- Dis Tate, tu veux bien me tenir ça un moment, mais attention... c'est fragile!
*CRAAACK!*
- Taaaaate! Attentio-
*PAAF!*
- Ne renverse rien dans la potion cette fois-ci, hein!
*BOUUM!*

Bon, je crois que vous l'aurez compris, Tate est gauche. Très, très gauche. Avant de l'inviter dans votre demeure, il est toujours conseillé de barricader vos effets personnels fragiles dans une pièce cachée au sous-sol. Au cas où! C'est caricatural, bien sûr, mais tristement proche de la réalité. Ce n'est pas pour rien si lors de la création des binômes durant le cours de potions, tous les élèves le fuit comme la peste. Cela n'en reste pas moins sa matière préférée et, à l'étonnement de tous, il passe le cours haut la main. Sa maladresse ne lui confère pas seulement la terreur de ses collègues, mais également des visites régulières à l'infirmerie. S'il n'y a qu'un seul arbre au milieu d'une plaine, dès que vous aurez le dos tourné, Tate s'y sera cogné et ouvert le crâne. Il n'est donc pas rare de croiser un grand châtain de 6pi avec une ecchymose sur le front, des égratignures et des bandages. Ceux qui le connaissent se passe de commentaires, ceux qui ne le connaissent pas, les premières années par exemple, pensent à tort qu'il tient ses blessures de bagarres. Ils longent le couloir à son passage, et c'est sûrement mieux ainsi, parce qu'il ne regarde jamais où il va, le nez dans un bouquin.

Heureusement, Tate n'a pas que des défauts. Il a aussi quelques qualités qui font de lui un jeune homme charmant. Studieux et très intelligent, il réussit tous ses cours avec une aisance que plusieurs de ses camarades lui envient. Il passe beaucoup de son temps à la bibliothèque de Poudlard, où il peut lire sur des sujets variés et poussés plus en profondeur des sujets abordés en surface durant les cours. L'esprit ouvert, il ne refusera jamais l'opportunité d'apprendre quelque chose de nouveau. La divination étant, bien entendu, la seule exception à la règle. C'est une matière qu'il considère ennuyeuse et d'une inexactitude qui l'énerve. L'Arithmancie trouve davantage grâce à ses yeux. De nature calme et réfléchi, il est une bonne épaule sur laquelle se reposer. Il écoutera tous vos bobos, sans vous juger, et arrivera même à vous donner de bons conseils, pas trop foireux, parfois.

On pourrait croire que, par sa nature studieuse et son titre de Serdaigle, la folie ne submerge jamais Tate. Faux. Tout ce qu'il lui faut pour gagner un peu de la bravoure des Gryffy, c'est un taux d'alcool modérément élevé dans le sang. Abîmé par quelques verres, il ne refusera aucun défi. C'est ce qui lui a valu le piercing qu'il a sur sa lèvre inférieure. Le jeune homme se rappellera toujours la colère de sa mère lorsqu'il est revenu avec cette chose accrochée à son visage. Et fait dans un studio moldu, par-dessus le marché. Elle ne détestait pas les moldus, mais préférait ne pas avoir affaire à eux.

C'est ce qui dresse le portrait de Tate Nott.

Fils unique de Caïn Nott et Alessandra Greene, Tate vit le jour un 26 août 1996. Il vint au monde durant une époque troublée par la présence d’un Lord noir, Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Cette guerre prit fin alors qu’il n’avait que deux ans. Heureusement pour lui, il ne garde aucun souvenir de cette époque révolue. Ses parents n’avaient pris aucun parti, préférant garder une neutralité totale. Certes, le grand-père de Tate avait péri dans la bataille, mais à ce que l’on en disait, ce n’était pas une très grande perte. Les Nott préservaient des liens solides entre eux, se soutenaient les uns les autres, mais il y avait tout de même certains membres que l’on regrettait moins que d’autres. Comme dans chaque famille, il faut croire. Les histoires d’enfance de son paternel dressaient son grand-père comme un homme autoritaire, ferme et aigre. Son propre frère, Nathaniel, était resté assez distant, passionné de potions. Étant petit, il ne pouvait trouver de modèle chez son père, qu’il détestait secrètement. Caïn se tourna donc vers son aîné et le suivit comme son ombre. Il développa à son tour ce besoin de connaissances, qu’il transmit également à son fils, Tate. Il lui rappelait sans cesse que « le savoir, c’est le pouvoir. » Caïn ne voulait nourrir aucun désir de domination chez son fils; il lui enseignait plutôt qu’il valait mieux posséder du pouvoir qu’en subir les influences.

Tate n’était pas à plaindre. Son enfance fut agréable et pimentée de savoir. Avant même d’entrer à Poudlard, il connaissait déjà les propriétés de certaines plantes, la façon d’exécuter certains sorts (même s’ils ne pouvaient vraiment les exécuter n’ayant pas de baguette), une partie du cours d’histoire de la magie était déjà gravée dans sa mémoire, ce qui lui donnait une bonne longueur d’avance sur les autres premières années. Caïn et Alessandra souhaitaient que leur fils entre à Serpentard comme eux, et comme bien d’autres membres de la famille Nott. Cependant, devant l’étourderie maladive de leur fils, sa soif de connaissances qui dépassaient largement celle de son père, ils soupçonnaient qu’il n’en serait pas ainsi. Aussi, lorsqu’ils apprirent que leur fils était parmi les bleus, ce ne fut pas une surprise, plutôt une confirmation. Tate Nott manquait de cette étincelle de sournoiserie et de ruse qui définissaient si bien les verts. Dans un sens, il était trop… innocent.

Les années à Poudlard semblèrent passer comme des étoiles filantes. Tate forma quelques amitiés, mais rien de bien solide. Il passa tous ses cours avec de brillants résultats. Les professeurs l’appréciaient de façon générale. Il avait eu deux copines, Spencer et June, mais ses relations n’avaient jamais dépassés le capte des baisers et des mains entrelacés. Toutes deux avaient rompus pour la même raison : trop distant, si distant qu’il en oubliait leur rendez-vous galant… Tate se réveillait donc dans la peau de ce jeune homme de dix-huit ans, brillant, puceau et en dernière année. Il voulait faire de cette dernière année, une année mémorable. Il sentait que s’il ne se laissait pas aller un peu, s’il ne formait pas des amitiés plus fortes, s’il ne tombait pas amoureux (vraiment, cette fois-ci), il passerait à côté de quelque chose de grand. Il savait que cette année était décisive, qu’elle précédait son entrée en médicomagie… mais il ne pouvait pas répéter le même schéma que les années dernières. Tate avait la conviction qu’il devait y avoir plus que de simples résultats parfaits et des mentions d’excellence dans son parcours à Poudlard… non?

Ou peut-être était-ce les hormones qui prenaient enfin du terrain sur sa rationalité?