Le couloir menant à la bibliothèque était presque désert. Coup de chance ou cause de la pluie torrentielle qui s'abattait sur les carreaux des vitres immenses des murs de Poudlard ? Ophélia, en un léger sourire, opta pour cette solution qu'elle nota soigneusement dans un coin de sa tête. La jeune fille avançait à grand pas au milieu du couloir aux murs de pierre beige, sans se soucier des rares élèves qui suivaient le chemin inverse et passaient devant elle en la dévisageant sans aucune gêne. A force, elle avait l'habitude qu'on la regarde ainsi comme une bête curieuse. Mais ça ne la dérangeait pas plus que ça.
Alors elle continuait à avancer, sans accorder un regard à personne. Pour tout le monde, elle était... Disons presque associale, et il était de notoriété publique que les rares personnes à avoir tenté une approche dans le refuge de mystères qu'était Ophélia Bellastrom en étaient devenus soit très proches, soit des ennemis qu'elle ne pouvait pas voir en photo. Pour certains même leur réputation en avait pris un gros coup.
Et elle y pensait avec un sourire victorieux planant sur ses lèvres.

Ce jour-là, Ophélia venait tout juste de sortir d'un énième entrainement de Quidditch, et il avait été particulièrement épuisant. Voler lui provoquait toujours ces sensations extatiques mais en même temps, elle se donnait à fond pour ne pas trahir cette image de la joueuse au niveau presque professionel, et ça lui plaisait, c'était dans son caractère de se donner à fond pour quelque chose. Mais paradoxalement, se donner tellement à fond l'épuisait.
Une fois libérée par le Capitaine de l'équipe des Serdaigle, elle avait pris une douche dans les vestiaires du stade. Une douche brûlante, longue, d'au moins vingt minutes pendant lesquelles elle avait eu l'impression de se liquéfier à vue d'oeil. Mais pour elle il n'y avait rien de meilleur que de se liquéfier à vue d'oeil après un entrainement de Quidditch. Donc elle avait passé vingt minutes de bonheur. Et s'apprêtait à passer le plus de temps possible réfugiée dans un bon livre, où à travailler, respectant au pied de la lettre la liste d'activités à faire qu'elle avait rédigée le matin même.


Ophélia arriva bientôt devant la porte de la bibliothèque. Elle sourit de nouveau, se composa un visage serein, sûre d'elle pour une fois. Les livres c'étaient son domaine, autant que les Vifs d'Or, donc elle devait forcément adopter l'attitude qui convenait le mieux à sa spécialité. Si il était seulement possible de pouvoir passer ses journées et ses nuits à lire et à voler, ce serait le train de vie d'Ophélia. Une vie de rêve qui lui suffirait largement. Pas besoin de plus. Comme d'habitude.


La jeune femme salua la bibliothécaire d'un signe de tête et soupira d'aise en admirant comme à son habitude les murs de la salle, immense, et les étagères qui couvraient entièrement lesdits murs en ployant sous le poids des ouvrages parfois plusieurs fois centenaires.
Elle se dirigea vers un rayon choisi par le plus grand des hasards, souhaitant juste ouvrir un livre, sentir le parfum capiteux des feuilles de parchemins, caresser les feuilles des doigts.
Heureusement que les livres étaient une drogue sans danger d'overdose. Sinon Ophélia aurait été hospitalisée depuis longtemps.


Elle ne resta pas indécise plus de cinq secondes et, d'un pas décidé, pénétra dans l'allée que sa conscience avait choisie.
L'ennui, c'était qu'il y avait déjà quelqu'un dans cette fameuse allée.