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 The Rage to Overcome

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MessageSujet: The Rage to Overcome   The Rage to Overcome EmptyMar 13 Mai - 15:52


The Rage to Overcome

Feodora & Maureen - 8 Mai

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La commémoration était passée et avec elle une belle journée auprès d'Emmett. Feodora pensait à l'astrologue en regardant le plafond, sa couette remontée jusqu'à son nez. Elle aimait mieux rester sur le ventre d'ordinaire, et replier ses jambes contre sa poitrine. Ainsi pelotonnée, elle pouvait réfléchir en caressant doucement le biceps de Rowan qui dormait encore. Car la jeune femme rousse se réveillait toujours plus tôt que son mari, et avant de descendre ouvrir son commerce, elle aimait se laisser penser un peu, retrouver des souvenirs agréables à revisionner pleine de nostalgie avant de commencer sa journée. Mais depuis que Rowan était parti, elle ne parvenait pas à se défaire de cette habitude qui fut douloureuse au début, quand elle réalisait inlassablement qu'elle était seule à présent, et que si l'angoisse serrait son coeur, elle ne pouvait plus que refermer ses doigts pâles sur le rebord de son oreiller au lieu du bras fort et rassurant de l'homme qu'elle aimait.

Elle se tenait sur le dos maintenant, car elle pouvait contempler son ventre s'arrondir un peu plus chaque jour, et passer doucement une paume câline dessus. Ce contact avec son bébé ne remplaçait en rien l'amour de Rowan qui n'était plus, mais lui apportait un réconfort. Un soutien qu'elle retrouvait auprès de ses amis et en particulier Emmett. Les réactions en les voyant l'un avec l'autre, le solitaire sortant de sa torpeur et des hauteurs de sa tour pour accompagner la russe, avaient été plutôt adorables et Feodora en avait presque été embarrassé. Certains élèves comme Penelop Mordoch, avaient même cru qu'ils étaient en couple. Le plus dérangeant dans tout cela, c'était que l'idée avait semblé lui plaire, au début, avant de la mettre mal à l'aise. Bien sur que si un jour elle refaisait sa vie, si un jour elle parvenait à sortir de ce sentiment cynique et oppressant de rejet, d'indignation d'avoir perdu celui qu'elle aimait, elle ne pourrait rêver mieux que d'un homme comme Emmett. Mais elle ne devrait pas penser à cela. Pas maintenant. C'était beaucoup trop tôt.

Elle soupira et cacha sa bouche derrière le tissu de sa couette, soufflant un air brûlant contre sa paume, son poignet qui maintenait la couverture sur son corps refroidi. Les nausées ne l'avaient pas encore poussée hors du lit ce matin, et elle profita encore un peu de l'accalmie de l'aube qui se levait au dehors, le soleil naissant à l'horizon. La lumière qui venait de la fenêtre était apaisante et elle apprécia un peu de paix. Aujourd'hui serait une dure journée, une de plus à affronter seule. Au magasin, Anarchy Selwyn lui était d'un soutien immense, mais c'était son jour de congé, Feodora devrait donc assumer seule son travail, comme lorsqu'elle n'avait pas d'employé. Quoi qu'il en soit, des souvenirs lui revenaient par vague, de sa jeunesse, lorsqu'elle travaillait avec Maureen, la compagne de Howard malheureusement tombée pendant la guerre.

C'était l'une des personnes qui manquaient le plus à Feodora, l'une des amies sincères qu'elle avait eu et qui avait tant compté à ses yeux que leur départ avait été un déchirement. Elle se souvenait de cette époque, lorsqu'elle avait accompagné Howard à travers son deuil. Jamais elle n'aurait pensé vivre cela à son tour un jour. Elle l'avait ramassé à la petite cuillère, jamais elle n'avait vu un tel chagrin chez un homme. Cela dit, elle avait du oublier sa propre peine pour aider son meilleur ami à se relever. Aujourd'hui encore, il ne parvenait pas à vivre normalement, le manque était trop dur à surmonter. Dans un sens, depuis le départ de Rowan, Feodora voyait Howard comme une terrible prédiction de son propre avenir. Mais elle avait quelque chose qu'il n'avait pas eu à l'époque, elle était enceinte. Elle aurait un bébé à élever pour l'empêcher de se laisser mourir de chagrin.

Howard lui, avait du affronter le deuil seul, avec en plus au fond du coeur le doute que Feodora avait toujours essayer d'effacer pour ne pas qu'il se fasse plus de mal, qu'il aurait du être père quand Maureen était morte. La jeune femme rousse l'avait su à l'époque alors que la blonde cherchait à ne pas ébruiter la nouvelle. C'était encore plus cruel de savoir que la vie lui avait arraché l'amour de sa vie alors qu'elle portait la chair de sa chair. Ce fut cette idée qui poussa Feodora à sortir de son lit en fronçant les sourcils. Elle avait un mauvais pressentiment et le dos douloureux, elle se dirigea vers la salle de bain. Sa mine était superbe malgré cernes et poches sous les yeux, ses cheveux plus beaux que jamais malgré de plaques qui la démangeait et elle se trouvait objectivement énorme même si tout le monde lui assurait qu'elle était radieuse. Rien de très réjouissant quoi qu'il en soit, à part que son ventre plein donnerait bientôt la vie. Il ne fallait pas se laisser aller à la contemplation, maintenant, au travail !

Cette journée avait été comme l'avait prévu la jeune femme en se réveillant, longue et épuisante. Mais malheureusement, l'intuition qu'elle avait eu avait débouché sur une situation horrible dont elle garderait un souvenir épouvantable toute sa vie. En sortant de sa boutique à midi pour aller déjeuner avec Annette, elle croisa une silhouette qu'elle reconnut sans réussir à poser un nom sur elle. En arrivant chez sa meilleure amie, Feodora avait parlé de son souvenir du matin, elle aussi ayant bien connu Maureen. Quelle ne fut pas sa stupeur lorsque Annette lui confia qu'était arrivé la veille ... Maureen Travers. Une conversation épuisante s'en suivit où la fureur de Feodora gronda en silence, tapie au fond de son coeur. De ce qu'elle en savait, Maureen était revenue avec le fils de Howard et serait professeur au château l'année suivante. Ainsi donc, Maureen n'était morte.

Le seul raisonnement convenable que Feodora pouvait encore avoir en sortant de chez sa meilleure amie après un repas plutôt glacial, c'était que si Maureen était revenu, c'est qu'elle n'était pas morte. Et si elle n'était pas morte, ça ne datait pas de presque vingt ans. Si elle avait survécu à la guerre, pourquoi Merlin tout puissant, pourquoi n'était-elle pas revenue. Comment avait-elle pu abandonner Howard dans l'enfer qu'il a vécu, avec un fils qu'il ne connaîtra pas, une vie à reconstruire seul et vide, coupable, dans un tourbillon de désespoir. Feodora passa toute la fin de cette journée qu'elle n'aurait pas voulu vivre dans une sorte de tourbillon qui n'en finissait pas, lui refusant un peu d'accalmie. Maureen n'était pas morte. Maureen était en vie. Elle n'arrivait à penser qu'à cela.

La rage qu'elle développait pour son amie était féroce et virulente et il ne tint qu'à Annette d'empêcher Feodora de monter dans sa chambre pour l'attendre assise sur le lit, bien décidé à avoir des explications. Mais avec le mots doux et tempérés de sa meilleure amie, Feodora était parvenue à se calmer et était rentrée chez elle. Elle n'arrêtait pas de se torturer pour essayer de comprendre, de trouver une explication valable, et puis de se retenir de débarquer chez Howard comme une furie pour lui annoncer que sa femme était revenue d'entre les morts. Feodora patienta donc, et prit une décision plus que solennelle : elle attendrait. Elle n'irait pas voir Maureen, elle oublierait même qu'elle l'avait croisé. Non elle attendrait que ce soit elle qui vienne la voir pour s'expliquer. Remontée comme jamais, elle attendit plus de quatre jours pour que finalement alors qu'elle s'appliquait à mettre de nouvelles potions à vendre sur ses rayonnage, la cloche de la porte d'entrée sonne pour dévoiler une silhouette encapuchonnée.

Feodora ne feignit ni la surprise ni la joie car elle n'en avait plus aucune dans le coeur depuis qu'elle attendait sa présence en chair et en os dans sa boutique, et surtout le plaidoyer qu'elle allait bien pouvoir faire pour expliquer et crédibiliser ce qu'elle leur avait fait à tous, à tous les gens qui tenaient à elle, mais aussi et surtout à Howard. Quand elle pensait au visage avec lequel elle l'avait ramassée quand Maureen aurait du être morte ... Elle avait une haine viscérale au creux de son ventre et elle était prête à mordre, au moins rhétoriquement, car en aucun cas et peu importe ce qu'elle allait lui dire, elle serait prête à lui pardonner. Non, il allait falloir que la blonde ait de très très bonnes raisons pour être réapparue. Car il se pourrait bien qu'au final, Feodora ne lui pardonne jamais.

"Maureen Travers .... si j'étais d'humeur à faire de l'humour je dirais : une revenante ? Qu'est ce que tu fais ici ?"


© Yuki Shuhime


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MessageSujet: Re: The Rage to Overcome   The Rage to Overcome EmptyVen 16 Mai - 22:19


Don't judge me.  


Je ne suis pas morte. Je suis en vie.
Plus les jours m'échappaient, plus j'avais la sensation de sombrer plus bas encore. Je ne pensais pas cela possible… Je pensais avoir couché et pourri dans les profondeurs d'une pourriture sans nom après tant d'années… Il n'y avait que les éclats d'amour, de haine, de douceur, de violence de mon fils qui avait su traverser, déchirer mon épaisse prison gluante. Elle me collait à la peau, elle me pénétrait lentement pour mieux me dévorer, moi et mon manque cruel de logique, ces derniers temps.

Affronter mon passé, c'était accepter de tendre les deux joues pour me faire gifler, de me faire enchaîner à des paroles et laisser leurs lames menaçantes abimer mon corps entier, déchirer la peau fine de mes poignets. Affronter mon passé, c'est me sucer le sang, mon énergie et mon peu de lucidité… Mais surtout sentir les chaînes de ma loyauté de resserrer autour de mes poignets et de ma gorge. Délicate gorge coincée dans l'étau de ces éclats d'acier si gelé… La promesse d'une douleur lancinante.

Finir derrière la baguette d'Howard et se sentir se briser sous sa colère. Finir dans les bras de Leopold, pour finir à terre et remuer le passé. Vivre Aux Trois-Balais et se sentir épauler par une ancienne amie dont le bonheur lui allait à ravir… Il n'y avait peut-être qu'elle dont je redoutais la réaction, presque autant que celle d'Howard…. Elle, parce qu'elle avait été plus qu'une simple collègue. Elle avait séché mes larmes, provoqué mes rires. Elle avait entendu ce murmure que j'avais formulé lorsque je lui ai confié que j'étais enceinte. Enceinte, pendant cette période si sombre… Ce n'était ni le moment, ni l'endroit pour un enfant. Qui diable aurait eût envie d'un enfant alors que l'on ouvrait la radio en espérant ne pas entendre le nom d'un de nos proches.. ?
Intérieurement, je ne voulais pas le garder. Je ne voulais pas donner à cet enfant, une vie aussi sombre et misérable… Grandir dans la peur et la crainte, grandir dans l'ombre et les meurtres. Non, sincèrement, je préférai encore garder un secret de plus pour moi, le cacher à Howard et continuer ma vie à ses côtés, et advienne que pourra.
Mais le sort fut plus rapide. Il avait heurté mon cœur, paralyser mon corps, détruit ma mémoire.

Cet enfant fut. Mais peut-être n'aurait-il pas dû. Je l'ai élevé, j'étais là. Mais rien, ni personne, pas même moi, serait capable de panser les douleurs que j'ai causé à cet enfant… J'ai détruit son enfance en hurlant, je l'ai lui arraché sans précédent… Victime ou bourreau de mes folies, il a été la voix apaisante, comme le visage qui me rendait folle…
Peut-être bien que ce sortilège de la mort, qui avait ricoché sur mon pendentif avait obligé ce dernier à puiser tellement d'énergie dans mon propre corps que ma propre raison en fut éclatée… J'étais morte d'une toute autre manière… Peut-être bien plus cruelle encore…

J'entrais lentement dans la boutique. A dire vrai, mes mains étaient moites, et je sentais déjà ma gorge se serrer. J'étais incapable de retenir de tous ces souvenirs qui m'assaillaient les unes après les autres, de ces flashs qui me crispaient, à revoir ton visage sourire, et mes bras se serrer autour de toi, de ces coups de baguettes malicieux…

Je retirais mon capuchon, lançant un sort pour sécher mes vêtements et ne pas mettre de l'eau partout. Je ne me souviendra que trop bien de l'une de mes premières journées de travail, où il pleuvait à en déprimer… J'avais glissé en rentrant, éparpillant un carton de produits. Je me souviens encore de ton rire, et de tes remontrances beaucoup trop peu sérieuse, tant tu riais face à la manière dont je m'étais écrasé au sol…

J'avançais lentement, et le doux venin de tes paroles me paralysait déjà. Je sentis mon cœur se serrer, et je posais mon regard sur toi. Tu semblais si fatiguée, et pourtant si belle. Ton ventre portait la vie, et n'en sentis qu'un élan de tristesse infini…

« Affronter mon passé. »

C'était la pure réalité. Et au vu de ta réaction, tu savais que j'étais là depuis quelques jours. Tu m'attendais. Ton colère avait eût le temps de mûrir en toi, et de pourrir ton regard coléreux que tu dardais sur moi. C'est normal. Je sentais la même chose en moi. Peut-être bien m'en voulais-tu pour avoir traîner autant pour venir te trouver. Pour avoir disparue. Pour être revenue.. Pour ces mensonges. Seize longue année de mensonge… Mais si c'était le seul…

Je t'observais. J'eûs une petite moue, hésitante, et je finis par faire un nouveau pas vers le comptoir et je vins souffler :

« J'espérais pouvoir te parler, Feodora… Je comprends… Parfaitement que je suis… La dernière personne que tu veuilles voir… Maintenant... »

Mais j'ai droit à une seconde chance.

Je t'observai, cet air désolé sur le visage. Je ne voulais pas que tu me rejettes. Je n'avais pas envie de vivre l'un de mes nombreux cauchemars éveillés, je n'avais pas envie que tu me rayes à jamais de ta vie, ma douce, ma belle, ma sœur. Et puis je soufflais une question, à ton attente, à celle de cette vie qui germait en toi :

« C'est pour bientôt … ? »

Ma voix n'avait pas changé… Aussi douce et calme. Presque une caresse amoureuse.  



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MessageSujet: Re: The Rage to Overcome   The Rage to Overcome EmptyLun 19 Mai - 13:34


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Feodora & Maureen - 8 Mai

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Ce ne fut pas la silhouette d'une amie qui s'avança dans sa boutique à pas lents en fixant douloureusement le comptoir. Dans l'oeil de Feodora, c'était une ombre, un spectre, une immense tas de chair décharnée et putréfiée qui se mouvaient pas un maléfice obscur. Bien que le résultat soit identique à quelques seize années près de ce que Feodora avait quitté, elle n'y croyait pas. C'était une chimère qui se trouvait près d'elle, un songe, une vision déformée d'une réalité corrompue par le mal et les ténèbres. C'était du moins ce dont elle aurait voulu se convaincre en gardant une main farouche en travers de son ventre, comme pour se protéger de cette personne qui avançait vers elle en prétendant être son amie. Pourtant elle avait tout de celle qu'elle avait perdu il y a si longtemps.

Les mêmes cheveux blonds comme les blés qui coulaient dans son dos, le même éclat dans le regard, la même moue quand elle souriait. Mais il y avait un artifice, un artifice que le temps qui passe seul ne peut créer sans l'aide d'une magie puissante et maléfique. Howard l'avait vu mourir, il l'avait vu tomber de la baguette de son propre père, il lui avait apporté le corps à la boutique pour être sur qu'il n'y avait plus rien à faire, qu'on ne pouvait plus la soigner, ni la sauver. Feodora avait elle même croisé le regard mort et vide de la blonde inanimé, elle avait elle même fermé les paupières encore tiède de Maureen en hochant la tête qu'il n'y avait plus aucun espoir. Elle avait senti s'écrouler sur elle, ses frêles épaules, la carcasse anéantie d'Howard qui avait fendue son âme d'un râle abominable de douleur et de haine. Elle se souvenait du poids immense sur elle, pas seulement celui de l'homme qui se consumait de souffrance d'avoir perdu son unique amour, mais aussi de cette amie, cette soeur, qui lui était arrachée sans ménagement.

A cet instant, quand Howard avait laissé son corps épuisé s'avachir sur une civière et s'endormir d'un sommeil de plomb grâce à une potion de la russe, Feodora avait effleuré le ventre de Maureen, pensant à cette vie qui aurait du naître au creux de ses entrailles et qui était morte, avec elle, de la main de celui qui aurait du être une famille pour elle et cet enfant. Elle avait senti la froideur et la rigidité envahirent peu à peu le corps chaud de son amie et la vie la quitter aussi vite et brutalement qu'aucun d'entre eux n'auraient pu s'y préparer. L'enterrement avait été une véritable épreuve pour Howard, et Feo avait cherché à l'accompagner et le soutenir autant que possible. Mais le cercueil fermé avait été une dernière image trop insoutenable pour l'homme qui avait craqué de ne pouvoir baiser une dernière fois les lèvres roses devenues bleutées de sa tendre épouse.

Feodora ne comprenait rien à l'apparition de cette Maureen qui se tenait devant elle et les souvenirs du jour de sa mort furent si douloureux qu'elle préféré s'asseoir avant que la tête ne lui tourne. Avec ses fioles de potions autour d'elle, elle vit Maureen s'approcher et lui parler d'une voix plutôt douce quand on savait l'impétuosité de la jeune femme. Elle voulait lui parler pour affronter son passé, mais toute sa réplique n'avait eu aucun impact comparativement à lorsqu'elle s'approcha encore, une main tendue comme une caresse vers son ventre qui portait la vie à son tour. Les larmes montèrent aux yeux de la rousse qui se leva et fit volte face pour mettre de la distance entre elle et Maureen. Ce n'était pas elle, ça ne pouvait pas être elle, c'était impossible. La gorge tremblante, le regard dur, elle croisa son expression de profonde détresse et à nouveau la colère s'empara de son coeur.

"Octobre ... C'est, pour octobre."


Sa voix avait fendu l'air, sèche et intraitable, comme un couperet qui tranche une gorge. Même si la curiosité la rongeait, elle ne voulait pas l'entendre, ni même qu'elle essaye de se justifier d'une quelconque manière. Elle ne voulait pas se laisser attendrir par son histoire quelle qu'elle soit, car elle le serait sans nulle doute. Elle voulait garder en elle la colère qu'elle avait ressenti la première fois en la revoyant arpenter la route de Pré-au-Lard, comme si de rien n'était. Elle voulait garder le souvenir de la belle et douce Maureen qui riait avec elle dans la boutique et chasser l'image morbide de son cadavre froid et blanc sur la civière de la même boutique pendant la guerre. Surtout elle voulait ne plus voir souffrir Howard comme lorsqu'il était arrivé dans le magasin avec le corps sans vie de Maureen entre les bras, le visage déformé par le chagrin, en l'attente d'un verdict qu'il savait déjà sans appel, mais avec cette lueur d'espoir que la russe avait du éteindre sans pitié en ne trouvant aucun pouls à son poignet ni à sa gorge.

Toute cette souffrance revenait, remontait en elle à lui en donner la nausée. Et elle ne voulait plus de ça, car de Maureen morte abandonnant Howard à la tristesse et à la solitude d'une existence sans panache ni éclat, il n'y avait qu'un pas vers le visage de Rowan dont elle imaginait les yeux se clore dans un dernier râle d'agonie pour lui dire un au revoir muet sachant très bien qu'ils ne se reverraient jamais ... Non, non, non elle ne voulait pas de ça. Serrant les poings et fermant furieusement les yeux alors que des larmes brûlantes traçaient de larges sillons sur ses joues pâles, elle ne regarda même pas l'âme animée de son amie disparue pour lui dire :

"Dis ce que tu as à dire, dis le vite, et va-t'en ... par pitié va-t'en et ne revient jamais."


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MessageSujet: Re: The Rage to Overcome   The Rage to Overcome EmptySam 24 Mai - 2:35


Give me a second chance.  

Octobre.
Période de couleurs orangées et si chaudes. Période où l'automne peint le monde de ses nuances chatoyantes. Enfant d'octobre, enfant balance, pour peu que l'on croit à l'astrologie du monde duquel je proviens. Enfant nerveux, enfant sanguin, enfant bavard et tolérant, enfant qui voudra plaire et désireux de paix.
Demeurait dans ton corps un germe de vie. Une vie qui n'apaisait visiblement en rien cette voix tranchante et violente. Non, rien du tout.

« Dis ce que tu as à dire, dis le vite et va-t-en... Par pitié va-t-en et ne revient jamais. »

Ces éclats de douleurs perlaient à tes yeux, apposant leur traînées humides contre ta peau. Tes mots qui paraissaient si innocent, si désespéré grondaient en moi. Ils résonnaient. Un écho qui s'éclatait contre les moindres recoins de mon être. De véritables lames qui lacéraient ma chair et mon cœur. Le soufflé coupé, je me détournais, reposant mon attention sur les rayons. Mes dents déchiraient ma langue. J'avalais mon propre sang, me noyais dans une panique dénuée de limites…

Pars vite et reviens tard. Pars vite et ne reviens jamais.
Je sentais quelque chose se déchirer en moi. La violence de tes mots me blessait. Je sentais cette envie de me racheter, mon envie d'être cet ange à tes yeux, à vous tous me vriller toute entière. La seule envie qui me rongeait, était celle de rendre le peu que j'avais pu mangé ce matin même. La tête me tournait.

J'essuyai furtivement une larme qui s'était échappée. J'avais bien trop pleuré ces derniers jours. Face à Howard, face à Leopold. Face à moi-même, seule et isolée dans cette chambre Aux Trois Balais. Face aux paroles de mon fils.

Que diable pouvais-je te dire ? La vérité. Mon histoire. Mais se distillait dans ma gorge, cette aura de colère. Tu étais là à me juger, à me rejeter. Tu n'écouterais point ce que j'avais à dire, tu préférais te murer dans tes croyances, dans ces mensonges. Comme moi. C'est exactement ce que j'ai fais pendant seize longues années…

« Feodora… J'ai échappé à la vigilance de Leopold, seulement pour protéger Howard… »  

Son frère. Son méprisable frère qui n'était nul autre qu'un Magemort. Manipulateur et secret. Néanmoins, je ne m'attendais pas à croiser un autre membre de la famille Travers ce soir-là... Je me crispais, inspirant profondément. J'étais plus forte que cela, n'est-ce pas ?

« Je ne sais pas pourquoi j'ai survécu…. La seule chose que je sais… C'est que je suis restée sans vie, longtemps… Des mois entiers… Et quand… Quand je me suis réveillée… J'ignorais mon nom. »  

Ma voix tremblait. Ma mâchoire se crispait, puis je me détournais lentement, pour m'avancer vers toi, toi, cruelle femme qui vivait toujours dans mon cœur et mes souvenirs.
Je levais le bras, a main, à plat, traduction de mon envie de dialoguer avec lui :

« Crois-tu, sincèrement que j'ai voulu cette situation ? … Je me serais grandement passé de ces innombrables années… De cauchemars… A tenter de me souvenir qui j'étais, d'où je venais. »  

Une rage nouvelle grondait en moi. Une énorme bête affamée qui ronronnait lentement. Elle s'extirpait lentement de l'ombre. Elle déchirait ma voix et mes yeux, alors que je me redressais, mon visage déchiré par l'incompréhension.

« Ce n'est pas moi qui ait choisi tout ça, j'étais comme morte ! Mais sûrement aurais-tu préféré que ce soit réellement le cas ! Je suis désolée de vous avoir causé autant de peine, je suis désolée d'avoir voulu protéger l'homme que j'aimais de sa propre naïveté ! C'est sûrement affreux à dire, mais si c'était à refaire, je le referai. Sauf que j'espère que j'aurais été plus réactive face à…. Oui, je suis égoïste de revenir après autant de temps… Oui, totalement. »  

Un souffle rageur. Je baissais mon regard sur le sol, ma mâchoire crispée, tout comme mes doigts. De nouvelles larmes fuyaient mes iris pour venir peindre leur amour sur ma peau de porcelaine.

« J'ai vécu dans l'espoir de me rappeler qui j'étais, d'où je venais, ce qui m'est arrivé… J'ai vécu loin de vous, parce que je n'étais plus là. Je voulais juste… »

Donner vie à mes souvenirs.

« Retrouver ma famille. »  

Ma voix se brisa. Je me détournais brusquement, pour dissimuler mes larmes. Toujours autant de pudeur, beaucoup trop de douleur. Un sanglot étouffé. Et puis je soufflais, la voix étranglée, quelques mots qui m'étaient bien plus destiné qu'à toi :

« Je n'aurais pas dû revenir… »  

Un sanglot m'échappa, m'éloignant de toi, en étouffant mes larmes contre ma main, mes doigts, le tissu de ma cape. Je te faisais dos à présent.





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MessageSujet: Re: The Rage to Overcome   The Rage to Overcome EmptyLun 2 Juin - 22:03


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Feodora & Maureen - 8 Mai

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Le silence les mura toutes deux ensemble dans une appréhension partagée que Maureen fut la première à pouvoir rompre. A l'instant où ses mots avaient dépassés sa gorge où remontait la bile qui se mêlait à une salive amère dûment déglutie, Feodora les avaient regrettés. Si c'était elle. Si seulement c'était elle. Mais l'espoir de la voir renaître alors même que Rowan n'était plus entraînait inévitablement un tout autre espoir qu'elle aurait voulu tuer à grand coup de poignard, lacéré, déchiré, mettre en pièce pour que jamais il ne passe la vigilance de son esprit. Si elle était vivante, si Maureen Travers se tenait bel et bien devant elle seize ans plus tard ... Qui sait ? Qui sait qui viendrait, un jour, alors que son fils serait adolescent et que les rides zébrerait sa peau opalescente, peut être sonner à la porte de sa boutique.

C'était bien trop douloureux de penser à cela. Aussi Feodora aurait préféré pouvoir se boucher les oreilles, car c'était bientôt la voix de Rowan qui éclata dans son esprit, expliquant son long sommeil et sa plus longue encore amnésie. Justifiant pourquoi il avait été loin d'elle si longtemps sans pouvoir lui revenir. Exposant dans une anxiété mêlée de fureur et de peine, son regret d'avoir raté cette vie qu'il avait pourtant si ardemment désiré. Le visage de Rowan remplaça ensuite celui de Maureen et ses paroles résonnaient en elle comme un écho tortueux. Ses sens percevaient la supercherie mais son esprit tentait d'y croire, de s'y accrocher aussi vivement et férocement qu'elle s'accrochait à la vie en caressant longuement son ventre. Et pourtant tout cela n'était qu'un leurre car Rowan n'était plus et ne serait plus jamais. Inutile de croire en des chimères qui la noieraient dans un espoir aussi corrosif et vindicatif que son obsession à se persuader que Rowan était mort, un point c'est tout.

Feodora fit preuve de toute la volonté qu'elle pouvait encore mobiliser pour chasser de ses yeux la silhouette familière de son mari et de ses oreilles sa voix rauque. Maureen réapparaissait enfin derrière le brouillard et elle leva la tête, les joues baignées de larmes brûlantes qu'elle n'avait pas senti couler. Elle avait perdue la mémoire, elle avait survécu sans parvenir à savoir pourquoi mais elle avait oublié qui elle était. La question qui lui brûla les lèvres était si simple. Pourquoi se souvenait-elle à présent ? Pourquoi après seize ans ? Pourquoi avoir cherché à retrouver le passé après si longtemps passé à vivre complètement déconnectée de ce qu'elle avait pu vivre auparavant ?

A mesure qu'elle s'expliquait, le désespoir se mêla en rage et Maureen ne maîtrisait plus sa voix qui partait dans des accès aigus alors qu'elle cherchait à lui faire comprendre l'enfer qu'elle avait vécu. Elle voulait se justifier, expliquer son choix, pourquoi elle avait finalement décidé de partir en exil. Elle l'accusa même d'avoir souhaité qu'elle soit vraiment morte. Feodora se mordit la lèvre honteusement car si elle était parfaitement franche, elle devait avouée qu'elle y avait d'abord songé. Maintenant, la colère de la femme mûre qui était devant elle, si différente mais pourtant si semblable de la jeune femme qui les avait quitté il y a seize ans, jouait sur elle comme un tampon. Plus son ton montait et plus elle s'énervait, plus Feodora s'attendrissait.

Puis sans attendre la fin de l'une de ses phrases, Feodora contourna le comptoir avant de la forcer à se retourner pour lui faire face, et fondit sur Maureen pour la prendre entre ses bras. Comme mue d'une force éclatante, elle plongea son visage dans ses longues mèches blondes et inspira profondément, se remplissant les poumons de l'effluve fruitée qui s'échappait d'elle. Un jour qu'elle travaillait ensemble, Feodora lui avait offert pour son anniversaire, un flacon de parfum magique qu'elle avait créée elle même. Une fragrance unique, un gage d'amitié entre soeur de coeur et non de sang. Le flacon avait le pouvoir de se régénérer lorsqu'il se vidait et Maureen avait promis de le porter toujours. Aujourd'hui ses cheveux, son cou, ses épaules et même le creux de ses bras dans lesquels Feodora vint se blottir d'épuisement et de bonheur aussi d'avoir retrouver sa soeur, elle percevait ce signe de leur passé commun.

C'était elle. C'était elle. L'évidence de cette affirmation passait en boucle dans son cerveau alors que les larmes coulaient cette fois dans son vêtement. Elle ne pouvait s'extraire de cette étreinte tant il était surréaliste qu'elle soit là, vraiment là. Feodora s'accrochait à ses épaules comme à l'évidence de la vie qui l'animait contrairement à la dernière fois qu'elle l'avait étreinte, froide, glacée comme la mort. Ses larmes la rendait encore plus belle et plus vivante encore que ses paroles, son expression déchirée plus touchante et fragile. Feodora n'osait plus la lâcher de peur qu'elle ne disparaisse à nouveau.

"Pitié ne dis plus ça. Ne dis plus jamais que j'aurais préféré que tu sois morte. Ne dis jamais que tu n'aurais pas du revenir. Je t'interdis ... je t'interdis de dire ça ... Oh si tu savais, Merlin si tu savais comme tu m'as manqué Mau ..."


Elle ne savait quoi dire ni quoi faire. Elle voulait juste arrêter le temps, le temps que dure cette étreinte qui ressemblait à une retrouvaille dans l'au delà et qui était loin d'en être une. Finalement Maureen était là. Son coeur battait dans sa poitrine et Feodora pouvait le sentir contre elle. La vie coulait dans ses veines et elle était plus belle que jamais. En croisant son regard alors qu'elle prenait son visage en coupe, caressant ses joues pour effacer les larmes qui coulaient sans tarir, Feodora se demanda comment elle avait pu vivre sans elle pendant ... seize ans. Et ce n'était plus le visage de Rowan qu'elle étreignait mais bien celui de son amie, sa soeur, celle qui était partie ... celle qui était revenue !

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MessageSujet: Re: The Rage to Overcome   The Rage to Overcome EmptyMar 10 Juin - 20:47


I love you. 

Quelle idée. Qu'est-ce qui m'a pris ? Qu'est-ce que j'ai cru ? Je n'étais qu'une enfant capricieuse. Evidemment qu'ils ont refait leur vie. Tous. Les années ont passé. Elles ont coulé. Elles se sont gravées dans mon visage et mon cœur. J'ai continué ma vie, me débattant contre le voile mortuaire de ma mémoire fragmentée. J'ai continué ma vie. Tantôt j'étais cette femme insouciante qui savourait cette perte, et continuait à avancer. J'ai cru un moment pouvoir contrer ces éclats de souvenirs. Je pensais pouvoir refaire ma vie. J'y voyais là une chance. Refaire tout. Recommencer tout à zéro. Ou presque. J'avais un fils dans les bras. Seul Merlin savait d'où il sortait, si j'avais bien pu le désirer. J'étais là, dans des bras masculins à espérer. Rêver d'un  autre monde, d'une autre vie. Celle que le futur me réserve. Mais ces éclats me lacéraient la peau. Ils écorchaient mes mains et mon cœur, faisant couler mon désarroi. Quelqu'un en avait décidé autrement. Je devais me souvenir. Je n'avais pas eu le choix. C'était ainsi, et pas autrement.

Au diable cette nouvelle vie. Tout explosa. Cette étreinte disparue, ce visage aussi. Abandonné à ce passé, proie à la folie, j'étais seule. Seule pour élevé un enfant. Seule pour voir à quel point j'ai pu le détruire. Kris, mon petit Kris. Si jeune, et déjà si mature. Trop mature. Si jeune, haut comme trois pommes, qu'il venait déjà me sermonner, me remettre au lit, et parfois même m'apporter un bol de céréales. Manges maman. Tu dois manger, c'est moi qui ait fait à mangé. Comme un grand.

Je n'étais qu'une enfant capricieuse. Un monstre.

Je resserrai mes doigts contre mes manches et je m'éloignais de toi, Feodora. Oui, la porte est face à toi, dans la direction opposée. Mais tu finis par prendre la même. A vrai dire, je ne t'ai pas entendu. Les battements de mon cœur raisonnaient trop fort dans mon crâne. Fond sonore, pulsation cardiaque, véritable symphonie d'horreur. Ah quelle était belle la Travers. J'étais une véritable poupée bouffie par les pleurs, dévorée par cette lassitude sans nom. J'étais fatiguée. J'étais épuisée de me battre, encore et encore. Je voulais du répit. Peut-être bien que j'aurais préféré moi aussi, mourir. Mourir en paix. Et pas en étant aussi écartelée par mon passé et ces personnes qui avaient été ma famille, paraît-il.

Et puis il eût cette main qui retint mon poignet. Obligée à pivoter, je ne compris pas. Soudainement une masse chaude était contre moi. La surprise rivée au visage, ma respiration se coupa. Mon visage se déforma sous la douleur de ce réconfort inattendu et sur mon visage coulait la force de mon amour. Que diable, tant de faiblesse dans ce bout de chair. Jamais je n'aurais cru pouvoir pleurer autant de toute ma vie.. Les montagnes russes, c'étaient beaucoup trop violent pour moi maintenant.  

Tes larmes coulaient contre mon cou. Lentement je glissais mes doigts autour de toi. Je sentais la rondeur de ton ventre contre le mien. Celles de tes seins, aussi. Ta respiration coulait contre ma gorge et j'en frémissais de bonheur. Feodora, si tu savais… J'ai glissé mes doigts dans tes cheveux, te serrant contre moi. Pas trop, j'aurais bien trop peur de faire mal à ton ventre.

Je me redressais, laissant tes paroles caresser mon âme. Je ne disais rien, je t'observais juste, de cette vue embrumée par les larmes.

Le contact de tes doigts sur mon visage me fit fermer les yeux. Un doux sourire parsema mon visage d'un éclat de joie, mais un nouveau sanglot éclata. Je me sentais si faible, si idiote. J'ouvrais les yeux, te laissant effacer les traces de mon malheur. Un sourire désolé s'étira sur mes lippes et je vins déposer mes lèvres contre les tiennes. Ce n'était pas un baiser anodin. Ils étaient rare cela, mais tellement mérité, porteur de sens et de cet amour fraternel.

« Tu m'as manqué aussi.. »  

J'eu un léger rire, si nerveux, comme souvent ! Mais il répandait déjà tant de tendresse et de douceur dans mon visage. Je me redressais, essuyant mes larmes. Je plantais mon regard dans le tien, incapable de les arrêter. Mais cela allait mieux… Je crois. Je n'en sais rien. Je me sentais tellement vide parfois.

J'ai déposé un baiser sur le bout de ton nez et je soufflais :

« Je sais que c'est… Seize ans trop tard pour te demander ça… Mais… Mon fils… J'aurais tellement aimé que tu sois sa marraine… »  

Oui, parce que cet enfant que tu as passé sous silence, était bien là. Vivant. En parfaite santé. Débordant de rancœur et d'impatience.




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MessageSujet: Re: The Rage to Overcome   The Rage to Overcome EmptyJeu 12 Juin - 10:33


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Feodora & Maureen - 8 Mai

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Feodora oublia tout lorsque les fines lèvres de Maureen vinrent se poser sur sa bouche. Les yeux clos, le parfum unique qu'elle portait toujours envahi ses bronches et elle se plut à revenir vingt ans en arrière. Balayé dans son esprit les souvenirs des années passées sans elle, toute cette souffrance, celle de Howard et la sienne. Il ne restait plus que l'empreinte de ce baiser qui faisait écho à ses souvenirs. Peut être ceux les mieux cachés, dissimulés tout au creux de son âme car ne voulant les partager avec personne, elle avait à nouveau quatorze ans. Depuis leur entrée à Poudlard et malgré qu'elles aient été réparties dans des maisons différentes, Maureen et Feodora demeuraient de solides amies qui les menaient à passer souvent les vacances d'été ensemble, Feodora emmenant avec elle Maureen en Russie ou en Irlande.

Les premières années, ingénues et candides, elles découvraient la liberté d'une vie d'enfant à peine sortie des jupes de leurs mères. Elles partaient à la découverte des étendues sauvages, courraient après les animaux, profitaient d'une vie bien différente de l'internat écossais qu'elles vivaient toute l'année durant. Ce fut l'année avant la quatrième année que Feodora et Maureen partirent en Russie. Lors d'une soirée plutôt fraîche, d'un repas de famille où la vingtaine de cousins Sveltanov étaient réunis, les adolescentes prirent un malin plaisir de s'isoler avec les autres, faisant sécession des adultes avec quelques bouteilles. Réfugiés dans l'une des pièces bien chauffée de la maison, assis en rond devant le feu de cheminée sur une peau d'ours brun, les cousins, Feodora et Maureen se lancèrent dans diverses jeux à boire. Les garçons cherchaient à épater les filles, et surtout cette belle blonde qui n'était pas de leur famille.

Se faisant, les cousines couinaient du manque d'intérêt des cousins et décidèrent de pimenter un peu leur jeu. Au tour de Maureen, la blonde tira comme défi d'embrasser son amie Feodora, au grand désespoir des garçons espérant bien recueillir ainsi ses faveurs. La rousse aurait pensée que sa meilleure amie ne l'aurait jamais fait. Plutôt timide et réservée, elle restait souvent en retrait dans les jeux de ses cousins, craignant ce genre de situation embarrassante. Mais Maureen Catwright était sans peur et sans limite, déjà à cette époque Feodora l'admirait pour cela. Et elle s'approcha avec lenteur, les yeux mi-clos pour poser une fraction de seconde qui dura sembla-t-il une éternité, ses lèvres sur les siennes. Les hurlements des cousins Sveltanov sortirent la rousse de ses pensées mais dès que les regards se détournèrent d'elle, et effleura sa bouche du bout de ses doigts, comme si une marque brûlante s'était apposée sur elle.

Cette sensation ne la quitta jamais vraiment et Maureen en se rapprochant d'elle avec la même douceur qu'autrefois, avait ravivé bien d'autres souvenirs. Car le même été, Feodora vécut un moment extatique qu'elle n'avait jamais raconté à personne. Même Howard, Leo ou même Rowan ne surent jamais ce qui marqua à jamais sa vie et son corps en cet été là. Ce secret tapit dans l'ombre était bien trop précieux pour être raconter et la rousse avait préféré le garder pour elle, comme les réminiscences de sa mémoire qui la faisait encore longuement frissonner quand elle y pensait aujourd'hui. Jamais elle n'avait cherché à l'expliquer, jamais ça n'avait changé quoi que ce soit à sa relation avec Maureen. C'était un sursaut hors du temps et de l'espace, un moment surréaliste où une passion bien différente de celles qu'elle avait connu par la suite, l'avait enveloppé de douceur et de tendresse.

Feodora avait toujours eu peur de l'amour. Et son premier contact avec ce qu'elle appelait ainsi avait eu en elle un impact très différent de ce qu'elle aurait imaginé. Ce qui s'était produit avec Maureen cette fois, et les quelques fois qui suivirent restait une expérience unique, indescriptible, qui avait donné à la rousse l'envie de s'épanouir et de grandir. C'était un peu plus tard dans l'été même où la rosée veloutée des lèvres satinées de Maureen avait couvert sa bouche carmine et pleine. Feodora se souvenait une après-midi dans sa chambre à discuter jusqu'à ce que la blonde lui fasse une énième remarque à propos du dernier match Serdaigle/Poufsouffle où Feodora avait totalement raté ses tirs et mené sans aucun doute son équipe à la défaite. La rousse s'était tellement vexée ce jour là qu'elle n'avait plus voulu décroché un mot.

Avec un petit rire, Feodora croisa aussi le regard de Maureen qui venait de s'éloigner. Oui, ce baiser avec le goût de cette après-midi autrefois en Russie et malgré le contexte et l'horreur qu'elles avaient vécues après cela, Feodora fut parcourut d'une vague de paix et de bonheur en se rappelant ses années oubliées par le temps qui passe et la souffrance qui coule. Elle ferma encore les yeux quand elle sentit les lèvres de Maureen sur son nez cette fois et la suivit dans ce sourire qui allait si bien à la blonde et qui lui avait tant manqué. Le lien qui les unissait, ces souvenirs qu'elles seules partageaient, leur relation était unique et Feodora réalisait à présent qu'elle pourrait se poursuivre à travers cette demande, presque une supplique à demi mots et qui envahit le coeur de Feodora d'une terrifiante allégresse.

Caressant son ventre avant de poser une paume creuse sur le ventre vide de Maureen, elle resta un moment ainsi, ressentant la vie qui grandissait dans le sien alors que lorsqu'elles s'étaient quitté c'était Maureen qui portait la vie. Sa paume était comme une caresse velouté et Feodora n'osa pas brisé leurs regards qui semblaient s'être noués. Comme si dans un échange tacite, sans un mot prononcé, elles se comprenaient. Comme si elles étaient revenues vingt ans plus tard, dans la petite chambre où Feodora refusait de dire un mot. La simple main posée se fit plus câline et s'égara sans doute un peu trop vers sa hanche où ses doigts foulèrent le tissu. N'importe quoi à quoi se raccrocher, pour se dire que tout cela était bien réel. Une étreinte fugace pour un murmure offert comme un présent.

"Oui ... bien sur que oui, je veux plus que tout être la marraine de ton fils !


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MessageSujet: Re: The Rage to Overcome   The Rage to Overcome EmptySam 21 Juin - 18:05


Remember.  


Oui, tu le veux. Cette réponse sonnait que les mots que j'ai pu prononcer le jour de mon mariage.. Ces mots magiques, ces mots qui t'enchaînent pour toute une vie à une personne. Une promesse, une responsabilité. Mais à mes mains, il n'y avait plus d'alliance, ni autour de mon cou. Cette alliance, je l'ai porté durant toute mon absence. Cette alliance, je l'ai rendu à Howard lorsque je l'ai rencontré non loin de ta boutique il y a quelques jours. Un instant, j'ai cru qu'il avait refait sa vie. L'autre, j'aurais pu penser que c'était avec toi, lorsque je t'ai aperçu, cette rondeur au ventre. Mais je l'ai cru… Malgré mon absence, malgré le fait que notre mariage ne voulait certainement plus rien dire, je l'ai cru lorsqu'il m'a dit qu'il n'avait pas refait sa vie. Et je ne sais toujours pas comment le prendre.

Un sourire s'est glissé sur mon visage. Oui, tu voulais être la marraine d'un enfant que tu n'as malheureusement jamais connu. Un enfant qui peut-être s'en moquerait éperdument d'avoir une marraine. Peut-être bien qu'il pourrait tout simplement te mépriser, toi et son père qu'il rencontrerait tôt ou tard. Peut-être qu'il me détesterait toujours un peu plus, pour avoir tarder à le faire revenir dans mon ancienne vie. Mais je n'avais toujours pas retrouvé toute ma mémoire. Il m'arrivait encore et de m'arrêter et de me sentir me déchirer. Là, quelque part, en marchant à Pré-Au-Lard, une sensation de déjà vu, la sensation que je devrais en temps normal, me souvenir de quelque chose. Parfois cela venait. Parfois pas. Mais la nuit durant je vivais une vie qui peut-être autrefois avait pu m'appartenir. Ou peut-être pas. Il était dur de savoir, défaire les mensonges d'une réalité qui aurait pu exister.

«  J'ai tant d'année à rattraper à tes côtés… Et j'ai appris pour… Rowan. De la tristesse adoucit mon visage, fit briller mon regard.  … Je ne promets pas d'être parfaite… Mais je ferrai mon possible pour toi, Feodora. »

Et pour me faire pardonner. Cette absence si longue, si dévastatrice. J'avais besoin de réapprendre à te connaître Feodora. Savoir combien tu avais pu changer, ce qui s'est passé pour toi, pendant tout ce temps.. Je ne pense pas que cela sera simple. Non. J'imagine que tu as continué à vivre. Que la place que j'avais à tes côtés a peut-être pu être comblé par d'autre. Mais qu'importe. Malgré la douleur, la jalousie et la rancœur, je resterai là. Je serais là, lorsque tu voudras, lorsque tu auras besoin de moi. Et si ce n'est pas le cas, je ne m'en prendrai qu'à moi…



* * *
 


« Oh Feo… S'teuh plaît… »

Levant les yeux au ciel, je finis par lâcher un soupire. Dieu ce que tu pouvais être pénible lorsque tu t'enfermais dans ce mutisme ! C'était adorable deux minutes, lorsque tu prenais mouche, mais là, j'avais parfaitement conscience que je venais de te blesser… Et cela me rendait malade. De tes yeux, je voulais être parfaite. Aux tiens. Parce que tu étais la seule personne qui m'importait actuellement. Te faire du mal était la dernière chose que je désirais. Nous parlions de Quidditch, alors oui, ta dernière prestation est revenue sur le tapis…

« Feo.. »

Je m'approchais de toi, sur ton lit, à quatre pattes. Mes doigts vinrent effleurer ta hanche et je vins déposer un baiser contre ta joue.

« Ne me fais pas la tête, s'il te plait... »

Le sérieux et la tristesse sonnaient tout bas dans ma voix. Te décevoir, toi, comme toutes ces personnes importantes qui régnaient sur ma vie, était un véritable supplice. J'avais beau avoir appris un maximum vivre avec ces obsessions, apprendre à les calmer, c'était dans des moments pareils que je paniquais. Mes relations sociales ont toujours été chaotiques. Je prenais tout trop à cœur, m'avait-on toujours reproché. Comment pouvait-on penser cela ? Je vivais ma vie. Ma vie c'était vous. Alors non, je ne regrettais pas de vivre pour vous, de tenter de vous coller un sourire aux lèvres, qu'importe mes problèmes.

Des caresses, douces, des frôlements remontaient lentement contre tes côtes, ton bras et je t'observais, m'amusant à te faire frémir, seule réaction que j'arrivais à te tirer pour l'instant…

« Je suis désolée… »

Allez, arrêtes de faire la tête, nom de dieu ! Je m'excusais pour que tu vives de nouveau, je n'allais pas supporter une telle ambiance ! Je me rapprochais de nouveau vers toi, et ce fut au coin de tes lèvres que je déposais un léger baiser. Mais étrangement, mon cœur s'emballa. Stressée par ton silence.



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MessageSujet: Re: The Rage to Overcome   The Rage to Overcome EmptyMar 24 Juin - 17:01


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Feodora & Maureen - 8 Mai

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L'air été chaud malgré ce qu'on pouvait croire à cette période de l'année, et la fenêtre en baie vitrée de la chambre de Feodora était grande ouverte. L'air délicat de la mer pas si lointaine parvenait sur les jambes nues de la jeune fille boudeuse. Même quand elle n'était pas à Poudlard, la rousse aimait porter l'uniforme de sa maison, mais sans collant avec ses mollets pâles dans une paire de sandale de saison. La brise ébouriffa ses cheveux lâchés et son corsage se tendait à mesure qu'elle respirait. Elle gardait un bouton ouvert et ne portait pas la traditionnelle cravate bleue et bronze. Assise au bord du lit, les mains sous les fesses, elle entendait plus que voyait Maureen derrière elle. Elle restait obstinément fixée sur la commode recouverte de peluches et vieilles photos et c'est dans le grand miroir au dos de la porte qu'elle aperçut son amie, féline, qui s'approchait d'elle.

Feodora tâcha de ne pas bouger et elle crut d'abord que c'était le vent quand un effleurement, une légère caresse, vint couler sur sa hanche. Puis elle tourna la tête et les lèvres de Maureen vinrent se poser au coin de sa bouche. Elle se força à ne pas sourire ni sursauter, tenant farouchement le regard à l'horizon. Mais elle ne put retenir le frisson qui parcourut son échine alors qu'elle voyait dans le miroir sans oser se retourner, les mouvements félins de son amie. Feodora sentit sa main mutine glisser le long de sa taille en remontant sur le corsage, puis s'égarant sur son bras alors qu'elle ne répondait obstinément pas. Que faisait-elle, à quoi jouait-elle avec sa voix suave et ses gestes aguicheurs ?

Feodora ne pouvait pas dire qu'elle ne trouvait pas ça agréable et elle qui avait l'habitude d'être terriblement boudeuse à la limite du caprice quand elle était vexée, trouvait cette façon de se faire pardonner bien douce. Accordant à sa plainte une moue suspicieuse, Feodora tourna doucement la tête pour croiser le regard clair et vif de Maureen. Ce qu'elle vit dans ses prunelles à cet instant, sans doute ne l'oublierait-elle jamais. Cette image continuerait de la hanter, de la troubler et de provoquer sur sa peau un terrifiant frisson d'aise tout au long de sa vie. C'est sans doute pour cela qu'elle consentit à sourire, même fébrilement, hochant doucement la tête alors que son front effleurait presque celui de la blonde toute proche. Elle déglutit et dans un murmure à peine articulé, gardant la bouche délicieusement entrouverte, elle dit :

"Ca va c'est bon, j'te pardonne, Mau !"


Ce regard à cet instant précis qu'elle gardait jalousement en mémoire, Feodora crut percevoir le même éclat alors que Maureen laissait couler quelques mots de sa gorge qui sonnaient comme une promesse. Une promesse de ne pas l'abandonner maintenant qu'elle était seule, une promesse d'élever son enfant et de rattraper le temps avec le sien, ensemble, une promesse douce et chaleureuse qui coupait toute rancoeur et tout ressentiment dans le coeur de la rousse. Bien sur qu'elle ne lui en voulait pas, comment pourrait-elle en vouloir à une femme qu'elle aimait si sincèrement ? Car finalement ce regard qu'elles partageaient, une ébauche de ce que leur dessinait l'avenir, reprenant les éclatants moments du passé pour leur laisser imaginer ce qu'elles pourraient encore partager.

"Je ... enfin j'imagine que ça va aller mieux, maintenant que tu es ... revenue. Pour Ro ... pour Rowan je ... Je voudrais tellement savoir ce qu'il lui est arrivé oh Maureen si tu savais ce que je donnerais pour avoir des réponses. J'imagine tellement le calvaire qu'Howard a vécu maintenant, mais lui avait la réalité en face. Du moins ce qu'il pensait être la réalité. Comme quoi même si j'avais le cadavre de mon mari entre les bras, j'imagine que je n'y croirais pas pour autant. Le fait que tu sois là c'est tellement ... ça tient de la magie !"


Mais après la stupéfaction, de nombreuses questions venaient en tête pour Feodora. Une, plus que les autres, s'imposa à elle. Même si elle avouait avoir quelques parts au fond d'elle, une envie, un désir éphémère et incertain, de profiter de son retour, de l'avoir un moment pour elle toute seule, un instant hors du temps pour qu'elles se retrouvent comme autrefois, il n'en restait pas moins qu'elle pensait à Howard. Il aimait tellement Maureen, j'aimais Feodora n'avait vu un homme aimer si fort une femme que lui. Il ne l'avait jamais oublié, n'avait plus jamais vécu sans elle. Alors ...

"Et pour ... pour Howard. Tu l'as déjà ... revu ? Qu'est ce que tu vas faire ? Car finalement, vous êtes ... toujours mariés, non ? Malgré tout ce temps pendant lequel nous t'avons cru ... morte. Tu sais, il n'a jamais refais sa vie, il n'a fait que te pleurer. Ca fait seize ans qu'il te pleure jour après jour. Je n'ose même pas imaginer ce qu'il peut ressentir ... Alors, qu'est ce que tu vas faire ?"


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MessageSujet: Re: The Rage to Overcome   The Rage to Overcome EmptyVen 4 Juil - 12:06


Home, Sweet Home.  

Mes prunelles ancrées dans les tiennes, un léger sourire mutin s'était glissé sur mes lèvres, créant malice dans mes iris. Mon sourire s'agrandit en t'entendant enfin céder. Mon regard quitta le tien, quelques secondes, juste le temps de souffler presque honteuse un léger : « Je déteste quand tu me fais la tête. » Tu pourrais en vouloir à la Terre entière, je m'en moquais tant que moi, je restais là, dans tes bonnes grâces. Cela ne voulait pas pour autant dire que je devenais hypocrite. Non. J'avais simplement conscience des choses que tu aimes ou pas, de tes goûts et de tes habitudes. Assez pour savoir que parfois, j'allais dépasser nos limites. Comme aujourd'hui. Mon regard croisa de nouveau les tiens, mon sourire étant bien plus maladroit et puis ce fut avec douceur que je vins déposer un baiser sur tes lèvres. Comme l'autre nuit, avec tes cousins. Mais aujourd'hui il n'y avait pas de jeu. Mon cœur battait bien plus fort, sondant les couleurs et les éclats de tes yeux, pour savoir de quel côté je me positionnais…
Un baiser, un simple baiser, qui pourtant voulait bien trop dire. Je me redressais posant un baiser sur le bout de son nez et je soufflais, bien plus taquine et souriante : « Merci. » Cela m'enlevait un poids si énorme au cœur.

Mais nous voilà des dizaines d'années plus tard, si proches l'une de l'autre alors que tout nous sépare. Il n'y avait que notre passé pour nous lier, nos souvenirs pour nos relier l'une à l'autre. Mais les souvenirs ne sont que des souvenirs. Ils nous ont construit, mais ils nous échappent tellement facilement… Quelle belle ironie du sort.

«  De la magie… Peut-être. Comment te dire que tout ceci n'était guère de la magie, mais simplement un malheur de plus sur cette Terre ? Il s'est abattu sur moi, sans crier gare ? Même pas… Tous mes souvenirs, ces brides d'informations qui me revenaient lentement, tous portait à croire que oui, je l'avais attiré. Sauf ce sortilège de mort.    Cela doit être dur effectivement… Ton deuil sera plus long mais… Il faudra enfermer tout ceci, le garder jalousement…. Et tourner la page. »  

Mes doigts se glissèrent contre sa gorge, ta nuque, jouant pensivement avec l'une de tes mèches de cheveux. Non, tu avais toujours été une perle, celle que je protégeais, dieu seul sait de qui. Pas de moi, visiblement.  Un léger sourire se glissa sur mes lèvres, trop fin, trop léger, si triste, mais je déposais sur ton front un baiser. J'aimerai pouvoir te dire que tout ira bien, mais ce n'est vrai. J'aimerai te dire que je serais là pour te protéger, mais je n'en sais rien. J'ai disparu pendant la guerre et je revenais ici à l'aube d'une seconde. Rien ne va plus dans ce monde Feodora… Les rapports de l'incident criminel le prouvent. Tout se détraque ici à Poudlard, tout allait empirer, je le sentais… Robert aussi. Sinon je ne serais pas ici.

Mes mains te quittèrent, levant les yeux au ciel. Je me détournais un peu, faisant quelques pas pour m'éloigner, sûrement profondément agacé par ces questions. Howard. Vous n'aviez tous que ce mot à la bouche. Ce même mot pour prenait en otage mon cœur depuis bien trop d'année. Incertaine, totalement perdue je soufflais : «  Je l'ai vu. J'avalais ma salive, difficilement. Comment formuler tout cela sans avoir l'air d'être froide ?   Et je… Je n'en sais rien. J'espérais… Je crois que j'espérais sincèrement qu'il soit passé à autre chose. Cela aurait été tellement plus simple… Mais non. Je suis le monstre qui a détruit la vie d'Howard, celle qu'il pleurait jour après jour. Je ne préfère pas trop réfléchir à cette question… Il va rencontrer Kris, mon fils… Et… Nous verrons bien. »

Je pivotais lentement, vers toi de nouveau, respirant lentement et profondément.

Est-ce que tu te souviens du goût de ces doux baisers d'été ? Parce que moi, non. Je ne me souviens pas aussi bien que toi, je vis dans un crane éclaté, plus rien n'est à sa place.  



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