Piégé par la nature

Hell & Trent

La beauté n'est qu'un piège tendu par la nature à la raison.  ► Voltaire

Code by AMIANTE

Des heures de retenue... Sans blague... Il ne manquait que ça... J'imaginais déjà le regard moralisateur et la moue contrariée de ma Sainte Mère, les bras croisées, les sourcils froncés à dévisager sa détestable fille qui ne faisait qu'anéantir un peu plus la réputation de la lignée. Peut-être devrais-je penser à abandonner mon véritable nom, perdre la connotation si pure des McMillan pour n'être qu'une sorcière parmi tant d'autre... Pensez-vous qu'une telle chose serait possible ? J'imagine que je traînerai un peu plus bas encore ces quelques espérances.

En uniforme, les manches de ma chemise remontée jusqu'aux dessous des coudes, j'avais bien du mal à ne pas laisser couler mon dégoût. Ok, c'est vrai, j'étais hors de mon lit douillet après le couvre-feu... Mais j'avais chaud. Je suis sortie.... J'ai marché. J'ai sentie la pierre froide du château sous mes pieds... Et il est fort probable que je me sois plus ou moins égarée... Mais est-ce vraiment de ma faute ? Ces escaliers sont vraiment dangereux et de véritables têtes de mules ! Et puis les couloirs... Parlons-en ! Un sacré labyrinthe ! Alors oui, ce professeur m'a gentiment raccompagné dans mon dortoir en me rappelant le règlement. C'est chouette dis donc. J'ai réussi à le faire sourire et je m'étais excusée, voyez-vous, mais il n'en reste pas moins que j'avais deux heures de retenue pour. Encore heureux que je n'avais rien pris, sinon j'aurais été immédiatement expulsée de Poudlard.

C'était cette idée là, qui me réconfortait presque qui m'aidait à tenir. J'étais là, pas si loin enfoncée que ca dans la forêt, la peau teintée d'une fine sueur. Après avoir nettoyer les enclos immenses de quelques créatures pour les cours de soins, j'étais en train de traîner des sceaux de barbaque fraîche pour nourrir les Sombrals paraît-il. Je ne savais pas ce que c'était, mais on m'avait juste dit de déposer ces énormes morceaux de viande là, dans cette espèce de prairie couverte. Chose faite, je grondais légèrement, récupérant le sceau. Je m'éloignais, pour chercher le reste, passant mon avant-bras contre mon front. Dans ce geste, je déposais contre ma peau une longue trace de sang sombre. Derrière moi, j'entendis un soudain craquement. Des os qui se brisent. Un frisson s'empare de mon échine, craintive, je pivote lentement.

Mes yeux s'écarquillent lorsque je vois cette immense bête, au pelage si sombre, si maigre, laissant voir les traces de leurs os sous leur peau. Leurs ailes étranges et leurs yeux envoûtants. La peur me foudroie et dans un mouvement de recul, mon pied heurte une épaisse racine. J'échappe un petit cri lorsque j'heurte le sol. Mais je reprend bien vite mes esprits, lorsqu'une deuxième de ces bêtes apparait et s'approche de moi après avoir engloutit un morceau de chair sanguinolente. Je sens son pas lourd et presque gracieux s'approcher de moi. Je suis simplement incapable de bouger, mortifiée. Ce fut dans un sursaut violent que mon pied s'abattit contre le deuxième sceau prêt, renversant sang et barbaque au sol. Pourtant je ferme les yeux lorsque le souffle brûlant de la bête s'abattit contre mon front. Je sentis le contact humide et presque doux de sa langue contre mon front avant de se détourner pour se nourrir.

Mon coeur explose dans ma poitrine, il cogne si fort que j'en ai l'intime conviction que je vais finir par vomir plus loin. Je m'éloigne, je me traîne dans la terre avant de réussir à me redresser, les jambes légèrement tremblantes. Je me tiens à distance mais surtout je respire. Je sens la tension autour de ma cage thoracique se libérer peu à peu, alors que je fixe ces créatures étranges. Elles semblent être tout droit sortit des Enfers, crevant d'une faim intolérable, elles respirent la mort et leurs iris sont irréelles. Ma sueur est glacée, mes mains pleines d'un sang séché, lorsque je fini de leur donner à manger lentement.

Craintive, je fini par revenir m'asseoir au sol, plus proche des bêtes. L'une, repus, fini par disparaître dans les feuillages et l'ombre de la forêt. Mais la seconde, continue à déchiqueter cette chair. J'ai même fini par effleurer son poil du bout de mes doigts...  Mais lorsque son attention s'est posée sur toi, le voyeur, l'intrus, celui qui dessine sur le côté, celui qui ne se montre pas, elle se redresse vivement ouvrant brusquement ses ailes en échappant un cri terrorisant. Apeurée, je recule lentement, certaine que ce n'est pas moi qui ait provoquée ca, certaine que je dois restée lente et calme avec cette bête là... Je fini par suivre son regard. Je plisse les yeux. Et je te vois. Toi, le petit enfoiré.

Je ne souris pas, mon sang est simplement glacé. J'ai tant eut envie de t'écorcher le visage et de te fracasser la mâchoire pour te faire ravaler ton air si calme... Tu t'en foutais, tellement de tout, ca dégoulinait sur toi... Mais putain, t'avais mis un bordel monstre cet été. Pauvre con.

Piégé par la nature

Hell & Trent

La beauté n'est qu'un piège tendu par la nature à la raison. ► Voltaire

Code by AMIANTE

A l’instant même où ta voix vint briser le silence calme et presque stressant de la forêt, entrecoupé par les craquements lugubres des os sous les crocs de la bête, un voile glacé se glisse sur mon visage. Fermé, la prunelle brillante de mépris et de colère, il n’y a que sur mon visage un masque d’une noblesse déchue, un baiser hautain s’apposant contre ma mâchoire et mon port de tête. J’inspire profondément, le tremblement de la colère se faisant sentir alors que ma prunelle te détaille de haut en bas, non pas sans me détourner par la suite.

La tronche. Quel doux euphémisme que je te ferrais bouffer avec la plus grande joie, te faire avaler ta propre langue pour que tu t’étouffes avec. Que tu t’étrangles devant moi je ne me gênerai pas, je crois que je prendrai un malin plaisir à t’observer souffrir à mes pieds. Tu pourrais me supplier que je n’en ferai…. Rien ? C’était ce que j’étais en train de penser ? Mes propres pensées me glacèrent le sang. Comment pouvais-je penser des choses pareilles ? Cela ne m’en laisse qu’un goût amer dans la bouche, une sensation familière et désagréable… Il aura fallut que mon chemin croise quelques longues minutes celui du déshérité Bogart pour que celui-ci influe dans mon esprit des idées de violence et de sadisme… La cruauté était un beau masque que je préférais lui laisser… Ou ne laisser contre ma peau qu’en sa présence, afin de noyer mes feux sentiments dans une envie magmatique de vengeance. Une entrevue et me voilà déjà changée.
Oui, tu méritais ma colère, pauvre idiot, mais pas ma cruauté. Pas toutes ces idées dégueulasses qui planaient dans mon esprit. Pourquoi avais-je des envies de violence, pourquoi ma colère grondait si fort… Oh oui… Les problèmes que tu m’avais apportés… Avoir osé dire cela, alors que tu aurais pu tout simplement rester à l’extérieur de ma vie. Non, au lieu de ca, j’ai découvert ton nom de mon manager, ne comprenant guère ce que tu racontais. La presse s’en ait emparé tu sais, mon groupe m’a méprisé, j’ai du m’excuser, expliquer la situation… Je ne suis qu’une camée réduite et enfermée dans une école, une putain de camée qui arrive à attirer des problèmes à mon groupe et mon manager alors que je n’étais même pas à côté, alors que je n’ai rien fais cette fois-ci.

« A ta place, je fermerai ma gueule. » Froid. Net. Tranchant. Je n’avais pas envie de t’entendre. Est-ce que c’était suffisant pour comprendre que oui, j’étais toujours en colère contre toi ? Te faire la tronche… Bien sûr. Quant à l’évocation de ta veste, je me sentis me crisper. Par tous les temps, je l’avais oublié ta veste. Cela voudrait donc dire qu’il fallait que je te revoie encore une fois pour te la rendre ? Quelqu’un doit s’acharner sur moi…  Et si j’envoyais quelqu’un le faire pour moi, de nouvelles rumeurs s’éveilleront. Mais si on me voyait te la rendre. Putain, t’es qu’un sale con, t’aurais du me laisser crever ce froid, cette nuit, cela aurait mieux coller à ton image de petit merdeux qui se plaisait à se dire que rien ne l’intéressait. Sûrement pas ta propre vie. Malgré tes croquis, malgré tes lectures, malgré tes pensées. Je m’en fou, bordel.

Une sensation de déjà-vu violente me gifla alors que ma prunelle d’enfant capricieuse et insatisfaite vint griffer ton visage éternellement blasé. Une tâche ? Je te fusillais du regard, j’aurais pu te tuer de ce simple regard. Tu sais ce que l’on vante toujours le plus après ma voix, après ma présence sur scène, après mon corps ? C’est mes yeux, c’est la courbe délicieuse de mes cils, cette intensité qui brûle dans mes iris. Je te tuerai de ce regard si je le pouvais, non, aujourd’hui je n’avais pas envie de faire un quelconque effort pour toi. Je te repoussais brusquement, retenant un sifflement de vipère en entendant tes paroles, mon regard se posant sur la bête alarmée par mes mouvements brusques. Ouais, tu avais su t’y prendre avec elle et moi pas du tout.  « Alors contente-toi de ce que tu as à faire. Cela fait plus d’une heure que t’es censé être là j’te signale. T’as les enclos à nettoyer. Fou moi la paix. »