Abel, tu me manques dans cette maison qui t'aurais plu. Ici je relâche la pression, j'oublie ce que nous sommes. Commet se passe la cohabitation ? Toujours aussi tendue ou vous avez réussi à former un équilibre ? Peut-être cela vous aidera t-il. Abel, je ne veux pas goûter au bonheur éphémère, il rend le réel intolérable. Échange épistolaire, affection qui se lie entres les lignes, compréhension d'une histoire similaire vécu par l'homme et par la femme. Tu prends soin de ma Silver toi aussi n'est-ce pas ? Ce qui lui est arrivé est abominable, je ne pense qu'à ça, je me noies à vouloir toutes les sauver. Je suis égoïste de me plaindre. Il faut l'aider, la soigner, prendre soin d'elle, ils n'ont pas le droit de lui faire ça, pas à elle. Elle vaut plus que tous ces abrutis qui peuplent notre défunt dortoir, pourquoi elle? Je réfléchis, accumulent les hypothèses et viendrait te voir quand je serais plus avancée. Le temps passe, une amie agressée, un choc dans le cœur d'Eugenia qui lave le sang sur ce corps ami. Ma belle, que t'as t-on fais ? Telle une sœur elle protège Silver, elle bouille en silence, se raidit sous l'envie d'écraser, punir, le coupable. La haine grandit, grossit, dans le cœur asséché d'Eugenia. A chaque tache rouge lavée c'est une nouvelle promesse de ne plus laisser ceci arriver, à personne, leur « camps » sera un jour définitivement protégé de ces monstres. Abel, je me laisse aller à vous aimer. Elle entend des rumeurs sur Haimon, elle se brise sous ces dernières mais tiens bon. Elle s'humilie à continuer à l'aimer malgré tout ce qui leur arrive, elle courbe la tête face à tout ce qu'on raconte sur lui. Je crois que rien ne peut m'empêcher de continuer à l'aimer, je me sens si faible face à lui, face à mes sentiments. Je suis bête, là, toujours dévouée alors qu'il ne veut rien de moi. Ses journées sont réglés, elle joue la valse de la jeune promise, soigne sa cousine au nom de Pendragon, murmure des mensonges aux patients de Nate et désire un peu plus à chaque entretien le savoir de cet homme. Je suis réglée comme du papier à musique. Elle a offert son esprit à Phinéas Thornquill et peut maintenant se vanter de ne plus être trop mauvaise en occlumentie, ses efforts commencent à payer. J'ai repris les cours de la filière créature, je ne devrais pas, cela me fait rêver. T'autorises-tu encore à rêver d'eux, Abel ?
Abel ? Après deux mois à s'écrire à cœur ouvert, après deux mois à se côtoyer bien trop superficiellement au goût d'Eugenia, ils se retrouvent à deux. Toi et moi, simplement nous car j'ai eu l'audace d'imaginer que je peux te comprendre, que je peux t'aider. Je ne suis pas généreuse, en t'aidant c'est moi que je sauve. Parce que tu es mon ancre Abel, sans toi je m'envole, m'échappe, sans toi les Bogart devront se trouver une nouvelle héritière. La bordure de la forêt, en journée car le couvre feu est efficace, suis moi, elle s'enfonce dans les bois sans hésitation. J'ai foulé ce lieu si souvent, je le connais mieux que ma poche. Errance silencieuse, craquement du bois et piaillement de la vie des arbres, pour seule compagnie. Eugenia ferme brièvement les yeux, la quiétude, un peu de quiétude, c'est tout ce qui leur faut. Le plaisir du silence, de l'odeur humide des feuilles, la liberté la plus brute, la plus véritable. Loin de toutes civilisations nous serions si heureux. Hominum Revelio. Pardonne moi, réflexe d'une femme qui a trop de secret à cacher. Ils sont seuls, satisfaite elle s'assoie sur une pierre sans égard pour son uniforme. Je ne suis pas si précieuse. Elle garde un maintient parfait.
Comment tu te sens ? Ses yeux dans les siens elle attend la réponse sincère, sans le presser, patiente, inquiète. Il lui a apprit la terrible nouvelle, confidence soufflée « moi aussi je suis fiancé », rien de plus, le sujet est à discuter. Il faudrait des années pour ce faire, ils commenceront aujourd'hui. Tu es fiancé à ta cousine, à cette fille sans prestance que tu as chéri comme n'importe lequel des tiens. Tu es comme moi et cette ressemblance qui nous a rapproché ne fait que se consolider. Comment réagis-tu ? Comment le vis-tu ? Tu as ces sentiments en toi, ces sentiments interdits, qu'en fais-tu ? Abel, tu es devenu fou pour Annabeth lors du séisme, comment vis-tu maintenant ? Raconte moi Abel, raconte toi, dis moi comment tu vis ce que l'on savait déjà : notre destin ne nous appartient pas. Entre dire « je vais me dévouer à ma famille » et le vivre il y a un monde. Dans ton malheur tu as la chance d'être en master un, le mariage n'arrivera qu'à la fin de tes études si ta famille est comme la mienne. Deux ans de liberté, profite en bien, moi, je frémis à chaque jour qui passe. Deux mois se sont écoulés, encore sept mois avant la corde dorée autour de mon cou nacré. Et sois honnête, je m'y suis habituée. Elle lui sourit, doucement, avec chaleur. J'ai pitié de nous Abel, j'ai tellement été meurtrie de savoir que ça y ai, tu y passais. Il faut croire que j'ai un cœur. Elle ne dit rien de plus, ils n'en ont pas besoin, son regard sur lui, sa présence, son silence patient, elle a la journée pour qu'ils pansent leurs plaies.
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