Il avait fait montre d'un parfait contrôle lors de sa discussion avec son fils, un peu plus tôt dans la journée. Enfin "parfait", il fallait le dire vite. En tout cas, il est vrai qu'à une autre époque, Ismael aurait cogné sur son fils pour soulager ses nerfs, sans chercher à comprendre les conséquences que cela pouvaient avoir sur Anarchy. De retour d'Azkaban depuis peu, Ismael tentait de reprendre pieds dans sa vie, dans sa famille, mais c'était aussi difficile que ce à quoi il s'était attendu. Son fils lui en voulait pour tout ce qu'il lui avait fait subir et pour l'amour dont il avait manqué. Sa femme lui en voulait pour l'avoir trompé il y a un peu plus de seize ans, pour l'avoir torturé plus que d'habitude et sans son consentement, et de les avoir abandonné. Et il n'avait pas encore revu sa fille, qui était à Gryffondor et semblait fricoter avec "l'ennemi". Il y avait trop de ratures sur ce tableau noir et il fallait y remédier.

Sa discussion avec Anarchy terminée, Ismael était allé voir Lydia dans la cuisine, mais il avait senti que ce n'était pas le moment, alors il était monté prendre une douche. Sentir l'eau chaude sur sa peau, détendit ses muscles et ses nerfs. Ce morveux avait osé utiliser la magie contre lui, alors qu'il était désarmé. Après il avait fait coulé son sang, puis il lui avait craché à la figure. Anarchy disait l'aimait et chercher sa reconnaissance, mais rien dans son comportement n'indiquait qu'il avait la moindre affection pour son père, encore moins du respect. Il serra son poing autour du robinet d'eau chaude, augmentant sensiblement la température, serrant les dents sous la brûlure, les yeux fermés. Ce gamin n'avait toujours rien compris et ne comprendrait jamais. En tout cas, Ismael ne comprenait pas. Il avait loupé quelque chose...

Et si Lydia lui avait dit des choses pour ternir un peu plus l'image de son père ? Non, impossible.

Il soupira et tourna le robinet de l'autre côté pour que la température revienne à la normale. De la buée avait envahit la salle de bain et recouvrait la fenêtre et le miroir. Sa douche "thérapeutique" achevée, Ismael tira violemment le rideau pour attraper son drap de bain, s'essuya les cheveux et s'enroula la taille avec la serviette. Il enjamba la baignoire et dégoulinant, alla se positionner devant le miroir. Il en enleva la buée d'un mouvement de la main et observa le visage qu'il apercevait au travers.

-Tu as pris un coup sacré coup de vieux. Se dit-il à haute voix. Puis il sortit de la salle de bain pour aller dans la chambre. Près du lit il y avait une commode à tiroirs, avec des photos de famille sur le dessus. Des enfants agitaient les mains vers l'objectif magique, une sublime femme brune lui souriait, énigmatique et lui se tenait à côté, tenant la femme par la taille, souriant à peine, l'autre main dans la poche de son pantalon. Revoir les photos de sa famille mit du baume au coeur de l'ancien mangemort qui attrapa cette dernière photo pour mieux l'observer, comme pour ancrer son souvenir dans sa mémoire, de peur que s'il ne le faisait pas, il se réveillerait, et qu'il se rendrait compte que tout cela n'était qu'un rêve ; comme s'il risquait de retrouver bientôt les murs en pierre de sa prison humide et miteuse à Azkaban...

Mais il perçut la porte s'ouvrir dans son dos, des pas sur la moquette, et la porte se refermer. Sa respiration silencieuse parvint à ses oreilles et il ferma les yeux. L'heure des explications étaient arrivée.