Il fallait qu’il sache. Il fallait qu’il en ait le cœur net. Il avait tout fait, aussi bien les démarches auprès des secrétaires et de l’administration magique, selon ce qu’il savait d’elle, tout ce qui pouvait, pour la retrouver. Impossible. Comme un écran de fumer. Puis, avec du temps et la patience, parfois une pointe de manipulation et de magie, Heath était parvenu à ces fins. Il savait qui elle était. Eugenia Bogard. C’était donc elle le fruit de ces mois à courir après une ombre pour mettre un nom sur un visage qui le marquait trop profondément en lui pour qu’il ne puisse l’oublier. Elles étaient identiques. Daria et la jeune Eugenia. Absolument identiques. C’en était presque fustigeant. Heath qui était venu à Poudlard à cause de Daria et sa fille, il rencontrait aujourd’hui leurs sosies presque parfait. Il fallait qu’il l’a revoit. Ou plutôt non, qu’il l’évite.
Tout était confus dans sa tête depuis la rentrée et l’apparition de Dame Bogard au milieu de son petit monde. L’idée de fuir son contact avait prévalu sur l’envie d’aller lui parler, pendant de long mois. Mais tout ce stratagème s’effondra bientôt alors qu’Heath d’ordinaire trop méfiant pour se fier à la Bibliothèque de Poudlard, du s’y rendre pour chercher un ouvrage précis qu’il ne trouvait plus nulle part dans ses affaires. Ce fut donc un beau matin de février que notre cher professeur d’une humeur des plus agréables vous l’imaginez, descendit à la bibliothèque où travaillait, docile et appliquée, l’ange blond qu’était Miss Bogard. Evidemment, à ce moment, furibond après son livre, Heath n’était pas très habillé et son veston habituellement bouclé sur une chemise épaisse, l’était à même la peau diaphane de son torse longiligne, laissant apparaître les dessins qui ornaient ses bras, avant-bras, épaules, dos, corps tout entier.
Heath fulmina intérieurement, il bouillait de rage de pudeur et d’anxiété tout à la fois qui atterrirent sur la pauvre bibliothécaire qui prit la foudre directement de l’éclair de Zeus. Heath se mit dans une rage folle, tant de l’incompétence de cette bibliothèque que de celle du personnel qui avait déplacé ses affaires dans sa chambre. Quelques éclats de rires auraient pu venir de l’intérieur de la bibliothèque, mais la voix tonitruante et un peu folle à lier avait du décourager les plus audacieux de se moquer d’un professeur d’apparemment très mauvaise humeur, à moitié habillée de bon matin, dans un endroit qu’il exécrait par essence et à la recherche manifestement infructueuse d’un mystérieux livre, cause de toute la scène. Mieux valait donc ne pas avoir été. Or elle était. Et s’il ne l’avait pas remarqué plutôt c’était sans doute parce que la fureur l’aveuglait.
Ce qui avait été un désastre pur et simple, devint pire encore, si cela était possible. Il posa son regard noir sur le visage d’ange de la Miss Bogard et se dit que ce n’était vraiment pas, mais vraiment pas le moment de faire la connerie du siècle en allant lui parler. Pourtant, la tentation était à présent plus fort. Le bibliothécaire le fit asseoir non loin d’elle, et lui apporta peu de temps après le livre fameuse cause de tout ce tourment. Sauf qu’à présent, Heath était calmé. Il avait respiré, pris sur lui, réprimé sa colère et se sentait, sinon calme, du moins calmé. Bien que toujours peu décent certes. Et il n’arrêtait pas de laisser voguer ses yeux sur Eugenia qui semblait impassible à ce qui produisait autour d’elle, comme si une bulle dorée la préservait de tout.
Mais malgré sa sensible discrétion, et la sensible négligence dont faisait preuve Miss Bogard, leurs regardent finir par se croiser … Et ce fut le coup de trop pour la résistance d’Heath qui, malgré son attitude débraillée se paya le culot de se présenter à elle. Droit, devant sa table, inflexible dans son immense carrure presque nu du haut, il s’inclina.
« Miss Bogard, permettez moi de me présenter. Professeur Wilkes-Rosier. J’aimerais avoir l’honneur de faire votre connaissance. »
Dernière édition par Heath G. Wilkes-Rosier le Sam 1 Mar - 12:49, édité 3 fois
Eugenia H. Bogart
Serpentard
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Sujet: Re: Good Vibrations Mar 11 Fév - 21:14
Heath & Eugenia
C'est une histoire bien ironique que celle de fuir une femme et son portrait pour retrouver un nouveau sosie. Inconsciente de l'attrait qu'elle exerçait sur l'enseignant, elle continuait sa petite vie dans cette école qu'elle méprisait avec une impassibilité ponctuée de disputes, d'aventures cachées et d'échanges pleins de sous-entendus. Son physique était à l'image de sa vie, mystérieux ; sa façon bien à elle de vous regarder en baissant les cils, sa bouche qui avait le don de sourire sans chaleur et même sa voix arrivait à passer de glaciale à chaude en une nuance qui lui était propre. Peu de monde dans l'école pouvait se gausser de la connaître mais toutes ses relations, amis comme ennemis, se rejoignaient pour convenir qu'elle était de celle qui se plaisait à entretenir le mystère. La belle n'était guère aimée. Famille déchue, femme hautaine, elle était la cible de quolibets ce qui l'avait poussé à se construire une armure de glace. C'était depuis cette forteresse qu'elle arrivait à se détacher de la réalité, à s'enfermer dans son petit monde peuplé de projets et de fantômes et, en l'occurrence, à éviter de s'énerver pour une dispute qui ne la concernait pas. Le pauvre bibliothécaire subissait la mauvaise humeur d'un homme dès le matin, ce n'était pas de sa faute si le fauteur de trouble était incapable de savoir où il avait rangé son livre. Agacée du tapage, elle se refusait cependant à lever les yeux de son parchemin. Tout autour d'elle, était éparpillé des feuilles de cours, des ouvrages, en un classement qu'elle seule comprenait. L'ensemble concernait un exercice de réflexion sur le soin aux créatures magiques assez basique en soit, pourtant les notes de la Serpentarde allaient d'affaires tirées du cours d'étude de la magie, en passant par quelques sortilèges et autres informations tirées de la filière Créatures magiques. Ah, si elle faisait ne serait-ce qu'un dixième des efforts qu'elle donnait pour cette matière dans les autres, elle aurait mérité une place chez les Serdaigles.
L'homme continuait à se plaindre, à vociférer, si bien que la curiosité de voir à quoi il ressemblait fut plus forte que son besoin de concentration. Sans bouger la tête, elle leva ses yeux clairs sur lui ; il lui tournait le dos ce qui ne l'empêcha pas de noter son physique particulier. Son corps pâle, maigre mais surtout, ce qui la frappa, furent ces tatouages qui lui couvrait la peau. De là où elle était elle ne devinait pas tous les motifs, mais il y avait quelque chose de fascinant dans ces dessins et, sans pudeur, elle laissa son regard couler sur les longs membres de l'homme jusqu'à ce qu'il fasse un mouvement. Alors, peu désireuse d'attirer son attention, elle se remit à travailler pendant qu'il était invité à se rendre à une table où le bibliothécaire lui apportera son livre.
Il lui était difficile de se replonger dans ses notes, la curiosité l'avait piqué et le regard qu'elle sentait sur elle ne l'aidait pas. Sûrement le fruit de mon imagination, pensa t-elle en relevant les yeux pour se le confirmer. Il l'observait d'un regard tellement franc qu'elle eut un frisson d'horreur, ses yeux clairs avec sa peau pâle contrastaient avec ses cheveux noirs, son visage creusé. Elle lui trouva une certaine laideur, pire, il dégageait quelque chose d'étrange qui provoquait en elle un mélange de dégoût et de fascination. Comment un tel physique avait-il pu naître ? Pudiquement elle cessa le contact en revenant à son devoir. Elle ne le connaissait pas, certes, elle l'avait vu attablé avec les autres enseignants mais elle était bien incapable de dire la matière qu'il enseignait. Qu'importe, se dit-elle, ce n'est pas comme si cela me concernait. Aussi quand il l'aborda elle eut un temps d'arrêt, sa plume suspendue au dessus de son parchemin, avant de ranger l'objet ainsi que ses affaires très calmement, elle savait pertinemment ce qu'il lui voulait. Il n'était pas différent des autres, l'unique intérêt qu'elle pouvait susciter se résumait à deux situations : ce qu'on avait à lui reprocher et ce qu'elle pouvait apporter. Étant donné son statut de professeur, elle supposait qu'il voulait glaner un peu de l'influence des Bogart. Atteindre la mère influente en s'attachant la fille. Une technique bien vicieuse mais que je respecte, monsieur le professeur.
Bien entendu, professeur. Installez-vous et dites moi en quoi puis-je vous être utile. Sa voix était douce sans l'être trop, son sourire n'était que polie et il était évident qu'elle imaginait qu'il allait lui demander quelque chose.
Heath se sentit soudainement extrêmement ridicule. Il devait avoir l'air d'un parfait crétin, mais Miss Bogart semblait lui parler comme s'il est parvenait à faire totalement abstraction du contexte et surtout de la situation préalable. Sauf que Heath n'avait jamais été aussi doué que les sang-purs originaux pour dissimuler efficacement ses émotions.
Il avait les yeux rouges et le souffle court, et se sentait moite de la tête aux pieds. Son veston accroché sur son torse nu ruisselant tant il s'était agité, paraissait dégageait un fumet que d'aucun aurait qualifié de viril, son pantalon sans ceinture d'où pendait des vieilles bretelles, ses chaussures à plateforme de cuir pas lacées, rien dans son apparence pouvait donner envie à la précieuse angle blonde de poser un regard autre que dégoûté sur lui.
Et pourtant elle semblait ignorer totalement tout le package pour se focaliser sur son regard dissimulé par les fameuses lunettes de soleil. Elle parlait d'un ton calme, et ne trahissait aucun jugement ni dans son attitude, son maintient, ni dans sa réponse même. Utile ? Ce n'était pas vraiment le terme qu'aurait employé Heath en abordant la jeune femme. Il n'attendait rien d'elle, il voulait juste ... Il voulait juste lui parler pour vérifier -ce n'était pas rationnel- qu'elle n'était pas Daria.
Il savait -rationnellement cette fois- que Eugenia Bogart n'était pas Daria, mais pour autant, il fallait qu'il remarque les différences entre elles pour parvenir à se sortir ses souvenirs de premier amour de la tête. Et surtout qu'il puisse avancer en pensant à autre chose, pour une fois que, grâce à son parrain qui l'avait fait embaucher à Poudlard, il se retrouvait seul, loin de tout. C'était le moment pour un nouveau départ et il ne fallait pas laisser ce fantôme du passé troubler cet instant de paix intérieure dont il voulait profiter.
"Utile ? Non, j'aimerais juste discuter avec vous, peut être si vous avec un moment disponible. Je vous rassure mademoiselle, je n'ai aucune mauvaise attention, mais vous me faites terriblement penser à quelqu'un que j'ai très bien connu par le passé. Y voyez-vous un quelconque inconvénient ? Si ma présence vous indispose ce que je peux concevoir vu ma tenue peu correcte, n'hésitez pas à m'éconduire, je le comprendrais sans mal."
Dernière édition par Heath G. Wilkes-Rosier le Sam 1 Mar - 12:50, édité 2 fois
Eugenia H. Bogart
Serpentard
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Sujet: Re: Good Vibrations Sam 15 Fév - 20:05
Heath & Eugenia
Elle eut du mal à retenir un haussement de sourcil douteux, doutant qu'il soit véritablement venu sans arrières pensées. Se reposant contre le dossier de sa chaise et l'invitant d'un geste à s’asseoir, elle inclina légèrement la tête, sa curiosité avait été piqué. Elle voulait savoir qui était cette personne au quelle il pensait, comprendre s'il s'agissait d'une manœuvre bien étrange dont elle ne cernait pas l'enjeu ou s'il était sincère. Il n'était pas normal, enfin, il ne ressemblait à aucun autre et pour le coup elle ne pensait pas qu'à son physique. Elle ne lui trouvait aucune prestance, ses vêtements étaient mal mis, il avait l'air essoufflé avant même de parler mais surtout, il animait toute la bibliothèque pour un livre et finalement, il préfère aller lui parler plutôt qu'en profiter ? Elle ne saisissait pas en quoi elle devenait plus importante que sa recherche, il était bien idiot de lui afficher autant son désir de lui parler ! Ordinairement ceux avec qui elle conversait avaient un certain cachet, ils avaient de l'aura, du charisme et ils savaient en jouer, certes elle connaissait des élèves moins reluisants que ses amis Serpentards mais même ceux-ci n'étaient pas aussi débraillés et mal en point que l'enseignant. Eugenia se taisait sans quitter ces yeux qu'elle imaginait derrière les lunettes, incapable de savoir s'il était honnête ou alors un bien maladroit arriviste. Il ne lui inspirait ni respect ni désir de le connaître et pourtant elle ne pouvait pas lui demander de repartir, il y avait quelque chose qui la poussait vers lui mais elle ne saurait dire quoi. Cette personne, si elle existait, avait dû être vraiment très importante pour lui... Elle avait envie de le croire sur parole, entendre cette histoire qu'il disait avoir vécu, connaître ce sosie qu'elle espérait incroyable. Aussi elle prit le parti de lui laisser le bénéfice du doute, elle relâcha la pression qui la maintenait droite, son visage se fit plus avenant et enfin, elle se pencha un peu en avant, coudes sur la table et menton dans les paumes, en une attitude attentive mais pas avachit.
Vous m'intriguez, en quoi vous fais-je penser à elle ? Enfin, j'espère qu'il s'agit d'une femme car si je vous fais penser à un homme je m'inquiéterais. Elle eut un bref rire clair, s'amusant toute seule de sa blague, avant de reprendre d'un petit air quémandeur, vous voudriez bien me parler de cette personne ? Si vous le faites, je veux bien passer le reste de mon temps libre à faire votre connaissance, ce n'est pas dans mes habitudes mais contre une belle histoire je ne dis jamais non.
Pas un instant elle ne montra le dégoût qu'elle avait pour son attitude et son apparence, de même qu'elle se refusait à afficher l'intérêt qu'elle portait à ces dessins sur son corps et l'espoir qu'elle avait de trouver une nouvelle personne honnête dans Poudlard. Eugenia était toute en douceur et en cachotterie, prête à mordre à l'hameçon de son histoire ou à lui faire payer de s'être joué d'elle.
Eugenia le regardait avec un intérêt non feint qui fit qu'Heath se prit au jeu. Il s'accouda à la table alors que la jeune femme faisait de même. Autant y aller au culot, maintenant qu'il avait capté son attention. Il allait se lancer dans le récit d'une des épreuves les plus douloureuses mais aussi les plus belles de sa vie.
"Une histoire ? Vous voulez que je vous raconte l'histoire de Daria ? Et bien pourquoi pas ? Si cela vous intéresse ..."
Heath s'avança sur la table pour réduire l'écart avec Miss Bogart.
"J'ai fais mes études à Durmstrang. Originaire d'une petite contrée de Roumanie, j'ai déménagé pour des raisons de santé dans la capitale bulgare vers mes six ans, et donc il était logique pour mes pères de m'inscrire dans cet institue plutôt qu'à Poudlard qui se trouvait résolument plus loin. La famille, vous voyez sans doute sans aucun problème de quoi je parle ! Bref, je suis donc rentré à dix ans et demi à Durmstrang, et la première image que je garde de cette école, c'est justement elle, Daria. Dès la première seconde dans ce que vous appelez hall d'entrée à Poudlard, je n'ai vu qu'elle. Ses cheveux d'un blond d'or glissait sur sa poitrine à peine naissante comme une cascade de soie. Elle portait l'uniforme rouge écarlate avec une cape, si bien qu'on aurait dit un personnage tout droit sorti d'un conte de fée. Elle était subjuguente, d'un battement de cil, elle avait happé mon regard et c'était fini."
Soupirant, Heath se trémoussa un peu sur sa chaise et se réajusta alors qu'il sentait la vague de chaleur s'apaiser et l'air froid de la bibliothèque rafraîchir sa peau.
"Je lui aurais tout donné à cet instant, mais je n'ai pas osé l'approcher, moi le petit avorton, fils de mangemorts déserteurs, maladif et chétif, la mine pâle et des habits mal repassés sur le dos. Je n'ai jamais eu honte de ma famille, ni de mes parents, mais à ce moment, j'aurais tout donné pour être un magnifique garçon blond aux yeux bleus, intéressant et plein d'humour, de bonne famille et de lignée célèbre, pour trouver quelconque intérêt à ses yeux. Elle semblait telle une reine de glace, impassible à tout ce qui l'entourait, et pourtant elle avait une curiosité éclatante dans le regard qui ressemble à celle que vous posez sur moi en ce moment, Miss Bogart."
Il esquissa un petit sourire et remonta ses lunettes.
"L'année aurait pu passé comme cette soirée. Je serais resté éternel spectateur et j'aurais contemplé sans mot dire la beauté enchanteresse de celle qui m'apparaissait aussi inaccessible que la lune. Mais le destin en a voulu autrement. J'étais destiné à partager le dortoir de Daria, avec d'autres élèves, et le soir même après le banquet où il était un défi pour les nouveaux de trouver leurs appartements sans l'aide des aînés, je me retrouvai près d'elle. Son rire cristallin, je l'entends encore. Apeuré par les armures qui remuaient sur notre passage, elle avait pris mon bras et avait décrété que je serais celui qui la protégerait des méchants. On était que des gosses, pourtant j'étais fier à cet instant, comme si on m'avait offert le monde dans un écrin. Avec le courage de la naïveté, je l'ai emmené à mon bras jusqu'à notre salle commune où nous avons passé la fin de la nuit ou presque à nous découvrir."
Encore un soupir nostalgique et Heath poursuivit.
"Elle est devenue ce qu'on pourrait appeler ma meilleure amie, nous allions partout ensemble, inséparables, je n'osais dire combien je désirais plus de sa présence que notre seule amitié. Mais c'était déjà tellement venant d'elle, je pensais sans aucun doute ne pas la mériter et je prenais ce qu'elle m'offrait et en profitais sans retenue. Les années passèrent et les rumeurs sur la belle et son fantôme devinrent plus sérieuses et plus ... explicites. Etait-ce pour les satisfaire ou parce qu'elle le voulait vraiment, elle m'a fait comprendre que j'étais plus à ses yeux qu'un ami et elle m'a embrassé. J'osais à peine la toucher, c'était toujours elle qui me prenait la main ou venait se blottir dans mes bras. Petit à petit, j'eu confiance en notre relation, et le lien qui nous unissait était tellement fort que je devenais plus confiant, plus viril, et je prenais les devants. Ce furent sans aucun doute les moments les plus beaux de ma vie que les trois années à partager son amitié et les quatre suivantes à l'aimer et la chérir comme une princesse."
La douleur commençait à poindre son coeur et il sentit une légère nausée envahir son ventre.
"A la fin de nos études à Durmstrang, nous qui ne parlions jamais de l'avenir et nous contentions de vivre l'instant présent, je l'informai de ma volonté de partir en Angleterre comme me l'avait souvent suggérer mes papas, pour faire mes études d'Arithmancie. Je lui proposais tout naturellement de m'accompagner pour que nous puissions vivre ensemble. Elle accepta et je fus l'homme le plus heureux du monde. Nous passâmes nos examens et organisâmes notre départ. Nous avions loué un petit appartement et après un été passé en vacances dans la maison de mes pères, tout était prêt pour notre nouvelle vie à deux. Mais le jour de partir, je l'attendis à la gare. Je l'attendis si longuement que j'en devins malade. Et après plus d'une journée sur le quai, je reçu un hibou signé du père de Daria. Il m'informait que sa fille venait d'épouser son cousin pour perpétrer la lignée de leur famille pure et que jamais plus je ne la reverrais."
Sa voix s'étrangla légèrement et il se frotta le menton nerveusement.
"Je ne l'ai plus jamais revu jusqu'au jour où, enseignement à Durmstrang, je la croisais sur ce fameux quai de gare où je l'avais jadis attendu, rayonnante auprès de son mari et tenant avec tendresse la main de sa fille qui entrait à l'école. Je n'ai pas osé la saluer et quand nos regards se sont croisés, j'y ai vu une profonde indifférence, voir un mépris qui a fini d'achever l'espoir ténu qu'il me restait de lui reparler un jour."
Sans un mot, il essuya ses yeux sans retirer ses lunettes. Il se sentait soudainement épuisé.
Dernière édition par Heath G. Wilkes-Rosier le Sam 1 Mar - 12:52, édité 2 fois
Eugenia H. Bogart
Serpentard
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Sujet: Re: Good Vibrations Sam 15 Fév - 22:00
Heath & Eugenia
Elle était suspendue à ses lèvres, envoûtée par ses talents de conteur elle se fichait bien de savoir s'il racontait une histoire vraie ou si c'était une mauvaise blague. Toutes ses interrogations disparaissaient à mesure qu'il parlait, mais s'il serait mentir de dire qu'elle n'était plus méfiante. Il y avait de l'émotion, une forte nostalgie et tellement de sincérité dans sa voix qu'elle se laissait convaincre. A mesure qu'il parlait elle se laissait bercer, elle trépignait pour le gamin qu'il avait été, espérant avec lui que Daria le remarque et elle ne put retenir un sourire ponctué d'un « ouf » quand il lui apprit qu'elle avait finit par l'aimer de la façon dont il le souhaitait. Elle souriait, l’œil brillant, elle avait l'impression qu'il parlait d'elle. Cette fille lui ressemblait, elle avait ses cheveux, sa façon d'être impassible et si pleine de vie à la fois, ce n'était plus « vous me faites penser à quelqu'un » mais « vous êtes cette personne ». Oui, elle avait la sensation d'être l'héroïne de cette belle histoire et cela lui plaisait. Puis le récit se fit plus tragique, alors qu'elle se sentait gonflée d'une empathie romantique qu'on ne lui connaissait pas, il arriva au passage où elle vint pas. Pas de Daria, il attend mais elle n'arrive pas. Eugenia ne comprenait pas, elle releva la tête, étonnée et l'incitant du regard à parler plus vite, à s'expliquer. Elle s'est mariée à un autre, à un cousin, pour permettre à la lignée de perdurer. Elle lui a fait une fille. Elle s'était mariée à un autre, c'était son cousin, il fallait penser au sang et, elle n'en avait aucun doute, Daria le savait depuis le début. Elle l'avait toujours su et pourtant... La jeune Bogart le regardait éberluée, lentement elle se remit droite, son visage perdit toute la magie, plus d'yeux pétillants, plus de doux sourire... Elle le regardait, ayant peur de comprendre, non, elle n'aime pas ce qu'elle pense. C'était trop beau pour être vrai ! Quelle idiote ! Il me raconte une belle histoire et je le crois ! Je l'ai écouté, j'ai.. et le mot ne passait pas.. j'ai apprécié son histoire. J'y ai cru mais c'est un sadique ! Il ne veut pas me connaître ni m'utiliser, il veut juste m'humilier ! Il est encore pire que ces élèves, il est pire que toute cette école ! Les mains crispées sur le bord de la table, elle a envie de pleurer mais il ne faut pas, il ne le méritait pas. Son histoire est fausse ! Ses pensées sont confuses, elles s'enchaînaient à une vitesse folle dans son esprit sans quelle ne puisse rien y faire. Il m'a parlé de Durmstrang pour que je sois encore plus curieuse, pour que je ne me méfie pas. Il m'a dit avoir deux pères et me parle de famille pour que je ne doute pas de la fin ! Pour que je ne vois pas le coup venir !
Ne faites pas semblant de pleurer ou d'être ému... vous êtes ignoble. Sa voix était tremblotante, presque inaudible. Ça vous amuse ? Le bibliothécaire ne vous a pas suffit, il a fallu que vous vous en preniez à moi ?
Il le savait, il le savait forcément ! Dire qu'elle s'était retrouvée en Daria, dire qu'elle s'était flattée de se retrouver dans son histoire ! Mais quelle idiote ! Forcément qu'elle se retrouvait en elle puisque c'était elle ! Persuadée qu'il ne pouvait s'agir d'une coïncidence, Eugenia imaginait que le professeur s'était amusé à lui narrer une si belle histoire pour souligner combien l'avenir de la jeune femme serait sombre. En une histoire il venait de lui narrer certaines de ses peurs les plus profondes, son angoisse et sa douleur, alors peut-être était-ce pour l'aider, peut-être c'était pour lui donner un bon conseil : ne tombe pas amoureuse, tu vois la famille gagne alors méfie toi. Mais, sur le moment, elle ne vit rien de philanthrope dans son attitude.
J'aurais dû me méfier de vous ! Vous êtes aussi sale à l'intérieur qu'à l'extérieur, j'aurai dû me méfier de vous ! Mais non, je vous ai écouté ! Sa voix avait monté, les regards des autres élèves et du bibliothécaire ne la calmèrent pas mais l'incitèrent à parler à voix basse, ce qui rendait ses propos encore plus menaçant. Ma vie vous amuse tellement ? Sachez le, professeur, je suis peut-être promise à mon cousin, je suis peut-être utile qu'à perdurer le sang et le nom des Bogart mais il y a bien une chose que je sais. Une seule chose dont je suis certaine : je ne vais jamais tomber amoureuse. Rassurez-vous, je ne vais faire la même erreur que votre pseudo héroïne. Mais merci de me rappeler mon triste destin ! C'est un véritable plaisir de penser dès le matin que ma vie est déjà toute tracée ! Que ma scolarité ici est une grosse blague !
A nouveau elle s'était emportée, les joues rouges de honte et de colère, elle avait les larmes prêtent à couler mais son orgueil la poussait à résister. Cesse d'hurler, redevient maîtresse de toi-même et attaque le. Blesse le, fais lui mal, n'importe quoi mais reprend le dessus. Elle l'a laissé l’atteindre et elle s'en mordait les doigts. Il voyait ses faiblesses, il devinait ses larmes et sa peur, bon sang, qu'est-ce que ça devait l'éclater de la voir dans cet état.
Dire que la réaction de Miss Bogart avait été excessive était proche d'un immense euphémisme. Heath n'avait absolument pas compris ce sursaut de colère et d'agressivité de la blonde impassible, alors qu'elle avait l'air si émue quelques secondes auparavant. Elle se mit à lui crier après et à lui dire qu'il n'était qu'un ignoble manipulateur qui semblait prendre grand plaisir à s'acharner sur elle après avoir jeter son venin sur le bibliothécaire. Heath ouvrit des yeux ronds et entrouvrit la bouche sans qu'aucun son n'en sorte plus. Elle poursuivit son discours paranoïaque en s'attaquant à présent directement à lui.
Le professeur avait l'impression d'entendre ce que Daria aurait pu lui dire si ils avaient pu se parler après tout ce qui s'était passé entre eux. Lui reprocher aussi bien son apparence que sa tenue, lui reprocher de ne pas être à la hauteur, de ne chercher qu'à apporter de la souffrance et de la peine. Un pincement au coeur lui fit mal alors qu'il se sentait une fois de plus la cible d'une sorte de mésentente générale à son propos. Qu'avait-il donc fait à cette pauvre jeune fille pour qu'elle éprouve autant de haine envers lui ? Avait-il manqué de politesse ? Avait-il cherché à lui faire du mal ? Il ne lui semblait pas ...
Et puis elle se mit à parler de sa famille, de son cousin, du lien du sang qu'elle devait perpétuer, de l'amour qu'elle ne ressentait pas, de sa vie qu'elle ne maîtrisait pas ... Heath ne comprenait plus rien du tout et afficha un air aussi surpris qu'attristé par les paroles pleines de ressentiments de Miss Bogart. Mais même en plissant les yeux et haussant les sourcils, il ne parvenait pas à faire le lien entre ce qu'elle éclatait et ce qu'il avait pu confier quelques minutes auparavant.
Elle était écarlate, respirait fort et semblait furieuse. Mais contrairement à ce qu'elle avait l'air de penser, Heath ne tirait strictement aucun satisfaction à la voir dans cet état. Il consentit à retirer ses lunettes pour échanger un regard lourd avec la blonde avant de fourrager dans la poche de son veston. Au bout de laborieuse recherche car ses mains tremblaient un peu d'émotion, il extirpa une vieille photo jaunie, découpée à la hâte, de son vêtement. Les doigts blancs et longs secoués de soubresauts tendirent à Miss Bogart l'image de Daria qui souriait avec son petit air espiègle.
"Je ne vois absolument de quoi vous parlez Miss Bogart, je le crains. Voici Daria. Elle devait avoir quatorze ou quinze ans sur cette photo. Je me rappelle que je l'avais découpé dans un exemplaire de la Gazette que mes parents m'avaient envoyé à Noël, c'était pendant le gala de fin d'année organisé par sa famille."
Puis tâtant son pantalon, il sortit de sa poche arrière une autre image remuante avec cette fois-ci deux silhouettes. La photo était plus récente, sur un papier moins abîmé. Dessus, un Heath de vingt ans plus jeune souriait, les yeux dévoilés plein d'éclat, l'air tellement heureux. Le professeur sourit légèrement et caressa la photo du plat du pouce avant de la tendre également à la jeune femme en face de lui.
"Et ca, c'était la veille de notre départ. Enfin ... Papa et père avaient réussit à maîtriser laborieusement le sortilège pour ensorceler les photos et nous avait pris avant de nous en donner une à chacun, et en garder une pour eux. Elle est toujours sur la cheminée, je crois. Sans doute une des raisons pourquoi je n'ai pas rentré chez moi ... Mais, je ne comprends pas vraiment de quoi vous parliez tout à l'heure. Je ne cherche en rien à vous faire du mal, vous vouliez que je vous raconte mon histoire, je l'ai fais. Vous savez, ce n'est pas vraiment un sujet que j'aime aborder en général. Je pensais que vous apprécierais ma sincérité."
Il fit une pause et respira pour réussir à se calmer. En réfléchissant, il essaya de faire le lien entre ce qu'avait hurlé la jeune femme et son histoire. Heath eut un instant une illumination ... mais rien de certain.
"Excusez-moi, mais, vous voulez dire que ... que vous aussi ? Je veux dire, vous aussi devez épouser votre cousin ? Comme ... comme Daria ?"
Dernière édition par Heath G. Wilkes-Rosier le Sam 1 Mar - 12:53, édité 2 fois
Eugenia H. Bogart
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Sujet: Re: Good Vibrations Jeu 20 Fév - 14:00
Heath & Eugenia
A l'image d'Eugenia quelques instants plus tôt, il passa par toutes les émotions. Elle le vit étonné, blessé, attristé mais pas un instant il ne lui sembla satisfait. Ne démordant pas que c'était un être ignoble, Eugenia mettait toutes ces belles émotions sur un jeu d'acteur hors pairs. Il était doué pour se rendre sympathique, pour qu'on ne soupçonne pas sa méchanceté mais, avec moi, cela ne prend pas, pensait-elle en boucle et ce même quand il planta sur elle son regard clair. Puis il sortit une vieille photographie, ses mains tremblaient mais elle refusait d'y voir une preuve de son innocence, cependant, si elle arrivait à détourner l'attitude de l'enseignant pour satisfaire sa mauvaise opinion de lui, elle ne pouvait faire de même avec la photographie. Un instant hésitante, elle finit par prendre la photo du bout des doigts, effleurant du pouce le visage espiègle de Daria. C'était comme se voir dans un miroir, il y avait des différences mais si minime qu'elles auraient pu passer pour des sœurs. La seconde photographie n'aidait pas, il était dessus, c'était lui l'homme qui riait avec elle, silencieuse Eugenia lui rendit les photographies. Le rouge avait quitté ses joues mais ses lèvres pincées, son regard froid, restaient obstinément sur son beau visage. Il avait des preuves solides, la vérité qui suintait de son histoire n'était peut-être pas un mensonge déguisé finalement... Elle se sentait idiote de s'être emportée mais pas assez pour regretter ses paroles, s'était une coïncidence tellement énorme que sa mauvaise compréhension était justifiable.
Il se qualifia de sincère et elle était bien forcée de convenir qu'il l'avait été, aussi, très doucement, elle esquissa un sourire tristement amusé, de ceux que l'on affiche face à une mauvaise blague du Destin. C'était incroyable, il y a eu de cela quelques années une fille à Dumstrang, lui ressemblant trait pour trait, qui a eut la même vie qu'elle. Sans aucun doute Daria avait-elle aimé sincèrement le professeur, avec elle elle s'était offert des instants de bonheur similaire à ceux elle même volait auprès de Simon, mais, ce n'était qu’éphémère. Ces instants furent probablement les plus beaux de sa vie mais, ils ne pouvaient pas durer éternellement... Entre le devoir et l'amour, c'était le premier qui gagnait...Le mépris n'était qu'une façade pour supporter l'éloignement... Eugenia inspira profondément avant de sortir de ses spéculations, il venait de saisir pourquoi elle s'était emportée et, après tout ceci, elle lui devait un peu plus d'explications.
J'ai eu l'impression de vous entendre raconter mon histoire, commença-t-elle par dire en guise d'excuse, et j'ai aimé que vous la racontiez, même si je ne m'attendais pas à ça. Elle se tut un instant avant de reprendre sur le même ton, vous allez rigoler, je vais vous raconter l'histoire de la Daria anglaise. Eugenia s'était penchée vers l'homme, sur le ton de la connivence elle se mit à lui parler d'elle comme si elle racontait la vie d'une femme qu'elle n'avait pas connu, la distance qu'elle affichait n'étant qu'un moyen pour ne pas laisser l'émotion que sa propre situation lui inspirait revenir. Rare sont les gens qui l'ignorent, mais je suis une héritière de la famille Bogart. Toute mon éducation a été faite pour me préparer au grand jour de mon mariage, aussi, comme Daria, je vais devoir abandonner les relations qui m'empêcheront de jouer pleinement le rôle que ma mère attend de moi. Quand mes études seront terminées, j'épouserais Haimon, que vous connaissez peut-être et lui sera dévoué. A ses côtés, j’œuvrerais pour le bien de ma famille et lui offrirait des fils afin d'être certain que les Bogart auront toujours des héritiers, il serait dommage que tous mes sacrifices soient perdus par la naissance de filles. Tout serait alors à refaire et cela serait épuisant. Elle se tut, le laissant encaisser les informations qu'elle lui donnait avant de reprendre, en faite, ne croyez-vous pas que ma ressemblance avec votre amour perdu ne se limite pas simplement à une question de physique ?
Sa dernière phrase était comme soufflée, c'était un doux murmure qui n'annonçait rien de bon, rien de sain. La colère qu'elle avait éprouvé quand elle l'avait cru plein de mauvaises intentions était envolée, seul subsistait l'attachement qu'elle avait éprouvé pour Daria mélangé à la fascination qu'il exerçait sur elle depuis l'instant où elle avait posé ses yeux sur lui. Elle ressemblait à son premier amour, quelle coïncidence. Quelle ironie. Quelle drôle de situation. Eugenia baissa doucement les yeux, elle inclina la tête délicatement avant de reporter son regard sur l'homme blessé qu'elle avait en face d'elle. Depuis le début il était sincère, il s'était emporté pour un livre, l'avait abordé par curiosité, il avait revécu son histoire et n'avait pas caché sa stupéfaction. En voilà, quelqu'un d'honnête... Elle eut un sourire très doux... La colère s'était envolée, restait l'ironie de la situation et son orgueil blessé de s'être montrée faible... Vous devez me détester de lui ressembler autant. Je suis comme elle, je vis comme elle et, comme elle, je vais briser bien des cœurs ici. Elle se tut, elle avait lâché depuis un petit moment le bord de la table, toujours aussi douce elle enfleura du bout de l'index le bras tatoué de l'enseignant, mais si je ne vous effraies pas, si vous êtes aussi curieux que moi de savoir si mon caractère ressemble à celui de Daria, je veux bien faire votre connaissance. Avant que vous ne me parliez de ces tatouages, dites moi, comment est Dumstrang par rapport à Poudlard ? Est-ce aussi austère qu'on le dit ? L'orgueil mis à mal, elle voulait reprendre l'avantage, le désemparer comme il l'avait fait avec elle...elle reconnaissait sa souffrance et voyait le lien se nouer autour de la disparue ; la colère était partie, il restait un jeu malsain qu'elle voulait embrasser.
Heath eut peur pendant quelques secondes qui s'éternisaient. Oui, une sensation de terreur comme celle qu'il avait ressenti des heures durant, des années auparavant, quand il attendait Daria à la gare. Comme s'il devait absolument convaincre Miss Bogart pour rattraper l'erreur du destin et la perte de sa bien aimée. Il avait l'angoisse latente que sa colère ne se dissipe pas et qu'elle décide de le traiter de menteur, de refuser de le croire et de lui ordonner de partir. Il fallait la persuader, la toucher avec cette histoire pour pouvoir continuer de lui parler, pour maintenir le lien qui se créait progressivement.
C'était viscéral, fondamental, Heath en avait besoin à cet instant. Il faisait tout pour qu'elle comprenne qu'il ne mentait pas, qu'il lui avait confier son histoire avec sincérité et émotion et que la nostalgie douloureuse qu'il ressentait n'avait rien d'une histoire inventée. Mais finalement, après qu'elle eut détaillé longuement les photos en les effleurant presque voluptueusement et qu'elle lui rendit, Miss Bogart sembla ébranlée dans sa réaction défensive. Elle lui expliqua à son tour qu'elle avait cru à un véritable coup monté, comme si Heath cherchait à l'abuser en se jouant de sa propre histoire.
Sauf que le professeur n'avait pas la moindre idée de l'histoire de la jeune blonde et ce fut un choc pour lui quand elle se confia à son tour, se rapprochant davantage de lui malgré la table qui se trouvait entre eux. Heath ignorait totalement ce qu'elle lui racontait. Ni qu'elle était l'héritière d'une famille particulièrement importante -l'homme slave qu'il était malgré que ses pères soient écossais et irlandais avait été élevé dans un autre monde que celui des classes du sang et des castes de l'aristocratie anglaise, aussi tout cela lui était inconnu- ni qu'elle allait devoir épouser un élève qu'il connait effectivement puisqu'il suivait son option.
"Effectivement, c'est là plus qu'une ressemblance physique. Permettez-moi de vous présenter mes excuses si je vous ai offensé, mais l'homme du nord plutôt rude que je suis est bien étranger à toutes les coutumes des sangs-purs et de leur classe ... supérieure. J'ai été élevé par deux pères dont l'amour était considéré comme impur et contre nature et bien que mon sang soit aussi pur que le vôtre, je n'ai pas notion de ce que cela peut engendrer comme conséquence, ou alors d'une façon trop abstraite et naïve pour parfaitement compatir à votre désespoir. Mes papas m'ont appris qu'on se devait de se battre pour l'amour et les gens pour qui on l'éprouvait, malgré les convictions et les convenances, car c'était la véritable importance de la vie humaine. Et pour avoir connu l'amour sincère, je peux vous assurer que c'est là le seul sentiment qui importe vraiment ... Bien que ça ne soit pas terminé de la façon dont je l'espérais dans mon cas. Je ne regrette pourtant pas ce que j'ai vécu avec Daria et ce que cette relation m'a apporté comme bonheur. Tout ce que je peux vous souhaiter est de connaître un jour cette sensation, Miss Bogart. Et je ne peux absolument pas vous en vouloir de lui ressembler. Je dirais qu'au contraire, vous connaitre me donne comme ... un nouvel espoir !"
Il sentait la jeune fille se rapprocher de lui, et elle lui posa bientôt plusieurs question sur Durmstrang et l'environnement de l'institut du nord, mais aussi sur ... ses tatouages ? C'était plutôt étonnant comme question, surtout qu'elle le dévisageait à présent avec un air espiègle curieux qui n'avait rien de sain. Une sorte de folie dans son oeil, une passion qui flambait et que son visage de glace ne semblait pas pouvoir éteindre, un feu brûlant dans ses rétines, miroirs de l'âme. Il sourit presque tendrement. Ses avant-bras s'approchèrent encore sur la table jusqu'à ce que Miss Bogart vienne à effleurer le tatouage sur sa chair pâle. Il frémit et ressentit un frisson terrifiant le long de sa colonne. Il croisa à nouveau son regard, avec cette fois ci beaucoup plus d'intensité.
"Austère, ce n'est pas le terme que j'emploierais. On va dire que c'est très différent de Poudlard, beaucoup moins accueillant et chaleureux en apparence. Mais contrairement à l'Angleterre, il y a beaucoup plus de retenue dans le nord, une retenue proche de la pudeur qui fait taire les rumeurs qui se répandent chez vous comme des traînées de poudre. Nous ne parlons pas de nos familles, nous nous appelons par nos noms de famille, n'avons presque aucun contact avec les professeurs. Nous ne mangeons pas ensemble par exemple, les élèves et les professeurs sont séparés. Et puis rien n'est franchement exprimé. Il y a beaucoup de tabous, beaucoup de non-dit parmi les élèves. On ne sait pas d'où les autres viennent, ni ce qu'ils veulent et il y a une sorte de mystère autour de tout cela qui évitent pas mal de problème. Mais c'est aussi la raison pour laquelle je n'ai jamais su d'où venait Daria, ni le destin qui lui était réservé. C'est un détail à double tranchant je dirais. Mais j'aime Durmstrang, c'était ma maison pendant des années, je suis attaché à ce lieu, malgré qu'il manque de convivialité."
La franchise de Heath était sans doute déroutante, mais elle faisait partie de lui car il était incapable de mentir ou presque. Et il n'avait aucune envie de cacher quoi que ce soit à Miss Bogart. Sans savoir pourquoi il éprouvait une confiance innée en elle, et il ne craignait pas de se confier à la demoiselle. Il posa une main sur la sienne et guida sa paume sur les contours des tatouages qu'il portait sur la tranche des mains, l'un après l'autre, il détailla les lettres qui formaient les mots "Solve" et "Coagula".
"Pour ce qui est des tatouages, ici, ce sont des références à la transmutation en alchimie. Ma soeur, enfin, celle qui est comme ma soeur, est alchimiste. C'est en son hommage et pour elle que je les ai fais. Nous étions ensemble étudiants quand je les ai fais faire. Solve & Coagula, en latin, c'est un symbole d'union après dissolution. Elle a perdu son amour presque en même temps que moi et nous avons été inséparables après cela. On s'est reconstruit ensemble et on a pansé nos blessures comme on a pu. C'est une femme admirable."
Pendant toute son explication, il avait gardé entre ses doigts la main fine de la demoiselle et n'avait pas quitté son regard. Il continua son périple en lui montrant le coeur à l'intérieur de son poignet. Il laissa à nouveau l'index de Miss Borgart en dessiner les contours. Heath lui offrit un sourire doux.
"Et là, c'est celui que j'ai fais pour Daria quand nous avions décidé de passer notre vie ensemble. Elle m'avait accompagnée et bien qu'elle s'était engagée à se faire le même, elle avait renoncé à la dernière minute. J'aurais du me douter à cet instant, que quelque chose n'allait pas ..."
Enfin Heath découvrit les mots "No Reason" en dessous du coeur spiral de son poignet. Avec un rictus blessé, il compléta avec ironie en reposant délicatement la paume d'Eugenia sur la table froide.
"Celui là, je vous laisse deviner qu'il correspond à notre ... rupture. No Reason, c'est ce que j'ai longtemps ressenti lorsqu'elle est partie. Je crains de ne pouvoir vous décrire absolument tous les dessins qui ornent mon corps ici. Il y en a d'autre que vous ne voyez pas à présent mais que je pourrais dévoiler si vous en manifestez ... le désir !"
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Sujet: Re: Good Vibrations Jeu 20 Mar - 13:38
Heath & Eugenia
Elle lui sourit quand il lui parla de sa naïveté en matière de sang-pur et se retient un soupir condescendant quand il l'incita à aimer sans retenue. C'était un homme bon, un peu trop pour elle qui n'arrivait pas à avoir autant d'optimisme, elle n'aurait pu survivre à une telle désillusion. Qu'aurait-elle fait à sa place ? Rien de bon, rien qu'à la voir comploter contre les demoiselles tournant autour de son promis, elle était certaine de n'offrir que de la haine s'il venait à la quitter. Alors, chérir des souvenirs d'un véritable amour perdu, c'était bien trop noble pour elle. Bien trop philanthrope. Elle l'écoutait sans l'interrompre, retenant ses mots pour les dire plus tard, il devenait bavard et cela lui plaisait. Pas qu'elle n'aima pas le silence, bien au contraire, mais les mots lui sortaient avec tellement de naturel qu'elle prenait plaisir à se dire qu'il était bien avec elle. C'était étrange de voir comment ils arrivaient à se lier sans avoir à fournir d'effort, elle ne calculait pas vraiment, sa douceur faisant partie de son charme, son goût du jeu étant indissociable de son être ; non, avec lui elle ne calculait pas. Il la surprenait, l'étonnait et lui offrirait de nouveaux horizons, il serait trop tôt de dire qu'elle avait foi en lui mais Eugenia en venait à apprécier sa compagnie et le jeu qu'il lui présentait n'en devenait que plus alléchant.
Dumtrang lui paru être un rêve éveillé, un ailleurs bien meilleur que Poudlard ne le sera jamais. Là bas, personne n'aurait su son passé. Là-bas, elle aurait pu être la femme qu'elle voulait devenir, celle qu'on avait piétiné lors de sa première année. Puis il lui prit la main pour lui faire sentir ses tatouages et elle ne pu réprimer un frisson, le contact doux de sa peau légèrement froide sur ses propres mains gelées lui paru délicieusement incorrect. Il lui renvoyait un regard intense qui l'attirait, avec délice elle se prit à éprouver ce mélange confus de sentiment qui l'avait prise quand elle avait rencontré Simon. Il se passait milles choses, milles mots étaient échangés dans leurs silences et regards. L'envie retenu, la pudeur et le jeu se mêlaient magistralement sous une conversation bien anodine.
J'apprécie de ne pas être rejetée à cause de mon visage, vous n'avez en tout cas pas à vous excuser. Vous avez été honnête et, même si je côtoie d'autres personnes sincères, cela m'étonne toujours. Elle parlait avec douceur, sa main libérée elle s'amusait à toucher le cœur noir de son poignet, je ne suis pas d'accord pour les sentiments. L'amour me semble être une prise de risque bien trop grande, il vous rend différent, faible, il fausse votre jugement... Pour quoi ? Pour une personne qui, comme votre Daria, peut m'abandonner ? Me briser d'un regard ? Je ne vais pas remettre en question ce que j'ai construit pour une seule personne, je ne vais pas m'embarrasser d'une faiblesse, d'un point faible, car c'est de cela qu'il s'agit. Si l'on aime on offre aux autres un moyen de nous atteindre, l'amitié est déjà un poison, mais l'amour... vos pères ont eu la chance de se trouver mais soyons réaliste, il y a vingt cœur brisé pour un amour sincère. Et puis je m'aime assez pour deux, finit-elle avec un petit sourire amusé. En tout cas Dumstrang m'aurait plu, ici tout le monde se connaît, ce n'est pas difficile de savoir le passé de quelqu'un d'autre... C'est sûr que cette froideur, ce mystère qu'ils entretiennent, n'est pas sans désavantage mais à Poudlard tout se sait. Quoi que l'on fasse cela va finir par s'apprendre alors, pour empêcher ça, pour retarder l'inévitable, on doit faire preuve d'ingéniosité. Oui, Dumstrang m'aurait plus convenu, conclut-elle d'un hochement de tête et elle cessa de le toucher pour poser, croisées, ses mains sur la table. Cette sœur, elle est où maintenant ? J'ai des cours d'alchimie mais je ne suis pas très appliquée, les mots lui échappaient avec désinvolture, Daria a eu peur mais j'aurais fais ce tatouage, en fait, vos dessins me donnent une idée... elle eut un petit sourire mystérieux, car quitte à épouser un homme qui croit vous connaître par cœur, autant lui offrir un petit cadeau qui va l'étonner, qu'en dis-tu vous ? Un petit mot attentionné, placé dans un endroit surprenant, ce serait très joli... Elle eut un sourire rêveur, des citations s'imposaient à elle alors qu'elle énonçait à voix haute sa nouvelle lubie, du coup pour ces tatouages que je ne peux pas voir, j'accepte votre proposition car sinon comment pourrais-je choisir l'emplacement du mien si je ne sais pas ce que cela rend ? Finit-elle d'un air espiègle.
Heath apprécia le jeu sensuel qui naissait entre lui et la jeune femme. Sa peau était douce, presque velouté sur sa chair pâle. Il sentait la caresse aérienne parcourir les encrages de ses poignets, et ne put s'empêcher de ressentir un frisson chaud. Elle avait les mains froides, pas glacées mais plutôt fraîches. Un peu comme lui après tout. Et un peu comme elle, Daria ... Certains souvenirs revenaient à son esprit alors Miss Bogart se lança dans un monologue expliquant sa vision de l'amour. Elle était si jeune, si légère dans ses arguments, bien qu'elle donne l'impression de parfaitement savoir ce qu'elle faisait. Ca avait quelque chose de touchant en fait, qui bouleversait Heath d'une certaine façon qui lui fit battre le coeur plus vite, plus fort ...
"Je comprends votre opinion. J'aimerais beaucoup vous prouver que vous avez tord ... Et nous pourrions peut être continuer l'exploration de mes tatouages plus tard, et peut être pourrais-je vous convaincre par la même ... occasion !"
Heath laissa sa paume se perdre à nouveau contre celle de Miss Bogart et enroula doucement ses doigts entre les siens. Mu par une envie impulsive sans se formaliser d'être un professeur face à une élève dans la bibliothèque. Qu'importe les détails. Il vivait avec la blonde un moment unique, d'une rare intensité. Son air lymphatique avait laissé place à un joli sourire et à une bouille pétillante. Joueuse, sauvage, il voyait une lionne, fauve délicieusement conquérante et forte, capable de tout d'un simple regard. Il y avait en elle une fougue tranquille, très passive mais une flamme dans ses prunelles qui se consumaient d'un désir de liberté sans limite. Elle devait beaucoup souffrir, se sentir prisonnière souvent. Que Heath aimerait lui montrer la liberté, lui offrir la liberté.
Un nouveau frisson parcourut à nouveau Heath qui serra un peu plus la paume d'Eugenia dans la sienne avant de prendre à nouveau ses distances. Si la jeune femme acceptait son invitation, il voulait apprendre à la découvrir encore et donc garder un peu de mystère pour elle, plus tard. Elle l'intriguait tellement, il voulait tellement creuser davantage en elle pour connaître chaque parcelle de ce que son beau sourire et sa mine froide dissimulait ... Heath semblait engager dans un processus malsain contre lequel il ne pouvait lutter et n'espérait que les faveurs de la belle blonde.
"Ma soeur, Zabeth, n'est autre que votre très chère professeur d'alchimie, Miss Northwen, ici à Poudlard. Nous sommes venues y enseigner ensemble lorsque que Mr Hope, votre professeur de défense qui se trouve être mon parent, nous a avertis des postes à pourvoir il y a maintenant deux ans et demi. Le monde est petit, vous ne croyez pas. C'est un peu comme notre rencontre je pense, une partie de dés du destin qui cherchait à croiser nos routes ... Sans doute pour une raison particulière. Croyez-vous au destin, Miss Bogart ?"
Heath hocha la tête et remit ses lunettes. Il était tant d'y aller à présent. Il croisa les doigts mentalement pour qu'Eugenia accepte de le revoir un jour, et que leurs routes se croisent à nouveau, car, il en était convaincu, le destin voulait les réunir. Il salua la blonde en s'inclinant de manière un peu désuète et s'excusa poliment.
"Je pense cesser de vous importuner dans votre travail à présent. J'ai moi aussi des obligations qui me pousse à vous quitter. En espérant que ce ne soit qu'un au revoir. Mon appartement comme ma classe sont au cinquième étage. N'hésitez pas, si le coeur vous en dit. Bonne journée à vous, Miss Bogart, que votre avenir soit doux !"