Ophélia se presse hors de la Grande Salle. Le petit déjeuner est toujours un moment de stress intense pour elle, surtout à l'heure où les hiboux arrivent dans la Salle avec leurs tornades de plumes, leurs arrivés brusques ou en douceur sur les tables, leurs plongeons en piqués, leurs vrilles quand ils ont envie qu'on les remarque. Ophélia a toujours peur qu'Althéa lui apporte des nouvelles... Mauvaises. Difficiles à lire. Tout le temps elle sent le regard des autres élèves sur elle. Le plus souvent plein d'admiration. Elle n'en peut plus, de cette admiration. A la longue, ça abat trop de pression sur ses frêles épaules d'Attrapeuse.
Ce n'est pas de sa faute si elle est douée.
Elle a beaucoup travaillé pour ça. Toujours énormément travaillé. Elle passe son temps à étudier, et quand elle n'a plus rien à étudier, Ophélia se contente de s'envoler. Toujours plus haut, toujours plus vite, elle attrape toutes les balles de ping-pong que Brennan lui lance pour qu'elle s'entraîne en solo dans le terrain de Quidditch.
Elle se souvient encore de la pression énorme qu'elle avait ressentie quand la capitaine des Harpies de Holyhead avait assisté à un entrainement de l'équipe des Serdaigle, puis ensuite au match qui opposait Serdaigle à Gryffondor. Gagné grâce à une acrobatie aérienne d'Ophélia.
Elle sourit en y repensant, repousse son bol de porridge à moitié entamé et empoigne son sac en un geste bizarrement brusque. Le nouveau numéro de la Gazette du Sorcier à la main et un message de Brennan coincé entre ses doigts, elle se presse vers la tour des Serdaigle. Ce matin, c'est le weekend, elle compte aller faire voler son Eclair de Feu au terrain de Quidditch, déserté pour une fois par les équipes. Ophélia veut éviter la foule des élèves, elle déteste être prise dans les foules sans être agoraphobe pour autant alors elle se presse, et court dans les couloirs sous les regards ahuris de deux première année qui la suivent du regard pendant sa course. Qui pourrait bien se presser alors que c'est le weekend, et que pendant le weekend, on flemmarde si on est normalement constitué ? Ophélia continue sa route vers la Salle Commune avec un léger sourire moqueur sur les lèvres, répond facilement à l'énigme de l'aigle une fois devant la porte. Pour une fois elle était inspirée. En même temps, elle vit dans le château depuis huit ans et commence à être franchement habituée à faire fonctionner ses méninges pour aller se reposer dans la salle.
C'est de loin sa pièce favorite de tout Poudlard. Jamais elle ne se lassera de la vue panoramique des montagnes, du sentiment de paix qu'elle ressent au centre de cette pièce circulaire et de ses murs percés de fenêtres sur toute leur surface. Ophélia se rend dans son dortoir, jette son sac sur son lit à baldaquin. Pas le temps de ne rien faire pour une fois, il faut qu'elle redescende dans la Salle Commune, Brennan l'attend.
Parler stratégie ? Rien qu'un prétexte pour passer un moment avec son ami. Elle fourre le message dans une pochette à rabat où elle range toutes ses lettres, attache ses cheveux en queue-de-cheval avec un chouchou assorti à ses yeux verts et dévale l'escalier du dortoir des filles pour arriver dans la Salle Commune. En bas, Ophélia repère immédiatement la silhouette de Brennan, installé sur un canapé face aux montagnes et elle s'assoit près de lui sans se préoccuper des autres.
- Salut...
Elle lui sourit, ne trouvant rien de mieux à dire pour le moment. Et songe qu'elle a l'air idiote à rester comme ça devant lui, les yeux brillants, attendant simplement qu'il réagisse...