Inspire, lève la tête. Souris et tu verras. Ca repart.
Il est fin novembre lorsque je remets un pied à Poudlard. Miss McMillan malade, des problèmes de santé qui l'explose en deux, la confine dans un lit d'hopital. C'était la version officielle. Pourtant il n'a pas fallu beaucoup de visites de quelques uns de mes camarades de classes pour que la vérité devienne rumeur et enflamme les couloirs de l'institution. La chanteuse du groupe connu mondialement de Forbidden Games a fait une tentative de suicide. Enième acte pour attirer l'attention sur elle. Son single fait carton, il fallait bien qu'elle se fasse remarquer n'est-ce pas ? C'est ce que l'on dit. D'autres soufflent que c'est à cause d'Haimon Bogart, le renié, le lépreux de cette famille si puissante de sang pur d'Angleterre. D'autres se retiennent de souffler que c'est à cause d'Eren Bogart, le nouveau Roi de la famille. L'on souffle si bas que c'est lui qui a trouver cette poupée de porcelaine ruisselante de sang. Beaucoup parlent, mais peu savent au final ce qu'il en retourne, une histoire avec ses jumeaux ? Ou avec la bien trop naïve Poufsouffle ? Un tableau trop compliqué que nul ne souhaite réellement démêler. Ce qui est sûr c'est que je suis revenue. Et que j'ai changé. Mon teint de craie est devenue cadavérique. Mon sourire si spontanée et ma bonne humeur sont devenus des sourires qui s'étirent lentement et un calme presque effrayant.
Je ne sors plus, je n'organise plus ces soirées si pleines de folie et de paillette. On me voit assise dans mon dortoir à travailler. Lire. Ecrire. Dessiner. Presque compulsive. Souvent l'air agacée. Adieu ces vêtements trop courts, adieu cet uniforme toujours défait, mal mis, customisé. Suis-je en train de rentrer dans les rangs ? Ce n'est pas nécessairement l'idée qui me vient en premier. J'ai besoin de repos. Et l'on me laisse tranquille. Il suffit d'un regard assassin, ou d'un de ces regards si vide qu'il vous transperce de part en part, pour que vous cédiez enfin et ravaliez votre langue. Je n'entends plus vos questions. Je me fiche de vos ragots. Je ne veux plus entendre vos horreurs que vous avez à cracher sur moi. Faites ce que vous voulez… Je m'en fiche. C'est aussi simple que ça. J'ai déjà bien trop pleurer sur ce que pouvait penser de moi, ces personnes qui m'étaient chères à mon cœur. On m'a retiré ce choix. Celui de partir, de voguer vers un autre monde. On a accroché mon corps, on m'a rendu ma vie, celle que je ne voulais pas. Alors si je dois vivre, je dois me protéger. Si je dois vivre, je dois regarder ailleurs. Je dois faire ce qui est nécessaire pour moi. Je crois que je dois apprendre à être égoïste, n'est-ce pas ? Cesser de vouloir faire sourire tout le monde, cesser de me faire du mal et m'agenouiller, cesser de me faire du mal pour souffler la joie et la bonne humeur en vous. Je n'ai plus d'amour à donner. On m'a tout pris, tout pillé.
Les cours sont terminés pour aujourd'hui. Je vais à tous mes cursus, aussi étonnant que cela puisse paraître. Je me tiens au maximum occupé. C'est la seule manière d'éloigner les sombres pensées qui ne cessent de transpercer ma conscience. Alors je m'occupe. Et lorsque les cours se terminent c'est dur. Beaucoup trop dur, surtout lorsque vous êtes seul. Je ne veux personne. Alors je m'éloigne. Je marche. Le château s'éloigne derrière moi et je souffle. Serre mon manteau autour de moi, et ravale mes larmes un instant. J'inspire puis souffle. Et je sors ce pain de ma poche pour nourrir quelques bestioles dans le Lac. Mais je sens un frisson me mordre toute entière lorsque j'entends un croassement lugubre. Je me tourne et fixe ce corbeau noir de jais. J'ai une sensation de déjà vu, et je lui laisse non loin un peu de pain. Mais il fini par s'approcher et je me tente à lui tendre un bout. Vif, il plonge pour prendre le bout, son bec écorchant l'un de mes doigts. « Aïe ! » Je retire ma main si vivement qu'il s'envole, apeuré par tant de violence….
▽ Inspire, relève la tête, souris, et tu verras. Ca repart.
Encore une matinée difficile. Aucunes d'elles ne semblent être faites pour moi. Ces journées de cours ne me convenaient pas. Peut importe le cours, peut importe le professeur, je finissais toujours viré, absent. Je n'étais plus très sûr de ce qui était fait pour moi, de ce qui ne l'était pas. Pourquoi continuer à suivre une classe si je ne suis pas fait pour être en classe. Nous étions en hivers, et même si j'avais aucunes mauvaises notes, mon taux d'absentéisme n'avait jamais atteint de si grand sommet. Le directeur ne savait que dire à mes parents. Je n'étais pas présent mais quand un contrôle de connaissances magiques était prévu, je le réussissais toujours. Ils appelaient ça le syndrome de l'intelligence sur développée ou je ne sais quoi. Je ne me trouvais pas au dessus des autres, et je détestais l'école, même si je me sentais chez moi ici et que je ne voulais pas partir, quitter mes amis, ma famille.
Pour changer un peu mon registre de blagues vu et re-vu j'avais mis du polynectar dans le verre d'eau du prof, qui se changea en Rusard. Il ne du pas apprécié la blague, car il me désigna directement comme coupable et m'envoya dehors, même si mes camarades avaient bien rigolé de la blague. Pourtant j'avais mis une petite dose, le sortilège ne durerait pas longtemps.
J'étais donc allongé au bord du lac, les bras en croix sous la tête à fixer le ciel. J'aimais cet endroit car il était apaisant. Les animaux et créatures magiques allaient et venaient comme si la proximité du château et de toutes les fourmis qu'il contenait ne les effrayait pas.
Un petit couinement m'arracha de mes pensées. Je tourna la tête vers ma droite, et je vis un renardeau qui sortait de son terrier. La petite boule de poils bailla, et s'avança dans ma direction. J'avais l'habitude que les animaux venaient vers moi. Quand j'étais petit et que je me cachais de mes soeurs, j'avais déjà découvert que les animaux s'approchaient facilement de moi. Il fit quelques pas me renifla le visage, me donna un petit coup de truffe, et fit demi tour en galopant.
Cette harmonie avec la nature me faisait toujours me sentir vivant. Je respirais une grande bouffée d'air frais. Les degrés chutaient chaque jours. Il ne tarderait pas à neiger. Raven s'envola d'un battement d'aile. Tiens? me dis-je, elle qui ne me quitte jamais. Elle a dû apercevoir une proie, ou quelque chose à béqueter.
"Aie!"
Je me redressa sur mes pieds immédiatement. Derrière à plusieurs mètres de moi, une grande blonde se tenait la main. Une goutte de sang en perla sur le sol. Mes yeux firent l'allé retour à sa main et Raven qui croassait dans le ciel. Raven ne pinçait jamais personne, sauf si elle sentait de mauvaises intentions émanant de la personne en face d'elle. Je reconnu alors la fille Mc.Millan. On s'était déjà brièvement parler dans les couloirs avec Rubens et Megara, mais rien de très long ou d'intéressant. Je m'approcha donc doucementt vers elle.
"Salut, dis-je en levant la main. Je me reposais là, je ne te suivais pas rassure toi, je ne te veux aucun mal."
Pourquoi je lui disais ça? Etais-je idiot soudain? On était étudiant, en temps de paix, qui voudrait du mal à quelqu'un et encore plus à quelqu'un avec de si beaux yeux...
"Enfin, euh, je ne sais pas si tu te rappels, je suis Jonas, on s'était déjà croisé il y a quelques temps. Je peux ?"
Elle me fixait m'approcher au pas vers elle avec de petits yeux fatigués. Je pris sa main, qu'elle retira directement de la mienne. Je lui repris avec un peu plus de douceur et en chuchotement des paroles apaisantes comme à un faon apeuré.
"Je suis désolé que mon corbeau t'ait pincé. Si tu m'autorises, là où j'étais assis il y a mon sac, et vu que je suis étudiant en soin de créatures magiques, j'ai toujours un petit rouleau de bandages. Je pourrais t'en mettre un pour calmer le petit saignement."
Cette fille aux allures fragiles mais fortes me donnait envie de la protéger, comme ma cousine quand Gaspard avait "disparu".
Sans attendre sa réponse je trottina vers mes affaires, où c'était posé Raven. Je lui tapota le bec en la grondant. Elle sauta sur mon épaule, je pris le rouleau, et un mélange d'herbes que nous devions préparer pour un test sur le soin d'un hyppogriffe blessé qui avait lieu demain. Peut importe, me dis-je j'improviserai sur le moment.
Je revins vers Mc.Millan, repris ca main, posa le mélange sur le saignement, et enroula le tissus.
"Tu n'auras plus aucunes traces dès ce soir, concluais-je en lui souriant"
(c) AMIANTE
Hell A. McMillan
Gryffondor
Messages : 178 Galions : 380 Âge : 21 ans Classe : L3 - Art de la Magie Avatar : Bryden Jenkins
Inspire, lève la tête. Souris et tu verras. Ca repart.
Une voix masculine, vaguement familière s'élève alors. Je m'arrache de cette contemplation morbide, de ce sang qui dégouline sur ma peau porcelaine. Ce liquide vermeil qui glissent entre mes doigts. Ce corbeau m'a planté un peu plus que je ne le croyais. C'est un bel homme qui s'approche. Ma vue se trouble un instant et je fronce un peu les yeux, pour le voir réellement. Je l'ai déjà vu, déjà croisé… Quel est son nom ? Je jurais qu'il commencerait pas un J...Johnattan ? Non. Trop long. Je l'ai déjà vu avec Rubens ou Magouille.
Tu t'approches et je ne dis rien. Je reste et demeure muette alors que tu tentes de me rassurer. Tu ne me suivais pas et tu ne me voulais aucun mal ? Ai-je à ce point-là, l'air peureuse ? Ai-je l'air d'une biche blessée qui craint pour sa peau ? Je l'ignore, mais je souris un peu. Je me sens presque comme une enfant face à… Non. Je me sens comme un chiot contre les mains aimantes d'un humain qui l'arrache bien trop tôt de sa mère.
Mon sourire s'accentue un peu, alors que je m'apprête à abaisser sa main, alors qu'il l'attrape. Je frémis de ton contact direct, et mes yeux bleus cherchent le tien un instant. « Jonas ! Oui. Je me souviens de toi… Toujours avec Megara… ? Ta cousine, non ? » On parle tellement sur les gens. Sans les connaître, on en apprends toujours. Je sais des choses sur toi. Sur d'autres, comme Brennan, que je ne cotoie jamais. Sur Abel, sur Audric, sur Eugenia. Toutes ces personnes qui vous relient à d'autres, qui vous en parlent, sans jamais réellement les cotoyer. Comme toi.
Je n'ose plus bouger et te laisse faire. Je ne sais pas pourquoi je te fais confiance… Est-ce ta douceur qui me laisse succomber ? Certainement… Je t'observe et souffle tout bas : « C'est ton corbeau ? … Tu as réussi à l'éduquer ? » Parce que je déteste le mot dresser. Et que je pense réellement que chacun de ces animaux ont une âme et que d'une certaine manière ils ressentent et nous comprennent. J'éduque un animal comme un enfant, comme une personne qui doit apprendre des règles. Mais un animal, c'est censé être libre. Comme mon petit chat. Je souris à ta gentillesse et je souffle : « J'avais hésité à m'inscrire en soin de créatures magiques… Mais je suis une calamité. » Et j'ignore tout bonnement pourquoi je te raconte cela. Tu dois t'en moquer… Mais c'est sorti tout seul. Mais je souris un peu. J'ai l'impression que tu t'adresses à moi, comme si j'étais une enfant. Et c'est sûrement à quoi je ressemble. J'hoche la tête, te laissant faire.
Je plisse un peu le nez, lorsque tu glisse un mélange d'herbe à l'odeur étrange sur mon doigt, et relève mon regard sur le corbeau, craintive qu'il ne m'attaque encore…. On est jamais trop prudent n'est-ce pas ? Je souris lorsque tu termines et regarde ma main. Je demande : « Merci, Jonas. Et désolée pour ton corbeau, je voulais juste lui… Donner à manger. J'ai du lui faire peur. » Comme si j'allais lui faire mal… Ou alors il sentait ma nature profonde, qui ne devait pas être lumineuse. Cette idée me perturbait assez.
▽ Inspire, relève la tête, souris, et tu verras. Ca repart.
Pendant que je m'occupais de sa main blesser la jeune Mc.Millan me parlait. Peut être que cela l'aidait à ne plus penser au saignement.Chaque personnes réagissaient différement à la vue du liquide couleur rubis. Moi je le trouvais beau. Fascinant. Ce liquide d'une couleur de pierre précieuse nous permettait de vivre, nous qui vivions dans un univers entouré de magie, n'y avait-il rien de plus magique que de vivre grâce à un ensemble de ruisseaux flamboyants sous notre peau.
" Jonas ! Oui. Je me souviens de toi… Toujours avec Megara… ? Ta cousine, non ? C'est ton corbeau ? … Tu as réussi à l'éduquer ? J'avais hésité à m'inscrire en soin de créatures magiques… Mais je suis une calamité."
Je rigolais. Elle se souvenait de moi, c'était déjà ça. Pourtant je n'arrivais pas à mettre le doigts sur son prénom.. Mc.Millan... Mc.Millan... Ma mémoire me jouait des tours, j'entrepris donc de répondre aux restes de ses questions pendant que je faisais son bandage.
"Non, je ne l'ai pas éduquer. A vrai dire je n'en ai jamais eu besoin, souriais-je. C'est elle qui m'a trouvé, et qui à sûrement même sauver la vie de ma cousine. Enfin je dis ça, car sans elle peut être n'aurais-je pas sû être là à temps pour ma cousine, peut être que c'est tout simplement mon ange gardien. Pour tout te dire, je trouve cette anecdote rigolote mais ma mère me racontait que mon grand-père avait lui même un grand corbeau, et que leur grande longévité pourrait être à l'origine de la fidélité de Raven à ma famille, peut être est-ce la descendante du corbeau de mon grand-père. J'aimais m'endormir en pensant à cette éventualité. C'est rigolo tu ne trouves pas?"
J'avais terminé son bandage en même temps que mon histoire.
"Tu n'auras plus aucunes traces dès ce soir, concluais-je en lui souriant de nouveau."
Je lui lâcha sa main, en observant le résultat. Elle avait la peau très claire, comme une poupée. Et le froid hivernal ajouté au saignement, avaient rosi sa main.
"Merci, Jonas. Et désolée pour ton corbeau, je voulais juste lui… Donner à manger. J'ai du lui faire peur"
Raven n'était pas particulièrement sociable. Elle aimait bien Megara, mais ni Rubens, ni Haimon ne l'avait déjà caressé. Je lui fis donc signe que non de la tête. Elle la regardant, elle avait décidement vraiment l'air d'un ange perdu sur terre. Son visage était doux, ses cheveux lumineux sous le soleil de l'hivers, et son sourire se voulait apaisé. Pourtant, il semblait cacher une douleur plus profonde. Elle avait le sourire que ma cousine portait pour me rassurer de son état, après la disparition de son frère... Un sourire dans lequel on pouvait lire un cœur qui saignait. Souffrait-elle de quelque chose? Je devais avouer que je ne connaissais rien d'elle à part que c'était une célébrité dans l'école, parce qu'elle chantait? Ou je ne me rappel plus bien trop quoi. Mais je me demandais ce qui pouvait lui créer des ennuis.
Le froid se levait à mesure que la journée passait, j'observais le ciel curieux de voir si la neige allait tomber. Idéalement je devrais rentrer au château me caler derrière la cheminée et roupiller comme un bien heureux, mais étrangement je voulais rester près d'elle comme pour vérifier que tout irait bien. Regardant l'heure à ma montre, une idée me vint. Elle indiquait 16h30, j'avais passé plus de temps au bord du lac que je ne l'aurais cru, et vu le froid qui piquait les pores de ma peau à nu, je me dis qu'un chocolat chaud serait sans doute le bienvenue pour nous deux.
"Que dirais-tu d'un chocolat chaud pour nous réchauffer? Je t'avoue que je commence à avoir froid, et je voudrais me faire pardonner de ce que Raven t'a fait."
Intérieurement, je croisais les doigts pour qu'elle accepte. Je voulais en savoir plus, elle qui de mémoire ressemblait à une rock star, devenue si douce, et portant aujourd'hui un sourire brisé. Que c'était-il passé? Me laisserait-elle l'aider? J'avais l'impression de revivre la scène où petit j'avais vu un loup pour la première fois. Il s'agissait d'un adulte, que j'avait trouvé gisant dans une flaque de sang lors d'une balade familiale en forêt. J'avais demandé à mon père qu'est-ce qu'on pouvait faire pour le sauver. Il m'avait répondu que la nature faisait une sélection "naturelle" de chaque être assez fort pour survivre ou non. Je m'en étais toujours voulu de ne pas avoir été assez fort pour aider l'animal souffrant. Mon père m'avait fait regarder ailleurs et avait murmurer une incantation que je ne connaissais pas. Quand je m'étais retourné, le loup était mort. C'est, ce jour là que j'avais pris la décision de soigner toutes les créatures que je trouverai.
Et en voilà une qui venait d'apparaître.
(c) AMIANTE
Hell A. McMillan
Gryffondor
Messages : 178 Galions : 380 Âge : 21 ans Classe : L3 - Art de la Magie Avatar : Bryden Jenkins
Inspire, lève la tête. Souris et tu verras. Ca repart.
Beau, fascinant, comme ce torrent d'horreur qui s'écoule dans mon crâne. Le pincement vif et profond du bec de la bête… Je me souviens encore de la sensation douloureuse mais pourtant si alléchante contre mes poignets. C'était comme si ce n'était pas moi, c'était comme un véritable mirage que j'ai repeins de rouge. Rouge sang, rouge colère, rouge d'amour, rouge passion, rouge adultère. Comme le rouge sur mes pommettes agressée par la fraîcheur du temps. Comme mon élixir qui a teinté ma crinière d'or, qui a coloré les tissus de ma robe. Belle et fascinante comme cette peau, cette pression qui s'insinue en moi. Un véritable serpent qui se glisse autour de ma cage thoracique, prêt à me broyer les os. Alors je parle, je t'observe faire. Suis-je réellement immonde, folle égoïste de pouvoir croire que je serais mieux ailleurs ? Suis-je stupide de croire que malgré tous les efforts du monde, mon esprit et ma chair ne sauraient être contenté ici bas ? J'ai l'impression d'être une âme en dérive, les pensées dans un autre univers, le regard dans le vague, mais ta voix me ramène encore, ici bas, sur terre, moi qui pensait me fondre dans le décor… Et tu parles. Tu parles encore, mes yeux s'illuminent peut-être, mais tu parles. C'est n'est pas à moi de peindre ces décors délabrés pour faire croire qu'ils tiennent encore debout. Tu laisses couler ton innocence, cette gentillesse à laquelle je n'arrive réellement à croire. Alors tu parles encore, tu me racontes cette histoire sur ton corbeau… Sauver la vie de ta cousine… ? Je ne réponds rien, je ne dis rien. Est-ce que j'en ai un ange gardien moi ? Je repense à cet homme qui m'a tiré des Enfers, qui m'a refusé la mort… Est-ce lui mon ange gardien ? Je l'ai toujours vu comme Roi des Enfers, gardien de la porte des morts, le fossoyeur, les ténèbres à lui tout seul. Jonas, je crois que j'ai un ange mort, un démon qui veille sur moi. Qui me sauve pour mieux me tuer encore. Pourtant, je ne peux m'empêcher d'hausser un sourcil lorsque tu me dis que tu trouves cela drôle. Je n'arrive pas à voir ce qu'il y a de drôle. Sans cet animal, ta cousine serait peut-être morte. Est-ce drôle ? Ou suis-je tout simplement trop fatiguée pour comprendre ? Je souris faiblement, drapant mon visage d'une compréhension faussée, une innocence dégueulassée d'incompréhension que je n'exprimerais pas. Ceci ne me regarde pas, ceci est ton histoire, ton corbeau, ta vie. Et lorsque tu poses cette question quasi rhétorique, j'hoche simplement la tête sans répondre. Ce n'est qu'à ton autre remarque que je souffle un petit : « Merci. »
J'hésite. Le silence s'installe, ton regard se perds contrairement à l'attention de ton corbeau tout figée sur moi. Je me sens véritable proie de ce regard carnassier. J'ai peur un instant de lui tourner le dos et qu'il fonde en représailles sur moi. Penses-tu qu'il oserait faire une chose pareille, ton ange gardien ? J'ai la sensation qu'il fait plus que de ne pas m'aider. Il me déteste. Une véritable haine qui luis dans ses prunelles d'encre. Comme si il pressentait quelque chose d'absolument néfaste pour lui, pour toi, pour vous émanant de ma personne. Un sixième sens aiguisé et qui me découpe à même la chair. Son attention toute particulière lacère mon derme, retrace avec horreur mon sourire que j'ai donné aux anges. Mais c'est encore ta voix qui m'arrache de mes songes, me ramenant dans une réalité par si différente que cela. Je me mord la langue à ta proposition. Un chocolat chaud… Le silence s'installe encore, le vent me mords le visage et je te fixe. Je suis certainement inconsciente que je mets bien trop longtemps à te répondre, quelques longues secondes s'écoulent avant que je ne souffle simplement : « Pourquoi pas. » Cette hésitation qui n'a même pas marqué mes traits, cette attente pour savoir si c'était bien ou pas. Pour moi, pour toi. Cette gentillesse que tu m'offres sur un plateau d'or. Je suis vorace et cannibale. J'arracherais de mes dents cette chose de ta chair, je viendrais m'en abreuver à sa source, parfaite salope que je suis. Je profiterais de ta lumière, pour m'en gorger et sentir mon plumage frémir encore. Je m'emplirais de ton essence pour renaître de mes cendres. Plus dangereuse encore, plus féroce encore, maudite à jamais, condamnée à heurter et déchirer.
Un léger sourire se glisse sur mes lèvres, alors que je te suis, emboîtant ton pas.
▽ Inspire, relève la tête, souris, et tu verras. Ca repart.
Tu me regardais. Semblant perdu dans le néant de ton esprit. Mes actes étaient comme transparents devant le voile de tes yeux. Cependant, les vibrations de ma voix te faisaient réagir, comme réveiller d'un cauchemar. Je te racontais l'histoire de Raven et yeux ne semblaient plus pouvoir se détacher des siens. Je la sentais aussi te fixer intensément. Raven était rarement aussi calme. Je ne savais pas ce qu'elle regardait en elle, si elle y voyait la blessure que j avais vu ou plus encore.
Je brisais le silence en te montrant le résultat. Tu ne parlais que pour dire "merci". A ta voix, ce mot semblait étranger. T'avait - on déjà aidé? Quelqu'un avait été la pour toi un jour ? Je ne pouvais m'empêcher de penser que tu souffrais intérieurement. Tout dans ta présence semblait hurler. Hurler de douleur, hurler de peur. Que ressens-tu? En te lâchant la main, le contact de nos peaux disparut. Pourtant je sentais en moi naître le désir de ranger cette mèche de cheveux qui te fendait le visage pour mieux observer les traits de ton visage si pur. Dis le moi! Hurle moi ta souffrance au visage. Toi dont j'ignore plus que la vie elle même. Toi dont je n'ai vu que les stigmates du passé sur la fragile peau de ton poigné. Cris, pleure! Extériorise ta douleur. Ne te retiens plus car maintenant je te vois. Tu ne marcheras plus seule. Je serai ton ombre, près à absorber les ténèbres qui t encombrent. J'ai décidé de t'aider et je ne te laisserai plus filer. Tu es là, avec moi et malgré le temps que tu as mis à me répondre, tu as accepter ma proposition. Tu as attrapé la main que je t'ai tendu, et je ne la lâcherai plus.
Hell ta présence aspire une attention toute nouvelle en moi. Aussi puissant que le feu du dragon, ton corps est une attraction. Tes yeux seront mes nouveaux démons, car comme le chant d'une sirène, ton âme m'appelle. Je supplie intérieurement ton esprit de me livrer ses secrets, ses souffrances. Je ferais brûler les personnes qui t'ont blesser, je les ecraserais de mes mains.
Je me sens envoûter. Le besoin de t'aider prend le dessus sur ma raison et fait naître en moi des pulsions de passion que je ne connaissais pas. Et sans relâcher mon attention, je te guide vers ce que j'espère être le chemin de ta guérison.
Tu marches derrière moi, tes yeux fixés sur mes pas. A quoi Penses-tu? Raven ne semble pas apprécier ta proximité. Elle s'envole. Je ralentis le pas pour que tu marches à côté de moi. Je ne sais pas quoi dire mais j'ai envie d'entendre ton rire. Je n'avais pas de difficultés à faire rigoler les gens pourtant avec toi je ne savais plus penser. Je ne savais plus par ou commencer. Et j étais tellement occupé à caugiter que je ne manqua pas de trébucher sur la première racine. Mes mains s'accrochèrent à l'écorce de l'arbre pour rétablir mon équilibre.
" Quel tete en l'air je fais, rigolais je en frottant l'arrière de ma tête de gêne."
Elle me regardait dans les yeux une fois encore et le tissus nodal de mon coeur du avoir une anomalie car mon rythme cardiaque s'accélèra de nouveau.
Nous arrivions enfin à la taverne. Je lui ouvrir la porte, et sa petite tête blonde passa devant moi laissant flotter les enfluves de son parfum sous son passage. L'ambiance du bar était bruyante et l'odeur anormalement alcoolisée. Il était peut être un peu tard pour un chocolat chaud finalement.
Nous nous asseyâmes dans un coin de la salle. Face à face.
"Choisis ce qu'il te plaît, personnellement j'ai ma soirée donc je pense peut être m'offrir une petite gorgée de bière au beurre. Demain grâce matinée!! La botanique peut bien attendre le réveil du génie!"
Je souriais. J'étais heureux de sa présence. De la voir en face de moi. Cette belle inconnue. Je ne pouvais m'empêcher de dévorer des yeux chaque centimètres de son visage. Me laissant l'impression d'y voir un mirage.
(c) AMIANTE
Hell A. McMillan
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Inspire, lève la tête. Souris et tu verras. Ca repart.
Elle ne dit rien la belle enfant. Ses lèvres pâles sont closes et elles ne semblent vouloir s'éveiller encore. Elle marche lentement, tirant un peu son écharpe autour de sa gorge, véritable nœud coulant contre sa peau. Princesse Alyssandra a chaud, a froid, elle est tendue et observe le rapace s'envoler d'une pupille perçante. Elle se sent Médusa qui veille sur sa crinière vénéneuse, prête à mordre et faire claquer ses crocs contre le plumage d'encre de l'oiseau. Alyssandra ne se sent guère à l'aise avec cette créature dans les parages. Elle semble pouvoir voir son âme et ses blessures, sentir et ressentir la noirceur profonde de son être. La Princesse Suicidaire ignore si elle est bonne ou le contraire, si elle ne fait que se mentir à elle-même, alors peut-être que ton animal ressent tout ça, serait capable de lui répondre. Elle demande tout bas : « Je lui fais peur… ? » L'ange blessé tourne son regard vers toi, qui ralentis pour que vous marchiez à la même hauteur. Elle souris faiblement, son regard croisant le tien alors qu'elle ne tarde pas à rebaisser son attention, certainement gênée par cette manière que tu as de l'observe, la dévorer des yeux. Elle se fait des idées, certainement, mais elle continue à avancer.
Tu manques de tomber, trébuchant, mais elle sourit à peine, t'observant, souriant un peu plus en t'entendant. Une tête en l'air n'était pas le premier mot qui lui serait venu pour cette situation, mais l'on s'en fiche, n'est-ce pas ? Ce n'est qu'un détail parmi tant d'autres. Et les détails lui ont trop mordu la peau, elle finira par s'en débarrasser. Comme la dentelle, les sous-entendus. Elle ne veut plus que la franchise et la réalité. L'enfant n'est que caprice et exigence, mais pourtant elle est bercée sur des flots impétueux qui ne lui laissent aucun repos. Ses pensées s'agitent nuit après nuit, elle n'a de cesse de se questionner encore et encore. Cette jeune femme aux allures d'ange est simplement perdu, coincée entre deux états, deux choix, ne sachant si elle doit monter les marches ou les descendre. Faire un choix complexe lorsque l'on ne possède toutes les cartes en main a le don de la tétaniser…
Vous avancez encore, le silence et le vent pour vous conduire jusqu'à Pré-Au-Lard. Vous ne tardez pas à entrer dans une échoppe connue et réputée. La chanteuse entre devant toi, s'installe en face de toi, son regard revenant sur toi. Elle t'écoute, son regard te détaille un instant puis elle souffle : « Un chocolat chaud, c'était très bien. » Son sourire s'étire, devient bien plus factice lorsque la serveuse bien prendre votre commande. Elle sait vivre dans un monde de conventions et de codes, de politesses et de masques. Elle y a grandit, elle s'y est arrachée par choix. Mais tout le monde le fait, elle aussi… Mais son être semble révulser de plus en plus ces mensonges, incapable de dissimuler totalement cette peine, cette douleur qui la consume de l'intérieur. Mais pourtant elle a fait un bout de chemin. Je souffle : « Je n'ai cours que l'après-midi demain… Mais je n'ai jamais vraiment aimé la bièraubeurre… » Ce n'est pas ce qu'il y avait de plus réputé par chez elle, dans les pays nordiques, à Durmstrang, là où elle a grandit et découvert ces vices là.
Son regard s'accroche au tien, elle se fige… Elle se sent véritablement objet, proie ou trésor à convoiter sous tes yeux. Elle ne sait dire si elle aime ça, ou si c'est tout le contraire. Happée par ton intensité, elle n'ose rompre ce lien. Mais elle finit par détourner la tête, regardant au travers de la devanture… « Oh… ! Il neige ! » Elle sourit réellement cette fois-ci. La neige, lui rappelle tant de bons souvenirs. « J'espère que ca tiendra. » Elle adore la neige, comme elle aime la musique. Elle adore la neige, comme elle aime oublier.
Nos commandes apparaissent sur la table, et je souris un peu, glissant le bout de mon doigts dans la crème chantilly, que je glisse contre ma langue. Onctueux, si sucré, une véritable tentation pour elle. Elle te regarde encore et souffle : « Du coup… Tu invites souvent des inconnues comme ça ? … » Un brin taquine. Histoire de combler le vide, le silence, elle n'aime pas ca. Empêche-la de réfléchir, de penser un peu trop.