Heath était bouleversé. Le terme était léger d'ailleurs car il serait plus juste de dire qu'il avait le cerveau fibrosé. Cela faisait trois jours qu'il ne dormait pas, qu'il mangeait pour trente deux femmes enceintes et leurs foetus, et qu'il tentait de sortir un raisonnement cohérent des deux synapses encore en activité dans son cortex. Le fruit de ses réfléxions aboutissait pour l'instant à deux conclusions antinomiques pour le moins perturbante : la première, il avait une seconde chance accordée par le destin de réparer ses erreurs et de connaître le véritable amour; la seconde, il était un immonde dégénéré qui devrait hâtivement songer à s'engager dans une psychanalyse pour quinze ans.
D'ordinaire il ne doutait pas de ses facultés intellectuelles, mais pour l'instant, il ne pensait pas être un jour à nouveau capable de réfléchir normalement. Le drame s'était produit peu après Noël. Eugenia Bogart en était la cause. La cause ou la conséquence, ou les deux à la fois et peut être même pire. Le produit du quotient sur la fraction providentielle de son cul sans doute ... Arithmancie et vie sexuelle ne faisait décidément pas bon ménage. Lui non plus d'ailleurs ne faisait plus le ménage. Mais qu'est ce que ça pouvait foutre ? Il marchait d'un bon pas en direction des appartements de celle qu'il pouvait appeler sans complexe, sa soeur.
Elle habitait au cinquième étage, comme lui, et il ne lui fallait que très peu de temps pour aller frapper à sa porte. Peu de temps à errer dans les couloirs le nez en l'air, et peu de temps aussi pour réfléchir à comment aborder son problème. Elisabeth aussi avait eu des ... problèmes relationnels dans ses expériences de couples par le passé, ce qui n'était pas peu dire. Elle seule pouvait comprendre ce qu'il vivait, ce qu'il ressentait et surtout la seule à pouvoir l'aider. Il avait beau aimer Garreth autant que ses pères, et se sentir particulièrement complice avec Alec, il n'y avait qu'à la brune qu'il oserait pouvoir se confier, surtout par rapport à ce qu'il avait fait.
Merlin tout puissant puisse le mettre sur le chemin de la droiture, sa vie partait totalement en cacahuètes. Faute de Merlin, sa soeur pourrait sans doute tenir le rôle à la perfection - sans la barbe, en fait. Coucher avec une élève ... Coucher avec une héritière promise à mariage à son cousin ... Les deux en même temps en la personne d'Eugenia. Félicitations Heath, tu as vraiment bien observé les principes enseignés par tes parents, ainsi que l'éthique de son métier et le règlement de l'école. Il se sentait comme un coléoptère dans une bouse de dragon. Non pas que l'expérience avait été déplaisante - bien au contraire d'ailleurs - mais c'était une dérive totale.
Heath arriva enfin devant la porte d'Elisabeth, et malgré l'heure tardive, il ne se priva pas de frapper vigoureusement. Autant être sur qu'elle arrive rapidement lui ouvrir car étant donné sa hausse de pression intra-crânienne, il allait finir par claquer un anévrysme cérébral avant d'avoir pu raconter son histoire. Les bras croisés sur sa poitrine, il se balançait d'avant en arrière sur les talons et les points de ses pieds à chaussures compensées. Il ne portait pas de cape, pas de veste, juste une chemise froissée à moitié ouverte lui donnant un air de débraillé du plus mauvais effet. Ca et le teint pâle, les yeux cernés, les lèvres bleues, le maquillage peu soigné et les cheveux ébouriffés sans la brillantine qui les maintenaient en place habituellement, il n'était que l'ombre de lui même.
"Oh par Salazar, Elisabeth, bon sang, ouvre cette foutue porte, ça urge !"
Sujet: Re: Great Gig in the Sky Jeu 20 Fév - 16:12
Cela faisait plusieurs heures qu'Elisabeth corrigeait les parchemins de ses élèves. Elle avait beau ne pas en avoir beaucoup, elle leur avait demandé de disserter sur un hypothétique enchantement de leur cru. Il y avait donc beaucoup d'éléments à prendre en considération : est-ce que le sort était viable ? Si oui, est-ce que la méthode proposée par l'élève était-elle optimale et pragmatique ? Cela représentait un boulot monstre lors de la correction car Elisabeth devait imaginer et comprendre le raisonnement de l'élève et si ça lui était impossible, elle devait tester en pratique, ce qui parfois conduisait à une explosion que la Professeur devait s'empresser de contenir. C'était à la fois physique et intellectuel, si bien qu'après 5 parchemins corrigés, la Norvégienne était exténuée. Elle laissa donc son antre tel quel et décida d'aller se reposer dans ses appartements.
Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour arriver à destination tellement son envie de dormir était grande. Et en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, Elisabeth était sur son lit, affalée tel un cachalot échoué sur la plage. Deux minutes plus tard, elle s'était endormie. Et tout comme beaucoup de personnes dormant, elle se mît à rêver, enfin, plutôt cauchemarder.
// Il faisait froid, très froid. La neige tombait à verse, on pouvait même parler de blizzard tellement il faisait blanc, on ne voyait pas à deux mètres. Elisabeth était jeune, très jeune, à peine 12 ans. Et elle se trouvait seule, habillée d’une simple chemise de nuit blanche, au milieu de nulle part. Tout comme n'importe quel être humaines trouvant dans ce genre de situation, elle grelottait, les flocons venant s'échouer sur elle restaient intacts tellement son petit corps était gelé. N'étant pas encore habituée à prendre sa baguette avec elle, elle ne l'avait pas prise et ne savait donc même pas créer une boule de feu pour se réchauffer. Elle était à la merci du froid. Mais surtout à la merci de la solitude.
Au loin, enfin, façon de parler, elle crut apercevoir une silhouette. Cela parut comme une évidence au yeux de la fillette, c'était sa mère, il n'y avait pas d'autre possibilité. C'était obligé, Elisabeth le voulait au plus profond de son petit cœur meurtri. C'était inespéré, que sa mère disparue depuis un an déjà réapparaisse au milieu de cette tempête.
"Mère ! Mère !" Hurla-t-elle. "Je suis la, c'est Lis' !" En mettant ses deux petites quenottes en porte voix.
Sa mère ne l'entendait pas, elle en était sûre. Il fallait donc qu'elle s'avance vers elle. Puisant dans ses dernières forces, Elisabeth marcha contre vents et flocons pour se rapprocher. En vain. La silhouette semblait toujours aussi loin, comme si elle voulait fuir Elisabeth. La petite ne comprenait pas. Sa mère ne voulait-elle pas la revoir ?
Des larmes perlèrent au coin des deux saphirs de la jeunotte. Elle tenta courir vers sa mère mais elle trébucha. Face contre la neige, elle n'avait plus la force de se relever. Sa main tendue vers sa mère, son regard la suppliait de revenir.
Tout devenait de plus en plus flou, une peur indicible commençait à s'emparer de la fillette, et comme si les tremblements de froid ne suffisaient pas, ceux de désarroi, de peur et de tristesse vinrent s'ajouter aux premiers. //
Elisabeth se réveilla en sursaut. Transpirante, la respiration haletante. Son cœur battait à un rythme effréné. Elle regarda ses mains, comme pour vérifier qu'elles étaient toujours bien là. Elle eut un rire jaune, pourquoi ses mains auraient-elles disparues ? Il n'y avait pas de raison. Elisabeth devenait folle, il n'y avait plus de doute. Ces cauchemars devenaient de plus en plus fréquents. Elle devrait peut-être aller voir son collègue Alan, professeur d'Occlumancie et lui en parler. Mais elle avait bien trop de fierté pour ça.
Un autre sursaut la prit lorsqu'elle entendit une voix bien connue lui demander d'ouvrir la porte. Et encore une fois elle rit d'elle même. Elisabeth Katarina Northwem deviendrait-elle si faible et désemparée que même son cher frère de cœur lui ferait peur ? Non.
"Entre." finit-elle par lancer en déverrouillant d'un mouvement délicat de baguette le loquet et ouvrant la porte d'un autre.
La vision qui s’offrit à elle la décontenança quelque peu. Heath semblait tout aussi désemparé qu'elle. Sauf qu'Elisabeth, elle, se gardait bien de montrer la peur qui l'avait prise plus tôt. Enfin, elle espérait la cacher assez bien pour qu'il ne la remarque pas.
"Heath..." Elle marqua une pause. "Que s'est-il passé ?" Lui demanda-t-elle en se levant.
Elle marcha jusqu'à lui et déposa une main sur son avant-bras. L'expression qu'elle affichait démontrait d'une véritable considération et inquiétude pour Heath. Il n'y avait bien que lui à qui elle réservait ce genre de sentiments.
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Sujet: Re: Great Gig in the Sky Sam 22 Fév - 23:35
Aussitôt que Elisabeth ouvrit la porte et avant même qu'il n'écoute ce qu'elle lui disait l'air émue et inquiète, Heath fondit sur elle et l'enlaça avec force. Il a fit même reculer sous l'impact avec lequel il la souleva entre ses bras. Puis, s'étant calmé, il se nicha dans son cou et respira son odeur avec apaisement. Elle avait un côté maternel avec lui, et il se sentait bien avec elle, comme dans un cocon, bien qu'il ne connaisse pas réellement la sensation d'une relation mère/fils. Car Heath n'avait pas de maman.
Non, ce n'était mais pas ça, il n'avait pas de maman dans l'image féminine qui porte, met au monde et donne le sein, mais il avait eu une figure maternelle en la personne de son père Rosier. Après tout c'était le rôle qu'il avait joué. Il s'était occupé de lui de sa naissance à son départ pour Durmstrang, passant tout son temps à ses côtés, à la maison, jouant avec lui, lui enseignant tout ce qu'il savait et lui apportant la tendresse et l'amour d'une mère bien qu'il n'en possède pas les caractéristiques chromosomiques et physiques.
Elisabeth était la seule présence féminine constante dans sa vie, qui ne lui avait jamais fait de mal, ne l'avait jamais abandonné et avait toujours pris soin de lui. Il l'avait connu à Durmstrang. Elle avait trois ans de moins que lui, mais ça n'empêchait pas qu'il s'était attaché à la brunette dès sa première année. Sa soeur du nord, comme il aimait l'appeler à Poudlard. Ils avaient été inséparables après ce qu'il s'était produit avec Daria. Elle avait été un soutien dans cette épreuve qu'il n'oublierait jamais. Elle qui devait aussi porter sa propre croix, son propre fardeau, ayant perdu son amour d'une façon tragique, tué par celui qu'elle devait épouser et qu'elle avait fini par assassiner par vengeance un an plus tard.
Heurtés, meurtris, écoeurés par la vie, ils vivaient la même solitude face au départ de leur amour, la même difficulté à respirer jour après jour pour affronter l'avenir. Alors ils avaient fait face ensemble, ils avaient partagé un appartement pendant toutes leurs études respectives, et s'étaient reconstruit petit à petit côte à côte. Heath finit plus tôt qu'Elisabeth et d'un commun accord, ils se séparèrent lorsque le brun se vit offrir un poste de professeur à Durmstrang et que sa soeur voulait voyager longuement pour se forger des expériences.
Et puis ils se retrouvèrent l'année de leur entrée à Poudlard. Bien que leur lien soit toujours aussi fort et qu'ils se soient souvent revus pendant quelques années, ils s'étaient éloignés. Quand Heath décida de quitter Durmstrang et fut proposé de rejoindre Poudlard par son parrain, il invita aussi Elisabeth puisque le poste pour sa matière était aussi vacant. Ils se retrouvèrent alors ainsi, aussi proches que s'ils s'étaient quittés hier.
"Ce qu'il s'est passé ? Merlin tout puissant, Za', j'ai fais une énorme boulette. Putain de merde ... J'ai ... j'ai couché avec une élève. Une élève qui ressemble tellement ... à ... à Tu-sais-qui."
Il leva à peine la tête et pénétra dans l'appartement après avoir lâcher presque brusquement sa soeur de coeur. Il était tellement bouleversé qu'il n'attendit pas d'y être invité pour se laisser tomber mollement sur le canapé et prendre sa tête entre ses mains.
"C'est une catastrophe. Une putain de catastrophe. Mais elle était si belle ... et si vulnérable ... et si ... Rah mais je suis un gros blaireau c'est pas possible d'être aussi con..."