines, je me sens devenir livide et me mords férocement la lèvre pour étouffer un sanglot.
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Sujet: Re: À trop tirer sur la corde || Heath G. Wilkes-Rosier
À trop tirer sur la corde || Heath G. Wilkes-Rosier