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 La fuite en avant c'est la politique de l'autruche, c'est vous dire si je me sens cruche [Event #6]

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Megara Hendrickson
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MessageSujet: La fuite en avant c'est la politique de l'autruche, c'est vous dire si je me sens cruche [Event #6]   La fuite en avant c'est la politique de l'autruche, c'est vous dire si je me sens cruche [Event #6] EmptyLun 20 Oct - 17:45



Une fois de plus,
Je reste là avec mes illusions perdues
Un peu groggy un peu... nue.


Tirant sur le bras d'Elea, elle l’entraîna à sa suite alors qu'elle s'éloignait le plus possible du duo, accélérant le pas au fur et à mesure qu'ils avançaient.

Lorsque finalement elle s'arrêta, Rubens et Brennan n'étaient même plus à portée de vue. Elle se retourna vers Elea, le visage blême, les yeux un peu humides. Megara n'était pas ce qu'on pouvait qualifier habituellement de pleurnicheuse, mais ces disputes intempestives commençaient à la fatiguer mentalement et moralement. Elle savait que sur ce coup, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même, mais au fond, elle savait aussi que Rubens n'avait généralement pas besoin d'être provoqué pour se montrer très désagréable. Tot ou tard, elle aurait eu droit à son scud. Sauf qu'aujourd'hui, cela semblait être la goutte de potion qui faisait déborder la marmite.

Ah, elle ne faisait plus la fière, la petite lionne. Pour sur, son cavalier devait se demander s'il s'agissait bien de la même personne qui lui avait sauté dessus l'après-midi même et qui semblait alors déborder d'énergie et de bonne humeur. Eleazar l'ignorait jusque là, mais avait du rapidement le comprendre : Rubens était la seule personne capable de réduire Meg à cette jeune fille larmoyante et éteinte.

Prise d'une pulsion, elle arracha la jolie cape noire de ses épaules, la roula en boule, pour la jeter dans la première poubelle qu'elle rencontra. Elle aurait préféré la jeter à la tronche de cet abruti de Cassidy, le tout accompagné d'un commentaire acerbe, mais elle n'aimait pas se donner en spectacle, et ils avaient commencé à attirer un peu trop l'attention avec leur altercation. Alors tant pis, c'était avec les restes de nourriture de la soirée que la cape finirait ses jours. Une cape que la brunette trouvait magnifique, mais qu'elle n'arriverait de toute façon plus à porter après ce nouvel épisode de leur histoire -enfin de leur non-histoire.

Ceci étant fait, elle reporta toute son attention sur Elea qui devait être bien secoué également, essayant de dissimuler sa peine derrière un sourire maladroit.

    ~   Je suis tellement désolée

S'excusa-t-elle, secouant la tête. Dans toute cette histoire, la seule chose qui la réjouissait véritablement, c'était qu'au moins Eleazar n'avait pas été amoché. Elle se se serait sentie à peu près 20 fois plus mal si en plus de lui offrir une soirée pourrie, elle lui avait donné un aller pour l'infirmerie. Elle devait remercier Brennan pour cela, car sans son intervention, elle n'était pas sûre que Rubens se serait retenu longtemps après s'être mangé une baffe. Il devait être dans un sacré état d'énervement entre les mains de son grand ami le Serdiagle psychopathe... Mais elle ne pouvait pas s'en tamponne le coquillage d'avantage.

    ~   Désolée pour ce qu'il t'a dit aussi. Il peut se transformer en vraie peau de vache desfois...

Peau de vache était probablement un maaaaagnifique euphémisme. Lorsqu'elle n'était pas en colère, Meg n'était finalement pas une grande adepte des gros mots, elle avait d'ailleurs un vocabulaire plutôt amusant dès qu'elle s'énervait sur quelqu'un, agrémentant ses paroles d'insultes vieillotes ou juste complètement loufiques. Au fond d'elle-même, clairement, ce n'était pas dans la case "peau de vache" qu'elle avait rangé Rubens, plutôt dans "enfer sur patte" ou encore "Mordor réincarné en humain"... Un truc bizarre et imagé du genre. A croire qu'elle avait finalement appris à être mesurée ! Mieux valait tard que jamais.

    ~   Euhm... Je suppose que c'est le moment où tu veux jouer ton joker "départ sans être retenu" ?

Elle lui adressa un sourire compréhensif, signe qu'elle ne lui en voudrait certainement pas.
Oui, après s'être fait agresser gratuitement à peine arrivé à une soirée, l'envie de partir serait on ne peut plus compréhensible. Meg avait prévu que la soirée serait compliquée, mais pas qu'elle virerait au fiasco aussi vite et aussi...dramatiquement. Là, c'était juste la catastrophe. Et en un temps record en plus du reste ! Elle essayait de faire bonne figure, mais même pour ses standards, c'était l'apocalypse de la soirée romantique.

    ~   En tout cas jolie baffe, je ne crois pas qu'il l'avait vu venir celle-là...

Ajouta-t-elle, dans un sourire un peu moins palot et un peu plus authentique. Au milieu de la mare aux déboires, elle se souvenait que ce passage de l'altercation lui avait étiré un peu les lèvres, autant se rattacher au seul bon souvenir. Elle n'imaginait pas Eleazar comme quelqu'un de particulièrement belliqueux -après tout il l'avait laissé lui sauter dessus sans franchement trop se débattre- alors le voir baffer Rubens de la sorte n'avait été que d'autant plus jouissif.

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Eleazar R. Jugson
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MessageSujet: Re: La fuite en avant c'est la politique de l'autruche, c'est vous dire si je me sens cruche [Event #6]   La fuite en avant c'est la politique de l'autruche, c'est vous dire si je me sens cruche [Event #6] EmptyLun 20 Oct - 21:53







Trop de bruit pour si peu souvent
Que du vent




Il fallait reconnaître à Rubens un talent certain : celui d’avoir réussi à le mettre hors de lui en quelques secondes alors qu’il était de très bonne humeur l’instant d’avant. Finalement, ils avaient ce point en commun avec Megara, quoi que les raisons ne soient pas exactement les même malgré ce que Rubens semblait en penser.

La gifle qu’Eleazar lui avait collée n’était rien comparée à ce qu’il aurait souhaité lui faire subir en cet instant parce qu’il venait non seulement de l’humilier en public mais aussi d’humilier Meg. Certes, Elea ne la connaissait pas depuis longtemps, mais il éprouvait de la sympathie pour elle et ne supportait pas de voir les autres s’en prendre plein la tronche. Son côté bonne poire sans doute, combiné à son empathie pour ceux qui se trouvaient dans de mauvaises situations. Il ne connaissait que trop bien l’affaire pour savoir que ça n’était pas agréable.

D’ailleurs, sans attendre la riposte de Rubens qui allait venir sans tarder, Elea s’était préparé à renchérir. Meg lui en voudrait sûrement de s’acharner sur son ex-cher et tendre mais pour le moment ça lui était bien égal. Tout ce qu’il voulait c’était se défouler sur lui, en réponse à toutes ces fois où le sorcier avait tenté de se réconcilier avec son ami et avait été superbement ignoré. En voilà un beau point commun entre nos deux faux tourtereaux : ils avaient bien des choses à reprocher à celui qui était en train de leur faire passer un mauvais quart d’heure. Manque de pot, certains ne voyaient pas la baston d’un bon œil. A peine Rubens avait-il haussé la voix avant de le pousser que certaines personnes dans la foule s’étaient mises en mouvement. Elea n’eût pas le temps de coller une deuxième gifle à son pire ennemi du moment avant que n’intervienne un Serdaigle qu’il ne connaissait que de vue.

Le lion du se retenir très fort de ne pas venir frapper le nouveau venu. Non mais de quel droit s’immisçait-il dans leur baston ? Qu’est-ce qu’il y connaissait de leur histoire, pour venir LUI demander de se calmer ? Et pourquoi dire ça à lui et pas à Rubens ? Il n’avait rien provoqué lui, rien demandé –enfin presque-. Mais il se contenta de le regarder d’un air mauvais. Lui taper dessus ne servirait sans doute à rien sinon à envenimer la situation et Elea n’était pas un nerveux dans l’âme même si en cet instant il sentait une flamme grandissante lui brûler les entrailles. Et puis il fallait avouer que la carrure de Brennan le refroidissait un peu.  Il ne protesta même pas, trop habitué sans doute à jouer les boucs émissaires dans toutes les situations. Malgré tout, son poing faillit bien partir lorsque le nouveau venu s’en prit verbalement à Meg puis s’inquiéta du sort de Rubens comme si Elea l’avait frappé juste par plaisir. Le lion avait levé son bras mais il le laissa aussitôt retomber le long de son corps. Ne pas provoquer, ne pas répondre, ne pas s’énerver, ne pas…

C’est le moment que choisit Meg pour lui attraper le bras, le même qui venait de s’abaisser sans force, et l’emmener plus loin. Sur le coup il eût envie de résister, rester sur place, régler les affaires une bonne fois pour toute. Le sentiment d’être éloigné d’un coup de la scène du crime le frustra comme on frustre un gamin à qui on ôte un hochet. Mais à peine avaient-ils parcouru quelques mètres au pas de course qu’il dû lui donner raison. Il n’y avait rien de bon à tirer de cette situation, autant s’éloigner.  En plus, ils s’approchaient du buffet, ce qui était censé être une bonne nouvelle. Problème : Eleazar n’avait plus faim du tout. Il avait la gorge tellement nouée qu’il n’aurait rien pu ingurgiter.  

Après une bonne course, Meg décida de s’arrêter. A son tour, Eleazar regarda dans toutes les directions et surtout derrière eux, sans ne rien voir de menaçant. Pour un temps sans doute court, il semblait qu’ils les avaient semés. Le lion souffla un coup, essayant de laisser retomber sa colère et croisa le regard embrumé de Meg. Maladroitement, il tenta un sourire. L’une au bord des larmes et l’autre en rogne, ils avaient l’air fins tous les deux. Eleazar aurait pu en vouloir à Meg de l’avoir collé dans cette situation, mais sa colère était toute entière réservée à Rubens –quel privilège-. Et puis il ne pouvait pas blâmer Meg d’être dans cet état, il ne pouvait que la comprendre. Il n’avait pas bien de mots pour la réconforter, tout ce qui lui passait par l’esprit lui paraissait vain, ainsi se contenta-t-il de poser sa main sur l’épaule de sa fausse copine en guise de soutien.

Sans prévenir, il vit celle-ci s’écarter pour arracher sa cape et la fourrer dans la première poubelle venue. Aussi stupide que ça puisse paraître, le geste fit un peu de peine au lion. Il ne savait pas qu’il s’agissait d’un cadeau de Rubens, mais voir un vêtement arraché et jeté pour quelques mots était attristant - En même temps, Eleazar était capable d’avoir de l’empathie pour sa tortue amorphe et pour les bulbes sauteurs, il n’en fallait pas beaucoup pour lui remuer les tripes -. La furie –qui n’avait plus grand-chose d’une furie d’ailleurs mis à part le nom- revint vers lui et Elea lui rendit son sourire. Lui-même était on ne peut plus désolé de la situation et aurait aimé sombrer en excuses.

« C’est pas ta faute. T'as pas à t'en vouloir. »

Finit-il par lâcher en secouant la tête. C’est vrai, c’était Meg qui l’avait traîné dans cette situation et elle ne devait pas être sans savoir que son ex ne serait pas ravi de la voir avec un autre. Oui mais elle ne pouvait pas savoir que son ex traînait une histoire de vieilles rancunes avec Eleazar. Sans elles, les choses se seraient forcément passées différemment. Peut-être pas franchement mieux, mais différemment. Déjà, il n’aurait sans doute pas été aussi humilié publiquement.

« T’excuse pas pour ses paroles à lui, c’est pas les tiennes. J’suis désolé moi aussi. J’avais pas envie de croiser ce gars-là mais je pensais pas qu’il réagirait aussi violemment. »

Et pour cause, Rubens n’aurait sans doute pas réagit de la sorte s’il s’était agi d’une autre fille. Peut-être même l’aurait-il tout simplement ignoré comme il avait pris l’habitude de le faire. Elea leva un sourcil lorsque Meg évoqua son jocker sortie. Ah oui, c’est vrai qu’il avait posé cette condition-là. Dans sa colère, il l’avait complètement oubliée. Partir maintenant, la bonne idée ? Il n’en avait pas franchement envie.

« En vrai, la personne que j’voulais éviter de croiser c’était Rubens. Alors j’ai pas bien de raisons de partir maintenant. Tu vas être obligée de jouer la mascarade un peu plus longtemps. »

Il lui sourit un peu plus franchement en lui répondant cette fois. Non, il n’avait aucune envie de partir sur un échec comme celui-ci. Ils avaient déjà affronté Rubens, que pourrait-il arriver de pire ? Un Rubens reloaded ? De toute manière, s’il partait, c’était pour aller s’écrouler dans le dortoir, et qui risquait-il de croiser dans le dortoir ? Tadaaaam, toujours le même, quelle surprise ! Alors non, pour l’instant, il préférait repousser le moment où ils quitteraient la soirée.

Meg parvint à le faire rire à nouveau lorsqu’elle le complimenta sur la droite qu’il avait collée à Rubens. Lui non plus ne l’avait pas vue venir à vrai dire, du moins pas si fort. Sa main l’avait brûlé encore pendant un moment, autant dire qu’elle n’avait pas du être douce sur la joue de Rubens.

« Merci, elle venait du cœur celle-là ! »

Aussitôt, il fronça les sourcils en repensant à ce qu’avait raconté Rubens. Peut-être n’aurait-il pas du prononcer le mot « cœur » en parlant de lui. Il sentit un vieux relent de colère remonter et expira un grand coup pour le chasser. Pourquoi avait-il fallu qu’il gueule devant tout le monde qu’il lui avait fait des avances alors que c’était parfaitement faux ? Elea n’avait jamais vu Rubens autrement que comme un pote –enfin si, maintenant il le voyait comme un ennemi-. Rien que l’idée que Rubens ait pu s’imaginer autre chose le débectait. Mais c’était juste pour l’agacer, non ?

« J’sais pas pourquoi il a dit ça mais.. c’est pas vrai, tu sais ? J’ai jamais été à fond sur lui. Je lui ai jamais fait d’avances ! »

Le Gryffondor avait tendance à ne pas se préoccuper des rumeurs qui faisaient de lui un amoureux des hommes. Peut-être pas assez d’ailleurs. Mais là, ça le préoccupait. Il avait dit trop de fois en trop peu de temps qu’il ne souhaitait pas croiser Rubens à cette soirée. Avec ce que ce dernier avait balancé, ça faisait peut-être trop pour ne pas devoir démentir ces rumeurs.

« J’suis pas… enfin.. j’ai pas de copine là je sais mais je suis pas attiré par les hommes. Je sais que certains le pensent mais.. j’aimerais bien que ce soit pas ton cas. »

Il secouait la tête pour appuyer ses affirmations. Et vas-y que je m’embrouille dans mes justifications qui paraissaient pourtant limpides dans sa tête.

« Enfin, j’voudrais pas te faire concurrence quoi ! J’oserais pas vouloir te voler ton ex ! »

Finit-il par lâcher en souriant non sans une pointe d’ironie avant de se gifler mentalement pour avoir balancé ça. Ce n’était peut-être pas le moment de faire de l’humour sur une situation qui paraissait un peu trop tendue pour s’en mêler. Mais puisqu’il avait été mêlé dedans de force, autant en rire.  



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MessageSujet: Re: La fuite en avant c'est la politique de l'autruche, c'est vous dire si je me sens cruche [Event #6]   La fuite en avant c'est la politique de l'autruche, c'est vous dire si je me sens cruche [Event #6] EmptyDim 26 Oct - 10:54



Hold me so I'm not falling appart
A little, but I'm hoping it might kick start
Me and my broken heart


Elle sentait bien qu’Eleazar était un peu pris au dépourvu face à sa démoralisation. On l’aurait été pour moins, surtout lorsqu’on avait été témoin de la Meg débordante de vie et de jovialité. Elle lui adressa un sourire plein de gratitude alors qu’il venait de poser sa main sur son épaule, lui témoignant comme il pouvait du soutien. Y avait pas à dire, on trouvait parfois son réconfort dans des sources étonnantes, comme, par exemple, qu’un garçon dont on ne connaissait même pas l’existence 24h plus tôt.

Meg fit une petite moue lorsque Elea essaya de la rassurer en lui disant que ce n’était pas sa faute. De toute évidence, la demoiselle n’était pas convaincue. Il fallait dire que c’était SON idée de se trouver un faux petit copain et encore SON idée d’amener Elea à la fête. Sans ces deux brillants projets, ils n’en seraient peut être pas ici. Mais avec des peut être, on pouvait mettre Poudlard en bouteille.

    ~   Je ne pensais pas non plus…

Reconnut-elle à son tour.

    ~    Sinon je ne t’aurais pas entraîné dans cette galère

Ouais, Megara n’avait probablement pas fini de s’excuser. Autant elle pouvait être insistante, voire pressante, lorsqu’elle avait quelque chose en tête, autant elle avait le Mea Culpa facile, et elle détestait créer des problèmes à ses proches. Alors certes, Elea ne pouvait pas encore être qualifié de « proche », mais cette mésaventure les avait en un sens rapprochés… En tout cas c’était ainsi que la brunette le ressentait. Cela dit, Meg avait une capacité d’attachement assez impressionnante, le genre de fille qui vous recueillerait toutes les bêbêtes de Poudlard ET tous les étudiants en difficulté si elle s’écoutait. Mère Thérésa… mais version boxeuse.

Elle ne put retenir un petit rire au commentaire de son faux petit ami. Il y avait un accent de nervosité dans ce rire, mais c’était mieux que les larmes aux yeux, pour sûr. A vrai dire, elle était soulagée qu’Elea ne veuille pas s’en aller. Ce n’était pas tant qu’elle tenait absolument à rester à la fête, mais elle savait que si elle retournait au dortoir maintenant, elle allait se noyer dans la déprime. En restant ici, elle se forçait à se changer les idées. Mais rester ici, seule, ce n’était pas envisageable non plus. Alors l’idée que le lion lui tienne compagnie encore un peu lui plaisait bien. Et puis… maintenant que le pire était arrivé, peut être pouvaient-ils tous deux espérer le meilleur ?

    ~     Tant mieux, je n’avais pas envie d’entrer dans le livre des records pour la mascarade la plus courte de tous les temps

Répliqua-t-elle, optant pour l’humour puisque les remords ou les regrets ne les mèneraient de toute façon nulle part. L’un comme l’autre semblait plus disposé à se détendre après le stress expérimenté. Meg était contente de voir Elea lâcher l’affaire aussi vite. Elle avait bien senti qu’en l’entraînant loin de la scène du crime, elle l’avait frustré dans son sentiment d’injustice. Clairement, il semblait prêt à rester planté là bas et régler ses comptes. La demoiselle connaissait ce sentiment, elle était elle-même plutôt impulsive, mais depuis son petit cours privé avec Callum, elle s’efforçait d’amener un peu de sagesse dans son comportement, et elle était persuadée d’avoir fait la bonne chance en écartant Elea de Rubens.

Cela dit, même s’il semblait prêt à plaisanter de la situation, il semblait toujours particulièrement traumatisé parce les accusations de Rubens. Meg leva les sourcils, non pas parce qu’elle remettait en question ses dires, mais plutôt parce qu’elle était étonnée qu’il soit aussi touché par les racontars de leur compatriote Gryffondor. Certes, ce n’était pas spécialement agréable de se faire dire cela, mais qu’importe les mensonges d’une seule personne ?
Boucles brunes fut presque touchée de savoir qu’Eleazar se souciait de ce qu’elle pensait de lui. Après tout, ils ne se connaissaient pas tant que ça… Et pourtant, son avis semblait compter pour lui.

    ~     Ne t'en fais pas, je le connais trop bien pour croire tout ce qu'il balance quand il est énervé

Répondit-elle immédiatement, espérant que ses dires le réconforteraient comme sa main sur son épaule avait pu le faire. Se soutenir dans l’adversité, c’était devenu important pour eux. Elle soupira un peu, repensant à l’inventivité de Rubens dès qu’il s’agissait de la vexer ou de ternir sa réputation. Il avait bien trop d’imagination pour le bien des gens dont il voulait anéantir la réputation.

    ~     Entre ce qu'il invente juste pour te blesser et ce dont il s'auto-persuade sans qu'on ne sache trop pourquoi ... Ça fait beaucoup de conneries à encaisser

Ajouta-t-elle dans un hochement de tête. Elle espérait sincèrement que cela redonnerait un peu d’espoir à Elea. Après tout… tout le monde à Poudlard n’écoutait pas les rumeurs. Certes, Rubens s’était mis à mugir, mais avec un peu de chance, les gens, habitués à le voir crier au loup, ne prêterait pas plus que cela attention à ses dires.
Cela dit, pour une fois, Meg était presque étonnée d'avoir été autant "épargnée". Certes, il avait sous entendu qu'elle était grosse, mais là franchement, il n'avait pas fait preuve de beaucoup d'imagination, il s'agissait d'attaques plutôt habituelles. Du reste, Meg n'avait toujours pas réussi à déterminer si Rubens avait inventé tout le reste juste pour punir Elea et la faire souffrir elle, ce qui pour sur était cruel, ou s'il croyait vraiment à sa fabulation. Si c'était le cas, ce n'était certes pas de la cruauté délibérée, mais ça cachait malgré tout une insulte. Alors certes, ça ne méritait peut être pas de lui mettre un poing dans la gueule, mais sa claque, il l'avait cherchée. Ne serait-ce que pour venir leur pourrir la soirée.

    ~     En tout cas l'opération jalousie fait concurrence au Titanic niveau fiasco, il a l'air persuadé que de toute façon tu n'as d'yeux que pour lui

Mais ça, la demoiselle aurait dû s'y attendre. Il était vain d'essayer de rendre jaloux quelqu'un qui a fait une croix sur vous, et Rubens lui avait assez clairement dit, le matin même, à l'infirmerie, qu'il avait foutu en l'air leur couple parce qu'il avait flippé. Parce qu'elle l'avait fait flipper. Meg avait cet effet sur pas mal de monde, mais généralement parlant c'était son côté brute qui effrayait, pas ... Tout le reste.
La brunette ne se laissait habituellement pas abattre facilement, certains vous diraient même que c'était une vraie teigne lorsqu'elle voulait quelque chose, Elea approuverait probablement d'ailleurs, mais elle devait admettre qu'elle menait un combat perdu d'avance. Et si têtue soit-elle, elle n’aimait pas se battre contre des moulins à vent. Il fallait savoir choisir ses batailles, et elle n’était plus certaine de vouloir mener celle là.

Evidemment, avec Megara, on ne savait jamais trop combien de temps une résolution pouvait durer, et la demoiselle pourrait bien être remontée en selle le lendemain même. Quoiqu’il en soit, pour ce soir, elle estimait en avoir assez fait, et elle n’avait plus qu’une seule envie : finir la soirée sans drâme et profiter malgré tout de la fête avec son compagnon d’infortune, Elea.

    ~    Bon sinon je vois que je t'ai contaminé avec mon syndrome du baiser impromptu

Le taquina-t-elle au sujet de la remarquable tentative d'esquive d'Elea. Tentative qui avait débouché sur un échec cuisant, mais c'est l'intention qui compte. Et puis, Meg n'avait pas envie de s'apitoyer davantage sur son sort, ça ne ferait dans tous les cas pas avancer le schmilblik. Autant se changer un peu les idées et recentrer la discussion sur... Tout sauf Rubens.

    ~    Fais gaffe, bientôt tu vas te mettre à errer dans les couloirs à la recherche d’une fausse petite amie sur laquelle bondir

Elle esquissa un sourire amusé, bien consciente de ce qu’Elea avait du penser d’elle lorsqu’elle lui était tombée dessus comme ça. Sur le coup, ça lui avait paru parfaitement sensé d’agir comme ça, mais avec le recul, elle-même reconnaissait avoir eu un comportement particulièrement inapproprié et ridicule. Elle arrivait même à en rire.

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Eleazar R. Jugson
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MessageSujet: Re: La fuite en avant c'est la politique de l'autruche, c'est vous dire si je me sens cruche [Event #6]   La fuite en avant c'est la politique de l'autruche, c'est vous dire si je me sens cruche [Event #6] EmptyMar 28 Oct - 22:22



On s'en fout on n'y va pas
On n'a qu'à se cacher sous les draps




A bien y réfléchir, Elea s’était étonné lui-même à embrasser spontanément Meg lorsqu’il avait vu Rubens surgir. Ca n’était absolument pas dans ses habitudes d’agir comme ça, et encore moins d’embrasser des filles. Il sourit lorsque Meg lui dit qu’elle l’avait contaminé. Ce n’était pas totalement faux. Mais il n’osait pas lui avouer que c’était dans l’espoir stupide que Rubens ne le voie pas et que c’était la première esquive qui lui était venue à l’esprit. Planquer sa tête dans la tête de quelqu’un d’autre, l’idée du siècle. Non qu’il pense que Meg croyait que c’était une preuve d’une soudaine passion, mais ça n’était en aucun cas une stratégie de jalousie programmée, comme Meg l’avait fait. D’ailleurs, il aurait bien eu du mal à rendre Rubens jaloux en ignorant que c’était son ex qu’il avait embrassée.

« Ouais, on en devient vite accro ! »

Il lui sourit à son tour, dédramatisant comme il le pouvait leur petit drame à eux. Ceci dit ça n’était pas totalement faux, Elea aurait pu devenir accro et même s’enticher de la Gryffondor qui, même à deux doigts de la crise de nerfs, était plutôt craquante. Sauf que la considérer comme une cible potentielle ne lui venait même pas en tête. Comme il l’avait expliqué à sa fausse copine un peu plus tôt, s’intéresser aux filles déjà en couple ne lui avait jamais traversé l’esprit. Certes, Meg n’était plus en couple mais si elle tenait tant que ça à rendre son ex jaloux, c’est bien qu’il lui restait un peu de sentiments pour lui. Du moins c’est ainsi que son esprit rationnel avait considéré les choses, classant Meg dans la case « casée » sans réfléchir.

Il en venait même  à sentir une once de culpabilité à l’égard de Rubens. Mais celle-ci était ensevelie sous une bonne couche de colère à son égard. Le traiter de gay devant tout le monde et oser prétendre qu’il lui avait fait des avances, ce mec n’avait vraiment peur de rien et sûrement pas de raconter les plus grosses conneries juste pour blesser. Ça fonctionnait plutôt bien si on en jugeait la colère qui bouillait en lui et qu’Elea ne parvenait pas à calmer. Meg avait raison sur ce point-là, ce qui n’empêchait pas Eleazar de se sentir terriblement vexé. Habituellement Elea voyait les insultes de Rubens du bon côté, du côté de son pote. De l’autre côté, c’était nettement moins sympathique.

« Je suis pas certain qu’on puisse appeler ça un fiasco. »

Reprit-il finalement, affichant un air sérieux en secouant la tête. Un fiasco, ça aurait été l’ex de Meg les ignorant royalement ou paradant lui aussi avec une autre fille. Rubens n’avait pas franchement eu l’air indifférent, au contraire.

« Il était tout jaloux de toi. Il me veut pour lui tout seul. »

Finit-il en souriant. Il donna une petite tape amicale à Meg sur l’épaule, conscient que ça n’était pas la vanne du siècle mais que mieux valait-il en rire qu’en pleurer. Visiblement, Meg était plutôt réceptive à ses tentatives de dédramatisation.  

« Tu l’as énervé, c’est bien ce que tu voul….»



Un gros brouhaha l’interrompit soudainement. L’espace d’un instant, Elea pensa naïvement que c’était la colère que Rubens qui grondait. Mais le brouhaha ne cessait pas, et le Gryffondor devait bien reconnaître que la magie de son ami n’était pas assez puissante pour provoquer de tels dégats. Un grincement le fit lever les yeux au plafond. Un lustre, un énorme lustre qui menaçait de se détacher et de leur tomber dessus.

Premier réflexe de survie ? Se jeter sur Megara et l’emmener avec lui dans un magnifique glissé-jeté-au-sol jusqu’à se retrouver sous les tables du buffet, penché sur sa fausse copine en l’écrasant à moitié. Il lui aurait fallu bien plus de temps pour comprendre ce qu’il se passait réellement. Les cris faisaient trembler ses tympans, à moins que ça ne soit le sol qui se dérobait sous leurs pieds. Les murs tremblaient alors qu’il restait couché à moitié en boule, perché au-dessus de Meg sans penser un instant à cette promiscuité bizarre qu’il ne ressentait même pas. Si l’instant n’avait pas été aussi grave, la scène aurait pu faire un magnifique sujet de moquerie : la plus belle glissade de tous les temps. Mais au milieu des cris et des tremblements, personne n’y prêtait attention. Ils restèrent un long moment ainsi, Elea broyant les bras de Meg dans les siens. Le Lion n’aurait pu dire combien de temps s’était écoulé. Quelques minutes sans doute à peine, mais des minutes interminables, avant que finalement le sol se stabilise. En dessous d’eux la dalle avait tremblé mais ne s’était pas fendue. Plus loin, elle semblait s’être écroulée. Au-dessus de leurs têtes, plusieurs chocs et tremblements sur les tables laissaient penser que le buffet avait dû en prendre un coup. Essoufflé alors qu’il n’avait rien fait, Elea tenta de reprendre sa respiration en osant finalement se redresser pour s’asseoir et libérer la pauvre Meg de son poids.

« C’était quoiiii ça ? »

Sa voix partit dans les aigus sans qu’il s’en rende compte. Il s’était cogné la tête en se jetant sous la table, s’était fait mal aux genoux en heurtant le sol, mais il n’avait rien de cassé. On ne pouvait pas en dire autant de la Grande salle qui ressemblait à un champ de ruines.

« Ca va ? Tu n’as rien ? »

Simple réflexe en réalité. Evidemment qu’elle va bien crétin, répondait en même temps une voix dans sa tête, tu t’es jeté sur elle pour la protéger. Tout ce qu’elle devait avoir, c’était deux ou trois contusions qu’il lui avait lui-même faites en la projetant au sol. Et peut-être le souffle coupé après avoir été comprimée sous Elea.

« Désolé, je t’ai un peu écrasé »

Il rougit, conscient qu’il avait agi un peu bizarrement dans la panique. Ah le réflexe de survie, une bien belle connerie… Lui-même ne savait pas très bien pourquoi il s’était jeté sur Meg. Sauver la peau d’une inconnue plutôt que de sauver la sienne, voilà qui résumait finalement bien sa vie. Ca expliquait aussi pourquoi dans la vie, il ne ferait jamais partie des leaders. Il pensait définitivement bien trop aux autres, même ses réflexes étaient trop altruistes. Il s’était pourtant toujours dit en regardant ces films de moldus pleins de héros qui sauvent la belle et l’orphelin avant de sauver leur peau qu’ils étaient profondément stupides. Qu’est-ce que ça pouvait leur faire qu’ils survivent si eux mourraient ? Non, définitivement, il n’était pas un héros. Mais il faut croire que ses réflexes croyaient en ses pouvoirs de super-héros plus que lui-même. Un jour, il faudrait qu’ils aient une discussion sérieuse, d’homme à … lâche. Un jour, quand il serait grand.

L’heure était au drame, mais ils venaient déjà d’en affronter un tous les deux. Rubens, leur petit tremblement de terre à eux, leur petit drame personnel. Qu’avaient-ils fait pour y remédier ? Dédramatiser. Que restait-il à faire pour ne pas sombrer sous les décombres ? DEDRAMATISER.

« C’est dommage quand même, on n’a même pas pu profiter du buffet avant qu’ils débarrassent! Je savais bien qu’on aurait dû commencer par là. »

Il tenta un sourire en direction de Meg qui semblait aussi abasourdie que lui. Sa voix n’était pas aussi assurée qu’il l’aurait voulu. Il tremblait un peu sans vraiment s’en apercevoir. Autour d’eux, ça courait, ça criait. Bizarrement, le plus sûr lui semblait encore d’attendre sous la table, assis comme deux naufragés sur une île pas si déserte. Par réflexe, ses yeux balayèrent la salle. Dans toute cette agitation, il finit par repérer la silhouette de Rubens qui semblait bien vive. La poussière n’avait pas dissipé la rancœur, mais il ressentit un soulagement en le voyant. Il méritait une claque, peut-être même deux ou quatre, mais il ne méritait pas –encore- de finir enseveli sous une moulure de la Grande salle.

« Il va bien, t’en fais pas. »

Elea prit la main de Meg, tant pour la soutenir que pour se donner du courage à lui-même. Il n’y avait pas beaucoup d’assurance dans sa poigne qui tremblait un peu. Pas la peine de préciser de qui il parlait, il n’y avait qu’une seule personne qui avait en même temps monopolisé et pourri leur soirée. Il ne savait plus trop où il en était, s’il fallait être sous le choc, s’il fallait pleurer, crier, courir dans tous les sens comme bien d’autres semblaient le faire ou bien encore rester là comme si rien ne s’était passé. Il ne savait même pas vraiment s’il était choqué. Il était un peu perdu, regardant la salle qui s’agitait en ayant cette étrange impression d’être spectateur plutôt qu’acteur. Et c’est le moment que choisit son ventre pour lui manifester qu’il avait faim. Le gargouillement passa presque inaperçu au milieu du vacarme qui régnait dans la salle mais il le sentit qui lui déchirait le ventre. Une blague, son estomac était une vaste blague. La tempête Rubens lui avait coupé l’appétit, il ne fallait rien de moins qu’un tremblement de terre soudain pour le lui rendre.

« C’est pas possible ! »

Soupir. Les uns s’agitaient pour sauver les autres, pour sortir de la grande salle dans la crainte d’une représailles, et lui que faisait-il ? Il entendait son estomac râler de ne pas avoir été nourri ce soir-là. Il avait faim et soudainement ça lui faisait mal au ventre. Eleazar Rohan Jugson, tu es vraiment le pire des losers se disait-il à lui-même en cet instant. Non, il n’était pas un héros, juste un mec un peu trop ordinaire avec des envies un peu trop ordinaires même dans les pires moments. Surtout dans les pires moments en fait. Il s’accroupit et tenta de se redresser en s’appuyant au-dessus de la table sans parvenir vraiment à se lever. Ses jambes tremblaient un peu, à croire qu’elles avaient été plus traumatisées par les éboulis que son estomac. Il ne parvint qu’à se hisser sur les genoux, juste assez pour réussir à tendre un bras sur le dessus et s’emparer de la première assiette que sa main rencontra, une coupe pleine de biscuits salés. Dommage, il aurait préféré les mini-pizzas mais elles reposaient peut-être sous un bloc de pierre à l’heure qu’il est.

« T’as faim ? C’est l’heure du buffet !  »

Se rasseyant sous la table, Il lui tendit la coupe avant de s’emparer de ce qui ressemblait à un mini-feuilleté.

« Tu feras gaffe quand même, y’a un ou deux gravats dedans. »

Il allait se faire massacrer. Meg avait sans doute envie d'étrangler en cet instant et il s’attendait à ce qu’elle lui fausse compagnie d’un instant à l’autre, pauvre imbécile qui se préoccupait de son ventre plutôt que de tout ce qui bougeait autour d’eux. Se prendre la coupe d’apéros dans la tronche pour réponse ne l’aurait pas surpris, d’ailleurs il avait un peu grimacé en tendant la coupe à Meg, appréhendant sa réaction qu’il imaginait potentiellement violente. Pourtant ça n’était qu’un réflexe de survie. L’agitation lui semblait menaçante. Eleazar avait une horreur maladive des foules, elles lui faisaient peur, lui donnaient envie de se rouler en boule et d’attendre que ça passe. Pour un petit temps encore, il préférait rester dans sa bulle, coupé du monde. C’est encore ici qu’ils étaient le mieux protégés, sous ces épaisses tables, couvertes de victuailles, qui semblaient résister à tout. Faire comme si rien ne s’était passé, encore un petit instant. Et puis on n’était pas à l’abri de nouvelles répliques.



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MessageSujet: Re: La fuite en avant c'est la politique de l'autruche, c'est vous dire si je me sens cruche [Event #6]   La fuite en avant c'est la politique de l'autruche, c'est vous dire si je me sens cruche [Event #6] EmptyDim 2 Nov - 20:02



En attendant le pire ...
Je lève mon verre à toi, je m'accroche à ton sourire


Honnêtement, après coup, Meg n’aurait su dire ce qu’elle sentit en premier : la secousse venue ébranler toute la grande salle et ses occupants, ou Elea qui fonçait sur elle comme un taureau sur un bout de tissus rouge. Pour sûr, la chute au sol se fit sentir, et elle laissa échapper un grognement étouffé alors que son dos rencontrait un peu trop brutalement les dalles en pierre. La suite fut un flou artistique. Megara n’osait pas bouger, le vrombissement ambiant assourdissant paraissait particulièrement hostile perçu de son cocon humain nommé Eleazar. Elle se recroquevilla autant qu’elle put, attendant, tremblant légèrement, mais impossible de dire si c’était parce que son corps s’accordait aux mouvements frénétiques du sol ou si c’était l’angoisse qui prenait le dessus. Autour d’elle, trop d’agitation, de bruit, tant et si bien qu’il lui sembla un instant que tout devint blanc alors que, les yeux fermés, elle essayait de s’extraire de cette réalité mouvementée.

Combien de secondes, de minutes s’écoulèrent ? Impossible à dire. Lorsque tout sembla se calmer, et qu’Eleazar rendit à la brunette la liberté de ses mouvements, Meg était toute fourbue. Elle se redressa à son tour, encore un peu sonnée par les évènements. Elle avait mal un peu partout, mais rien de sérieux, rien qu’elle n’avait déjà surmonté par ailleurs. La voix suraigue d’Elea la tira de son état d’absence. Elle était encore un peu apathique, ne réalisant pas tout à fait ce qui venait de se passer.

Comme s’ils n’avaient pas encore eu leur dose de drame pour la soirée, la nature –ou quoique ce soit- avait visiblement décidée qu’elle serait elle aussi de la fête. Meg s’en serait volontiers passée, mais on ne lui avait pas exactement demandé son avis, comme à chacun dans cette salle d’ailleurs. Ses idées avaient du mal à se fixer, et son compatriote de malheur la tira une nouvelle fois dans la réalité alors qu’elle se perdait à nouveau dans ses pensées.

    ~ Je euh… oui…

Bredouilla-t-elle, pas certaine elle-même. Physiquement, elle n’avait pas grand-chose, des hématomes un peu partout, une robe déchirée, une chaussure perdue, rien d’insurpassable, surtout pas pour une bagarreuse comme elle. Psychologiquement, elle avait encore un peu de mal à s’en remettre. Elle ne réalisait pas tout à fait l’ampleur des dégats et des risques.
Se réveillant soudainement de sa torpeur, ses yeux s’arrondirent alors qu’ils tombaient sur Elea.

    ~ Oh mon dieu ! Et toi ? Tu n’as rien ?

Après tout, c’était lui qui s’était couché sur elle pour la protéger, c’était à lui qu’il fallait poser la question ! Les neurones venaient visiblement de retrouver leurs connexions, ramenant la jeune femme dans la réalité. Elle se redressa un peu, essayant comme elle pouvait d’ausculter Eleazar du regard, de s’assurer qu’il allait bien, mais ce n’était pas évident avec l’ambiance tamisée qu’offrait la nappe.
Elle sourit lorsqu’il s’excusa de l’avoir écrabouillée. Meg n’était pas certaine que son geste ait changé quoique ce soit à la donne… mais l’intention était louable. Eleazar n’était pas chez les Gryffondors pour rien : il devait l’ignorer probablement lui-même, mais il était courageux.

    ~ J’ignore si tu es suicidaire ou héroïque… mais en tout cas ton geste était… impressionnant

A vrai dire, Meg avait l’habitude de sauver ou d’aider les gens, mais pas tellement qu’on la sauve elle. Il fallait dire qu’intrépide et fonceuse comme elle l’était, elle réagissait généralement plus vite que ses camarades lorsqu’il s’agissait de venir à la rescousse de quelqu’un.  Être de l’autre côté du sauvetage n’était pas dans ses habitudes mais ça n’était pas aussi désagréable qu’elle s’y attendait. C’était même plutôt… réconfortant, en un sens. Evidemment, la brunette n’avait pas envie d’oppresser Elea avec ses pensées confuses, et elle préféra se taire sur le sujet. Inutile d’insister, d’autant que le pauvre Gryffondor semblait plus honteux de son comportement qu’autre chose. Certes, d’un point de vue extérieur, il avait du avoir l’air malin à plonger de la sorte alors que, finalement, rien de bien grave ne s’était passé dans la grande salle, mais du point de vue de Meg, c’était différent.

Le commentaire suivant d’Elea acheva de la tirer de ses pensées nappées d’inquiétude et de questionnement. Le jeune lion parlait de…. Bouffe. Il parlait de bouffe. Au milieu des tourments et des craintes, il déplorait la perte du … buffet. Megara ne savait pas s’il était sérieux ou s’il plaisantait, quoiqu’il en soit, elle éclata d’un rire nerveux. Rire était une thérapie reconnue, et bizarrement, se marrer alors que tout le monde s’affolait lui faisait un bien fou. L’espace de quelques secondes, elle oublia un peu la situation. Ce fut cependant un répit bien court avant que la situation ne la rattrape.

Assimiler l’évènement fut un parcours long et laborieux. Il fallut de longues minutes à la demoiselle pour que les alarmes commencent à se déclencher dans sa tête. Et là… ce fut la panique. Intérieure. Extérieurement, son visage était calme. Le visage de Meg n’était JAMAIS calme. Les sourires, la joie, les larmes, la tristesse, le regard tueur, la colère, tout y était passé sur ce visage trop expressif. Mais là… rien. Naturellement, Elea ne pratiquait pas Megara depuis assez longtemps pour savoir à quel point ce masque de sérénité trahissait son angoisse. Est-ce que ses amis allaient bien ? Est-ce que ses cousins, nombreux, allaient bien ? Est-ce que ses proches n’avaient rien ? Les questions se bousculaient, mais aucune ne franchissait ses lèvres tant elle se sentait perdue.

Mais au milieu de ce flou dramatique, un prénom émergeait malgré tout : Rubens ! Est-ce que Rubens allait bien ?
Avant même qu’elle n’ait le temps de le chercher du regard, les paroles d’Elea lui tombèrent dessus comme un véritable soulagement, une bouffée d’air frais. C’était comme s’il avait lu dans ses pensées… Faux couple, mais déjà capable de communiquer sans parole, ils étaient précoces les deux gugus. Il va bien, t’en fais pas. 7 mots qui suffirent à rassurer la brunette. Inutile de mentionner le prénom pour savoir de qui il parlait. Il lui attrapa la main et la brunette serra ses doigts sur les siens. Bon sang ce qu’elle était contente de ne pas être toute seule à ce moment précis, reconnaissante envers Elea de ne pas être parti après les premiers déboires de la soirée. Ils ne se connaissaient que depuis quelques heures et pourtant le simple fait de presser sa main contre celle du jeune homme lui apportait un réconfort inestimable. Ses commentaires décalés, ses touches d’humour probablement inappropriées étaient exactement ce dont Meg avait besoin. Véritable éponge, elle se laissait facilement influencer par les émotions de son entourage, alors si elle s’était retrouvée avec quelqu’un cédant à la panique, nulle doute qu’elle aurait eu du mal à garder sa tête sur les épaules.

Sans lâcher la main d’Elea, elle prit son courage à deux mains pour constater les dégâts de ses propres yeux. Elle repéra rapidement ses cousins et cousines qui, heureusement, avaient cette fâcheuse tendance à toujours se déplacer en troupeau. Ce soir elle les bénissait d’être aussi indécrochables et donc faciles à repérer. Ses amis aussi étaient regroupés dans un coin de la salle. Ils allaient bien. Tout le monde allait bien.
Cette simple constatation lui ôta un poids énorme des épaules, et elle se laissa retomber assise sur ses talons dans un soupir. Elle sentait le nœud dans sa gorge se défaire, lentement.

Et c’est ce moment que choisit le ventre d’Eleazar pour se rappeler au bon souvenir du couple. Manifestation qui ne ravissait pas le lion au vue du commentaire excédé qui suivit. Meg, de son côté, dut se mordre la lèvre pour ne pas éclater de rire à nouveau. C’était plus fort qu’elle… La situation était tellement… décalée. Ca l’amusait d’autant plus que c’était tout à fait le genre de chose qui pouvait lui arriver à elle. Elle était d’ailleurs plutôt étonnée que son propre estomac se fasse aussi discret, lui qui ne se gênait habituellement pas pour attirer l’attention.

    ~ Pardon

S’excusa-t-elle, un grand sourire sur les lèvres, réalisant qu’Elea allait finir par se vexer.

    ~ Mais ton ventre est vraiment le roi du timing…

Elle laissa s’échapper sa main à contre cœur alors qu’il partait visiblement à l’assaut du buffet.
Elle n’arrivait pas trop à savoir si Elea débloquait totalement, traumatisé par les évènements, cédant à la panique, ou s’il essayait juste, comme il pouvait, de s’autopersuader que tout allait bien. Pour sûr, cachés sous cette table, ils ne voyaient presque pas le reste de la grande salle, ils ne voyaient pas les gens paniqués, inquiets, ou en pleurs, ils ne voyaient pas les dégats matériels et humains. Ils étaient en quelque sorte dans un cocon, et sortir de ce cocon, c’était se confronter à ce qu’il y avait au-delà. Pas très tentant à vrai dire…

Et en attendant, Elea continuait de débiter des conneries. Mais quelque chose clochait. Elle l’avait vu plaisanter et être taquin, là, c’était différent. Le ton était incertain, chaque commentaire était délivré avec une certaine appréhension, comme s’il avait peur de se faire engueuler. Ca n’avait rien de naturel. Doucement, la brunette prit le saladier géant et le posa par terre. Elle attrapa ensuite le poignet du jeune homme, serrant ses doigts sur son avant bras dans une pression qui se voulait rassurante.

    ~ Hey… t’es sûr que ça va ?

Demanda-t-elle, l’air un peu soucieuse.

    ~ Et je ne parle pas physiquement

Ajouta-t-elle. Elle faillit lui proposer d’aller faire un tour, mais quelque chose lui disait qu’il se sentait mieux dans son petit cocon qu’à déambuler dehors, exposé à tout et n’importe quoi. Personne ne devait véritablement se sentir en sécurité pour le moment. Au fil des années, les étudiants de Poudlard avaient presque fini par se convaincre qu’ils étaient protégés dans l’enceinte du château. Puis étaient arrivées les agressions, et maintenant le tremblement de terre. Maintenant, Poudlard n’était plus synonyme de Sécurité pour qui que ce soit. Elle avait bien envie d’aller voir dans quel état ses cousins et ses amis pouvaient être, mais l’idée de laisser Elea tout seul dans leur cachette lui semblait inenvisageable. Après tout, il était resté à ses côtés après le fiasco Cassidy, il avait cherché à la protéger au moment de la secousse, elle lui devait bien un peu de soutien à son tour.

    ~  Tu sais quand je te parlais de sauter sur les gens dans les couloirs …  Je ne pensais pas que tu mettrais l’idée en application tout de suite et… à ce point

Le taquina-t-elle dans un sourire.
Rentrer dans son jeu, c’était probablement ce qu’il y avait de mieux à faire. Et tant pis si Meg devait sortir tout son répertoire d’humour douteux pour le détendre et faire disparaître l’inquiétude qui s’était cachée dans la voix et les répliques d’Eleazar. La lionne était très têtue quand elle s’y mettait, et elle n’était pas du genre à laisser tomber ses proches. Et Elea étant devenu un de ses proches –après deux baisers et une superposition, il avait bien gagné sa place-, un peu malgré lui, il n’échapperait sans doute pas à la règle.
Dans quelques jours, ou semaines, ils riraient probablement en repensant à cette situation : eux, campant sous les tables massives de la grande salle, grignotant pour oublier.


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Eleazar R. Jugson
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On s'en fout on n'y va pas
On n'a qu'à se cacher sous les draps




Est-ce qu’il allait bien ? Mentalement ? Il n’en savait fichtrement rien. A première vue, oui. Il n’avait pas perdu l’envie de faire des blagues stupides sur le buffet, ce qui était plutôt bon signe –sauf pour Megara qui devait les subir-. Mais il n’avait pas non plus perdu l’envie de coller une avoine à Rubens et ce malgré ce qui venait de se passer. Il venait de comprendre que toute chance de réconciliation avec son ex-ami s’était envolée, et ça le mettait en colère plus que ça l’attristait. Est-ce qu’il allait bien ? Ses proches avaient l’air d’aller bien, du moins ceux qu’il avait pu voir. Il n’avait vu qu’un bout de poussin passer, mais ça signifiait au moins que Jake était sur ses deux pieds –ou sur un seul, en mode flamand rose-. Et lui, il venait de passer la fin du monde version Poudlard en compagnie d’une inconnue qui lui demandait si, en dépit de ses non-blessures, il allait bien.

Il baissa le regard vers la main qui encerclait son poignet. Sa présence était réconfortante. Il avait un peu envie de la prendre dans ses bras et d’attendre que tout se calme, mais Meg n’était ni sa copine, ni même une proche amie, alors il se contenta de lui sourire et de poser son autre main sur celle qui tenait son poignet.

« Je crois que ça va, ouais. »

Il n’avait pas pesté lorsqu’elle lui avait ôté la coupelle des mains, mais il avait malgré tout bien envie de reprendre un biscuit. Est-ce que c’était SI bizarre d’avoir faim en cet instant ? Sans doute un peu, mais on ne contrôle pas son estomac. Est-ce que ça faisait de lui un mec insensible –ceci dit, ça  ne ferait peut-être pas de mal à son image de mec trop sensible- ou quelqu’un qui n’allait pas bien ? Il fallait bien admettre que les normes sociales, ça n’avait jamais été son fort.

« Mis à part que j’ai faim et que j’ai encore envie de baffer ton ex-copain, mais que je suis quand même soulagé qu’il aille bien, je crois que ça va ! »

Il hocha la tête en guise de conclusion pour appuyer ses propos qui pouvaient sembler un peu décousus, et qui l’étaient sans doute dans son esprit. Et puisqu’il avait faim, il se décida à se pencher et récupérer une petite poignée de biscuits apéros dans la coupelle que Meg lui avait confisquée. L’un de ses poignets était toujours captif de la main de Megara et il ne s’en plaignait pas. Son contact l’apaisait. Mais l’une de ses mains était à présent remplie de petits salés, et il lui fallait la deuxième pour les porter à sa bouche. C’est pourquoi il se détacha de cette étreinte, en souriant à Meg pour la remercier pour sa patience.

Pari gagné pour la jolie brune, elle parvint à le faire rire en se moquant de son acte pseudo-héroïque. Certes, pour séduire les filles, il n’était pas encore au point. VRAIMENT pas au point. Et son estomac non plus, soit dit en passant. Mais pour les sauver d’un non-danger, il n’était pas le dernier et c’était déjà pas mal.

« J’suis comme ça, j’apprends vite… et mal !  Tu vas avoir du boulot avec moi, tu es prévenue. »

Meg ne savait peut-être pas encore qu’elle s’attaquait à un gros morceau si elle voulait apprendre à Elea à agir en mec séduisant, et potentiellement à séduire –quoi qu’elle ne devait pas totalement ignorer que c’était un boulet de ce point de vue- . Mais lui, finalement ça l’amusait un peu, autant que ça l’effrayait en tout cas. Il n’était pas encore persuadé que cette petite mascarade allait porter ses fruits, mais il était prêt à suivre Megara et ses leçons, si toutefois leur petit jeu se poursuivait. Après tout, il n’avait pas grand-chose à perdre. Niveau honneur et réputation, il flirtait avec les basfonds de la dignité.

« Et toi, mentalement, ça va ? »

Il venait de se rendre compte qu’il ne lui avait même pas retourné la question. Il restait définitivement du travail à faire niveau sociabilité pour être au top. Mais on allait mettre ça sur le compte du tremblement de terre, c’était un bon prétexte. Non mais qu’il soit vraiment traumatisé, pour l’instant, il peinait sans doute à réaliser les conséquences de cet évènement. Les jours suivants, son monde s’effondrerait peut-être à nouveau lorsqu’il se rendrait compte que Poudlard n’était pas le havre de paix qu’il s’imaginait. Mais pour l’instant, il voulait encore croire que ce monde magique pouvait tout arranger.

Une chose était sûre, si d’autres tremblements de terre ne venaient pas se mêler à la soirée, la fête était bel et bien finie. Rester planqués sous la table n’était pas une solution à long terme, mieux valait-il encore s’en aller et tirer un trait sur la fête. Les gens s’affolaient encore dehors, mais il savait bien qu’il ne serait d’aucune utilité dans cette agitation. Premièrement, parce qu’il détestait l’agitation, deuxièmement parce qu’il n’était pas médicomage, et qu’à moins qu’un hippogriffe soit blessé –ce dont il doutait-, il ne pouvait pas faire grand-chose à la situation.

« Faudrait peut-être qu’on s’en aille… Tu as des gens à voir ? Tu veux vérifier que tout le monde va bien ? »

Il était un peu hésitant, pas trop sûr de lui et sa voix le trahissait. Il n’avait aucune envie de se mêler à la foule, mais c’était un passage probablement obligé. Une petite voix lui proposait de suggérer à Meg de l’attendre sous la table pendant qu’elle faisait la tournée des gens qui finalement-vont-bien-du-moins-on-l’espère, mais ça n’était probablement pas la bonne chose à faire.

« Tu veux pas qu’on remonte chez nous ? »

Dommage qu’on ne puisse pas transplaner dans l’enceinte de l’école. En cet instant il avait bien envie de se retrouver dans sa maison, la salle commune des Gryffondor, si compter qu’elle soit encore debout. Il était difficile d’ici –de sous la table, donc- d’évaluer les dégâts qu’avait causé ce tremblement de terre dont ils ignoraient encore les origines. Avait-il simplement affecté les sous-sols ou bien toute l’école se retrouvait-elle à présent sans dessus-dessous ?
Il restait bien à Elea un jocker « on se tire de la soirée quand je l’ai décidé » mais il était un peu tard pour l’utiliser. Si Megara souhaitait rester, il resterait avec elle à moins qu’elle ne lui demande expressément de ne pas le faire. Il avait bien conscience qu’elle était restée avec lui sous la table quand il avait… faim, et il ne voulait pas l’abandonner maintenant. Après tout, il se sentait lié à elle, même s’ils se connaissaient mal. Les drames, ça noue des liens.

Et puis il repensa à Rubens, qu’il avait réussi à oublier pour … 5 minutes environ. Ce mufle allait le massacrer dans son sommeil s’il rentrait au dortoir. Il se réveillerait en pièces détachées, ou avec une tête de cochon ou des palmes à la place des mains. Dans le meilleur des cas, Rubens le réveillerait avant de l’étriper, et cette idée n’était pas beaucoup plus plaisante que la précédente.

« Dis.. tu crois que je pourrais dormir dans ton dortoir pour cette nuit ? »

Il avait la tête du mec qui savait qu’il allait se prendre une claque lorsqu’il lui posa la question, mais sitôt les mots sortis de ses lèvres, il se mit à rire tout seul. Soit Meg allait effectivement lui en coller une, soit elle allait se dire que niveau séduction, tout était vraiment à reprendre. Et c’est vrai que de prime abord, ça semblait un peu direct comme approche. Mais ça n’était pas une tentative de quoi que ce soit sinon de sauver sa peau. Conscient qu’il lui devait quand même quelques explications, il poursuivit

« Je suis dans le même dortoir que Rubens et… j’ai pas du tout envie de le croiser. Je me mettrai dans un coin, promis ! Si tu veux pas, je comprendrai, je trouverai autre chose, mais euh je.. j’ai un peu peur de le voir. »

Quitte à abandonner toute dignité, autant y aller franchement. Elea avait déjà éliminé l’idée de pioncer dans la salle commune, dans laquelle Rubens passerait forcément tôt ou tard pour rejoindre le dortoir. Il restait une dernière possibilité, celle de passer la nuit dans l’abri des hippogriffes, les nuits n’étant pas encore trop froides en cette période de l’année. Mais bizarrement, l’idée ne le séduisait pas trop. Sans compter qu’il n’était pas certain que les gros oiseaux l’acceptent pour la nuit.


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