Sujet: Suddenly the world seems such a perfect place Mer 2 Juil - 17:53
Leonette❧ Suddenly the world seems such a perfect place
La femme à la chevelure rousse marchait, ses pieds nus s'enfonçaient dans le sable et elle se laissait gaiement déséquilibrer par des rafales de vent qui la prenaient par surprise, ses pas étaient gauches et ses cheveux lui fouettaient le visage, bonne joueuse plus d'une fois elle tomba dans le sable cessant alors de lutter contre les éléments. Lentement, d'une démarche chaloupée elle prit le chemin de la maison où Il l'attendait. Lui celui qui occupait chacune de ses pensées depuis des mois et aujourd'hui plus que jamais elle avait besoin de le savoir à ses côtés. A pas feutrés elle pénétra dans la bâtisse et se dirigea vers la salle de bain. Ses longs doigts défirent les attaches de sa robe qui chût silencieusement sur le sol, bientôt rejoint par ses sous-vêtements. L'eau d'abord glaciale se réchauffa rapidement provocant chez elle de légers frissons. Leopold et elle avaient choisi de s'éloigner le temps d'un été de l'école de sorcellerie et de l'ambiance moribonde qui y régnait depuis quelques mois, ils avaient donc trouvé refuge en France au Touquet, dans une maison prêtée par une amie qu'Annette avait rencontrée alors qu'elles faisaient toutes deux parti de la résistance. La maison située entre les dunes était de petite taille et ravissait ses occupants, ils profitaient des jours qui leur étaient accordés en tête à tête pour apprendre à se connaître un peu plus et pour passer leurs journées à se balader main dans la main ou encore simplement entrelacer à refaire le monde.
Son cœur s’accéléra alors qu'elle portait une main à son ventre, bien sûr rien ne se verrait avant de nombreux mois mais elle avait pourtant l'impression que son corps avait commencé à changer. Rien n'avait été prévu, sa relation avec son bel anglais était encore fraîche et la nouvelle qui était tombée deux jours plus tôt l'avait tout autant ébranlé qu'elle ne manquerait pas de choquer son compagnon. Si elle appréhendait sa réaction elle n'était pas moins emplie de joie à l'idée de porter l'enfant l'enfant de Leopold Primrose, elle l'aimait comme elle n'avait jamais aimé et si elle était consciente que ce bébé risquait de mettre en péril son couple elle n'en était pas moins décidé à le garder. Avoir un enfant était son vœu le plus cher et rien ne la ferait y renoncer à présent que la chose se concrétisait enfin. Elle ne savait pas ce qu'elle ferait s'il décidait de rompre toute relation avec elle une fois qu'elle lui aurait annoncé la nouvelle et elle ne voulait y penser, cela lui ressemblerait si peu. Elle s'était accordé ce petit répit avant de lui annoncer afin de prendre le temps d'y penser et surtout d'assimiler la chose, elle savait qu'à présent elle ne pourrait plus remettre cela au lendemain et qu'il était temps de lui annoncer qu'elle attendait son enfant.
Elle enfila une robe rouge puis ouvrit doucement la porte qui donnait sur la terrasse arrière, à pas de loup elle s’avança vers le fauteuil qui lui tournait le dos, offrant une vue magnifique sur le paysage environnant. Incapable de résister elle plaça ses mains devant les yeux de l'homme qui y était assis et d'une voix sensuelle s'adressa à lui.
- Devine qui c'est !
Elle lui arracha un baiser avant de s'asseoir sur ses genoux passant ses bras autour de son cou plus amoureuse que jamais.
- J'aime être ici, la mer, le sable, la France, et si nous déménagions? Je pourrais apprendre le français et ouvrir un bar, et toi tu pourrais enseigner à Beauxbatons !
Au fond d'elle-même elle savait que leur vie était en Angleterre mais jamais auparavant elle n'avait tant ressenti le besoin de ces terres où elle avait pourtant passé la majeure partie de sa vie, les morts, la peur, la tristesse qui semblait s'être abattu sur l'ensemble de leur communauté empirait un peu plus chaque jour et être obligé de vivre ainsi la minait au plus haut point.
- J'espère que tu ne m'en veux pas d'être venue nous perdre au fin fond de ce joli pays mais j'avais besoin de t'avoir pour moi seule, que nous puissions savourer un moment agréable sans qu'il soit gâché par quelque tragique événement et puis parler aussi d'avenir à un certain point...
Elle laissa sa phrase en suspend, incapable de décider comment formuler ce qu'elle avait sur le cœur.
Sujet: Re: Suddenly the world seems such a perfect place Ven 4 Juil - 15:59
Leonette❧ Suddenly the world seems such a perfect place
Rien dans ce paysage ne laissait présager qu'au-delà de ces terres, de bien sombre évènement détruisaient petit à petit la vie des sorciers. Cette impression fragile que le temps s'était pourtant arrêtée ici et qu'à cet instant ils étaient intouchables ne pouvait être prise au sérieux, là ou ailleurs, ils étaient autant en danger et fuir leur réalité ne suffiraient pas à la faire taire. Leopold aimait cependantt croire qu'un répit leur était accordé et qu'il était devenu indispensable pour leur bien qu'ils s'accordent ces vacances en faisant fit du gout amer que leur laissaient les motivations principales qui les avait poussé à quitter temporairement leur belle Angleterre. Contemplant l'immensité de la mer qui se dressait sous ses yeux, le professeur ne pouvait s'empêcher de songer au passé et au futur, lui qui avait toujours eu pour mot d'ordre de ne s'enquérir que du présent, et à cette heure, qu'il se retourne ou qu'il ne fixe le large devant lui, il ne discernait rien dans les ténèbres. Une défaite pour le grand optimiste qu'il était censé être, il avait laissé tomber le masque de l'insouciance pour pouvoir faire face à la vérité : les sorciers répétaient les erreurs passées et plus rien n'était devenu plus provisoire à ce jour que la paix dans leur monde.
Dans ses mains, un livre qu'on lui avait chaudement recommandé et qu'il avait cru bon d'entamer afin de se changer les idées. Cependant, cela faisait un joli quart d'heure qu'il s'était acheminé à relire la même page sans pouvoir se concentrer sur une pauvre phrase et il avait fini par laisser le bouquin ouvert sur ses genoux pour relever la tête vers la plage. Indifférent au vent qui balayait parfois son visage et mettait, si cela était possible, encore plus de désordre dans ses cheveux en bataille, il poussa un soupir silencieux en s'enfonçant légèrement dans son fauteuil, plongeant une main dans sa chevelure épaisse avant que ses doigts ne glissent sur son menton. Sa dernière désinvolture avait pris la forme de cette très courte barbe, il n'avait pas encore décidé si cela sauvait les apparences et cachait sa mine définitivement fatiguée ou renforçait au contraire l'impression qu'en très peu de temps il avait perdu de cette jeunesse qu'on lui avait autrefois enviée régulièrement, elle était, en tous les cas, quelque part témoins d'un certain changement.
Voilà quelques jours maintenant qu'ils s'étaient installés ici, Annette et lui, dans cette volonté de s'échapper d'un quotidien devenu terrifiant et sur lequel ils n'avaient plus aucune prise. À ses côtés il se sentait aussi invincible que vulnérable, aussi tachait-il de profiter de tous les instants qui leur étaient donnés de vivre avec cette crainte qu'il tachait de faire taire que cela fasse peut-être partie des ultimes moments de bonheur qu'on pourrait leur octroyer. Annette avait pourtant toujours ce don d'apaiser ces angoisses naissantes et ils tentaient de faire en sorte que ces journées passé ensemble ne soit couvertes d'aucuns nuages. Malgré les malheurs, les pertes et ce monde qui s'en allait définitivement vers une mauvaise pente, il n'y avait aucun mot assez fort pour décrire le bonheur que représentait se réveiller jour après jour auprès d'elle.
Des doigts fins recouvrirent alors ses yeux, le sortant de ses songes et le faisant se redresser instinctivement. Le livre posé sur ses genoux manqua alors de peu de tomber au sol mais un réflexe salvateur le fit le rattraper à temps alors qu'un fin sourire orna ses lèvres quand il entendit la voix si voluptueuse de sa compagne. Il aurait volontiers voulu lui répondre par la taquinerie, mais quand ses yeux croisèrent les siens et que ses lèvres s'emparèrent des siennes, il ne résista pas à prolonger l'échange avant de glisser tendrement une main autour de sa taille alors qu'elle prenait place sur ses genoux. Par Merlin, était-ce décent d'être si chanceux ? Son pouce caressa le tissu de sa robe rouge qui la mettait si parfaitement en valeur pendant que ses yeux détaillaient le visage si féminin de la tenancière. Non définitivement, il finirait forcément par payer d'être si fortuné en amour cela devait être écrit quelque part, il ne pouvait s'empêcher d'y songer avec un petit sourire amusé et comblé.
Fronçant alors légèrement les sourcils alors qu'elle évoqua l'idée de venir s'installer ici, il répondit alors sans se défaire de son sourire.
- Je pourrais te prendre aux mots tu sais faits attention.
Resserrant son étreinte alors qu'il rejetait un coup d'œil à la mer comme pour l'aider à mieux visualiser ce que pourrait être leur vie ici, il continua d'un ton amusé avec l'accent d'un devin en pleins travail de prédiction.
- Ton délicieux accent t'assurerait une clientèle fidèle et charmée et tes cocktails deviendraient la légende de toute la côte. Quant à moi je pourrais très bien me fondre à Beauxbaton, le bleu m'est toujours bien allé au teint à ce qu'il parait. Il me semble que je pourrais me faire à tout ça.
Il pouvait très bien s'imaginer déambuler au milieu des couloirs de cette charmante école française, entouré par ces élèves aux uniformes cyans. Il serait l'atout Britannique de l'établissement et apporterait à l'enceinte une touche pittoresque qui serait sûrement la bienvenue. Leopold pouvait même s'il le voulait, visualiser à quoi ressemblerait le bar qu'Annette pourrait tenir ici et dans ses songes, il était des plus charmant. Pourtant commencer à imaginer leur vie ailleurs avait quelque chose d'assez effrayant. Quitter leur pays, leurs proches, s'en aller loin d'un monde qui avait définitivement perdu de sa magie... Il était profondément attaché à sa vie là-bas, à ce qu'il avait construit, des jours sombres attendaient chacun d'eux et leur devoir maintenant était de décider quel serait leur rôle dans cette histoire.
Annette continua, espérant qu’il ne lui en voulait pas trop de les avoir emmenés ici. Pour rien au monde, au contraire, tous deux savaient combien ce séjour leur seraient peut être salvateur. Aussi bien elle que lui avait ressentis ce besoin de prendre des distances et elle n’aurait pas pu les perdre dans plus bel endroit. Mais la suite révélait que quelque chose se cachait derrière tout cela et le mot "avenir" lui vrilla un instant le cœur. Bien sûr Leopold était de plus en plus disposé à en parler avec elle, il avait mis de côté ses aversions tenaces à l’engagement et ne se voulait être nulle part ailleurs qu’à ses côtés. Elle avait réussi là ou tant d’autre avaient échoués et il n’y avait plus à douter de ses talents de femme et de sorcière si l’on considérait l’amour comme le plus puissant des sortilèges. Cependant… On ne se défaisait pas si vite de ses vieux démons et certains mots continuaient de provoquer en lui une certaine crainte. Il trouva cependant rapidement la force de se ressaisir, et osa même plaisanter doucement.
- C'est le moment où je suis censé m'en aller en courant ?
Reprenant son sérieux sans se défaire d’une certaine légèreté pour éviter de donner un ton trop solennel à ce qui allait suivre, il embrassa l’épaule de la jeune femme avec douceur avant de relever les yeux vers elle.
- Il va falloir que tu m’expliques ce que veut dire un certain point pour toi. Quelque chose te tracasse?
Demanda t'il après un court silence, comprenant qu'ils s'engageaient très certainement dans une conversation sérieuse mais entièrement disposé à l'écouter.
Sujet: Re: Suddenly the world seems such a perfect place Lun 7 Juil - 17:47
Leonette❧ Suddenly the world seems such a perfect place
Le contact du bras de Leopold autour de sa taille ainsi que la manière qu'avait son pouce de caresser négligemment le tissu de sa robe avait quelque chose de grisant, leur baisé s’éternisa suffisamment pour rallumer chez elle un désir qui s'éteignait rarement ces temps-ci et seule la pensée de la conversation qu'ils se devait d'avoir l'empêcha de s'en prendre une fois de plus à la vertu de son compagnon. Amusé il sembla considérer la proposition de la rouquine de s'installer en France et le tableau qu'il peignait de ce que pourrait être leur vie était des plus séduisants, il restait cependant un élément qui faute d'être connu n'avait été inclus dans cette jolie équation.
- Mon terrible accent serait plus juste, en revanche il est vrai que le bleu te va à ravir et avec ta barbe qui te donne un aspect un peu rebelle tu t’intégrerais parfaitement à ces français débraillés
Avec tendresse elle passa une main sur la barbe courte qui lui mangeait à présent les joues, elle détailla chacun de ses traits, sa fatigue et le poids des soucis qui l'accablait qu'il masquait derrière des sourires étaient aisément visible à qui connaissait Leopold Primrose. Ils avaient passé de longues soirées à partager leurs points de vue et ni l'un ni l'autre n'avait pu faire preuve d'optimisme quant à la situation à venir du monde magique et pourtant... Et pourtant quand elle le regardait elle avait envie d'y croire, de se dire qu'un futur existait pour eux et qu'ils pourraient être une famille heureuse, imaginer un avenir sans lui était intolérable et plus que tout au monde elle voulait qu'ils puissent le construire ensemble. Non sans une pointe d'humour il demanda en réponse à ses propos si le moment était venu pour lui de s'enfuir en courant.
- J'aimerais mieux pas
Il embrassa finalement son épaule et se déclara prêt à écouter ce que sa compagne avait sur le cœur, elle lut dans ses yeux qu'il était sincère mais il était dur de mettre de côté ses vieilles peurs. L'anxiété la gagnait et elle se leva tentant de formuler ces paroles si dures à prononcer. Un instant durant elle s'appuya sur la balustrade de la terrasse, regardant au loin le ressac. Serait-elle demain seule à les regarder, ferait-il ses bagages pour s'éloigner de cette femme avec qui il ne voudrait plus rien avoir à faire. Non il était trop gentleman pour ça. Ses mains tremblaient à présent sur le bois patiné par les années, le vent et le sel. La tenancière tenta de se raisonner, tout cela devenait ridicule, elle se mettait elle-même au supplice, il était à présent temps de parler, résolue elle se tourna brusquement lui faisant face de nouveau.
- Il faut que je te dise quelque chose... je...
Quelle était la meilleure des manières pour annoncer à un homme effrayé par l'engagement qu'il allait avoir un enfant après seulement 6 mois de relation ? La seule solution était à présent de faire montre d'un peu de confiance en sa personne, plus de retour en arrière possible.
- Il va falloir que tu te fasses à l'idée que dans quelques mois on va t'appeler papa... Je... je suis enceinte Leopold
Elle n'avait pu s'empêcher de dire cette dernière phrase sur un ton de défi et elle le fixait le menton légèrement levé tentant de cacher à quel point elle avait peur, mais elle était prête à faire face à chacune des réactions qu'il pourrait avoir, restait à savoir ce que le futur papa en pensait.
Sujet: Re: Suddenly the world seems such a perfect place Lun 14 Juil - 1:05
Leonette❧ Suddenly the world seems such a perfect place
Qui donc avait décidé que son bonheur personnel se conjuguerait avec la fin de la paix ? Il avait pourtant fallu qu'il en soit ainsi, que son amour pour sa compagne croisse autant que le danger à l'extérieur, qu'elle atteigne son paroxysme quand on mettait plus que jamais en péril la sécurité de leur petite vie paisible. Jamais sûrement n'avait on connut aussi mauvaise synchronisation mais ils en étaient là et pour rien au monde Leopold n'aurait voulu faire marche arrière. Elle lui donnait la force de croire encore en un avenir et il semblait capable de lui rendre cette même conviction que tout n'était pas perdu.
Manifestant son mécontentement quand elle le corrigea en jugeant son accent de terrible, il fronça les sourcils en secouant légèrement la tête, ne se défaisant pas de son sourire. Ici ou ailleurs, il savait pertinemment qu'Annette ne laisseraient personne, ô grand personne indifférent. Son français imparfait ne serait qu'un nouvel atout charme et l'imaginer fredonner quelques rengaines dans la langue de Molière était un séduisant fantasme. Le regard des hommes sur la jeune femme le rendait moins jaloux que profondément orgueilleux de partager ses jours avec elle, comblé, il mesurait sa chance et combien ils avaient eu raison de se donner celle d'avancer ensemble. Par Merlin il n'avait même plus l'once d'un remords de devenir aussi niais, au diable tout cela, il était amoureux et heureux, la chose était assez rare et précieuse pour être synonyme de trésor. Il lui importait donc peut de se comporter parfois comme un véritable adolescent qui découvrait l'amour et se laissait porter jour après jour par ce sentiment si léger et délicieux comme s'il le découvrait pour la première fois. Cette histoire était le plus exquis des cocktails dont il ait pu se délecter, inespéré, à son âge, d'en gouter la saveur, aussi était-il décidé à ce que sa tenancière continue de l'abreuver de ce doux breuvage encore longtemps.
- Ces français débraillés...
Répéta-t-il d'un ton guilleret dans un rire contenu, manifestement profondément amusé par cette remarque avant qu'Annette ne passe une main sur sa joue et qu'il ne joigne ses doigts aux siens. - Définitivement, un Britannique devrait s'en mêler avant qu'il ne soit trop tard.
Conclut-il doucement oubliant presque d'opter pour le ton de la rigolade, lui préférant un autre presque sérieux comme si tout cela au final était sincèrement envisageable. Il n'eut cependant plus longtemps l'occasion de se perdre dans cette idée, la magnifique rousse semblait préoccupée et cet embarras certain occupait maintenant l'entière attention de Leopold. Diable, elle savait ménager son suspens, et ce regard perdu vers la mer ne lui présageait rien qui vaille. Pinçant brièvement ses lèvres en attendant qu'elle ne brise le silence, le cœur battant il décida de se lever et la rejoindre pour l'aider peut être à formuler ce qu'elle avait sur le cœur. À l'instant pourtant où il posait ses mains sur les accoudoirs, Annette se retourna d'un air décidé et il était bon finalement qu'il reste assit pour ce qui suivit ensuite.
Les mots prirent lentement sens dans son esprit qui avait semble-t-il un instant refuser de les assimiler. Le regard de sa compagne le dissuadait de lui demander confirmation sur ce qu'il venait de comprendre ou la questionner sur le fait qu'elle soit certain de ce qu'elle avançait : il n'y avait pas l'ombre d'un doute à avoir, il allait être père et elle venait de lui annoncer avec un arrière-gout de défi, ses yeux semblant lui demander s'il était prêt à assumer cela avec elle. Combien de temps était-il resté silencieux ? Il l'ignorait, mais le souffle sembla lui manquer rapidement alors qu'il portait sa main à son cou et qu'il était pris de sueur froide. Annette était enceinte, elle attendait un enfant de lui. Ils allaient être... Juste ciel.
Dans un mouvement de panique Leopold se redressa en plongeant sa main dans ses cheveux. Après la paralysie, l'agitation. Il dut fermer les yeux et souffler pour reprendre le cours de ses pensées, retrouver contenance et dignité, mais il semblait bien loin son habituel flegme Britanique en pareil situation de crise. Il fallait pourtant qu'il encaisse cette nouvelle mais elle semblait lui avoir retiré toute forme de raison et retrouver le calme lui paraissait la plus compliquée des missions après celle d'assumer le rôle qu'on venait de lui attribuer. Ce rôle qu'il ne s'était jamais senti d'endossé. Il ne mesurait pas encore ce que tout cela signifiait, mais c'était un fait, il allait être père. D'ici neuf mois entre les bras de celle qu'il aimait, leur enfant se reposerait. Leur enfant. Son cœur s'affola un peu plus alors que l'agitation le regagnait, c'était impossible, pas dans cette époque, pas au milieu de ce marasme, il n'était pas prêt. - Depuis combien de temps ?
Articula-t-il avec difficulté, sa poitrine continuant de se soulever à un rythme irrégulier. Il releva enfin ses yeux vers elle et son regard ne devait tromper personne, il était profondément inquiet, soucieux de ce qui allait advenir d'eux et de la vie qui était maintenant dans le ventre de la jeune femme. Ses yeux se baissèrent instinctivement vers ce ventre, un réflexe idiot qui lui avait échappé, comme si ce simple coup d'œil l'aiderait à réaliser ce que tout cela signifiait et à accepter sa nouvelle condition de futur père. Définitivement, il en était pour le moment incapable sans sentir l'angoisse l'assaillir. Être trois, il n'avait pas encore voulu y songer mais voilà que sa vie venait soudainement de prendre un tournant inattendu et il allait devoir s'y adapter et s'y préparer car il était cette fois hors de question de fuir.
- Nous sommes les pires des inconscients, tu le sais ça ?
Avoir un enfant n'avait jamais fait partie de ses plans, Leopold était loin d'avoir pu ne serait-ce qu'imaginer le scénario qu'il était en train de vivre. Tout ce dont il était certain c'est qu'il ne voulait pas la perdre, pour rien au monde, par Merlin il ne pouvait supporter cette idée. Passant une main sur le bas de son visage avant de la plonger dans sa poche, il baissa un court instant les yeux au sol avant de franchir les quelques mètres qui le séparait de la femme qu'il aimait pour la serrer dans ses bras. Les mots lui manquaient, pour l'une des premières fois de sa vie sûrement aucun ne lui venait pour décrire l'émotion qui le portait. Il resserra alors son étreinte, silencieux et plongea son visage dans le cou de sa partenaire. Tout cela lui paraissait encore bien trop surréaliste et pourtant, il était heureux, indiscutablement heureux, et tout autant terrifié.
Sujet: Re: Suddenly the world seems such a perfect place Sam 19 Juil - 23:37
Leonette❧ Suddenly the world seems such a perfect place
Leopold donnait l'impression d'avoir reçu un seau d'eau glacée sur la tête. Si dans un premier temps il avait gardé longuement le silence, il semblait à présent en proie à une agitation sans pareil, passant tour à tour sa main sur son cou, son visage et ses cheveux comme s'il luttait contre quelque bête visible uniquement par lui. Finalement les mots réussirent à franchir ses lèvres alors qu'il lui demandait d'un ton lugubre depuis combien de temps était enceinte, à moins que ce fût depuis combien de temps elle était au courant, décidée à lui donner toutes les clés pour retrouver un semblant de sérénité la rouquine lui répondit calmement, essayant de croiser ses yeux faisaient tout pour éviter les siens.
- Les nuits que nous partageons s'étant multipliées je n'ai aucune certitude mais je pense que c'est récent, je m'en suis rendu compte avant-hier
Son regard se posa enfin sur elle, plus précisément sur son ventre, essayait-il de par sa question de savoir s'il leur était toujours possible de «faire marche arrière»? Non l'idée était trop effroyable pour être réellement envisagée, victime de ses vieux démons Annette refluait à grande peine la paranoïa qui tentait de prendre possession de son être.
« Nous sommes les pires des inconscients, tu le sais ça ?» La phrase la glaça jusqu'aux os, reflet de toutes ses peurs, de ses pires craintes qui étaient à présent formulées par celui qui partageait son lit et avait toute prise sur ses sentiments depuis des mois. Incapable de formuler un mot et insensible à ses bras qui se refermaient autour d'elle elle le repoussa avec rudesse
- Ne te sens pas obligé de quoi que ce soit, on est adultes, libre à toi de partir
Puis se radoucissant un peu elle lui saisit les mains, elle se savait injuste, égoïste même d'espérer de lui la meilleure des réactions alors qu'elle-même était incapable de vaincre ses propres terreurs.
- Ce n'est pas un piège Leo, je suis sincère en te disant que si tu... si tu si tu décidais qu'aujourd'hui devrait être la fin de notre aventure je comprendrais, je t'aime mais je ne veux pas que tu restes par obligation
Être celle qui le faisait souffrir était l'une des choses les plus cruelles qu'elle ait eu à supporter mais elle ne voulait pas qu'en grandissant l'enfant ait jamais à douter l'amour que lui portaient ses parents comme elle avait pu elle-même douter lors de son adolescence, être élevé par un homme qui n'aurait de père que le nom n'était pas une situation envisageable à ses yeux.
- Je savais dès le départ quels étaient tes sentiments sur ce sujet mais c'est arrivé malgré nos précautions et je me dois d'assumer, toi tu peux... tu peux encore tout arrêter
Sa voix était saccadée, chaque mot avait donné l'impression de lui écorcher la bouche et rien n'aurait su à présent arrêter les larmes qui roulaient sur ses joues, elle avait eu toutes les peines du monde à prononcer ces paroles qu'elle avait préparées quelques heures auparavant. Elle n'avait qu'une envie, celle de se blottir dans ses bras et de lui arracher à force de baisers la promesse qu'il resterait toujours à ses côtés mais ils étaient tous deux adultes et devaient à présent prendre pleine conscience de leurs actes.
Elle le fixa comme pour imprimer ce visage qu'elle aurait pourtant pu dessiner si elle avait eu quelque talent dans ce domaine tant elle le connaissait par cœur. Le tracé de sa mâchoire, l'intensité de son regard, ses lèvres sur lesquelles elle avait tant et tant pressé les siennes, sa carrure rassurante et ses mains qui semblaient maîtresses de son propre corps tant en une caresse elle arrivaient à la rendre folle. Tout ceci était bien trop précieux et elle n'avait jamais pleinement prit conscience de la chance qui était sienne tant être avec lui semblait être la chose la plus naturelle au monde.
La question de la sagesse de construire une relation par les temps qui courraient s'était déjà posée alors qu'ils commençaient à se fréquenter, tous deux l'avaient balayée laissant libre cours à leur passion, chose qu'ils ne pourraient pas se permettre de faire avec un bambin à charge, mais le mangemort qui réussirait à détourner Annette Rosmerta de ses envies de fonder une famille n'était pas encore né et quoi qu'il lui en coûte personne ne serait jamais en mesure de faire du mal à l'enfant qu'elle portait en son sein.
Sujet: Re: Suddenly the world seems such a perfect place Lun 28 Juil - 14:20
Leonette❧ Suddenly the world seems such a perfect place
L'étreinte fut courte, trop courte, et déjà Annette le rejetait sans qu'il ne réagisse. Ses yeux fatigués se contentèrent d'exploré le regard tout aussi perdu de sa partenaire alors qu'il n'osait presque plus bouger, retenant son souffle. Qu'avait-elle espéré ? Comment avait-elle imaginé qu'il réagirait ? Quels avaient été les songes d'Annette à l'idée qu'elle allait devoir lui annoncer pareil nouvelle en sachant pertinemment qu'elle était loin, très loin d'être quelque chose qu'il avait souhaité ? Leopold cherchait dans les prunelles voilées de la jolie rousse un début de réponse et quand, implacable, elle lui soumit l'idée qu'il pouvait partir, il comprit rapidement qu'elle avait déjà envisagé le pire. Un court instant il ferma les yeux comme dans l'espoir de dissiper les ténèbres, de faire le point sur tout ce qu'il venait d'entendre et de faire taire la douleur particulière qu'avait animée cette proposition de fuite. Le monde, son petit monde, continuait de s'écrouler.
Sentant les doigts de la jeune femme se poser contre ses mains, il ouvrit légèrement sa paume pour qu'elle puisse les glisser contre les siens et relevât son visage sans réussir à lui murmurer le moindre mot. Et il la voyait se battre contre elle-même, prononcer avec difficulté ces phrases qu'elle avait dû répéter depuis avant-hier et dont elle avait cherché à se persuader, surement. Il ne doutait pas de sa sincérité, elle avait toujours entendu ses doutes et respecté ses choix, prête à sacrifier bien plus qu'il ne fallait pour lui... Cela avait été bien lâche de sa part de fermer les yeux sur cette vérité. Aujourd'hui, c'était à lui de faire un choix pour elle, elle qui avait émis l'éventualité d'arrêter cette aventure dés maintenant. Une idée aussi inconcevable qu'elle ne le faisait souffrir, il ne pouvait qu'en mesurer la cruauté à cet instant. Cela ne pouvait tout simplement pas être.
Une larme roula, une seconde, et bientôt ce tableau-là lui fut insupportable. Portant ses mains à ses joues et effaçant toutes traces de ce chagrin, Leopold n'osa pas dans un premier temps parcourir les quelques centimètres qui le séparaient de ces lèvres qu'il chérissait tant. Cet instant paraissait si fragile, de ces moments ou tout pouvait se jouer sur un mot, un geste, une caresse. Il aimait cette femme, il l'aimait tant, elle lui faisait perdre la tête, toute notion de raison. Elle était l'entière maitresse de ses sentiments, de ses émotions, la peur n'aurait raison de cette chose aussi forte. Jamais, ô grand jamais Leopold n'avait souhaité être celui qui faisait couler ses larmes, et pourtant... Sûrement était il fautif depuis le début en s'étant engagé tout en sachant que leurs attentes n'étaient pas les mêmes, qu'un jour, tout pourrait basculer. Ce jour avait sonné et il était dorénavant question d'assumer ce choix.
- Annette, je t'en prie...
Murmura-t-il en réaffirmant doucement sa prise, caressant le visage rond de sa compagne sans plus supporter ce regard empreint de tristesse qu'elle lui jetait.
- Tu veux la vérité ? Je suis terrifié, c'est vrai. Porter notre enfant par les temps qui courent ? Je crois que nous choisissons toujours les pires des moments tous les deux.
Continua-t-il en tentant de sourire comme dans l'espoir de ramener un semblant de légèreté à cette conversation si difficile à tenir, de la rassurer quant à ses intentions, qu'elle cesse d'entrevoir le pire. Chaque mot pourtant lui coutait, son cœur continuait de s'emballer au fur et à mesure qu'il prenait conscience de toutes les difficultés à venir. Les pires des inconscients oui... Ils méritaient tout deux ce titre.
- Mais je ne partirais pas Annette, il en est hors de question. Ce n'est pas par obligation, ce n'est pas par devoir, je le souhaite, c'est aussi simple que ça. Je t'aime. Ma vie est avec toi et avec elle ou lui, je... Non de Merlin je vais être père.
Souffla-t-il comme s'il venait seulement pleinement de s'en rendre compte, yeux ronds et mine dépassée. Des images floues se dessinèrent alors, de ces tableaux qu'allait être leur vie maintenant, leur vie demain, mais il ne pouvait longtemps bannir de ces visions qui lui paraissaient encore si étrange la vérité qui voulait que porter l'enfant d'un né moldu en son sein était sûrement l'un des plus grands dangers auquel pouvait s'exposer Annette aujourd'hui. Il avait pensé à Ramona, son amie si précieuse, cette femme qui avait perdu la vie après avoir donné la naissance à son filleul et il ne pouvait souffrir que l'histoire se répète, que cet enfant qui allait naitre perde ses parents au cours d'une guerre éminente. Qu'il pouvait la perdre, elle.
- Restons ici.
Les mots lui avait échappé, comme la conclusion qu'il ne pouvait en être autrement. Il savait Annette prête à se battre, il savait combien elle défendrait chèrement leur statut, leur place et dans d'autres circonstances il l'aurait suivit mais pas aujourd'hui, pas maintenant qu'il savait qu'elle attendait un enfant, leur enfant. Un nouvel élan de panique le saisit brièvement alors qu'il avortait le geste de replonger sa main dans ses cheveux, respirant avec une légère difficulté. Quelques minutes et quelques paroles avait suffit à déranger le cours tranquille de sa vie, à remettre tout en question aussi, son seul devoir maintenant était de prendre les bonnes décisions pour elle, lui, et ce nouvel être qui était maintenant entre eux.
Sujet: Re: Suddenly the world seems such a perfect place Mar 29 Juil - 22:26
Leonette❧ Suddenly the world seems such a perfect place
Les paumes de Leopold contre ses joues semblaient brûlantes, effaçant avec délicatesse les sillons salés qu'avaient dessinés ses larmes, lui aussi semblait perdu, désemparé, comment ne pas l'être en de telles circonstances. Et pourtant il tentait malgré tout de lui redonner le sourire avec une boutade concernant le fait qu'ils choisissaient toujours des moments critiques pour faire avancer leur relation qui avait elle commencé après des années d'amitié platonique. Annette l'avait longtemps vu comme un ami précieux avec qui il était plaisant d'échanger de longues discussions à la fin de son service, elle aurait été bien incapable à présent de dire quelle était la raison qui avait fait basculer ses sentiments mais ils s'étaient lancés sans prendre en compte les risques grandissant de la situation du monde magique faisant de l'autre le centre de leur univers et se rendant ainsi des plus vulnérables si la guerre éclatait. Une esquisse de sourire apparu sur le visage de la rousse mais le cœur n'y était pas vraiment, elle attendait le cœur battant de savoir quelle serait la réponse à l'échappée qu'elle lui avait offerte. Le temps semblait suspendu en cet instant, seuls compteraient les mots qui sortiraient de sa bouche, maîtres cruels de son avenir, l'espace d'un instant Annette se sentit agacée par celle qu'elle devenait, incapable à présent de concevoir sa vie sans un homme à ses côtés, mais ses pensées furent bien vite dissipées quand elle plongea ses yeux dans les siens lui rappelant violemment qu'il valait mille fois qu'elle s'oublie pour lui.
Et soudain le monde éclata. « Je ne partirai pas », ses paroles raisonnaient dans son esprit et c'est cette fois-ci un franc sourire qui apparu sur ses lèvres quand invoquant le nom de Merlin il sembla prendre pleine conscience du statut qui serait le sien dans un peu moins de neuf mois. L'écoutant à peine alors qu'il évoquait cette fois plus sérieusement la possibilité de rester ici elle le fit taire d'un baiser voulant savourer son bonheur et n'arrivant toujours pas à en croire sa chance, persuadée que rien ne justifiait une telle fortune. Elle posa finalement sa tête au creux de son cou, profitant de cette nouvelle étreinte pour mettre de l'ordre dans ses idées car quoi qu'en dise son beau professeur, l'avenir s'annonçait plus radieux que prévu.
- J'ai peur aussi tu sais? Je ne sais rien des tâches qui nous incomberont, de la manière d'élever un enfant ni même comment préparer un biberon, ce que je sais c'est que tout ça je veux l'apprendre avec toi, je veux faire des erreurs avec toi et je veux le voir grandir avec toi
Elle avait murmuré ces mots sans même relever la tête, ayant l'impression de ne jamais s'être sentie plus vulnérable qu'en cet instant, elle avait l'impression qu'elle pourrait tout aussi bien fondre une nouvelle fois en larmes qu'éclater de rire, tout ses repères s'effondraient et cette carapace de femme forte qu'elle s'était forgée au fil des années semblait se fissurer. La proposition de Leopold revint alors à son esprit, ce qui n'avait à la basé été qu'une plaisanterie de sa part de dessinait peu à peu comme quelque chose d'envisageable et pourtant elle était un peu amère en songeant que s'ils prenaient cette décision jamais elle n'aurait la joie de voir son enfant faire ses premiers pas aux Trois Balais comme elle-même avait pu le faire. Elle se sentait un peu sotte d'être autant attaché à quatre murs et un toit, une auberge elle pourrait en recréer une n'importe où mais cet établissement c'était l’œuvre de toute une vie, celle de sa mère et elle y était profondément attachée, restait aussi leurs amis, Alec, Howard, Becky... Peut-être était-il néanmoins temps d'aller de l'avant, leur vie allait bientôt prendre une toute autre tournure et ils avaient passé l'âge de prendre des décisions en fonctions de leurs amis qui elle en était sûre, comprendraient leur choix s'ils décidaient de déménager en France.
- Étais-tu sérieux en disant que nous devrions rester ici? Ça pourrait en effet être une option mais je ne sais pas si nous serions vraiment plus en sécurité, Leo... ta vie va suffisamment être chamboulée par l'arrivée d'un enfant, es-tu vraiment prêt à abandonner en plus tout tes repères?
Après tout ce serait jouable, s'ils prenaient une décision rapide peut-être même seraient-ils à même de déménager avant la prochaine rentrée scolaire de manière à ce que Leopold puisse intégrer Beauxbatons et qu'elle puisse se trouver un pub, encore qu'elle songea avec un petit sourire que dans quelques mois elle ne serait plus vraiment à même de travailler aussi efficacement mais avec la vente des Trois Balais elle devrait récupérer suffisamment de galions pour qu'ils puissent vivre confortablement tous les trois et à cette pensée elle su que son choix était fait, si Leo était prêt à franchir le pas la France ce serait! Légèrement vacillante elle le tira doucement par la main pour qu'ils aillent s'asseoir sur le perron pour regarder les vagues au loin, en cet instant le monde semblait juste parfait.
Sujet: Re: Suddenly the world seems such a perfect place Jeu 14 Aoû - 13:03
Leonette❧ Suddenly the world seems such a perfect place
Venait-il vraiment de prononcer ces mots ? Visiblement il en était le premier surpris, comme si un autre le temps de quelques secondes avait pris possession de lui pour donner son verdict sur l'affaire. Partir, se retirer, abandonner derrière eux toute une vie et bâtir ici les constructions d'un plus bel avenir ? En était-il seulement capable, lui, Leopold Primrose, délaisser ses proches en ces temps si hostiles et les abandonner à la merci de ce futur si sombre pour fonder sa famille. Les visages se succédaient dans cet esprit embrouillé, incapable pour l'heure de porter un jugement de manière correct tandis qu'une petite voix lui intimait de retrouver son calme. Seulement, il allait être père (cette simple pensée brulait tout ce qui restait de raison en lui) et il ne pouvait supporter l'idée que l'enfant que portait Annette ne connaisse le quotidien qui avait été le leur lors de leur jeunesse. Par Merlin tout puissant, être père... Dans une poignée de mois un bébé reposerait dans leurs bras, un petit bambin que leur amour avait convoqué à la vie. Était-il possible de se sentir aussi impuissant, terrifier, furieux et heureux de la chose ? Mais pour l'heure Leopold n'était pas en état de s'intéresser à ces curieux sentiments qui l'animaient et sur lesquels en temps normal il se serait volontiers penché pour les décortiquer avec amusement, il était bien trop dépassé pour ça.
Puis il y eut ce baiser, ce corps contre le sien, comme une promesse silencieuse que tout allait bien se passer. Passant ses bras autour de la jeune femme avec fébrilité et tendresse, il ne pouvait faire abstraction qu'entre eux maintenant existait cet enfant, surgit là sans qu'ils ne le voient arrivé, bravant toutes les précautions qu'ils avaient prises pour voir le jour. Quelle sorte de vie avaient ils donné là ? Alors que la crinière rousse d'Annette effleurait sa joue et qu'elle posait son visage rond dans le creux de son cou, il songea au tempérament certain de ce petit être, le leur, celui-là même qui était déjà au centre de toutes ses préoccupations sans qu'il n'ait encore pointé le bout de son nez. Un petit Primrose, Rosmerta... Qui diable avait prévu cela ?
Alors que ses doigts se glissaient dans la chevelure incandescente de la tenancière, ses lèvres se posant sur son front, il l'écouta murmurer ses craintes et son envie de les surmonter avec lui. Entendre ces formules, ces taches qu'ils se devraient d'accomplir, cela lui paraissait encore fou. Le tic tac de l'horloge n'en raisonna qu'avec plus de férocité en lui pour faire le décompte des jours qui lui restait avant que tout cela n'arrive. Leur quotidien allait valser en éclat, être démonté de toute pièce et il allait falloir se faire à cette idée. N'avait-il pas après tout toujours réclamé de toujours s'étonner de tout et renoncer à s'abandonner à des habitudes trop prononcées si ce n'est celle de l'heure du thé ? Aujourd'hui en matière de surprise il payait le prix fort ! Dans quel drôle de manège l'emmenait-elle ? Une attraction dans laquelle il n'avait jamais songé monter pour sûr. Oh après tout il l'avait prédit ce soir où ils s'étaient embrassés pour la première fois, cette femme-là était capable de bien des miracles. « Affaire à suivre de très près » lui avait-il dit avec amusement, mais s'il s'était rencontré au détour de la rue pour lui apprendre ce qu'allaient être les mois qui allaient suivre au côté de la belle, qu'aurait-il pensée ? Fou à lier il était, mais fou d'amour surtout il continuait d'être. Cette aventure-là il ne voulait la braver avec personne d'autre.
Et puis un retour sur ces mots qui lui avait échappé, cette proposition de venir vivre ici et les entendre de la bouche d'une autre lui fit un drôle d'effet. Le professeur resta silencieux un moment, suivant le mouvement pour s'asseoir au côté d'Annette sur le perron de la petite maison. La fatigue se lisait à nouveau sur son visage, comme l'après-coup d'une nouvelle qu'il peinait encore à réaliser. Il attrapa la main de sa compagne dans la sienne, caressant sa peau blanche sans sembler être vraiment là avant de répondre.
- Est-on vraiment prêt un jour pour ce genre de chose ?
Demanda-t-il, un sourire venant s'inscrire sur ses lèvres.
- Prêt, donc, je ne sais pas, mais capable je le suis. Écoutes, j'ignore ce qu'il va en être, c'est une décision que l'on prendra à deux et il ne s'agit pas que de moi mais je voudrais que l'on considère la proposition et qu'on y réfléchisse.
Relevant son visage vers la mer, se perdant un instant dans cette contemplation, il songea alors qu'il était rare que l'on entende de sa part que l'on devait « considérer » une proposition. D'habitude il marchait au coup de tête, au coup de cœur, mais trop se jouait cette fois, on venait de lui incuber la plus lourde des responsabilités et il devait en assumer le poids.
- Alors je vais devoir te partager...
Glissa-t-il avant de tourner son visage vers la tenancière. C’était là une idée encore difficile pour lui, se dire qu’ils avaient été sur un temps si court deux et qu’ils seraient trois toute une vie. Allait-il en vouloir quelque part à cet enfant ? Cette idée l’effrayait. Peut-être allait-il être le pire des pères, reprochant intérieurement à cette vie d’avoir bousculé la sienne. Il ne préférait pas songer à cette éventualité, ne serait-ce que le fait que l’idée lui soit arrivée à l’esprit le faisait culpabiliser. Pour l’heure pourtant il se sentait capable de tout, une étrange émotion qui lui échappait totalement, comme une chose inscrite en lui qui n'avait demandé qu’à se manifester.
- Comment est-ce que tu te sens ?
Il n'avait presque été question que de lui jusqu'alors, de sa réponse décisive sur la suite des événements, mais elle ? Comment traversait elle cette épreuve ? Jamais Leopold ne l'avait sentis aussi fragile et déterminé à la fois, ses sourires avaient une autre couleur et ses yeux une nouvelle teinte, comme si son futur statut de mère avait intimement changé quelque chose en elle. Ces derniers jours avaient du être infernaux pour elle, bercé par d'amer possibilité d'avenir sans lui à élever un enfant seule. Il voulait se faire pardonner pour ça, pour ces heures de tourments qu'il n'avait pas été conscient de lui offrir. Plus que jamais, il désirait prendre soin d'elle.
Sujet: Re: Suddenly the world seems such a perfect place Lun 29 Sep - 15:46
Leonette❧ Suddenly the world seems such a perfect place
Assis sur le perron, seul le bruit du ressac s'était joint à eux, les vagues s'écrasaient sur le rivage avec régularité et l'air se rafraîchissait. Le timbre chaud de la voix de Leopold se mêla à ce son alors qu'il demandait s'ils étaient prêts à affronter cette nouvelle étape, perdue dans ses pensées la rousse ne répondit pas se demandant si l'on pouvait réellement être prêt pour ça, bien sûr de nos jours de nombreux ouvrages étaient disponibles, proposant tout un tas d'astuces et de sorts pour préparer les futurs parents mais elle les avait toujours considérés avec mépris, si les moldus arrivaient à s'en passer pourquoi en serait-il autrement pour elle ? Elle avait envie de se laisser surprendre par le métier de mère, découvrir son enfant sans avoir recourt à quelque artifice que ce soit. De plus elle ne doutait pas que sa mère se montrerait généreuse en conseils, sans doute un peu trop d'ailleurs songea-t-elle alors que l'ébauche d'un sourire se dessinait sur ses lèvres.
Leopold reprit la parole en lui affirmant de nouveau qu'il serait à ses côtés et qu'il se sentait à même d'assumer le rôle qui serait le sien, elle aurait voulu lui dire qu'elle n'avait jamais douté de ses capacités, qu'aujourd'hui elle savait qu'elle pourrait compter sur lui, il y avait dans son regard une détermination qu'elle n'avait encore jamais vu chez lui et qui lui donnait envie de se jeter dans ses bras pour se laisser cajoler. Mais déjà il continuait sur sa lancée, lui demandant d'envisager sérieusement l'idée évoquée un peu plus tôt, celle qui bouleverserait définitivement leurs vies si elle était adoptée.
- Quelque chose en moi me dit que ce serait sans doute la plus sage des décisions mais ça impliquerait tellement de choses, de faire une croix sur nos vies présentes, de recommencer à zéro à nos âges, je crois qu'en effet la chose doit être bien considérée comme tu le dis si bien...
Elle laissa en suspens sa phrase, tous les deux approchaient la quarantaine et peut-être était il temps pour eux de se poser et de faire face à leurs responsabilités. Elle songea que pour sa part elle avait bien profité de la et que cette étape était celle qu'elle attendait depuis des années, ou plutôt qu'elle n'attendait plus. La période de sa vie où tout n'était que luxure était désormais bien loin et n'avait plus rien pour la faire rêve et elle avait envie de laisser la guerre aux jeunes générations si guerre il y avait. Elle se surprenait elle-même par cette pensée égoïste mais ayant sacrifiée sa jeunesse à la résistance elle avait à présent envie de se consacrer tout entière à l'homme qu'elle aimait et à cet enfant à venir qu'elle désirait déjà protéger jalousement.
Il tourna vers elle son visage et elle n'arrivait pas à savoir si c'était l'amertume qui teintait sa phrase ou si ce n'était qu'une remarque anodine. Qu'airaient été leurs vie s'ils s'étaient tombés dans les bras plus tôt ou si cet être ne s'était pas immiscé entre eux ? Un flot d'images défilait devant ses yeux de ce qui avait été et de ce qui aurait pu être, et si leur relation était relativement récente les épreuves qui avaient jalonnées leur parcours et qu'ils avaient franchi côte à côte valaient toutes les années à côté desquelles ils étaient passés.
- Je sais... j'aurai voulu t'avoir juste à moi un peu plus longtemps mais nous réussiront toujours à nous ménager du temps pour nous je te le promet. Et puis entre deux enfants nous bien le temps de nous retrouver un peu.
Elle conclu sa phrase avec malice avant d'éclater de rire, non vraiment pour le moment un seul enfant serait suffisamment de travail pour deux apprentis parents, ils avaient des années devant eux pour envisager la suite, ils avaient l'éternité. Elle passa une main dans ses cheveux dont le ondulement était accentué par l'air marin, ce n'était que le début de l'été et déjà il leur faudrait bientôt partir, quelle que soit la décision qu'ils prendraient il était clair qu'il leur faudrait se trouver un logement à eux. L'idée avait quelque chose d'incongru, vivre avec Leopold, s'endormir et se réveiller chaque jour à ses côtés, un peu comme un rêve qui n'en finirait jamais.
La question de son état la surprit un peu, obnubilée par son appréhension quant à la réaction de son compagnon elle avait mit de côté depuis deux jours ses propres sentiments tant et si bien qu'elle ne su que répondre.
- Bien je suppose, un peu perdue aussi. Mille pensées circulent dans ma tête et j'essaye de faire le tri entre le soulagement, l'appréhension et la joie, mais je pense aussi beaucoup à cette idée d’emménager en France qui me séduit beaucoup je dois l'avouer. C'est drôle en un sens ce que l'âge fait de nous, il y a dix ans je n'aurais jamais prit le temps de considérer la chose, j'aurai juste sauté sur l'occasion, à présent tout un tas de paramètres rentrent dans l'équation.
Elle se prit à penser à ce qui la retenait, les Trois Balais, ses amis, Becky, Howard, Phoebus, Alec... Tous avaient leurs propres vies et il fallait bien se l'avouer ils n'étaient plus des adolescents qui se voilaient la face en prétendant ne pas pouvoir vivre les uns sans les autres il était temps d'aller de l'avant pour mieux construire leur futur, s'éloigner ne signifiait pas pour autant se perdre de vue loin de là et tous comprendraient leur choix, le plus dur était de sauter le pas. Brusquement elle éleva la voix, résolue.
- Faisons-le. Passons notre dernière soirée ici et puis demain rentrons à Pré-au-lard faire nos valises, je ne veux plus perdre temps, il est temps de vivre dans le présent.
De ses yeux bleus elle le fixa, guettant sa réaction avec un sourire au lèvres, tout dépendait de lui à présent.