Mauvais cauchemars et dérives sentimentales.

La nuit venait de tomber. Le ciel était noir, sans nuage, mais la lune était cachée par les arbres de la Forêt Interdite. Un silence de mort recouvrait le tout sans que personne ne puisse comprendre pourquoi. C’est alors qu’un cri déchira la nuit. Une jeune femme blonde courrait au travers des bois poursuivit par quelque chose d’invisible aux yeux des autres. Pourtant, pour elle, tout était bien réel… Ou c’était un rêve ? Comment le savoir ? Elle continuait de crier, de demander de l’aide. C’est alors que sa cheville se prit dans un des racines d’un arbre centenaire et elle s’écrasa sur le sol de tout son corps. Impossible d’attraper sa baguette magique, elle se contentait de crier et d’espérer que la bête ne l’attrape pas. Elle sentit la mâchoire d’une bête attrapée sa cheville libre. C’était la fin, elle allait mourir. Plus loin, un arbre en feu et une voix qui disait « Pourquoi vous occupez-vous de moi ? »

Sursautant et criant, Rose Carthew se redressa vivement dans son lit. Un cauchemar. Un stupide cauchemar. Sa chemise de nuit étant trempée, la jeune femme décida de prendre une douche et d’aller se balader par la suite. Elle devait comprendre pourquoi elle faisait ce genre de cauchemars depuis quelques semaines… Elle n’avait pas jamais fait autant de mauvais rêves que depuis qu’elle était de retour à Poudlard. Sachant que l’insomnie allait la gagné, elle enleva sa chemise de nuit trempée, la jeune femme se glissa sous la douche pour se rafraîchir. Une fois fini, elle enfila un pantalon noir et un haut noir. Pas besoin de mettre une de ses robes de sorcières pour sortir quelques heures dehors. Elle attrapa sa cape de voyage noire et sa baguette magique. Elle enfila le vêtement et garda son arme à la main. Tout en glissant ses pieds dans des baskets, elle déverrouilla la porte de sa chambre et se glissa silencieusement dans le couloir. Ce n’était pas la peine de réveiller toute l’auberge. Elle descendit les quelques marches qui la menaient dans la grande salle du Trois Balais puis se glissa dehors. Vu comme cela, on aurait dit une voleuse. Heureusement pour elle, tout le village était endormi. Ce soir, Rose avait pour but d’aller vers la Forêt Interdite. Elle ne savait pas pourquoi elle rêvait de cet endroit… Elle n’y avait jamais mis les pieds. Guidé par la lumière de sa baguette magique, la jeune femme arriva rapidement dans le parc de Poudlard. Personne à l’horizon. Tout le monde n’était pas comme elle, insomniaque. Il y avait bien une personne qui l’était dans ce château, mais vu l’heure, il devait sans doute être dans son bureau ou dans sa chambre…

Elle arriva rapidement en bordure de la forêt. Tout était noir. Comme dans son rêve. Reprenant son souffle tout en essayant de contrôler ses émotions, la jeune femme fit quelques pas dans cet endroit qui ne la rassurait pas du tout… Sa baguette magique éclairait à peine quelques mètres devant elle… Pas un son ne s’échappait… Un bruit. Un craquement de branche. Rose se retourna vivement en lançant un Stupefix informulé. Le sort frappa un bouclier de protection. En voyant une silhouette se tenir à quelques pas d’elle, la jeune femme lâcha un cri et posa une main sur son cœur lorsqu’elle reconnue la personne.

« Mais vous n’êtes pas bien ? Vous aurez pu me faire mourir ! »

Se tenant devant elle, Alec Hudson. Comment avait-il fait pour la suivre ? Elle avait vérifié qu’elle était seule avant de partir de l’auberge et elle n’avait vu personne sortir du château. S’appuyant contre un arbre, l’Auror reprit son souffle. Quelle image elle devait donner au professeur. Brusquement, elle lui demanda :

« Pourquoi m’avez-vous suivit ? »

Mauvais cauchemars et dérives sentimentales.

Si Rose avait sursauté, c’était surtout parce qu’elle pensait être seule. Si un animal s’était tenu à la place d’Alec, elle aurait sans doute eu la même réaction. Cependant, elle se doutait bien que le professeur devait avoir une idée préconçue dès qu’il la vit sursauté. En colère contre elle-même, la jeune femme essayait de calmer son cœur qui n’arrêtait pas de cogner contre sa poitrine. Est-ce à cause de son cauchemar qu’elle était aussi nerveuse ? C’était sans doute la raison de son énervement. Pourtant, elle qui semblait si sur de ses sentiments et émotions, voilà maintenant qu’elle prenait peur pour un rire. C’était pathétique. Elle espérait que personne d’autre qu’Alec ne serait ce qui venait de se passer. Elle avait tout de même une réputation à tenir !

Alors qu’elle venait de dire à Alec qu’il avait failli la faire mourir, ce dernier lui dit tout simplement que ça aurait sans doute été le cas si ce n’était pas lui qui se serait pointé. Quel culot il avait celui-là ! Comme si un sorcier dans Poudlard voulait tuer les Aurors… Rose croisa les bras contre sa poitrine, montrant son mécontentement. Elle lança :

« On n’est pas tous parano comme vous. »

Les mots étaient sortis tous seuls, mais la jeune Auror ne les regrettait pas. Il était temps que quelqu’un lui fasse sa fête à ce professeur de Runes qui était seul depuis trop longtemps. Elle avait envie de lui faire comprendre que les Aurors n’étaient plus ce qu’ils étaient lors de la première guerre. Beaucoup avaient péri et plusieurs avaient été renvoyés pour des fautes graves. Cependant, Alec semblait vivre dans le passé. Rose ne savait pas pourquoi, mais elle allait tout faire pour le savoir. Lorsqu’elle lui demanda pourquoi il la suivait, il lui répondit qu’il n’avait pas que ça à faire et qu’il pourrait penser que c’était elle qui le suivait. Rose haussa à son tour les sourcils. Ce n’était pas son genre de suivre les gens, surtout lorsqu’elle n’était pas en service, mais si ça lui plaisait de croire le contraire…

« Peu importe ce que je vais dire, vous n’allez pas me croire alors je vais me taire. »

Elle fit quelques pas pour s’éloigner un peu du professeur. Voilà des semaines qu’elle ne l’avait pas croisé au Trois Balais et c’était tant mieux. Leur dernière rencontre avait été explosive. Elle avait passé une partie de la nuit à nettoyer le bordel qu’elle avait causé. Heureusement pour elle, personne n’avait entendu quoi que ce soit et Annette n’avait rien remarqué. C’est alors que le professeur lui dit qu’elle ne risquait pas de trouver des informations à transmettre à Robert Hilliard en restant dans la Forêt Interdite.

Elle se retourna brusquement vers lui. Pourquoi ramenait-il toujours le sujet de l’Inquisiteur dans leurs conversations ? On dirait qu’il est obsédé par ce personnage. Rose le regarda pendant un instant. Il avait gardé sa baguette magique pointé vers la jeune femme alors qu’elle-même l’avait abaissé.

« Arrêtez de vous préoccupé de mon travail professeur. »

Un sourire narquois se dessina sur les lèvres de la jeune femme. Elle se rendit compte qu’il manifestait beaucoup plus d’intérêt pour son travail que pour elle, mais dans un sens, c’était aussi bien comme ça.

« Mais je suis gentille, je vais vous répondre : Je ne suis pas en service ce soir. »

Elle se détourna de lui pendant un moment. Elle regarda le foret qui était beaucoup plus sombre que dans son rêve. La jeune Auror se demandait encore pourquoi elle avait fait ce mauvais rêve elle qui n’était sujette à ce genre de cauchemars… Dos tourné, elle ne prêta aucune attention à Alec. Elle essaya de respirer un bon coup pour montrer qu’elle n’était pas ce genre de personne qui avait peur pour un simple cauchemar. Après plusieurs minutes, elle se retourna vers le professeur avec le visage blanc comme la neige, mais un faible sourire essayait de faire disparaitre cette peur.

« Et vous professeur, pourquoi n’êtes-vous pas avec vos collègues ce soir ? »

Mauvais cauchemars et dérives sentimentales.

Alec Hudson, pas paranoïaque ? Rose se retient de rire. Tout le monde savait qu’il n’aimait pas beaucoup l’inquisiteur. Même une personne, qui ne le connait pas, pouvait le remarquer… L’Auror posa sa main devant sa bouche pour ne pas froisser le professeur avec son rire. Elle se reprit tout de suite. La tête qu’Alec changea. Il devait sans doute se dire qu’elle était inconsciente de se retrouver dans la forêt Interdite. Puisqu’elle connaissait assez bien la plupart des résistants de la guerre, il devait penser qu’elle ne savait pas que cette forêt était dangereuse. Elle planta son regard dans celui de son ancien professeur et lui dit :

« Je sais tout cela professeur, je suis peut-être blonde, mais je ne suis pas idiote. Et arrêtez de me regarder comme si j’étais un ennemi. Je suis de votre côté. »

C’était la vérité. La jeune femme se demandait encore pourquoi ils s’opposaient tous les deux. Ils étaient du même côté, mais ils n’avaient pas vécu les mêmes choses. Rose, plus jeune que son ainé, ne pouvait pas comprendre la souffrance de ces nouvelles agressions. Alec, de son coté, ne devait pas comprendre que les Aurors n’étaient plus ce qu’ils ont été. Alors qu’il lui demandait pourquoi elle était dans la forêt interdite, elle avait décidé de ne rien lui dire. Depuis leurs « retrouvailles », Alec trouvait toujours un moyen pour faire sortir de ses gonds la jeune femme. Ce soir, elle avait décidé de ne rien dire. Il ajouta un simple « Comme vous voulez » qui déplu à l’Auror. Décidément, il était difficile d’avoir une discussion avec ce professeur.

Depuis qu’elle était en service pour Robert Hilliard, la jeune femme avait toujours été très professionnelle. Depuis sa première rencontre avec Alec, elle avait quelques difficultés pour s’endormir et elle faisait des cauchemars avec une voix qui revenait souvent. C’est alors qu’elle comprit que cette voix, c’était celle de son ancien professeur ! Voilà des semaines qu’elle se creusait la tête pour savoir à qui appartenait cette voix… Maintenant qu’elle le savait, Rose ne se sentait pas du tout rassuré. L’Auror se rappela alors le sort qu’Alec lui avait lancé pour la remettre sur pied lors de leur première rencontre… Secouant la tête, la jeune femme demanda à son ainé pourquoi il ne se trouvait pas avec ses collègues. Il lui dit que pour la simple et bonne raison qu’ils dormaient tous.

« Je suis sûre qu’il y en a au moins un qui ne dort pas. Il n’est pas si tard que ça… »

La jeune femme regarda le peu du ciel que l’on pouvait apercevoir au travers des arbres. Il faisait encore noir. La jeune femme se retourna pour essayer de reprendre le contrôle de ses émotions après avoir observé la forêt. Alec lui posa une question auquel elle répondit :

« Je chasse mes cauchemars. »

Une seule phrase, brute, froide et distante. La jeune femme retrouvait peu à peu sa froideur. Les gens qui l’avaient connu après sa cinquième année la connaissaient comme ça. Elle se demandait si Alec se souvenait de la jeune femme qu’elle était en troisième et quatrième année. Il ne devait pas s’en souvenir, lui qui enseignait à beaucoup d’élèves. Tournant en rond pour chasser son agacement, la jeune femme s’approcha de son ancien professeur et lui demanda du tac au tac :

« Que m’avez-vous fait ce soir où vous m’avez soigné ? Vous n’avez sans doute pas utilisé que les Runes ! »

Énervée, elle s’éloigna de nouveau puis essaya de se calmer. Il n’y était peut-être pour rien…

« J’entends votre voix dans ma tête lorsque je fais des cauchemars. Vous n’arrêtez pas de me dire «Pourquoi vous occupez-vous de moi ? » puis je me fais attaquer par je ne sais pas quoi ! Cela ne m’arrive que depuis vous m’avez soigné ! »

Rose tournait en rond comme un lion en cage. Elle voulait des réponses, elle en avait besoin. C’était obligé que quelque chose s’était passé depuis sa première rencontre avec le professeur. Bien sûr que quelque chose s’était passé. Les barrières qu’elle s’était mise depuis sa cinquième année commençaient à se briser petit à petit depuis qu’elle avait retrouvé son ancien professeur. Elle savait ce qui lui arrivait, elle tombait amoureuse. Mais pourquoi tombait-elle amoureuse d’un homme qui la détestait ? Plongeant son visage dans ses mains, la jeune femme faillait éclater aux sanglots, mais se retient. Ce n’était pas le moment de montrer ses faiblesses à un homme qui pensait qu’elle était un poids pour les Aurors…

Mauvais cauchemars et dérives sentimentales.

S’il savait qu’elle n’était pas son ennemi, pourquoi réagissait-il de la sorte ? Rose savait déjà pourquoi. Elle n’avait pas besoin de poser la question. Pour tous ceux qui la regardaient, elle était une Auror qui avait fait ses preuves. Cependant, elle n’avait sans doute pas la maturité de la moitié de ses ainés. Elle avait été propulsée au-devant de la scène sans avoir pris le temps de murir et certaines personnes devaient sans doute le remarquer. Pourtant, la jeune femme faisait tout pour paraitre adulte, mais les habitudes avaient la vie dure. Alors que la jeune Auror disait à Alec qu’elle n’était pas son ennemi, ce dernier approuva. Levant les yeux vers lui, elle pensait avoir mal entendu. Après tout, il la détestait. Il rajouta alors qu’il préféra se vider l’esprit seul plutôt que d’être avec ses collègues. Rose le comprenait. Elle avait pour habitude d’être toute seule, mais depuis que Callum était arrivé à Poudlard, elle passait de moins en moins de temps seule. Elle le faisait pour faire plaisir à son ami, mais aussi pour qu’il ne remarque pas que sa carapace commençait à se fissurer.

C’est alors qu’elle se mit à parler de ses rêves. Elle n’en avait pas l’intention quelques minutes plus tôt, mais la pression était trop forte. Elle se devait d’avoir des réponses à ses questions. Elle pensait depuis le début que c’était à cause d’Alec et de son utilisation des Runes qu’elle faisait des cauchemars. Maintenant, cette idée lui paraissait folle, mais elle était trop fière pour lui dire qu’elle avait tort. Elle secoua la tête en voyant le regard que posait sur elle le professeur de Runes. Il devait se dire qu’elle était complètement débile. Il lui demanda alors si c’était si horrible de rêver de lui. Voilà qu’il faisait de l’humour ! Rose leva son regard vers lui puis en rougissant, elle murmura :

« Bien sûr que non. C’est plutôt agréable de rêver de vous… »

Elle reprit sa marche sans s’arrêter. Elle commençait à perdre pied. Elle détestait ce sentiment. Elle avait l’impression de revenir à l’année de ses 15 ans. L’année où elle pensait que le monde était tout beau tout rose. L’année où elle pensa que les sorciers avaient changé depuis la dernière guerre. Elle sentit une main se poser sur son épaule et soupira profondément. Rose avait senti la présence d’Alec qui se rapprochait, mais voilà qu’en posant sa main sur son épaule, il venait de déclenché chez elle une série d’émotions qu’elle pensait avoir contrôlé depuis des années. Elle se mit à trembler et essaya de caché de cela à son ancien professeur. Ce dernier lui demanda ce qu’elle voulait répondre à la question de son cauchemar… La jeune Auror sentit que le professeur la fit assoir sur un rocher qu’il avait déplacé. Elle enleva ses mains de son visage. Ce visage blanc comme la neige et tellement crispé qu’on aurait pu croire qu’elle avait été victime du sortilège Doloris. Il leva son regard infiniment triste vers Alec et lui dit :

« Pourquoi je m’occupe de vous ? Parce que c’est mon devoir de protéger toutes les âmes de ce monde de sorciers. C’est mon devoir de vous aider lorsque vous avez besoin d’aide. Vous avez été mon professeur, c’est ma manière à moi de vous remercier. Vous m’avez été tellement d’un grand secours pendant toutes ces années malgré tout… »

La jeune femme se replia sur elle-même. Les Runes avaient toujours été une des matières qui avaient permis à Rose se rester concentrer sur ses études. Elle aimait la complexité de cette étude. Le professeur Hudson avait toujours été quelqu’un que Rose avait admiré en secret… Ce dernier lui demanda alors de lui décrire son cauchemar. La jeune femme respira profondément. Est-ce qu’elle devait tout lui dire ? Tout en essayant de calmer les tremblements de ses mains, l’auror regarda ses pieds et commença :

« Ce cauchemar commence dans le noir total, puis la forêt interdite prend la place du noir. J’entends des bruits de pas derrière moi et de grognements. Je me mets à courir. En regardant derrière moi, je vois que la silhouette ressemble beaucoup à celle d’un loup… Puis sans prévenir, votre voix me demande « Pourquoi vous occupez vous de moi ? ». Comme un reproche… Je sens le loup derrière moi se rapproché puis je me réveille toujours à ce moment-là. Depuis que je suis revenue à Poudlard, ce cauchemar revient tout le temps et encore plus souvent depuis votre intervention sur mon poignet, mais je doute que ce soit de votre faute… Je vous prie de m’excuser de vous avoir accuser ainsi. »

Rose regarda autour d’eux pour être sûre que personne ne se trouvait dans le coin. Elle n’avait pas envie que quelqu’un lance la rumeur qu’elle était faible. Puis elle ferma les yeux pour faire appel à son pouvoir de reprendre le contrôle sur ses émotions. Elle n’était pas sûre d’y arriver, mais elle devait tout faire pour y arriver. C’était sa carrière qui était en jeu. Elle ouvrit de nouveau les yeux pour constater que le professeur la regardait toujours.

« Je sais ce que vous devez penser. Vous devez penser que je ne suis pas faite pour ce métier. Mais je vous rassure, tous ces cauchemars n’ont rien à voir avec mon métier. Je suis parfaitement capable de m’adapter à toutes les situations possibles. »

Elle avait argumenter d’une façon professionnel pour montrer à Alec qui avait devant lui une jeune femme qui pouvait être très professionnelle et qui était seulement fatiguée de se battre contre ses sentiments.

« Etre Auror, ce n’est pas simple. Surtout lorsqu’on arrive après la Grande Bataille et que l’on doit retrouver la confiance des gens… Je ne suis pas comme mes prédécesseurs. Je ne vais jamais laisser tomber les gens. Je l’ai promis à plusieurs personnes déjà et je n’ai pas envie de briser cette promesse. Elle est valable pour vous aussi professeur… »

Elle avait presque murmuré la dernière phrase. Elle savait qu’elle tombait amoureuse de son ancien mentor de runes, mais elle ne pouvait pas lui avouer maintenant. Il était beaucoup trop tôt et la confiance n’était pas encore établie entre les deux sorciers…

Mauvais cauchemars et dérives sentimentales.

Rose savait qu’Alec avait sans doute entendu ce qu’elle avait dit. Comment ne pas aimer rêver d’un professeur aussi parfait… physiquement. Parce que psychologiquement, du point de vue de la jeune femme, il y avait encore des efforts à faire.

Alors qu’elle venait de faire son discours sur son envie d’aider les autres, Rose remarqua le sourire du professeur. Il n’était pas franc, mais c’était un sourire. Elle avait réussi à le faire sourire ! Intérieurement, la jeune Auror se dit qu’elle avait sans doute avancé d’un pas, mais qu’elle ne devait pas se réjouir trop vite. Puis, il lui dit que le fait qu’il refuse son aide la vexait. C’était sans doute le cas. Rose avait toujours eu pour philosophie d’aider les gens même ceux qui en avaient le plus besoin. Son ancien professeur en avait vraiment besoin, c’était évident. Cependant, le seul fait qu’il refuse de l’aide d’une de ses anciennes élèves faisait penser à la jeune femme qu’elle n’était pas assez forte à ses yeux. Pourtant, s’il l’avait vu pendant ses duels lors de sa licence, il aurait tout de suite changé d’avis… Elle lui dit aussi qu’elle était faite pour ce métier et qu’il était difficile de se faire une place alors que ses ainés avaient semé la panique lors de la Grande Bataille. La jeune femme se releva puis fit quelques pas en passant à côté du professeur. Elle l’écouta lui dire que beaucoup de gens lié à la guerre avaient souvent des cauchemars. C’était sans doute la raison de ces mauvais rêves qui venaient la troublé depuis quelques semaines. Elle sentait au plus profond d’elle qu’une guerre était sur le point d’éclater une nouvelle fois. Ce n’était pas la première fois qu’elle y pensait. C’est alors qu’il lui dit qu’elle était tenace. Ce n’était pas un reproche, mais ce n’était pas non plus un compliment. C’était plutôt une constatation. Rose haussa les épaules pour le faire comprendre qu’il n’était pas le seul à lui avoir dit. Elle voulait rendre le métier des Aurors ce qu’il était avant la première bataille.

Alec s’approcha de la jeune femme en lui disant que c’était en quelque sort de sa faute si elle ne dormait pas. Il lui demanda s’il pouvait essayer de lui libérer l’esprit. Regardant autour d’elle pour être sûr qu’ils n’étaient pas tous les deux en danger puis elle le vit sortir sa baguette magique. Elle savait déjà ce qu’il allait faire. Elle retourna s’assoir sur le rocher et leva les yeux vers lui lorsqu’il prononça les premières phrases en runes. Elle sentit le bout de la baguette magique d’Alec se posé doucement sur son front. Puis, il lui demanda de fermé les yeux. Ayant totalement confiance en son ancien professeur, la blondinette s’exécuta. Elle sentit le front de son ainé se posé sur le sien et ne put réprimer un frisson. Le noir l’envahi lorsqu’il eut terminé de prononcé ses paroles…

Rose sursauta en voyant qu’elle était revenue dans son rêve. Elle lâcha un cri et se mit à courir lorsqu’elle vit la bête qui courrait derrière elle. Ce n’était pas possible, elle ne pouvait pas s’être endormit en pleine conversation avec Alec ! Une ombre s’ajouta à celle de la bête. Quelqu’un venait l’aider ! Un moment d’inattention qui fut suivit par une chute dans les feuilles et les racines des arbres. Quelque chose agrippa sa cheville. Rose essaya de se débattre, mais un sort fut lancé et le loup lâcha la jeune femme. Alec se tenait à ses côtés. Il lança un nouveau sort pour tuer l’animal et se retourna vers elle. L’auror n’en croyait pas ses yeux. Un bruit attira son attention. Le loup s’était transformé en être humain. Le plus bizarre c’était que la silhouette lui fit penser à celle du professeur. Rose sentit son esprit basculé une fois de plus.

Une autre scène et la jeune femme sut tout de suite que ce n’était pas une scène de son esprit. Elle se trouvait dans une maison qui ne lui disait rien du tout. C’est alors qu’elle remarqua le désordre qui y régnait comme si quelqu’un avait essayé de fouiller toutes les pièces de la maison. Rose fit quelques pas puis elle entendit le bruit d’une bataille. Elle se mit à courir, brandissant sa baguette puis se retrouva dans une pièce regroupant plusieurs personnes. Alec se tenait devant une jeune femme qui tenait un bébé dans ses bras. Des Mangemorts se tenaient devant lui, l’obligeant à reculer. Rose regarda autour d’elle. Personne ne semblait remarquer sa présence. Elle lança un sort à l’un des Mangemorts, mais il n’atteignit pas sa cible. Elle vit Alec tombé au sol, puis un des Mangemorts lancé le sort de la mort sur la jeune femme et le bébé.

« Non ! »

Elle ne put rien faire. Alec se trainait déjà vers les corps de la jeune femme. Son visage était marqué par la bataille, mais aussi par les larmes. Ce qu’elle vit lui brisa le cœur. C’est alors qu’il se mit à crier de désespoir et de rage. Puis un bruit assourdissant se fit entendre, Rose eut tout juste le temps de se protéger les yeux et d’entendre la maison exploser.

Revenant à la réalité, la jeune femme fut réveillé et perdant son équilibre sur le rocher, se laissa tomber sur les genoux. Elle vit les larmes de son ancien professeur qui avaient coulé sur son visage. Elle-même n’arrivait pas à reprendre le contrôle de ses émotions. Ce qu’elle venait de voir, indépendamment de sa volonté, elle aurait voulu ne jamais le voir. Pourquoi n’avait-elle pas pu changer le cours de ce tragique incident ? « Parce qu’il est impossible de changé le passé… » C’était évidant, elle n’aurait pas pu changer quelque chose qui s’était déjà passé. Tremblante, Rose chercha sa baguette magique qui était tombé quelques mètres plus loin. Alec lui dit alors qu’elle aurait mal à la tête pendant quelques heures, mais que son cauchemar ne devrait plus être d’actualité.

« Pourquoi me suis-je retrouvé dans votre esprit ? Je n’ai rien fait pourtant… Je suis vraiment désolée… »

Elle était sincère. Elle regarda ses mains qui n’arrêtaient pas de trembler. Elle essaya de se relever, mais ses jambes ne supportaient pas son poids. Pire encore, le mal de tête qu’avait annoncé Alec se manifestait vivement, comme une bonne migraine. La jeune femme pressa ses mains de chaque côté de sa tête pour faire taire sa douleur. Elle ferma les yeux et essaya d’évacuer toutes les émotions qu’elle venait de vivre. Lorsqu’elle les ouvrit de nouveau, elle vit qu’Alec était bien malheureux. Elle se releva enfin puis s’approcha du professeur. Elle posa une main sur l’un de ses bras, doucement pour ne pas le faire sursauter.

« Je sais que ce que je vais vous dire ne va pas faire taire votre peine. Je vous promets d’être là à tout moment pour vous, comme je le serais pour Feodora et pour d’autres. Comme je vous l’ai dit plus tôt, je tiens toujours mes promesses même si ma maturité reste encore à désirer. »

Elle avait prononcé cette dernière phrase dans l’intention de faire sourire le professeur, même si c’était peine perdu. Elle s’éloigna un peu, son équilibre étant précaire. Elle se reposa sur le rocher puis referma les yeux. Ce soir, elle avait vécu un peu trop d’émotions… La jeune femme bascula sa tête vers l’arrière pour essayer d’atténué l’horrible douleur qui la paralysait sur place. Puis une question lui vient à l’esprit. Mais elle connaissait la réponse déjà. Jamais Alec ne pourrait lui enlever cet affreux souvenir qui la hantait depuis des années. Elle devrait vivre avec comme Alec devrait vivre avec la mort de son enfant et de sa femme. Rose murmura :

« La vie est tellement injuste… »

Le vent vient jouer légèrement avec les cheveux de la jeune femme. Est-ce qu’une seule fois dans le monde des sorciers, la guerre pourrait être arrêté et ne plus reprendre ? Où est-ce qu’elle était indispensable ? Rose pensa à toutes ses familles détruites et elle pensa à ses propres sentiments et ses propres problèmes. Tout comme Alec, elle devrait vivre avec un poids sur les épaules jusqu’à la fin de ses jours. Même si elle tombait amoureuse de son ancien professeur, la jeune femme ne pourrait jamais oublier ce qui lui est arrivé à Poudlard tout comme lui ne pourrait pas oublier sa femme et son enfant…

Mauvais cauchemars et dérives sentimentales.

La douleur qui irradiait dans sa tête était devenue insupportable, mais Rose ne montra rien. Elle avait appris à gérer la souffrance et la douleur lors de sa formation d’Auror. C’était l’un des avantages. Cependant, parfois, la douleur était telle, qu’elle devait crier ou laisser aller sa magie pour se soulager. Ce soir-là, elle ne se sentait pas d’exploser devant Alec. Alors qu’elle s’excusa auprès d’Alec d’avoir été dans ses pensées… Il lui dit alors que ce n’était pas de sa faute qu’il avait seulement perdu sa concentration. La jeune Auror se demandait pourquoi d’ailleurs puisqu’elle n’avait pas bien vu qui était la silhouette. Elle avait bien eu l’impression qu’elle reconnaissait l’ombre mais sans plus. Elle ferma les yeux pour faire passer la douleur puis elle promit à Alec d’être toujours là pour lui. Avec un petit sourire, il lui répondit qu’il y avait plus urgent que lui à se préoccupé.

« Vous avez raison, mais je garde un œil sur tout le monde tant que je peux. Je surveille aussi les élèves. Ne vous inquiétez pas pour ça. »

Elle répondit à son sourire. Elle n’aurait jamais pensé qu’elle aurait pu avoir un sourire sincèrement d’Alec. Cependant, elle savait qu’elle devrait taire ce qu’elle venait de vivre avec lui. C’était mieux pour tout le monde. Intérieurement, elle souhaita que cette foutue migraine parte d’elle-même pour avoir une conversation décente… Elle sentit la présence d’Alec à ses côtés. Il ne voulait pas qu’elle tombe dans les pommes. Son attention la toucha. C’était bon de sentir quelqu’un à ses côtés lorsqu’elle en avait besoin. Excepté Callum, Rose n’avait pas vraiment d’amis dans les parages. C’est alors que l’ancien professeur de Rose lui demanda pourquoi dans son cauchemar, il était le loup. C’était la question qu’elle allait poser au professeur. Elle regarda à travers les arbres. Elle n’avait jamais vraiment eu peur des loups puisqu’elle en avait jamais rencontré. Pourquoi est-ce que le loup était arrivé dans son rêve ? Elle leva ses yeux fatigués sur Alec avant de répondre :

« Je crois que vous savez pourquoi vous êtes dans mon rêve… Par contre, je n’arrive pas à expliquer pourquoi vous êtes en loup dans ce rêve. Peut-être que j’ai peur des sentiments que je sens revenir au grand galop… »

Un vol de chauves-souris passa au-dessus des deux sorciers. Rose les regarda, leur enviant leur liberté. Par moment, la jeune femme les envia. Être une Auror, ce n’était pas tous les jours facile, mais elle y arrivait. Rose joua quelques instants avec sa baguette magique entre ses doigts puis frissonna. Ce genre de frisson qui venait avant un danger éminent. La jeune Auror se releva vivement sans prêter attention à sa tête qui tournait. Elle pointa sa baguette magique autour d’elle, tourna sur elle-même. Elle poussa Alec derrière elle pour le protéger. Elle ne voyait rien aux alentours.

« Je n’arrive pas à voir le danger… Je ne sais pas de quel côté il arrive ! »

Est-ce qu’elle imaginait tout ça ? Pourquoi Alec ne réagissait pas ?

Mauvais cauchemars et dérives sentimentales.

Rose savait bien qu’Alec n’allait pas la croire lorsqu’elle lui parla de ses sentiments. Elle avait toujours défendu l’idée de ne plus avoir de sentiments pour qui que ce soit depuis qu’elle avait vécu son agression en cinquième année. Voilà qu’aujourd’hui ses convictions n’étaient plus aussi fortes qu’avant. C’était quelque chose qu’elle ne comprenant pas.

C’est alors que Rose se leva d’un bond et lança à Alec qu’elle sentait un danger. Pour le protéger, elle l’avait planqué derrière elle, baguette devant elle. Pendant quelques instants, la tension face au danger était telle que Rose en oublia son mal de tête. Un silence pesant recouvrait maintenant la forêt. La jeune Auror continuait de tourner sur elle-même, maintenant Alec derrière elle. Ce dernier décida de brisé la concentration en posa sa main sur le bras de la jeune femme et en lui disant que c’était sans doute dans sa tête qu’elle percevait le danger. Pourtant, l’auror se sentait bien malgré la douleur qui revenait peu à peu dans sa tête. Elle s’apprêtait à baisser sa baguette lorsque qu’une pierre vient frapper la tête d’Alec. Rose allait lui demandé si tout allait bien lorsqu’elle reçut à son tour un jet de pierre. Protégeant son visage des coupures de pierre, elle vit Alec lancer un sort pour leur permettre de voir ce qui se passait autour d’eux.

« Qu’est-ce que… »

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’elle vit les créatures devant eux. C’était des Chaporouges comme lui dit Alec. Ces créatures aimaient se nourrir du sang des humains et visiblement, ils étaient très intelligents. Ils avaient essayé de blesser les humains qui se trouvaient à leurs côtés et Rose ne pouvait s’empêcher de penser qu’Alec n’avait pas confiance en ses  capacités.

« Je vous l’avais dit qu’il y avait danger ! »

Elle se laissa entrainer par le professeur. Pendant quelques minutes, ils courraient pour essayer d’atteindre la lisière de la forêt. Rose sentait les branches et les racines des arbres rendent son équilibre plus que précaire, mais elle s’obligea à continuer de courir pour ne pas ralentir son ancien professeur. Finalement, ils sortirent de la forêt, essoufflés. La jeune femme lâcha à regret la main d’Alec et se laissa tomber à genoux sur le sol. Son mal de tête venait de reprendre de plus belle.

« Pourquoi gardent-on des créatures de la sorte dans cette forêt ? Ce n’est pas humain ! »

Elle se laissa finalement tomber sur le dos et plaça ses bras en croix. Elle ferma les yeux pour essayer de calmer les pulsations qui lui empoissonnaient l’esprit. Elle n’entendait plus rien que le bruit des coups donnés à sa tête. Elle ne savait pas si Alec était toujours à côté d’elle ou s’il avait continué jusqu’au château. Calmant sa respiration, la jeune femme réussit à faire taire légèrement la douleur de sa tête. Sans ouvrir les yeux, elle demanda :

« Est-ce que la douleur va finir par partir ? Je peux supporter beaucoup de choses, mais là, c’est inhumain… »

La lune était haute dans le ciel. Deux silhouettes à la lisière de la forêt se tenaient l’un à côté de l’autre. Si seulement Alec et Rose pouvaient voir l’autre silhouette près des arbres. Est-ce un ennemi ou un allié ? Seul l’avenir leur dira. Rose se redressa brusquement et fixa l’endroit où se tenait l’autre silhouette. Elle pensait qu'elle hallucinait… Elle chercha à tâtons la main d’Alec et lui murmura :

« Est-ce que je suis folle et je vois des choses ou vous voyez la même chose que moi ? »

Elle pointa les deux arbres où elle voyait l’étranger. Ses yeux se fermèrent tous seuls, épuisés par la douleur de la tête…