La température montait entre eux, et dès lors qu'Alistair ne protesta pas quand Heath avait commencé à retirer ses vêtements, il jugea qu'ils avaient passé le point de non retour et qu'à présent, plus rien ne les empêchera de satisfaire le désir qui les possédait. Au creux de ses bras, ses jambes enroulées fermement à sa taille, Alistair se recula à ses baisers juste le temps de susurrer qu'il serait plus sage de trouver un endroit tranquille. Heath répondit avec un sourire équivoque car il n'y avait strictement aucune sagesse dans ce qu'ils s'apprêtaient à faire. Un instant, Heath sentit monter une pointe de culpabilité lorsqu'il pensa à Eugenia ...
Craignant qu'Alistair perçoive son trouble avec son don, Heath refoula bien vite sa crainte derrière des barrières mentales qu'une longue et assidue pratique de l'Occlumencie lui avait permis de maîtriser. Il penserait à Eugenia à un autre moment, après tout, il ne s'était engager en rien avec elle ... leur arrangement est surtout tacite et jamais il n'avait parlé d'une quelconque relation qui les unissait et imposait fidélité et exclusivité. Heath ne se sentait pas en couple avec la blonde, bien qu'il tienne profondément à elle et qu'il avoue adorer les moments en sa compagnie.
Mais avec Alistair, c'était diablement différent. Il y avait une bestialité spontanée entre eux et une intensité indicible qui ne passait que par le regard et le touché. Rien de pareil au jeu de paroles et de provocations sulfureuses mêlées au souvenir nostalgique qu'elle représentait. Avec son brun entre les bras, Heath se sentait tout simplement vivant. La douleur qui le meurtrissait en permanence le quittait et lui laissait le répit de longs moments de joie auxquels il n'avait pas envie de refuser. Se priver de ce bonheur, c'était masochiste, contre-nature, il ne pouvait que s'y abandonner, pour une nuit, un instant hors du temps dont les conséquences ne l'emporteraient dans la culpabilité et le remord que longtemps après.
"Alors allons dans mes appartements, je connais un passage pour le cinquième étage pas loin d'ici, accroche-toi bien."
Heath ne prit pas la peine de refermer les pans béants de la chemise, ni les boutons ouverts du pantalon de son élève et renforça sa prise autour de son dos, le maintenant fermement dans ses bras. Il marmonna un informulé de Désillusion qui minimiserait les dégâts et un sort de répulsion qui dissuaderait les élèves d'emprunter le deuxième étage, pendant quelques instants. Ils devaient faire vite, il n'était pas assez doué en sortilège de confusion pour que ça fonctionne plus de trois ou quatre minutes. Portant Alistair contre lui, Heath se faufila, son allure augmentée par un maléfice de sa cape, traversa le couloir désert avant de contourner une armure pour s'insinuer dans le passage secret qui menait au cinquième étage.
A nouveau, il attendit un moment que personne ne soit dans le couloir pour jeter son sortilège et patienta avec toujours son élève contre son torse. L'effort commençait à le fatiguer, mais ses bras se montraient fermes malgré la sueur qui glissait le long de son dos. Heath vola un nouveau baiser à son brun avant de rejoindre la porte de ses appartements. Informulé encore pour déverrouiller la porte et il s'introduit dans sa maison, refermant la porte sur Poudlard et ses espoirs de pouvoir à nouveau se regarder en face, avant de retrouver avec tendresse et passion les lèvres de son élève.
Il le porta jusqu'à son lit où il le laissa doucement tomber, s'affalant à ses côtés sur le matelas moelleux. Heath reprenait doucement son souffle, le coeur battant à tout rompre. Allongé alangui à côté du brun, il s'approcha de lui pour effleurer son nez et posé doucement son front contre le sien. Le regard qu'ils échangèrent ne nécessitait aucune parole, pourtant, Heath se sentit obliger de demander, la voix rauque de désir :
Dernière édition par Heath G. Wilkes-Rosier le Jeu 10 Avr - 21:54, édité 5 fois
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Sujet: Re: Highway to Hell Lun 24 Fév - 3:29
Highway to Hell
Heath G. Wilkes-Rosier & Alistair Carrow
Une légère sensation de vide, voilà ce que je ressentis l’espace d’un court instant. Comme lorsqu’on grimpe un escalier et que, une fois au sommet, machinalement notre pied cherche une énième marche qui n’existe pas. Ce fut si bref que je ne saurais dire d’où cela venait, et puis bien vite la voix de mon professeur détourna mon attention. Ses appartements, voilà où nous allions nous rendre, je n’eus pas le temps de penser à me détacher de lui qu’il resserra son étreinte et fila dans le couloir. « Accroche-toi » c’était ce qu’il avait dit. D’accord… À grand renfort de sortilèges informulés, il assura notre trajet jusqu’au cinquième étage. J’admettais que nous voir marcher l’un avec l’autre en direction des étages, quand bien même j’étais à Gryffondor, aurait pu paraitre suspect, cependant si quelqu’un nous surprenait ainsi, là ce serait carrément inexplicable… alors, pas que je doutais de lui, mais j’espérais vraiment que ses sortilèges étaient efficaces.
Et ils le furent, quelques minutes plus tard la porte de sa chambre se refermait derrière nous et il reprenait ma bouche. Je répondis à son baiser, glissant mes mains contre son cou. Quand il nous rapprocha du lit, je desserrai mes cuisses pour atterrir sur le matelas et regardai mon professeur s’allonger à côté de moi. Nos regards se captèrent une nouvelle fois alors que son corps était à nouveau tout près du mien. Je sentais sa chaleur, son désir qui, à l’instar du mien, s’était férocement ancré en moi. Sa voix rauque me fit frissonner. Sûr ? L’étais-je ? J’étais dans ses appartements, allongé sur son lit, à moitié débraillé… mon cœur battait plus fort qu’il ne l’avait encore jamais fait et j’avais bien peur que ça ne fasse qu’empirer. Alors… je ne me posais même pas la question.
Décidant de ne pas répondre tout de suite, je posai mes lèvres sur les siennes pour les embrasser ardemment et me rapprochai encore de mon professeur. Je me plaçai à califourchon sur son bassin et rompis le baiser un instant plus tard. Je me redressai légèrement pour le regarder et j’attrapai l’une de ses mains, je la montai à ma bouche. Je déposai un baiser sur ses longs doigts pâles, glissai mes lèvres jusqu’à sa paume. Sa peau était chaude, je sentais son sang pulser juste sous la surface. Je posai finalement sa main sur mon torse, sur mon cœur, alors que je relevais les yeux vers ces océans qui me fixaient en retour.
« Vous n’imaginez même pas à quel point ça l’est… »
Le sourire sur mes lèvres n’avait sans doute plus rien d’arrogant maintenant. Je n’étais pas certain de vouloir qu’il connaisse l’ampleur de mes sentiments, mais s’il pouvait au moins se rendre compte que je n’avais aucun doute quant au fait que je voulais rester dans ses bras… Je voulais y avoir ma place, peut m’importait sans doute ce que cela devait me coûter. Là pour le moment je me fichais de tout ce qui n’était pas lui et moi, tout ce qui n’était pas ces sensations qui me tourmentaient… peut-être que c’était mon empathie qui m’insufflait tout ça, mais je savais que je ne pouvais pas regretter quoi que ce soit de ce qui devrait se passer. Je glissai ma main le long de son bras pour qu’elle rejoigne sa jumelle sur son torse. Je me penchai encore une fois sur sa bouche, l’effleurai à peine. Les joues rougissantes, je m’entendis tout juste murmurer ce que je n’aurais jamais dit à quelqu’un d’autre :
Heath s'était laissé rouler sur le flanc jusqu'à s'allonger sur le dos, Alistair enjambant ses reins langoureusement. La main de son élève glissa sur son torse encore vêtu et le parcourut en provoquant un frisson brûlant le long de sa poitrine. Se cabrant légèrement au contact du désir du châtain, Heath s'abandonna un temps à sa poigne délicieuse et offrit sa main à un doux baiser au creux de sa paume. La sensation était déroutante, le velours de ses lèvres satinées rejoignant la chair pâle et blafarde de son poignet avec une tendresse enivrante. Le rythme de son coeur s'emballa encore face au regard qu'ils échangèrent et Heath se mordit furieusement la bouche.
Avide d'un baiser, d'un autre et d'un autre encore jusqu'à ce qu'il s'en torde entre ses cuisses, Heath se plut un moment à se soumettre aux paroles sucrées de son amant. Il était prêt, il voulait qu'il lui fasse l'amour et s'est d'un sourire tendre qu'il répondit en se dressant brusquement contre Alistair, capturant son torse dénudé entre ses longs bras blancs. Il l'emprisonna dans une étreinte féroce et baisa encore sa bouche rougie, laissant ses dents capturer sa lèvre inférieure avec appétit. D'un mouvement du bassin, il échangea leur position et se retrouva, félin, à quatre pattes au dessus du torse nu d'Alistair.
L'air carnassier, le regard brûlant de désir, il effleura d'une paume moite la joue carmine de son élève. Il était tellement craquant, tellement excitant qu'il se retenait à peine de lui arracher le peu de vêtements qu'il lui restait sur le dos. Jouant la carte de la maîtrise et de l'expérience, il posa un doigt sur ses lèvres pour lui enjoindre le silence et mordit à nouveau son cou avec délice, aspirant la chair entre ses lèvres pour le marquer de prune. Une paume dans sa nuque, ébouriffant doucement ses boucles châtains, une autre s'égarant sur sa taille fine, Heath tâcha de s'appliquer à redécouvrir la courbe de l'épaule et la clavicule de son amant de sa langue alcaline.
Puis il s'arrêta, se redressant sans perde le contact visuel, partageant un de ces regards qui dure et s'éternise sans risquer de se briser, étouffant un battement anarchique de son coeur et le souffle erratique qui sortait de sa poitrine. Heath laissa ses paumes glisser le long des flancs du jeune homme, jusqu'à ses épaules qu'il contourna doucement, puis ses bras, ses coudes et effleura ses avant-bras jusqu'à saisir une fois encore ses poignets. La délicatesse fut de mise cette fois lorsqu'il plaça les paumes du châtain sur ses hanches alors qu'il déboutonnait déjà sa chemise et son veston. Le noeud papillon défait, les lanières pendant autour du cou, Heath laissa entrevoir son torse pâle en se débarrassant du morceau de soie qui le maintenait caché.
Animal, il se pencha à nouveau ravir les lèvres de Alistair, pressant sa nuque pour approfondir le contact de leurs langues amoureuses. Il laissa sa paume se perdre le long de son flanc jusqu'à se glisser derrière l'élastique de son boxer. Du bout des doigts, il effleura son membre tendu, du pouce il contourna doucement sa virilité et griffa finalement la peau de sa cuisse avant de retourner enlacer son ventre. Alors qu'il s'attendait à plus, Heath échangea à nouveau leur position d'un coup de bassin, entraînant son élève à le chevaucher à nouveau. A lui de prendre les rennes, Heath s'abandonnait à lui ... Mais pour combien de temps ?
"Allez, viens maintenant, viens là, je t'attends !"
C’est le cœur gonflé d’émoi que je vis mon professeur enlacer ma taille en rapprochant son torse du mien et reprenant ma bouche. Je ne réprimai pas mon soupir lorsqu’il s’attaqua à ma lèvre à coups de dents, laissant plutôt des frissons dévaler mon échine. Sans me laisser le temps de lui rendre cette douce torture, il me renversa pour se placer au-dessus de moi. Sa main se posa sur mon visage, il caressa d’abord ma joue avant que son doigt ne se pose sur mes lèvres. J’enlaçai son dos alors que ses lèvres et ses mains commençaient à découvrir ma peau que je lui offrais volontiers. Je me mordis l’intérieur de la bouche en sentant la sienne marquer mon cou, je n’aimais habituellement pas ça, mais savoir que j’allais garder cette trace plusieurs jours après cette soirée, cela m’affolait un peu plus. Merlin, ce que j’étais fleur bleue en fait… Plongé dans son regard, je sentais avec délectation ses mains parcourir mon corps, lentement, jusqu’à rejoindre les miennes qu’il attrapa entre ses paumes incendiaires pour les placer sur sa taille fine. Mon regard, alors, descendit sur ses mains qui s’appliquaient à le déshabiller, me révélant pour la première fois son torse d’albâtre, mais il m’embrassa avant que je puisse me repaitre de ce divin spectacle. Je me perdis néanmoins dans la douceur de ce baiser, contre sa langue qui prodiguait à la mienne des caresses des plus sensuelles et étouffa mon gémissement quand sa main effleura mon entrejambe. Et enfin, il me rendit la place qu’il m’avait subtilisé quelques instants plus tôt, une douce provocation sortant de sa bouche.
Un sourire se traça sur mes lèvres et j’écartai doucement les pans de sa chemise, mes doigts s’égarèrent alors sur son torse que j’avais enfin l’opportunité de découvrir, comme mon professeur l’avait fait avec le mien, et je n’allais pas m’en priver. Depuis combien de temps rêvais-je de le voir ainsi, de l’avoir si près de moi et de caresser sa peau tant que je le désirais ? Si longtemps… Je me penchai sur lui, glissant l’arête de mon nez le long de son sternum jusqu’à ce que le bout de mes lèvres se dépose sur sa peau. Je la goûtai, doucement d’abord, puis appuyai un peu plus mes baisers, ne résistant pas à l’envie de la mordiller doucement, juste pour le plaisir de la faire rougir. Était-ce seulement humainement possible d’être aussi pâle ? Était-ce seulement humainement possible d’être aussi séduisant ? Descendant, divaguant, mes lèvres arrivèrent sur l’un de ses tétons que je me mis à agacer de ma langue. Léchant soigneusement cette pointe de chair, je la sentis se durcir, signe que le traitement que je lui prodiguais ne le laissait pas indifférent.
Avec langueur, j’ondulai contre son bassin, attisant mon désir et espérant attiser aussi le sien, mais ça ne me suffisait pas, je voulais… je voulais lui donner envie de me dévorer. Je fis lentement glisser ma bouche vers son ventre, mes mains suivirent le même chemin et s’arrêtèrent sur sa ceinture. Je la défis rapidement, et m’attaquai ensuite à son pantalon qui ne m’opposa pas plus de résistance, j’enfouis alors ma main à l’intérieur, caressant son entrejambe par-dessus son sous-vêtement. Mes doigts pressèrent doucement son érection, apprécièrent la taille de ce membre turgescent. Je n’eus même pas la force de sourire de satisfaction, ce détail suffit à tordre mes entrailles d’un désir encore plus intense. Un désir que je n’avais pas encore vraiment expérimenté. Je voulais ce membre, je voulais le sentir en moi… et contre ma bouche. Je sortis ma main de son pantalon et tirai sur le tissu pour le descendre jusque sur ses cuisses, je posai mes lèvres sur sa verge, à travers son boxer, et l’embrassai, le léchai. Mon regard remontant vers celui de mon professeur, je lui soufflai sensuellement :
« Dites-moi, professeur, ce que vous voulez que je fasse… »
Heath se laissa chevaucher avec délice en profitant des paumes curieuses qui parcouraient son torse. Il n'y avait aucune retenue, ni timidité dans les actes d'Alistair, rien qui ne démontre qu'il doute un instant de ce qu'ils étaient entrain de faire, rien qui ne puisse être cause d'un quelconque remord par la suite. Car même s'il se laissait faire et même menait la danse avec une ferveur non feinte, Heath ne pouvait s'empêcher de se répéter en boucle, qu'à nouveau, il couchait avec un élève. Il pensait à Eugenia. Non pas de cette façon, il pensait juste que ça faisait trois fois en trois mois qu'il s'envoyait un élève et que son éthique irréprochable en prenait sérieusement un coup.
D'habitude, il attendait la fin de l'acte pour se laisser envahir par les remords et la culpabilité. Ce n'était pas vraiment de la honte, car il ne regrettait jamais ce qu'il faisait depuis bien longtemps, mais il avait la sale impression de détourner en quelques sortes des âmes innocentes pour les attirer dans ses filets. Et ça, ça le gênait. Il doutait tellement de pouvoir à nouveau engendrer des sentiments sincères en quelqu'un qu'il évitait tout ceux de son âge, sauf que ses hormones de jeune trentenaire vigoureux se manifestaient à la vue langoureuse du corps dénudé qui glissait le long de son torse et couvrait sa chair de baisers, presque arraché par une langue insidieuse et sournoise.
Sa volonté était impuissante face au désir qui animait ses entrailles, et à la passion dans ses reins. Les images du rêve qu'il avait intercepté dans le crâne d'Alistair le hantaient jour et nuit, il ne pouvait s'empêcher de se persuader que c'était sincère et que jamais il n'aurait pu mentir surtout vu la faiblesse de la défense de son esprit. Le Serpentard ne protégeait ni ses pensées ni ses souvenirs, et Heath éprouvait encore plus de tentation à approfondir ses recherches. Sa propre faiblesse lui faisait douter de sa capacité à être réellement le fruit de l'excitation qu'il provoquait apparemment sur son élève et il lui était impossible de se sortir cette idée de la tête dès lors qu'elle y était entrée.
Ouvrant des yeux asymétriquement dilatés, il éprouva un désir sans borgne lorsqu'il sentit les doigts puis les lèvres d'Alistair emballer délicieusement sa virilité d'une caresse douce et intense. Il avait beau la chasser encore et encore, la pensée insidieuse était coriace et refusait de le laisser profiter de son plaisir. La sensation habituellement entêtante, irradiant de son bassin à son ventre en remontant le long de sa colonne vertébrale pour exploser entre ses côtes au plus profond de sa poitrine, restait latente, comme retenue, encagée par son esprit tourmenté.
Entre ses dents, Heath articula en vain quelques mots pour pousser Alistair a allé plus loin, à se débarrasser enfin de ce boxer qui séparait sa langue de velours et ses lèvres satinées de son désir paroxystique. Sa gorge gronda en un gémissement rauque alors qu'il passait sa paume dans sa nuque, orientant sa tête vers son but ultime, pressant pour le forcer à ne pas s'en détourner. Le corps cambré volontairement pour accentuer son envie, Heath se montra presque brutale en lui affirmant :
"Ce que je veux ? Suce-moi, maintenant, et surtout .. Surtout ne t'arrête pas ..."
Sa voix s'étouffa dans un râle et il ferma fortement les yeux en rejetant la tête en arrière. Il se coupa un moment de la réalité en maintenant ses paupières clauses mais ça ne chassa toujours pas la dure incertitude, le doute selon lequel Alistair finirait par s'en aller, le laisser ainsi, l'abandonner comme tous les autres avant lui, et se jouer de lui. Ca ne lui ressemblait tellement pas de douter de lui, ça ne lui ressemblait tellement pas de manquer de confiance concernant un sujet où il excellait. Mais les vieux démons étaient tenaces et la peur panique de l'abandon le laissait errer dans un réflexion irrationnelle.
Incapable de se concentrer plus longtemps, Heath profita que son élève soit sur le point de succomber à son désir, le professeur succomba à son tour à une tentation plus malsaine, plus vicieuse. Le seul détail qui l'avait fait hésiter si longtemps, c'était l'empathie d'Alistair. Il craignait que le garçon perçoive sa manoeuvre et que la situation dégénère comme ... la dernière fois. Mais l'angoisse était trop lourde, trop enveloppante, elle l'empêchait de s'épanouir comme un tablier de plombs sur la poitrine. Poussé par une énième impulsion, il ferma fortement son esprit et songea, concentré sur l'intitulé informulé : "Legilimens".
Je sentis une nouvelle vague d’excitation me ravager lorsque la main de mon professeur se plaqua contre ma nuque pour me diriger. Je résistai à peine, après tout c’était ce que nous voulions tous les deux… du moins c’était ce que nos corps désiraient, mais les émotions que je percevais menaçaient de me faire douter. Néanmoins, elles n’en eurent pas vraiment l’occasion, à la seconde même où sa voix rauque de désir m’asséna son ordre, le fil de mes pensées perdit toute cohérence et j’expirai un soupir tremblant. Je relevai les yeux vers son visage pour voir qu’il rejetait la tête en arrière, yeux clos, mais sa main n’avait pas bougé de mon cou. Je n’étais habituellement pas quelqu’un de vraiment docile, mais là ce n’était même plus de la docilité, c’était de la soumission pure et simple, et le pire était que ça ne me posait absolument aucun problème… Et jamais, jamais, je n’avais trouvé ce genre de comportement excitant, pourtant je ne pouvais qu’avouer n’avoir jamais été autant excité auparavant.
Ma langue passa sur mes lèvres, trahissant un peu plus mon envie, alors que je saisissais les bords de son boxer, je le fis glisser juste ce qu’il fallait pour libérer son érection et laissai mes doigts remonter le long de ses hanches. Mon regard se reporta aussitôt sur cette hampe dressée et je n’attendis pas plus pour y appliquer mes lèvres. Si je n’avais plus la même assurance, je me laissai cependant guider par mes pulsions, embrassant sa chair de bas en haut, y enroulant ma langue jusqu’à le glisser entre mes lèvres ouvertes. C’était quelque chose de relativement nouveau pour moi, je me qualifiais aisément de bisexuel néanmoins j’avais toujours été plus attiré par les femmes, et cela se voyait dans le physique des garçons qui me plaisaient d’ailleurs, alors je n’étais pas vraiment du genre à faire ça… et encore moins avec autant d’enthousiasme. J’espérais, cela dit, ne pas être trop maladroit.
Tout mon être, nimbé de désir, n’agissait plus que par instinct, je me laissais bercer par ses râles et ses frissons qui couraient sous mes doigts, par cette excitation qui enflammait de plus en plus mes reins. Je sentais pourtant une partie de mon esprit livrée à elle-même, luttant contre un intrus, une lutte perdue d’avance mais je ne mis pas de temps à comprendre ce qui arrivait. Encore une fois, j’étais victime d’un sortilège de mon professeur, encore une fois il s’était introduit dans ma tête… sauf que je ne savais pas pourquoi. Quelle était cette manie de forcer mon esprit à se révéler ? Surtout dans un moment pareil où, littéralement, je n’existais plus que pour lui. Ma tête était emplie de lui, mon corps ne désirait que lui. Alors dans un coin de ma tête je voyais défiler tous mes souvenirs de lui, et j’avais l’impression que mon cœur allait exploser, c’était comme me renvoyer en pleine figure à quel point mes sentiments étaient transparents, et je ne pouvais rien y faire. Rien parce que mon esprit n’était pas assez fort pour repousser l’intrus – en partie parce qu’il m’était impossible de me concentrer sur quoi que ce soit –, mais également parce que je n’arrivais pas à me décider si c’était grave ou non qu’il sache. Donc le plus simple était encore de le laisser faire, le laisser s’emparer de mon esprit maintenant que j’étais sur le point de lui offrir mon corps.
Comme il me l’avait demandé, je ne m’arrêtai surtout pas, trop heureux de laisser ma langue glisser avec impatience sur sa verge. Mes doigts s’agrippèrent doucement à ses cuisses tandis que ma bouche continuait ses impudentes caresses. Suivant le rythme de sa respiration, j’accentuai mon va-et-vient, le prenant de plus en plus profondément dans ma bouche jusqu’à l’y avoir entièrement. Quelques faibles gémissements parvinrent à mes oreilles, étouffés, et je me rendis compte que c’était les miens. Voilà qui était embarrassant. Que j’apprécie ce que j’étais en train de faire était une chose, le lui prouver de façon aussi évidente en était une autre. Je posai mes mains sur le matelas pour rendre à ses hanches leur liberté de mouvement et subis, avec une certaine délectation, ses à-coups jusqu’à ce qu’il eût déversé sa semence au creux de ma gorge. J’avalai ce liquide âpre et me redressai pour essuyer mes lèvres.
« Vous avez vu quelque chose d’intéressant, cette fois encore ? ne pus-je m’empêcher de demander. »
Assis sur ses jambes, je le regardai alors, ses pommettes teintées de rouge, son torse qui se soulevait de façon irrégulière. Un léger sourire prit place sur mes lèvres, sans que je puisse le réprimer.
Heath se sentit immensément plus mal à l'instant où il pénétra dans l'esprit d'Alistair bien qu'il fut combler immédiatement par une vague de chaleur qui venait autant des lèvres satinées de son élève qui roulait sur son sexe que par les images floues qu'il percevait. La tête penchée en arrière, les doigts crispés dans les cheveux soyeux de son élève, Heath était assaillit par le plaisir qu'il lui procurait et rassuré par chaque souvenir, chaque pensée détaillé sur ses rétines closes. Il voyait d'abord à travers les yeux d'Alistair, le jour de son tout premier cours dans sa classe, grand, majestueux, hochant la tête d'un air ténébreux. Le souvenir d'Alistair semblait focalisé sur ses lèvres qui se mouvaient presque au ralentit.
Puis la pensée suivante, la première fois où Heath s'était approché de lui, quand leurs mains se furent effleurées doucement alors qu'il lui rendait une copie très mauvaise en vérité. Suivi un jour où Heath était particulièrement élégant et chic, un autre où Heath était grognon et ainsi de suite étaient résumés les derniers mois du professeur dans le coeur de son élève. Enfin, les rêves, les mêmes images qu'il avait déjà intercepté, la même moiteur tendre et sensible. Aucun doute n'était possible, se gosse n'était pas seulement excité par lui, putain, il l'aimait. Ce gamin qui le pompait avec une avidité sourde était amoureux de lui.
La jouissance vint à ce moment où il cessa la connexion mentale et se pencha en contractant ardemment son ventre pour admirer le spectacle sensuel de son élève. Ses lèvres ourlées autour de sa queue qui s'activait pour lui procurer le plus de plaisir possible en serrant ses hanches. Les mouvements anarchiques de son bassin épousèrent ses va-et-vient et il explosa entre ses lèvres avec un grognement rauque, répondant aux petits gémissement délicieux qui s'échappaient de la bouche rougie d'Alistair.
Tous ses troubles étaient oubliés, toutes ses angoisses, tous ses doutes le quittèrent comme si le tablier de plomb s'était évaporé et libérait son torse dont le coeur pouvait enfin battre aussi frénétiquement que l'orgasme merveilleux lui avait bouleversé les sens. Il voyait trouble, entendait en boucle les gémissements aigus d'Alistair, ses oreilles bourdonnaient de son souffle erratique, son corps moite du ventre entre ses cuisses semblait brûler vif et sa bouche piquait d'un petit gout acidulé qu'on ne trouvait qu'en lapant la chair du châtain de la pointe de la langue.
Heath ouvrit péniblement les yeux et admira le torse tremblant et frissonnant d'Alistair, assis sur ses cuisses avec une expression perplexe de satisfaction mêlées d'interrogations. Il le fixa de sa bouille adorable, le visage rougi et Heath se redressa, encore étourdi de sa jouissance, et vint prendre son élève entre ses bras. Non pas son élève, son amant. Il'entoura de ses vastes paluches, l'englobant tout en entier pour le presser contre lui, l'emballer dans son odeur, sa chaleur, son envie et même son amour. Il voulait ce cocon fait d'eux et de leur sentiment, d'eux seuls et rien que d'eux. Agrippant un draps qu'il défit rageusement, Heath recouvrit l'étreinte fusionnelle qu'il formait avec son amant et alors que sa lèvre avide retournait caresser sa jumelle, il les entoura dans une bulle de tissu blanc.
L'atmosphère tamisée par le draps était plus intime et chaude, concentrée de leurs souffles erratiques qui se mêlaient, s'échangeaient alors qu'ils reprenaient un rythme convenable. Perdu tout contre son amant, Heath perdait la tête. Il embrassa doucement sa tempe avant de lui montrer à sa façon combien il l'aimait. Sous le draps, Heath fit glisser son bassin et chevaucha à nouveau Alistair. Faisant couler un baiser sur sa gorge, Heath profita encore de milles et une caresse de la paume et du pouce pour distraire le jeune homme des va-et-vient que sa main libre s'appliquait à lui infliger.
Toujours sous le voile de tissu qui le coupaient du monde, Heath se débarrassa des derniers vêtements qui venaient polluer leur bulle. Tout deux nus, son amant semblait particulièrement tendu et contre toute attente, Heath se sentait parfaitement à sa place à présent. Alistair était tellement tendu dans sa paume, qu'il jouirait sans qu'ils ne puissent aller plus loin s'il n'arrêta pas à l'instant, jouant de la frustration pour se montrer plus directif. Attrapant ses hanches, il le coucha doucement sur le côté et vint s'allonger dans son dos. Leurs deux virilités s'étaient effleurées un instant et maintenant, Heath noya la sienne dans la chair tendre des fesses d'Alistair où il voulait se glisser.
Quelques mouvements à se déhancher pour attiser encore son envie, Heath glissa une main qu'il avait langoureusement portée à sa bouche, le long de la cuisse de son amant jusqu'à se perdre au creux de leur moiteur. Avec douceur et en perlant de baisers la clavicule et l'épaule qu'il pouvait attendre de ses lèvres, Heath patienta le temps que son amant s'habitue à se traitement. Il contrôle sa fougue, la passion qui coulait dans ses veines, seulement parce qu'il voulait honorer ce qu'il avait vu dans son esprit. Il ne voulait pas le baiser mais lui faire l'amour car c'était de l'amour qu'il ressentait. Heath ferait de cette nuit la plus belle pour son amant.
Le sentant près, il grogna à ses côtés et le fit se mettre à quatre pattes, Heaht se tenant à genou derrière lui. Deux doigts glissèrent à nouveau entre la moiteur de ses cuisses et les gémissements qui augmentaient de volume signifiait que le garçon était prêt. Heath se mit doucement en face de ses fesses pâles et se trouva un chemin jusqu'à ce qu'il n'en viole l'entrée. Soupirant, transpirant sous le drap, il n'en démordrait pas, il voulait vivre cette nuit dans la bulle qui les portaient au dessus du monde, qui les protégeaient de tout et quiconque le voudraient du mal. Heath fit cette fois claquer la peau des cuisses d'Alistair en sortant puis entrant plus rapidement, plus profondément, plus fortement. Le rythme des coups de reins devint presque paroxystique et c'est vautré sur le dos vouté de son amant, le torse collé contre lui et son membre profondément enfoui dans ses entrailles qu'Heath l'enlaça davantage, accédant à son oreille pour murmurer par à cout, à chaque mouvement de va-et-vient.
"Je ... suis désolé ... Pardonne ... moi, je ... ne le ... refais plus ... jamais ... Aaaaargh"
Je me figeai lorsque mon professeur me prit dans ses bras, dans une étreinte pleine d’une tendresse à laquelle je ne m’attendais pas et mon cœur repartit dans une course effrénée. Je n’avais pas besoin de sa réponse pour savoir ce qu’il avait vu, ni pour savoir qu’il avait compris. Je n’aurais sans doute pas pu lui faire une déclaration plus explicite que ça de toute manière, mais alors que j’aurais cru être terrifié par l’attente de sa réaction, je me surpris à simplement me pelotonner contre sa chaleur, laissant filer le cours des choses sans même y réfléchir – ce qui était pourtant une de mes spécialités. Tandis qu’il capturait mes lèvres, il nous recouvrit d’un drap puis il m’allongea en me surplombant de nouveau et ses mains se remirent à me caresser. Je me mordis fermement la lèvre, à la fois pour réprimer mes gémissements et pour réussir à me contrôler, à ne pas venir maintenant. Il me laissa tout juste un répit lorsqu’il nous débarrassa tous deux de nos vêtements avant de reprendre où il s’était arrêté. Il dut néanmoins se rendre compte de l’état dans lequel il me mettait car il cessa, et c’est avec un mélange de frustration et de soulagement que je le laissai me manipuler. Il me tourna sur le flanc pour se glisser derrière moi, mes joues s’embrasèrent quand je sentis son érection glisser contre mes fesses, mais ce furent ses doigts qui me pénétrèrent et la douleur me fit me crisper.
C’était une sensation étrange et la douleur n’empêchait pas mon désir de s’intensifier encore. Je me forçai à respirer à nouveau, ignorant les soupirs langoureux qui quittaient ma bouche et, à mesure que mon corps s’habituait à cette intrusion, mes soupirs se muèrent en gémissements. Il retira finalement ses doigts, me plaça à quatre pattes devant lui et, après s’être assuré que j’étais prêt en insinuant une nouvelle fois ses doigts, il me prit. Mes mains s’agrippèrent au matelas alors que je sentais son sexe se frayer un chemin à l’intérieur de moi, la douleur revenait mais elle eut tôt fait de disparaitre quand il commença à bouger, vaincue par le plaisir que cela me procurait. La retenue à laquelle mon amant s’était astreint jusque là s’envola et ses mouvements furent de plus en plus rapides, et plus profonds. Quand il s’excusa pour son sortilège, je hochai simplement la tête, j’aurais voulu lui dire que je ne lui en voulais pas, mais j’en étais incapable. Perdu dans les méandres d’un plaisir que je n’avais jamais expérimenté personnellement, les seuls sons qui pouvaient encore sortir de ma bouche étaient des gémissements que je trouvais outrageusement gênants. J’essayais de les retenir, mais je n’arrivais pas à savoir ce qui était le plus embarrassant, ces geignements plaintifs et quémandeurs ou bien les espèces de couinements qui m’échappaient quand je tentais de garder mes lèvres closes. Mais la question ne se posa pas longtemps, sa verge toucha quelque chose en moi et une nouvelle vague de plaisir me ravagea, m’arrachant un cri.
De nouveau, je perdais le contrôle de mon corps. Mon sang bouillait dans mes veines et je tremblais de tout mon long, encaissant difficilement ses coups de butoirs, si bien que mes bras finirent pas ne plus pouvoir me porter. Je me laissai glisser sur mes avant-bras, cambrant mes reins pour mieux ressentir ses mouvements.
« Han professeur… ! … prenez…-moi… plus fort… »
Sans pouvoir m’en empêcher, je laissai mes hanches onduler et rencontrer le bassin vigoureux de mon amant. Je me sentais pourtant tout près de l’orgasme, je savais que je n’allais pas tenir encore longtemps, mais je ne pouvais juste pas m’en empêcher, c’était trop bon. Mes cris redoublèrent d’ampleur, et les étouffer contre le matelas ne servait pas à grand-chose. Je me cambrai un peu plus sous ses assauts fougueux et atteignis l’orgasme dans un énième hurlement de plaisir.
Heath redoubla de vigueur quand ses oreilles perçurent les gémissements torrides de son amant qui lui signalait qu'il n'avait à présent plus mal du tout et qu'il ressentait tous les délices de ses coups de reins. Le professeur était dans un autre monde, les yeux mi-clos, les lèvres entrouvertes, les cheveux rejetés en arrière alors que tous les muscles de son corps étaient bandés par ses mouvements saccadés et puissants. Il haletait, le souffle court, la respiration erratique, donnant à chaque vigoureux va-et-vient toute son énergie.
Il sentait le plaisir monter en lui et laissa ses paumes cueillir les hanches d'Alistair pour s'assurer une prise plus ferme et approfondir encore ses mouvements. A chaque fois qu'il se déhanchait, de plus en plus fort, les gémissements de son amant devenaient presque des cris qu'il essayait de retenir en plongeant dans le matelas, s'accrochant au draps alors que son corps s'allongeait davantage. Heath sentait la sueur coulée dans son dos et le long de son visage, aussi, il arracha bientôt le draps qui les couvraient et profita d'une bouffée d'air moite pour reprendre son souffle.
Sa main glissa de sa taille le long de sa colonne, se perdit dans sa tignasse soyeuse et s'y agrippa fermement, tirant doucement en cambrant davantage son dos contre lui pour se sentir encore plus profondément en lui. Il ne fallut pas longtemps à Alistair pour se tendre entre ses bras et se contracter autour de son sexe avant de jouir dans un hurlement plus fort que les autres, tremblant de tout son long alors qu'il ne tenait plus sur ses bras. Heath faillit s'abandonner à cet instant mais il lui en fallait encore plus.
Le professeur se retira et aida son amant à se retourner doucement sur le dos. Il voulait atteindre l'orgasme en croisant son regard et pouvoir s'écrouler sur lui dans une étreinte salvatrice. Heath posa les jambes du brun sur ses épaules et retrouva la moiteur entre ses cuisses avec délice. Conscient qu'il ne devait pas s'éterniser, il accéléra la cadence et ne résista pas à l'envie de se pencher jusqu'à capturer fiévreusement sa bouche aux lèvres satinées rougies d'avoir mordu l'oreiller. Un énième baiser et il grogna un peu plus fort contre sa langue avant de se tendre complètement. Il sentit monter la sensation de jouissance à son paroxysme et mordit furieusement la bouche d'Alistair, les yeux fermement clos, tous les muscles de son corps se contractant avant qu'il ne s'effondre à plat sur le ventre moite et brûlant de son amant.
Etourdis par le plaisir, les yeux dans le vague et l'âme floue, il se laissa tomber sur le matelas en roulant, un bras sur le front et l'autre en travers du ventre d'Alistair. Il laissa ses doigts se refermer autour de sa hanche en respirant rapidement, le souffle court. Incapable de bouger ou de dire quoi que ce soit, la dernière phrase d'émoi de son élève l'ayant mené à une extase si puissante, si intense et si belle qu'il ne savait plus quoi dire. Une moue attendrissante animait le visage d'Alistair et Heath ne put retenir un sourire soulagé. Après tout, peut être que tout cela était réel, et qu'ils avaient bel et bien un avenir ensemble.
Le professeur sentit une bouffée d'amour lui ceindre le coeur et se pencha pour attraper Alistair au creux de ses bras et le serrer avec force. Sa tête nichée dans son cou, Heath inspirait profondément le parfum unique de sa peau marquée par leurs ébats. Il frotta doucement son nez contre sa peau pâle et déposa un baiser sur la carotide palpitante. A présent, qu'allaient-ils faire ? Si ça dépendait de lui, Heath resterait couché là, tout contre lui, les doigts perdus dans les mèches châtains qui se collaient sur son front. Mais sans doute Alistair voudrait-il savoir où ils en étaient. Lui aussi le voulait, dans un sens ...
"Je ... je crois que tu vas pouvoir revenir en cours, maintenant, non ?"
Je crois que je n’avais jamais rien ressenti d’aussi bon, d’aussi intense, d’aussi fulgurant, et il me suffisait de penser que j’étais dans les bras de l’homme que j’aimais pour que mon cœur s’emporte encore plus. Je le sentis quitter mon corps pour me mettre sur le dos avant de reprendre sa place à l’intérieur de moi, je ne pus m’empêcher de soupirer d’aise. La douleur était bien loin, maintenant je ne ressentais plus que le plaisir intense d’être possédé par cet homme. C’était encore étrange pour moi, et d’accord je l’avais fantasmé, mais dans ma tête cela restait quelque chose que je ne ferais pas… jusqu’à il y a à peine deux heures, je pensais que cela n’arriverait pas. Et pourtant… pourtant nous étions là, nus l’un contre l’autre, à nous étreindre passionnément. Le corps encore engourdi par l’orgasme qui venait de me ravager, je sentais mon amant bouger encore profondément en moi, étouffant ses plaintes de plaisir dans ma bouche qui l’accueillait avec une dévotion non feinte. Ses dents se plantèrent dans ma lèvre quand il atteignit l’orgasme à son tour puis il se laissa tomber sur moi. Reposant mes jambes sur le lit, je glissai mes doigts dans ses cheveux mais il se glissa finalement à côté de moi. Je fermai les yeux et passai ma main sur mon visage. Sans que je puisse l’empêcher, un léger sourire se perdit sur mes lèvres, je me sentais idiot… idiot d’être heureux comme ça. Cet état d’euphorie m’était lui aussi inconnu, je n’avais jusque là fait que le voler à ceux qui passaient à côté de moi, mais, franchement, c’était pas si mal comme ça aussi.
Les bras de mon amant m’attirèrent soudainement contre lui et il glissa son visage contre ma peau, il y déposa un baiser qui me fit frissonner, et je passai mes bras dans son dos pour m’accrocher à lui comme on s’accroche à un rêve. Pourquoi soudain ? Lui-même ne semblait plus éprouver le moindre doute, alors de quoi avais-je peur ? Ça ne me ressemblait pas, mais je crois que ce soir je n’étais plus à ça près de toute façon, je ne me reconnaissais même pas. Ce n’était peut-être pas si grave, certes, et je n’avais peut-être même pas envie que ça s’arrête, mais c’était quand même déstabilisant, et puis… Mince, ce que je pouvais être niais !
La voix de mon amant me tira de mes pensées et un petit rire m’échappa. Les cours, oui. La semaine avait été longue et éprouvante, d’autant plus que je ne savais pas combien de temps cette situation allait durer. Cela aurait pu être beaucoup plus long, néanmoins, si mon professeur ne m’avait pas obligé à lui faire face, car je savais que je n’aurais jamais fait le premier pas moi-même… je ne voulais pas ressentir de nouveau cette sensation de dégoût dont je pensais être à l’origine. En réalité, j’étais trop craintif pour oser passer outre ce genre de situation… c’est qu’on m’avait surtout appris à encaisser dans ma petite enfance, tenir tête et faire face n’avaient pas fait partie de l’apprentissage. Je m’en serais voulu si la situation était restée telle quelle, mais puisque les choses s’étaient arrangées, je pouvais encore prétendre que ce n’était pas si grave. En revanche… je n’avais pas non plus envisagé l’éventualité de retourner en cours d’arithmancie, et donc d’avoir à rattraper mon retard. Néanmoins, je trouvais quand même l’idée sympa.
« En effet, plus rien ne m’en empêche. Mais vous savez… je crois que mes notes ne pourront plus jamais retrouver un niveau acceptable. »
Et ce n’était même pas seulement à cause de cette semaine d’absence, mais j’avais déjà du mal à me concentrer sur cette matière avant… après cette nuit, après tout ça, comment allais-je réussir à m’empêcher de rêvasser pendant son cours ? Pendant n’importe quel cours d’ailleurs ! Pire qu’une adolescente, non mais je vous jure ! Et d’une voix incertaine, j’ajoutai :
« À-à moins que… » Bordel, je n’étais même pas foutu de parler sans bafouiller. « À moins que quelqu’un me donne des cours pour rattraper mon retard… »
Puis, comme si de rien n’était, je laissai ma bouche picorer son épaule.
Heath eut un sourire distrait en voyant son ancien élève se blottir contre lui et glisser son corps contre son bras puissant. Pour l'instant, tout était clair pour Heath, limpide comme le plus pur des diamants, comme la plus cristalline des eaux de roches. Il était bien, il avait le coeur étreint de tendresse et souriait sans même réaliser que ses pommettes s'étiraient. Cette sensation de paix, d'harmonie, bien loin de toutes les relations qu'il avait pu avoir dernièrement. Sans doute fut-ce à ce moment là qu'Heath comprit la véritable teneur de ses sentiments pour Eugenia, et la vacuité de la relation qu'ils entretenaient jusqu'alors, malgré son indéniable versant agréable. La profondeur du sentiment qui bandait tout ses muscles, serrait sa poitrine et lui coupait le souffle, était bien différente d'une ferveur nostalgique perdue dans un amour de jeunesse brisé.
Ce n'était pas du tout l'instant pour ces réflexions qui le mèneraient à des choix funestes plus tard, aussi Heath choisit de faire le vide dans son esprit et de se laisser porter par le bonheur. Le bonheur tout cru, tel qu'il se présentait en tenant doucement entre ses bras le corps nu à la peau délicieusement moite et chaude d'Alistair. C'était simple comme une pétale de rose qui flotte en équilibre à la surface de l'eau du lac un soir d'été quand la brise souffre doucement. Aussi simple qu'un muffins tout chaud sortant du four, aux pépites craquantes de chocolats dont l'amertume se mêle au sucre acidulé des myrtilles fraîches. Aussi simple qu'une bouffée d'oxygène qui emplie les poumons alors que le ciel s'emplit de brume et que la pluie menace de tomber. La vie à cet instant semblait à Heath pareille à un songe, un morceau tendre de nuage que l'on laisse fondre sous sa langue.
Il n'avait plus envie de réfléchir ni de faire fonctionner son cerveau. Ses perceptions et ses émotions prenaient le pas sur le reste et il se laissait simplement porter par cela, se sentant incroyablement bien, à la merci de cette légèreté douceâtre. L'âpreté et la dureté de la réalité se refusait à lui pour le moment, et il ne s'en sentant que plus heureux. Heath vola un énième baiser à son élève qui demandait avec un sourire taquin, des cours particuliers pour remonter son niveau et rattraper son retard en arithmancie. La rondeur du vouvoiement sous sa langue mutine fit tiquer Heath qui sauta rapidement le pas et lui demanda de le tutoyer. Après tout ce qu'ils venaient de vivre !
"Alistair, je pense que ni le vous, ni le professeur ne sont plus adaptés ... à présent, tu peux m'appeler Heath, enfin, si tu le désire !"
Raffermissant sa prise autour de la taille du brun, Heath resserra son étreinte et inspira fortement l'odeur ambré du jeune homme. Une bouffée d'allégresse l'envahit à nouveau alors qu'il réfléchissait à ce qu'il allait bien pouvoir dire maintenant. Bien sur qu'il donnerait des cours à Alistair, toutes les nuits s'il le fallait, mais il doutait fort de la capacité à progresser que le genre de cours auxquels il pensait, risquait d'apporter à son élève. Il eut encore un sourire apaisé et passa une main tendre parmi les boucles châtains. Il aimait tellement se perdre dans cette toison soyeuse, c'en devenait enivrant. Le parfum vanillé que dégageait sa chevelure envoûtait le faible professeur. Heath avait envie de rire, le coeur tellement léger.
"Et je te donnerais autant de cours que tu auras besoin pour remonter ton niveau, bien que je pense pas que ce soit réellement ta priorité, hun ? Ne dit pas l'inverse, je sais que tu rêvasse pendant mes cours, je t'ai vu ! Bouge pas je reviens."
Heath roula un peu dans le lit et recouvrit sa nudité du draps arraché un peu humide dont il se drapa comme un consul romain. Il se rendit dans sa cuisine, sans pouvoir s'empêcher de jeter un oeil ou deux en arrière pour se gorger encore de l'image lubrique d'un Alistair alangui, nu dans son lit. Le professeur laissa sa baguette sur le côté pour cette fois et prépara lui même le thé. Habitude désuète amenée en Roumanie par deux papas rétro, Heath avait attrapé le virus tout petit et consommait l'infusion aromatique aussi souvent que décemment possible. C'était également la base de l'hospitalité d'offrir le thé à un ... invité. Il revint dans la chambre avec une grande théière en fonte, le service tasse coupelle assorti, une boite de gâteau chocolat blanc passion -l'un de ses nombreux péchés mignons-, deux quart de citron, des petites cuillères en argent et évidemment, sa fierté, son bijou : sa boite à thé.
En toge romaine avec un plateau digne du chapelier toqué, Heath revint donc se coucher et proposa une tasse d'infusion à Alistair en le laissant choisir ce qu'il voulait. Le professeur croqua dans son quartier de citron avant de laisser fondre un biscuit chocopassion sous sa langue. Les habitudes alimentaires étranges du trentenaire serait sans doute une surprise pour son élève, mais, il fallait bien apprendre à se connaitre, non ?
En réalité, cette nuit ne changeait pas seulement mon approche de cette matière aussi mystérieuse et démoniaque dont les secrets me semblaient si inaccessibles qu’ils avaient réussi à saper mon peu d’envie de fournir des efforts au lieu de me consacrer à la contemplation de cet homme qui me troublait tant, non cela changeait aussi ma vision de l’école. Sans être complètement naïf et fleur-bleue à l’extrême, s’il pouvait ne serait-ce que désirer ma présence à ses côtés, je pouvais supporter de rester dans ce château malgré tout. Malgré les insultes, malgré les coups et malgré les tourments qu’une unique heure entre ces murs pouvait m’apporter. J’avais déjà renoncé à faire des efforts pour être accepté des autres, pour effacer les préjugés qu’ils avaient sur moi, mais je pouvais faire l’effort de supporter qu’ils ne m’acceptaient pas pour pouvoir passer du temps avec mon professeur. Il valait au moins ça.
Sa voix me fit relever les yeux vers lui, il me demandait de lui parler de façon plus familière, de l’appeler par son prénom. Je me mordis la lèvre pour cacher le sourire idiot qui venait de s’emparer de mes lèvres alors qu’il resserrait ses bras autour de moi. Il était rare que je puisse profiter autant d’émotions aussi douces et positives, j’avais plutôt pris la sale habitude de lui fuir car en sachant qu’il ne m’appartenait pas de les ressentir, cela laissait un arrière-goût amer qui avait commencé à me ronger depuis quelques années. En revanche, c’est avec un certain masochisme que je me laissais emporter par tout ce qui pouvait être négatif, masochisme ou pulsions autodestructrices, je me questionnais encore.
Quand il me répondit à propos des cours, je me mis à rougir. J’aurais voulu répondre quelque chose néanmoins mais il partit avant que je trouve quoi dire. Il emmena le drap avec lui, je fis la moue. Je n’étais pas spécialement pudique mais j’étais quand même content d’être allongé sur le ventre. J’attrapai l’oreiller pour le glisser sous ma tête et fermai les yeux, je sus qu’il me regardait en ressentant ce qu’il éprouvait à le faire et je le regardai à mon tour quand il se détourna pour faire autre chose. Je me sentais heureux, j’étais là dans sa chambre à le regarder préparer du thé. L’ironie était qu’il le faisait comme le ferait n’importe quel moldu alors que tous savaient parfaitement ce que ma génitrice pensait des moldus. À bien y penser, c’était sûrement la première fois que je voyais quelqu’un faire du thé sans utiliser la magie, ma famille adoptive demandait à l’elfe de maison de le préparer et il le faisait par la magie évidemment… s’il avait osé toucher de ses mains ce qui se trouvait dans la théière et les tasses, ma grand-mère aurait eu tôt fait de le punir douloureusement.
Je m’arrachai de mes pensées en voyant Heath – il allait falloir que je m’habitue – revenir avec un plateau. Il se réinstalla à côté de moi tandis que je me redressais légèrement, attirant le drap sur moi pour me couvrir. Il me tendit ensuite une boite contenant différents thé, mes yeux lurent rapidement chacun des noms et je dois avouer que je n’en connaissais même pas le quart… c’est que je ne buvais pas beaucoup de thé, au grand dam de ma grand-mère qui répétait que c’était un breuvage bien plus noble que le café que j’avais tendance à lui préférer. Je choisis un peu au hasard et le fis infuser dans ma tasse d’eau brûlante. Était-ce prudent compte tenu ma maladresse ? Pas sûr… je m’assis donc, les jambes croisées en tailleur et reportai mon regard sur mon professeur, mon amant, Heath, qui était en train de déguster un petit gâteau. À en croire la satisfaction typiquement culinaire qu’il dégageait, si ce n’était pas son préféré ça ne devait pas être loin. Pour la première fois, je me dis que mon don n’était peut-être pas aussi désagréable que je le pensais, c’était sympa de savoir ce qu’il ressentait même si ça ne diminuait en rien les questions que je pouvais me poser concernant son comportement. Cela me permettait au moins de savoir ce qu’il aimait sans avoir à le questionner pendant des heures et… lui, visiblement, il avait aussi une technique bien à lui de savoir ce qu’il voulait. Cette pensée m’arracha un sourire mais mon esprit se refocalisa sur cette question que je m’étais posé toute la semaine, une question parmi d’autres, mais à laquelle j’avais cru avoir la réponse. Néanmoins, je me trompais sans doute, ce qui ne serait pas la première fois.
« Dites-... dis-moi, me repris-je bien vite. Pourquoi est-ce que tu n’as prévenu personne de mon absence à tes cours ? »
Absences on ne peut plus volontaires et répétées. Sur le point d’ajouter quelque chose que je n’étais pas sûr de devoir dire, je baissai le nez sur ma tasse dont le contenu était à présent agrémenté de tourbillons rougeâtres, je les diluai en remuant doucement ma cuillère.
« C’est idiot mais ça m’a taraudé toute la semaine. Je pensais que dès le premier cours passé, v- tu serais venu me voir en exigeant que je revienne en cours. (Inutile de préciser que la perspective de l’avoir de nouveau en face de moi et d’une humeur plutôt mauvaise m’avait tétanisé un moment, le souvenir de sa colère lors de notre rencontre précédente était trop frais) Alors quand j’ai vu que tu me laissais déserter, je me suis dit que tu avais plus aucune envie de m’avoir en face de toi. »
Tout comme moi, mais pas pour les mêmes raisons. Je me mordis la lèvre une seconde avant de continuer.
« Et puis, finalement, tu t’es retrouvé dans ce couloir pile en même temps que moi alors que je te pensais encore en train de dîner… »
Je relevai les yeux pour regarder Heath, un sourire amusé sur les lèvres. Je n’étais pas parano, j’avais même plutôt tendance à ne jamais rien envisager comme un « signe » mais je trouvais cette fois la coïncidence un peu trop belle.
« Tu es difficile à suivre… à déchiffrer je veux dire. »
Heath revint avec son plateau et sa boite à thé et se coucha sur le côté sans quitter des yeux son amant. Il aimait se perdre dans son regard timoré et devait se retenir à tout moment de se pencher vers lui pour glisser une mèche rebelle de ses cheveux soyeux derrière l'oreille. Il ne pouvait s'empêcher de sourire, son corps alangui comme un romain vautré dans sa couche, le coton drapant juste son bas-ventre. Alistair devant lui était assis en tailleurs, les pieds remontés sous les genoux et tenait sa tasse avec une attention très touchante. Un soupire d'aise gorgea son coeur d'une vague de tendresse et Heath posa bientôt sa paume sur le genou de son amant, nécessitant un contact après la nuit qu'ils venaient de passer. Mais effectivement il ne suffisait pas de boire du temps en rêvassant les yeux dans les yeux. Alistair semblait être décidé à parler à présent et le professeur était prêt à l'écouter et lui répondre avec franchise.
Heath fut étonné de la question de son amant. Il ne pensait pas vraiment à cela comme l'une des premières interrogations qu'il pouvait se poser après ce qu'il venait de se passer entre eux. Alistair se fit un peu plus insidieux et osa le tutoyer, et rien que cela, décrocha un sourire lorsqu'il leva la tête de son thé pour croiser son regard. Heath ne savait pas vraiment par où commencer. La semaine précédente lui semblait déjà tellement lointaine, tellement éloigné de ce qu'ils étaient à présent ... Mais qu'étaient-ils ? Refusant de laisser aller lui même à poser une question qu'il jugeait ne pas être de son ressort, Heath se concentra un moment sur sa tasse avant de se retourner pour échanger une oeillade plutôt intense.
"Si je n'ai rien dis, c'est très simple. C'était ma faute. Je t'ai ... agressé, j'ai violé ton esprit ... Comment je pouvais te reprocher de ne plus vouloir venir. Je te comprenais, je m'en suis tellement voulu ... C'est pour ça que je t'ai suivi finalement ce soir. Parce que je voulais te parler, m'excuser, car ma conduite était inqualifiable. Comment voulais-tu que j'aille me plaindre de ton absence après ce que j'avais fais ? Que voulais-te que je dise ? Et toi, tu aurais fais quoi si on était venu te chercher pour te punir ? Je suis pas sur que ça aurait pu apporter quoi que ce soit de constructif entre nous ... Et puis ce que j'ai ... j'ai vu dans ta tête ... Tu peux pas savoir comment ça m'a bouleversé !"
Heath se redressa et s'assit à son tour avec le drap encore autour de lui. Son thé, il le but rapidement car il touchait à présent à un sujet sensible dont il voulait se confier à Alistair comme preuve de confiance pour la création de leur nouvelle relation. Il fallait bien qu'il se mouille à présent qu'il se sentait engluer dans un magma croissant et expansif de sentiments mielleux lorsqu'il échangeait un regard avec son élève. Il sentait son coeur battre, car comme jamais il se trouvait dans une situation où il ne pouvait s'en sortir sans s'investir pleinement. Contrairement à sa jeunesse, alors que Daria prenait tout en mains dans leur relation, et où Heath se laissa porter dans une sorte de torpeur étouffante mais rassurante dans laquelle il ne prenait aucune décision, cette fois, c'était lui l'aîné et sans doute lui l'initiateur d'eux deux. Il était presque de son devoir de s'ouvrir et faire le premier pas, comme tout à l'heure dans le couloir ...
"Oui, je sais je prétend pas être un livre ouvert pour les gens. J'ai l'habitude de cacher ce que je suis et de ne pas me dévoiler pour ne pas souffrir de cela. Avec toi, c'est pas pareil, j'ai envie de m'ouvrir, j'ai envie de te dire des choses. Quand j'ai jeté ce sortilège la semaine dernière, je n'en croyais pas mes yeux. Je n'aurais jamais cru provoquer ce genre de sentiments dans le coeur de quelqu'un, j'ai un peu perdu la foi en ... en ce genre de choses, dirons nous. J'ai pas l'impression d'être quelqu'un qui peut plaire. Je sais que j'attire le regard et que j'intrigue, mais de là à connaître ce type d'appréciation, c'est plutôt flatteur. Et puis, tu es loin de me laisser insensible aussi. Mais vu comme tu as réagi, je pensais pas que tu aurais envie de quoique ce soit d'autre de moi. D'ailleurs, je ne sais toujours pas ce que tu attends de notre ... enfin notre ... relation ?"
Heath baissa la tête sur sa tasse vide et se retint de courir dans la cuisine sous prétexte de la remplir à nouveau. Il fallait rester digne et attendre l'opinion de son amant. C'était difficile, par Merlin, comme si un million d'arcs étaient tendu sur lui en attente d'un mouvement, d'un bruissement, d'un hoquet, prêt à le transpercer de part en part. Le verdict était lourd et son attente angoissante. Pourquoi Heath se sentait si vulnérable à la parole de Alistair, pourquoi il voulait qu'il lui dise qu'il ne désirait que de recommencer cette nuit à l'infini et rien d'autre ? Sans doute parce que lui même était plus attaché au jeune homme qu'il ne voulait bien se l'avouer ...
Je vis rapidement dans son regard qu’il ne s’attendait pas à cette question, mais en réalité c’était la seule que j’étais en mesure de formuler, et la seule pour laquelle j’avais besoin de mots pour comprendre. Je n’étais, par ailleurs, pas assez sûr de moi pour oser lui demander quoi que ce soit concernant notre « relation ». Je ne pensais pas être assez fort émotionnellement pour supporter qu’il se moque de moi ou qu’il me dise que je n’avais rien à espérer de plus que ce qu’il venait de m’offrir. J’étais peut-être un peu pessimiste, un peu méfiant aussi, si je me fiais à ce que je ressentais venant de lui à cet instant. Il n’y avait rien d’hostile, rien de désagréable, au contraire je crois que je n’avais rien ressenti d’aussi doux à mon égard et cela faisait battre mon cœur furieusement et fébrilement à la fois, parce que… j’avais si peur que ça cesse.
Il me répondit alors et je commençai à boire tranquillement mon thé, pour avoir une raison de baisser les yeux. Et c’était à mon tour d’être surpris, en fait c’était surtout les mots qu’il utilisa qui m’étonnèrent. Mais, comment aurais-je pu protester s’il m’avait fait punir pour n’avoir pas assisté à ses cours ? Je n’aurais jamais pu donner de raison valable, et je n’aurais jamais dit qu’il avait utilisé l’occlumancie sur mon esprit, de peur que l’on me demande ce qu’il avait pu y voir. Il avait raison, même si je n’avais rien dit, ça n’aurait rien apporté, ceci dit je n’avais plus vraiment d’espoir quant à ce que je pouvais ressentir. Mes joues s’empourprèrent quand il mentionna ce qu’il avait vu dans ma tête la première fois, et je m’étonnai d’être toujours aussi gêné. Je relevai les yeux en le voyant se redresser, il semblait soudain un peu plus sûr de lui… c’était ce que son comportement laissait voir, mais ses émotions étaient un peu différentes, je souris.
Je l’écoutai ensuite se confier à moi, et si je n’avais pas encore été certain de ce qu’il savait de mes sentiments, maintenant je l’étais. Il s’était vu à travers mes yeux, deux fois déjà, et manifestement nous n’avions pas la même vision l’un et l’autre. Je l’aurais bien laissé voir dans mon esprit encore une fois, pour qu’il se rende compte combien, pour moi, il était unique. Il rebaissa la tête, me laissant tout le loisir d’encaisser la fin de ses paroles, sa question. J’avais été en colère contre lui mais ça avait été si fugace… ça avait vite été remplacé par la peur de lui faire face à nouveau. J’avais peur de son mépris et du dégoût que je pensais alors lui inspirer. Et voilà qu’il me demandait ce que j’attendais de notre relation. En réalité, je n’y avais jamais réfléchi, j’aurais été idiot d’imaginer qu’il puisse poser sur moi un regard intéressé, je n’aimais pas me donner de faux espoirs, les émotions des autres étaient assez difficiles à gérer sans que je m’amuse à me provoquer mes propres ascenseurs émotionnels.
Un léger rire m’échappa et je secouai la tête, je crois que je n’attendais rien. Je posai ma tasse vide sur le lit et pris celle de Heath pour la poser à côté de la mienne. J’avais… j’avais juste une soudaine envie de me blottir contre lui, de lui faire sentir à quelle vitesse mon cœur tapait dans ma poitrine, avec quelle force il me troublait. Alors c’est ce que je fis. Silencieux, je me rapprochai de lui, me glissai à califourchon sur ses cuisses et passai mes bras autour de son cou. Je serrai mon torse contre le sien, enfouissant mon visage contre son cou pour respirer quelques instants l’odeur de sa peau. Le fait même de m’être rapproché de lui affolait encore plus mon cœur, je crois que j’aurais pu craindre qu’il lâche. J’étais qu’un gamin, je m’emballais pour un rien parce que je ne connaissais rien de mieux que l’affection qu’il avait commencé à me démontrer, et c’était peut-être idiot, et je finirai sans doute par avoir le cœur brisé, mais pour l’instant… je m’en fichais.
Je fis glisser lentement mes mains sur son torse pour m’écarter un peu et le regarder, ne me souciant pas – presque pas – de la teinte rouge que prenaient une nouvelle fois mes joues.
« Je voudrais juste pouvoir avoir une place dans tes bras… et que tu me laisses être amoureux de toi… »
Je détournai les yeux. Il l’avait vu, il l’avait forcément compris, plus ou moins clairement, mais dire à haute voix que je l’aimais, c’était… c’était comme lui donner la permission de faire ce qu’il voulait de mon cœur épris de lui. Étrangement, j’avais confiance.
« Je ne veux rien d’autre qu’être près de toi… »
Je capturai ses lèvres en me serrant encore contre lui. Je me trouvais idiot de dire de choses pareilles, mais que pouvais-je dire d’autres ? C’était tout ce dont j’avais besoin… qu’il m’accepte, qu’il comprenne ce que je ressente… je n’attendais même pas qu’il me rende mes sentiments, je n’étais pas si naïf.